Pour la justice américaine, le gruyère n'est pas forcément suisse ou français

Une photo prise le 18 octobre 2019 montre du fromage AOP lors du salon AOP devant l'Hôtel de Ville à Paris. (AFP)
Une photo prise le 18 octobre 2019 montre du fromage AOP lors du salon AOP devant l'Hôtel de Ville à Paris. (AFP)
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Publié le Jeudi 13 janvier 2022

Pour la justice américaine, le gruyère n'est pas forcément suisse ou français

  • Le juge T.S. Ellis souligne que des producteurs américains fabriquent du gruyère dans l'Etat du Wisconsin depuis les années 1980
  • L'interprofession du Gruyère ont notifié lundi leur intention de faire appel de cette décision

WASHINGTON: Après la feta ou le brie, place au gruyère made in USA? Les producteurs français et suisses du célèbre fromage des Alpes tentent de protéger l'appellation mais viennent de subir un revers cuisant devant la justice américaine.


Un juge fédéral a estimé la semaine dernière que le terme gruyère était devenu "générique" aux Etats-Unis, ce qui empêche, selon lui, de l'inscrire au registre des marques pour le réserver aux produits originaires de Suisse et de France.


Dans une décision d'une trentaine de pages, le juge T.S. Ellis souligne que des producteurs américains fabriquent du gruyère dans l'Etat du Wisconsin depuis les années 1980, et que plus de la moitié du gruyère importé aux Etats-Unis entre 2010 et 2020 était produite en Allemagne et aux Pays-Bas.

La vinaigrette française officiellement mise à toutes les sauces aux Etats-Unis

Les autorités fédérales américaines ont annoncé mercredi révoquer les normes règlementaires définissant la vinaigrette à la française, élargissant ainsi le champ des possibles pour assaisonner les salades consommées dans la première puissance mondiale.


"Ces normes sont dépassées", a justifié la Food and Drug Administration (FDA), l'agence qui régule les aliments aux Etats-Unis.


Depuis plus de 70 ans, la composition en ingrédients de la "French dressing" est strictement encadrée par les autorités fédérales, même si cet assaisonnement n'a en pratique plus grand chose à voir avec celui qui trône sur les tables dans l'Hexagone.


Afin de pouvoir afficher l'expression "French dressing" sur leur produit, les fabricants américains devaient jusqu'à présent y faire obligatoirement entrer une huile végétale et une base acide (vinaigre, citron ou citron vert), étant libres d'y ajouter des épices, du concentré de tomate et d'autres ingrédients.


Résultat, la "French dressing" a pratiquement toujours une couleur orangée et présente souvent une texture onctueuse et un goût sucré.


Là où des palais français s'indignent d'une dérive irrespectueuse de la tradition culinaire, les amateurs outre-Atlantique célèbrent une créativité s'inscrivant dans une nécessaire évolution des goûts.


Des arguments repris dans une "requête citoyenne" qui avait été déposée auprès de la FDA par l'Association for Dressings and Sauces. Cette organisation professionnelle quasi centenaire, qui représente les grands producteurs américains de vinaigrettes, mayonnaises et autres sauces à condiments, a finalement obtenu gain de cause.

"Des décennies d'importation, de production, et de ventes de fromages appelés gruyère mais produits en dehors de la région de la Gruyère en France et en Suisse ont érodé le sens du terme et l'ont rendu générique", écrit-il.

Même les dictionnaires ne mentionnent pas tous l'origine géographique de ce "fromage de lait de vache, à pâte cuite formant des trous", bien qu'il soit apparu dès le 12e siècle dans les Alpes, relève le magistrat.

L'interprofession du Gruyère, qui représente les acteurs du secteur en Suisse, et le Syndicat interprofessionnel du Gruyère, son pendant français, ont notifié lundi leur intention de faire appel de cette décision.

Pour eux, le gruyère, qui bénéficie d'appellations d'origine protégée dans les deux pays, "est fabriqué avec soin à partir d'ingrédients locaux et naturels, en utilisant des méthodes traditionnelles qui assurent le lien entre la région d'origine et la qualité du produit final". 

"Du fromage fait dans le Wisconsin ne peut pas reproduire le goût unique du vrai Gruyère fait en Suisse ou en France", ont-ils écrit dans leur plainte originelle.

Du côté américain, les acteurs du secteur ont au contraire salué "une victoire historique". Et, dans un communiqué, ils ont pris acte pour la suite: cette décision "établit un précédent dans une bataille bien plus large au sujet des noms des produits alimentaires aux Etats-Unis".

L'Union européenne avait tenté d'obtenir des protections pour environ 200 produits associés à ses territoires (comté, chablis, parmesan, bolognaise, etc), lors des négociations pour un traité de libre-échange entre l'Europe et les Etats-Unis (Tafta) qui ont finalement achoppé. 

En l'absence d'accord, le cas par cas prévaut: si la feta grecque ou le chablis ont déjà perdu le combat, les Etats-Unis réservent l'usage des termes "roquefort" ou "cognac" aux produits fabriqués autour des villes françaises éponymes.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com