L’appel de la dernière chance du roi Salmane avant que l’Iran ne plonge le monde dans le chaos

Le roi Salmane prend la parole lors de la 75ème session de l’Assemblée générale de l’ONU. (Photo, AP)
Le roi Salmane prend la parole lors de la 75ème session de l’Assemblée générale de l’ONU. (Photo, AP)
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Publié le Vendredi 02 octobre 2020

L’appel de la dernière chance du roi Salmane avant que l’Iran ne plonge le monde dans le chaos

L’appel de la dernière chance du roi Salmane avant que l’Iran ne plonge le monde dans le chaos
  • Les pays qui soutiennent l’Iran ou qui ferment les yeux sur ses excès sont-ils prêts à faire face aux conséquences qui pourraient résulter d’un changement dans l’équilibre mondial des forces ?
  • La politique d’intégration de l’Iran dans la communauté internationale via la levée des sanctions pour encourager le régime de Téhéran à changer son approche hostile soutenant le terrorisme et l’extrémisme, n’a pas porté ses fruits

Le roi Salmane a prononcé un discours historique virtuellement la semaine dernière au nom de l’Arabie saoudite lors de la 75ème session de l’Assemblée générale de l’ONU. Ce discours a été prononcé à un moment particulièrement sensible puisque le monde se trouve actuellement à un tournant extrêmement dangereux et décisif. Les leviers qui régissent l’équilibre des forces sur le plan régional et international se trouvent dans un état fragile. Cet équilibre a été affecté non seulement par des facteurs structurels, mais aussi par des facteurs conjoncturels en raison de l'absence d'une évaluation correcte par les grandes puissances de la menace posée par le régime iranien à la paix et à la sécurité mondiales.

Dans ce contexte dangereux, l’allocution du roi Salmane a sonné comme un ultime appel avant que le monde ne plonge dans le chaos. C’est ce qu’il risque de se passer si les grandes puissances du monde permettent à l’Iran -  qui a maintes fois prouvé qu’il était un État irresponsable et voyou - d’acquérir des armes. Cela pourrait se produire pour plusieurs raisons : certaines sont politiques et sont liées à des changements géopolitiques dans les relations entre les grandes puissances du monde et les États-Unis. D’autres sont davantage pragmatiques et s’expliquent par la cupidité et les bénéfices escomptés de la signature d'accords d'armement stratégiques avec l'Iran.

Aucune de ces raisons ne tient compte des constantes qui ont contribué au maintien de l'équilibre des forces dans le monde depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Les pays qui soutiennent l’Iran ou qui ferment les yeux sur ses transgressions et ses excès sont-ils prêts à faire face aux conséquences qui pourraient résulter d’un changement dans l’équilibre mondial des forces ? Des interactions aussi dangereuses ne peuvent pas être contrôlées si elles sont déclenchées et ne peuvent pas être traitées en adoptant une stratégie qui frôle constamment le bord de l’abîme.

Le fait d’autoriser la création d'une coalition internationale qui unit l'Iran, la Russie, la Chine et d'autres groupes régionaux au Moyen-Orient, en Asie centrale et en Asie du Sud - une décision sur laquelle les Européens ont fermé les yeux - ne peut être considéré comme une interaction sûre, que l’on pourrait inverser en utilisant des moyens de pression ou de négociation.

La levée des sanctions n’a fait qu’aggraver la situation

Dans son allocution, le roi Salmane a retracé l’historique des excès du régime iranien à l’égard du Royaume au cours des quatre dernières décennies. Il a présenté des preuves irréfutables démontrant que la politique d’intégration de l’Iran dans la communauté internationale via la levée des sanctions pour encourager le régime de Téhéran à changer son approche hostile soutenant le terrorisme et l’extrémisme, n’a pas porté ses fruits.

Bien au contraire, cette politique n’a fait que renforcer l’approche hostile du régime iranien, qui a tiré parti des ressources financières mises à sa disposition pour soutenir ses milices armées dans la région et mettre en danger la sécurité et la stabilité régionales.

Cet état des lieux des excès du régime iranien n’avait pas pour but de rechercher l’aide internationale pour contrer l’Iran, mais visait plutôt à souligner que le régime iranien est une menace pour la paix et la sécurité mondiales et pas seulement au Moyen-Orient.

L'Arabie saoudite est passée par différentes phases dans ses relations avec l'Iran depuis la création de la soi-disant République islamique en 1979. Le Royaume a commencé par faire preuve de respect envers les choix du peuple iranien, reconnaissant le nouveau régime dès l'annonce de sa création.

Quand des signes d’ouverture ont émergé en Iran dans les années 1990 sous les anciens présidents Mohammed Khatami et Hashemi Rafsandjani et jusqu’à la fin du premier mandat de Mahmoud Ahmadinejad, le Royaume a cherché à renforcer ses liens avec l’Iran. Il l'a fait, bien que Téhéran ait violé la souveraineté des nations arabes et tenté d'infiltrer les sociétés arabes et d'étendre son influence en leur sein.

Malgré cet effort pour consolider les relations, le régime iranien a adopté des politiques hostiles, en soutenant notamment le confessionnalisme et l’extrémisme et l’ingérence dans les affaires intérieures des pays arabes en général et de l’Arabie saoudite en particulier. Bien que l'Iran ait mené ces politiques secrètement dans les années 1990 et 2000, il les a exécutées publiquement et effrontément depuis le déclenchement des fameux soulèvements du printemps arabe en Syrie et au Yémen. Avant cela, il avait pris le contrôle des dispositifs des États libanais et irakien.

Le Hezbollah, branche officielle de l’Iran au Liban

Le Hezbollah libanais, branche officielle de l’Iran au Liban et au Moyen-Orient, est devenu un lourd fardeau pour l’État libanais, car il a continué à mettre en œuvre l’agenda du régime iranien dans la région, ce qui est incompatible avec les intérêts de l'État libanais et qui n’est pas aligné sur le modèle pluraliste du Liban. L’explosion du mois dernier au port de Beyrouth a fourni une nouvelle preuve de la douleur persistante du Liban, en raison de la monopolisation de l’État par le Hezbollah et à sa soumission totale à l’Iran.

Le monde devrait être conscient du fait que la menace iranienne a dépassé les frontières du Moyen-Orient.

Dr. Mohammed Al-Sulami

Lorsque les dirigeants du Royaume ont décidé de mettre fin au chaos qui s’est emparé de plusieurs pays arabes voisins et a même englobé l'Arabie Saoudite, ils ont été directement visés par les milices soutenues par l'Iran. Les Houthis ont lancé des attaques de drones visant les installations pétrolières d'Aramco, menaçant l'économie mondiale dans son intégralité, et ils ont tiré plus de 300 missiles balistiques et 400 drones vers des villes du Royaume.

Le monde devrait être conscient du fait que la menace iranienne a dépassé les frontières du Moyen-Orient. Tout le monde peut voir combien d'attentats ont eu lieu en Europe, le régime iranien cherchant à éliminer les dissidents. En outre, le Hezbollah libanais a entrepris des opérations dangereuses et criminelles en Afrique et en Amérique latine.

Le discours du roi Salmane a constitué un avertissement sérieux à l’Assemblée générale de l’ONU et un appel de la dernière chance aux grandes puissances avant qu'un point de non-retour ne soit atteint si elles continuent à jouer la carte iranienne, ignorant la menace que Téhéran représente pour le monde et son soutien au terrorisme et à l’extrémisme mondial.

 

Dr. Mohammed Al-Sulami est directeur de l'Institut international d'études iraniennes (Rasanah). Twitter : @mohalsulami

NDLR : Les opinions exprimées par les auteurs dans cette section sont les leurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue d'Arab News.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com