La paix en Libye reste fragile alors que les différends électoraux défient les règles

Des Libyens manifestent sur la place des Martyrs de Tripoli après l'annonce de la candidature de Saïf al-Islam Kadhafi à la prochaine élection présidentielle (Photo, AFP).
Des Libyens manifestent sur la place des Martyrs de Tripoli après l'annonce de la candidature de Saïf al-Islam Kadhafi à la prochaine élection présidentielle (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 20 avril 2022

La paix en Libye reste fragile alors que les différends électoraux défient les règles

  • Des divisions autour des règles électorales et des candidatures pèsent sur la première élection présidentielle depuis le renversement de Mouammar Kadhafi
  • Un nouveau report des élections a été considéré comme un coup porté aux efforts de la communauté internationale visant à réunifier le pays las de la guerre

DUBAÏ: La Libye occupe une position sensible au niveau de la sécurité des pays arabes et européens et du contrôle des flux migratoires dans la région méditerranéenne. Pourtant, la feuille de route pour le rétablissement de la sécurité et de la stabilité de ce pays riche en pétrole continue d'échapper à la communauté internationale.
La première élection présidentielle en Libye depuis le renversement du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011 devait avoir lieu le 24 décembre, dans l'espoir d'unifier enfin ce pays d'Afrique du Nord déchiré par la guerre, après des années de graves bouleversements.
Cependant, deux jours seulement avant l'ouverture du scrutin sous contrôle de l'ONU, les élections ont été reportées en raison d'obstacles logistiques et de querelles juridiques sur les règles électorales et les candidatures.
Le Conseil électoral libyen a demandé le report des élections d'un mois, jusqu'au 24 janvier, après qu'un comité parlementaire chargé de superviser le processus a déclaré qu'il serait «impossible» de les organiser dans les temps prévus.
Même aujourd’hui, dix jours après le début de la nouvelle année, il n'est pas clair si les élections auront lieu. Nombreux sont ceux qui craignent que cette fragile paix dans le pays ne soit réduite à néant si les différends concernant les élections ne sont pas rapidement résolus.

Un panneau d'affichage sur une rue de Tripoli incitant les Libyens à s'inscrire et à voter. (Photo, AFP)

Tout nouveau retard porterait un coup dur aux espoirs de la communauté internationale de réunifier le pays.
«C'est un moment charnière pour la Libye et les signes se multiplient de jour en jour que nous manquons de temps pour organiser des élections libres et équitables», a déclaré à Arab News Ben Fishman, chercheur principal au Washington Institute for Near East Policy.
«Les nombreuses affaires judiciaires à l’encontre des principaux candidats ont limité la durée de la campagne. Tout cela montre que ces élections ne se déroulent pas sur la base constitutionnelle convenue. Il faut plus de temps pour résoudre les problèmes fondamentaux, non seulement concernant les personnes à même de présenter leur candidature, mais également sur les prochains pouvoirs du président.»
Sans un accord concernant ces pouvoirs, a affirmé Fishman, l'élection pourrait entraîner les «conditions pour davantage de polarisation, ainsi qu'un potentiel croissant engendrant plus de violence».
Une candidature particulièrement controversée a émergé avant le vote, celle de Saïf al-Islam Kadhafi, fils de Mouammar Kadhafi et solide candidat à la présidence.
Le 24 novembre, un tribunal l'a déclaré inéligible. Son recours contre cette décision a été retardé de plusieurs jours lorsque des miliciens armés ont bloqué le tribunal. Le 2 décembre, la décision a été annulée, ce qui lui a ouvert la voie pour se porter candidat.

Une photo publiée par la Haute Commission nationale libyenne le 14 novembre 2021 montrant Saïf al-Islam Kadhafi (à droite) s'inscrivant comme candidat à la présidentielle. (Photo, AFP/Haute Commission électorale nationale libyenne)

Un tribunal de Tripoli a condamné Saïf al-Islam Kadhafi à mort en 2015 pour des crimes de guerre commis pendant les combats visant à prolonger le règne de quarante ans de son père, face au soulèvement de 2011 soutenu par l'Otan. Il a toutefois obtenu une amnistie et a été libéré l'année suivante par le gouvernement soutenu par l'ONU. Il reste une figure de proue pour les Libyens toujours fidèles à son père.
Kadhafi n'est pas le seul candidat qui divise. Le maréchal Khalifa Haftar, qui a temporairement suspendu en septembre son commandement de l'armée nationale libyenne basée à Tobrouk pour se présenter aux élections, fait également face à des poursuites judiciaires pour crimes de guerre présumés.

Khalifa Haftar soumettant des documents pour sa candidature à l'élection présidentielle libyenne à la Haute Commission électorale nationale à Benghazi, le 16 novembre 2021 (Photo, AFP).

Selon Jonathan Winer, professeur au Middle East Institute et ancien envoyé spécial des États-Unis pour la Libye, les chances de succès de l’élection ont été sérieusement compromises dès le début, lorsque la Chambre des représentants affiliée à Haftar a mis en place la réglementation.
«Ces élections sont devenues de plus en plus chaotiques», a-t-il affirmé. «Le processus pour savoir qui est disqualifié et qui ne l'est pas est, pour le moins, imparfait, et comporte des lacunes. Avec autant de candidats, l'idée que n'importe qui obtiendrait la majorité est ridicule – personne n'obtiendra la majorité.»
Compte tenu des différends qui existent, Dalia al-Aqidi, chercheure principale au Center for Security Policy, estime que même la date du 24 janvier est trop ambitieuse pour un report du vote.
«Malgré tous les appels continus sur l'importance de la tenue de l’élection présidentielle libyenne pour aider le pays à atteindre la sécurité et empêcher une nouvelle vague de violences, la possibilité que cela se produise est mince, en raison de l’absence d'un accord entre les principaux acteurs clés, des divisions sur le terrain, ainsi que de l’ingérence étrangère», a précisé Al-Aqidi.
«La tenue d'élections en janvier est une tâche difficile, car aucun des obstacles qui ont conduit au report du processus électoral n'a été abordé ou traité par les dirigeants locaux ni par la communauté internationale.
«Moins d'un mois, ce n'est pas suffisant pour résoudre tous les problèmes qui ont empêché les Libyens de voter, dont le conflit sur la nomination des candidats.»

Faits marquants

Les factions continuent d'être en désaccord sur les règles électorales de base et les candidatures.
La commission parlementaire a déclaré qu'il serait «impossible» d’organiser le vote dans les temps prévus

Al-Aqidi craint que les combats entre factions ne reprennent si l'ingérence étrangère se poursuit. «La probabilité de l’éclatement de la violence et du chaos est très élevée, en particulier avec la multiplication des actions des Frères musulmans dans le pays, en raison de leur recul partout ailleurs dans la région», a-t-elle affirmé.
«Le groupe, soutenu par la Turquie considère la Libye comme une alternative à la Tunisie qui était son dernier bastion.»
Fishman, du Washington Institute, doute également que l'élection ait lieu ce mois-ci, tout en restant prudemment optimiste quant à la possibilité d'éviter une recrudescence de la violence si le dialogue se poursuit.
«Il semble maintenant qu'une menace immédiate de violence soit moins probable car différents acteurs parlent des prochaines étapes», a-t-il précisé. «En raison de ces pourparlers, la date est susceptible d'être reportée au-delà de fin janvier, voire plusieurs mois après.»
«La communauté internationale devrait soutenir ces pourparlers internes libyens et le dialogue parrainé par l'ONU et ne pas prendre de position particulière pour le moment sur le calendrier des élections, jusqu'à ce qu'un consensus plus clair est trouvé.»
La nomination le 7 décembre de Stephanie Williams au poste de conseillère spéciale de l'ONU pour la Libye laisse espérer une relance du processus. Williams a dirigé les pourparlers qui ont abouti au cessez-le-feu d'octobre 2020 en Libye.
«Elle est tout à fait au courant des problèmes, connaît toutes les parties et peut, espérons-le, sortir un lapin d'un chapeau, accomplir ce que son prédécesseur n'a pas été capable de faire et proposer un plan ainsi qu’un calendrier», a déclaré Fishman.

Stephanie Williams, conseillère spéciale de l'ONU pour la Libye. (Photo, AFP)

Le chemin vers l'élection présidentielle en Libye ne serait pas être aisé. En août 2012, après la chute de Mouammar Kadhafi, le Conseil national de transition dirigé par les rebelles a remis le pouvoir à une autorité connue sous le nom de Congrès national général, qui a reçu un mandat de dix-huit mois pour établir une Constitution démocratique.
L'instabilité a cependant persisté, notamment à travers une série d'attaques terroristes majeures visant des missions diplomatiques étrangères. En septembre 2012, une attaque contre le consulat américain à Benghazi, dans l'est de la Libye, a causé la mort de l'ambassadeur américain Chris Stevens et de trois autres Américains.
En réponse à cette menace, Haftar a lancé une offensive contre des groupes armés à Benghazi en mai 2014. Il a nommé ses forces l'Armée nationale libyenne.

De la fumée s’élevant à Tajoura, au sud de Tripoli, à la suite d'une frappe aérienne sur la capitale libyenne par les forces fidèles au général Khalifa Haftar, à la mi-2019. (Photo, AFP)

Des élections ont eu lieu en juin 2014, avec comme résultat un Parlement basé à l'Est, la Chambre des représentants, dominée par des anti-islamistes. Cependant, en août de la même année, les milices islamistes ont répondu en prenant Tripoli d'assaut et en rétablissant le GNC (Congrès national général) au pouvoir.
La Chambre des représentants s'est réfugiée dans la ville de Tobrouk. En conséquence, la Libye a été divisée, avec deux gouvernements et deux Parlements.
En décembre 2015, après des mois de pourparlers et de pressions internationales, les Parlements rivaux ont signé au Maroc un accord établissant un gouvernement d'entente nationale. En mars 2016, le chef du gouvernement d'entente nationale, Fayez al-Sarraj, est arrivé à Tripoli pour établir la nouvelle administration. Toutefois, la Chambre des représentants n'a pas effectué le vote de confiance en faveur du nouveau gouvernement et Haftar a refusé de le reconnaître.
En janvier 2019, Haftar a lancé une offensive dans le sud de la Libye riche en pétrole, s'emparant de la capitale de la région, Sabha, et de l'un des principaux champs pétrolifères du pays. En avril de la même année, il a ordonné à ses forces d'avancer sur Tripoli.
Cependant, au cours de l'été, après que la Turquie a déployé des troupes pour défendre l'administration à Tripoli, les deux parties se sont retrouvées dans une impasse.
Un cessez-le-feu négocié par l'ONU a finalement été conclu à Genève le 23 octobre 2020. Il a été suivi d'un accord à Tunis pour la tenue d'élections en décembre 2021.

Un Libyen s'inscrivant pour voter dans un bureau de vote à Tripoli, le 8 novembre 2021. (Photo, AFP)

Un gouvernement provisoire d'unité nationale, dirigé par Abdul Hamid Dbeibah, a été approuvé par les parlementaires le 10 mars 2021. Cependant, le 9 septembre, Aguila Saleh, président du Parlement libyen, a ratifié une loi régissant l'élection présidentielle qui était considérée comme contournant la procédure régulière et favorisant Haftar.
Par la suite, le Parlement a adopté un vote de défiance envers le gouvernement d'union nationale, remettant en cause l’élection ainsi que la paix difficilement gagnée.
Même si des élections ont lieu en janvier, la Libye a encore un long chemin à parcourir avant qu'une administration stable ne soit formée et qu'une paix durable ne soit instaurée.
• Twitter: @rebeccaaproctor

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Soudan: craintes de la poursuite des exactions à El-Facher

Des enfants et des familles déplacés d'El-Fasher dans un camp où ils se sont réfugiés pour échapper aux combats entre les forces gouvernementales et le RSF, à Tawila, dans la région du Darfour. (UNICEF via AP)
Des enfants et des familles déplacés d'El-Fasher dans un camp où ils se sont réfugiés pour échapper aux combats entre les forces gouvernementales et le RSF, à Tawila, dans la région du Darfour. (UNICEF via AP)
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  • Des massacres se poursuivent à El-Facher, dernière grande ville du Darfour tombée aux mains des Forces de soutien rapides (FSR) après 18 mois de siège
  • La situation est décrite comme « apocalyptique » par les diplomaties allemande et britannique, tandis que l’ONU réclame des enquêtes rapides sur les atrocités et que plus de 65 000 civils ont fui la ville, désormais en ruines

Port-Soudan: De nouvelles images satellites et l'ONG Médecins sans frontières (MSF) suggèrent samedi la poursuite des massacres dans la ville soudanaise d'El-Facher, près d'une semaine après sa prise par les paramilitaires.

Alors que les informations sur des violences contre les civils se multiplient, les chefs de la diplomatie allemande et britannique ont alerté sur une situation "absolument apocalyptique" et "véritablement terrifiante" sur le terrain.

Après 18 mois de siège, les Forces de soutien rapides (FSR, paramilitaires) de Mohamed Daglo ont pris dimanche El-Facher, dernière grande ville du Darfour (ouest) qui échappait encore à leur contrôle dans leur guerre contre l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane.

Selon le Laboratoire de recherche humanitaire de l'université de Yale, qui analyse des vidéos et des images satellites, les dernières images datant de vendredi ne "montrent aucun mouvement à grande échelle" à El-Facher, ce qui suggère que la majorité de sa population est "morte, capturée ou cachée".

Le laboratoire a identifié au moins 31 groupes d'objets correspondant à des corps humains entre lundi et vendredi, dans différents quartiers, sur des sites universitaires et des sites militaires. "Les indices montrant que les massacres se poursuivent sont clairement visibles", conclut-il.

- "Tuées, retenues, pourchassées" -

MSF a lui aussi dit craindre samedi qu'un "grand nombre de personnes" y soient toujours "en grave danger de mort" et que les civils soient empêchés par les FSR et leurs alliés "d'atteindre des zones plus sûres" comme Tawila.

Des milliers de personnes ont déjà fui El-Facher pour cette ville située à environ 70 km à l'ouest, et où les équipes de MSF se sont préparées à faire face à un afflux massif de déplacés et de blessés.

Des survivants ont raconté à l'ONG que les personnes ont été séparées selon leur sexe, âge ou identité ethnique présumée, et que beaucoup sont toujours détenues contre rançon. Un survivant a rapporté des "scènes horribles" où des combattants écrasaient des prisonniers avec leurs véhicules.

"Le nombre de personnes arrivées à Tawila est très faible (...) Où sont toutes les personnes manquantes, qui ont déjà survécu à des mois de famine et de violence à El-Facher?" s'interroge Michel-Olivier Lacharité, responsable des opérations d'urgence chez MSF. "D'après ce que nous disent les patients, la réponse la plus probable, bien qu'effrayante, est qu'elles sont tuées, retenues et pourchassées lorsqu'elles tentent de fuir", relate-t-il.

Au total, plus de 65.000 civils ont fui El-Facher, où des dizaines de milliers de personnes sont encore piégées, selon l'ONU. Avant l'assaut final des paramilitaires, la ville comptait environ 260.000 habitants.

- "Apocalyptique" -

Depuis dimanche, plusieurs vidéos sur les réseaux sociaux montrent des hommes en uniforme des FSR procédant à des exécutions sommaires à El-Facher, les paramilitaires affirmant que plusieurs de ces enregistrements ont été "fabriqués" par des sites liés à l'armée.

Les paramilitaires ont affirmé jeudi avoir arrêté plusieurs de leurs combattants soupçonnés d'exactions lors de la prise d'El-Facher, l'ONU réclamant vendredi des enquêtes "rapides et transparentes" après des "témoignages effroyables" d'atrocités dans cette localité.

S'exprimant en marge d'une conférence à Bahreïn, le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul, a décrit samedi la situation à El-Facher comme "absolument apocalyptique", évoquant comme l'ONU la "pire crise humanitaire du monde". "Les FSR se sont publiquement engagés à protéger les civils et devront rendre compte de leurs actions", a-t-il ajouté.

"Les informations qui nous parviennent du Darfour ces derniers jours sont véritablement terrifiantes", a déclaré son homologue britannique Yvette Cooper, évoquant les "atrocités commises, exécutions de masse, famine et le viol comme arme de guerre".

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle l'est et le nord du pays, et les FSR, désormais maîtres de l'ensemble du Darfour, une région vaste comme la France métropolitaine.

Les pourparlers en vue d'une trêve, menés depuis plusieurs mois par un groupe réunissant les Etats-Unis, l'Egypte, les Emirats arabes unis et l'Arabie saoudite, sont dans l'impasse, selon un responsable proche des négociations.

Les FSR ont reçu armes et drones des Emirats arabes unis, selon des rapports de l'ONU, tandis que l'armée bénéficie de l'appui de l'Egypte, de l'Arabie saoudite, de l'Iran et de la Turquie, selon des observateurs. Tous nient toute implication.


Le président libanais accuse Israël de répondre à son offre de négociations en intensifiant ses attaques

Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
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  • Le président libanais Joseph Aoun accuse Israël d’avoir répondu à son offre de négociations par une intensification des frappes, qui ont tué deux personnes dans le sud du Liban
  • En visite à Beyrouth, le ministre allemand Johann Wadephul appelle à un retrait israélien du sud du Liban et à un désarmement du Hezbollah, condition jugée essentielle pour la reprise du dialogue

BEYROUTH: Le président libanais, Joseph Aoun, a accusé Israël de répondre à l'offre de négociations du Liban par une intensification de ses frappes, les dernières ayant tué vendredi deux hommes dans le sud du pays selon Beyrouth.

"Le Liban est prêt à des négociations pour mettre fin à l'occupation israélienne, mais toute négociation (...) a besoin d'une volonté réciproque, ce qui n'est pas le cas", a affirmé M. Aoun à l'issue d'un entretien avec le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul.

Le chef de l'Etat s'était déjà prononcé le 13 octobre pour des négociations entre les deux pays voisins, toujours formellement en état de guerre, et qui ont émergé en novembre dernier d'un an de conflit meurtrier entre Israël et le Hezbollah libanais.

Israël "répond à cette option en menant davantage d'attaques contre le Liban (...) et en intensifiant la tension", a déploré M. Aoun

Selon le ministère de la Santé libanais, deux personnes ont été tuées vendredi lors de deux frappes israéliennes dans le sud du pays.

L'Agence nationale d'information libanaise (Ani, officielle) a indiqué qu'un drone avait notamment visé un homme à moto dans le village de Kounine.

L'armée israélienne a affirmé avoir tué un "responsable de la maintenance du Hezbollah", qui oeuvrait selon elle à rétablir des infrastructures du mouvement pro-iranien.

La veille, une unité israélienne s'était introduite dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

M. Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

- "Condition sine qua non" -

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban disant viser des cibles du mouvement chiite, et a intensifié ses raids ces derniers jours.

L'armée israélienne se maintient aussi dans cinq positions dans le sud du Liban.

Selon un bilan de l'AFP basé sur des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées en octobre.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Le chef de la diplomatie allemande a apporté son soutien au président libanais, affirmant qu'il exhorterait son homologue israélien, Gideon Saar, à retirer l'armée israélienne du sud du Liban.

"Il doit y avoir un retrait des troupes israéliennes. Je comprends qu'Israël ait besoin de sécurité (...) Mais nous avons maintenant besoin d'un processus de confiance mutuelle. Et je m'engage à ce que les deux parties se parlent", a dit le ministre allemand.

Il a également "encouragé le gouvernement libanais à veiller à ce qu'un processus crédible, compréhensible et rapide de désarmement du Hezbollah soit mis en place", une "tâche colossale" mais, a-t-il estimé, "la condition sine qua non" pour régler les relations avec Israël.

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.


Israël a rendu à Gaza 30 corps de Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages 

Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
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  • "Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès
  • Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre

GAZA: Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza.

"Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès.

Les otages avaient été enlevés lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui avait déclenché la guerre dans la bande Gaza.

Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre.

Depuis cette date, le Hamas a également rendu deux dépouilles d'otages non-israéliens, un Thaïlandais et un Népalais.

Le mouvement islamiste a jusqu'à présent restitué les restes de 17 des 28 corps qui se trouvaient encore à Gaza et auraient dû être rendus au début de la trêve, assurant que localiser les autres dépouilles est "complexe" dans le territoire dévasté par deux ans de guerre.

Des équipes égyptiennes autorisées à entrer dans le territoire palestinien par Israël participent aux recherches avec des engins de chantiers.

Lundi soir, le Hamas avait rendu à Israël les restes d'un otage, identifié comme étant ceux d'Ofir Tzarfati, dont une partie de la dépouille avait déjà été récupérée en deux fois.

Les retards successifs dans la remise des corps des otages ont provoqué la colère du gouvernement israélien, qui a accusé le Hamas de violer l'accord de trêve. Et les familles des otages ont exigé des mesures plus sévères pour contraindre le groupe palestinien à se conformer à l'accord.

Dix corps d'otages du 7-Octobre seraient encore à Gaza, ainsi que celui d'un soldat mort durant une guerre en 2014. Tous sont israéliens sauf un Tanzanien et un Thaïlandais.

Par ailleurs, à deux reprises depuis le 10 octobre, Israël a mené des bombardements massifs sur Gaza en représailles à des tirs qui ont tué trois de ses soldats. Le 19 octobre, les bombardements israéliens avaient fait au moins 45 morts et mardi 104.

Le Hamas, qui dément avoir tiré sur les soldats israéliens, a accusé Israël de violer le cessez-le-feu.