Migrants mineurs: Eric Zemmour condamné pour provocation à la haine

Le candidat présidentiel du parti d'extrême droite français Eric Zemmour prononce un discours devant le Château de Villers-Cotterets, dans l'Aisne, le 15 janvier 2022.(AFP)
Le candidat présidentiel du parti d'extrême droite français Eric Zemmour prononce un discours devant le Château de Villers-Cotterets, dans l'Aisne, le 15 janvier 2022.(AFP)
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Publié le Mardi 18 janvier 2022

Migrants mineurs: Eric Zemmour condamné pour provocation à la haine

  • Eric Zemmour a été condamné lundi à une amende de 10.000 euros pour provocation à la haine et injure raciale par le tribunal correctionnel de Paris, pour des propos sur les migrants mineurs
  • Le tribunal a suivi les réquisitions du parquet et infligé au candidat d'extrême droite à la présidentielle, absent pour la décision comme à son procès en novembre, une peine de 100 jours-amende à 100 euros

PARIS : Eric Zemmour a été condamné lundi à une amende de 10.000 euros pour provocation à la haine et injure raciale par le tribunal correctionnel de Paris, pour des propos sur les migrants mineurs, un jugement qu'il a qualifié d'"idéologique et stupide" dont il va faire appel. 

Le tribunal a suivi les réquisitions du parquet et infligé au candidat d'extrême droite à la présidentielle, absent pour la décision comme à son procès en novembre, une peine de 100 jours-amende à 100 euros, avec possibilité d'emprisonnement en cas de non-paiement. 

"C'est la condamnation d'un esprit libre par un système judiciaire envahi par les idéologues. Rien que de très tristement habituel, en somme", a réagi Eric Zemmour dans un communiqué.

L'avocat du polémiste, Olivier Pardo, avait annoncé l'appel de son client dès sa sortie de la salle d'audience.

"D'abord parce que la plupart du temps nous avons gagné en appel", a justifié Me Pardo, ensuite parce que le tribunal correctionnel de Paris a "dénaturé la poursuite" en estimant que les propos de M. Zemmour "portaient atteinte aux immigrés" alors qu'ils visaient les migrants mineurs isolés.

Déjà poursuivi à de nombreuses reprises pour injure raciale, provocation à la haine ou contestation de crime contre l'humanité, Eric Zemmour était cette fois cité à comparaître pour des propos tenus sur la chaîne CNews, dont il était alors le chroniqueur vedette.

« Invasion permanente »

Le 29 septembre 2020, lors d'un débat dans l'émission "Face à l'info" après un attentat devant les ex-locaux de Charlie Hebdo, le polémiste affirmait: "ils n'ont rien à faire ici, ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs, c'est tout ce qu'ils sont, il faut les renvoyer et il ne faut même pas qu'ils viennent".

"C'est une invasion permanente", "c'est un problème de politique d'immigration", avait-il ensuite ajouté.

Des "propos méprisants, outrageants" qui montrent "un rejet violent" et une "détestation" de la population immigrée et qui ont franchi "les limites de la liberté d'expression", avait estimé la représentante du ministère public à l'audience en novembre. 

"Il n'y a pas une once de racisme chez Eric Zemmour" qui ne fait que dire "la réalité", parfois de "manière brutale, avec ses mots", avait rétorqué Me Pardo, évoquant "une position politique". 

Il avait plaidé la relaxe, estimant que la citation pour provocation à la haine raciale ne tenait pas: "les mineurs isolés ne sont ni une race, ni une nation, ni une ethnie".

Le tribunal a aussi condamné le directeur de publication de CNews, jugé au côté d'Eric Zemmour comme c'est l'usage dans les procès de presse, à 3.000 euros d'amende.

Une trentaine d'associations s'étaient constituées parties civiles, dont SOS Racisme, la Ligue des droits de l'Homme (LDH) et la Licra, ainsi qu'une vingtaine de conseils départementaux - les mineurs non accompagnés étant pris en charge par l'aide sociale à l'enfance, gérée par les départements.

 

Provocation à la haine: Eric Zemmour dénonce « une condamnation idéologique et stupide »

Le candidat d'extrême droite à l'élection présidentielle Eric Zemmour a jugé "idéologique et stupide" sa condamnation lundi à 10.000 euros d'amende pour provocation à la haine pour des propos sur les mineurs migrants isolés, un jugement dont son avocat a annoncé qu'il ferait appel.

"À l'occasion de ce procès, une dizaine d'associations antiracistes et une vingtaine de conseils départementaux, essentiellement de gauche, se sont constitués partie civile à moins de trois mois du premier tour de l'élection présidentielle, et le tribunal s'est empressé de satisfaire à leurs caprices. C'est la condamnation d’un esprit libre par un système judiciaire envahi par les idéologues", a dénoncé le candidat dans un communiqué.

"Nous voulons la fin de ce système qui resserre chaque jour un peu plus le garrot sur la liberté d'expression et le débat démocratique. Ce système fabrique du délit d’opinion de manière industrielle. Il est urgent de chasser l'idéologie des tribunaux", a ajouté l'ancien chroniqueur de CNews, qui avait déjà dit à l'automne qu'il voulait "enlever le pouvoir (aux) contre-pouvoirs" comme "la justice, les médias, les minorités". 

"La vérité est que ces +mineurs isolés+, qui ne sont bien souvent ni mineurs, ni isolés, se caractérisent par leur présence irrégulière sur notre territoire et leur forte propension à la délinquance, voire à la criminalité. En tant que citoyens français, nous devons exiger le droit d’aborder cette question (...) sans risquer d’être inquiétés par la Justice", a encore écrit le candidat.

Eric Zemmour était jugé pour avoir qualifié les migrants mineurs isolés de "voleurs", "assassins", "violeurs" sur la chaîne CNews en 2020. "C'est une invasion permanente", "c'est un problème de politique d'immigration", avait-il ensuite vociféré dans cette émission dont il était chroniqueur.

Autre procès jeudi 

Arié Alimi, avocat de la LDH a salué devant la presse une décision "importante". "Derrière ce projet médiatique, il y a un projet politique, c'est un projet de haine, un projet qui tend à stigmatiser les personnes en raison de leur origine, en raison de leur confession, de leur race", a-t-il déclaré.

Les sorties controversées d'Eric Zemmour, 63 ans, contraint à la mi-septembre de quitter CNews en raison de ses ambitions présidentielles, lui ont valu depuis une dizaine d'années une quinzaine de poursuites en justice.

Plusieurs fois relaxé, il a été condamné à deux reprises pour provocation à la haine.

Le candidat d'extrême droite doit être jugé en appel jeudi pour contestation de crime contre l'humanité après avoir soutenu en octobre 2019 sur CNews que le maréchal Philippe Pétain avait "sauvé" les juifs français.

Il avait été relaxé en février 2021, le tribunal estimant que les propos avaient été prononcés "à brûle-pourpoint lors d'un débat sur la guerre en Syrie".

Il a aussi été assigné, le 27 janvier, par des sociétés et des personnalités du cinéma pour contrefaçon, après l'utilisation non autorisées d'images dans son clip d'entrée en campagne.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.