Israël, Iran/Arabie, économie: les grands chantiers du nouvel émir du Koweït

Une photo distribuée par le bureau de presse de l'émir du Koweït montre le président tunisien Kais Saied (à gauche) rencontrant le nouvel émir du Koweït, le cheikh Nawaf al-Ahmad al-Jaber Al-Sabah (à droite). (ÉMIRDUKOWEÏTDIWAN/AFP)
Une photo distribuée par le bureau de presse de l'émir du Koweït montre le président tunisien Kais Saied (à gauche) rencontrant le nouvel émir du Koweït, le cheikh Nawaf al-Ahmad al-Jaber Al-Sabah (à droite). (ÉMIRDUKOWEÏTDIWAN/AFP)
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Publié le Vendredi 02 octobre 2020

Israël, Iran/Arabie, économie: les grands chantiers du nouvel émir du Koweït

  • Cheikh Nawaf al-Ahmad Al-Sabah, le nouvel émir du Koweït aura une rentrée secouée entre l'équilibre entre l'Iran et l'Arabie saoudite, le choix d'un prince héritier et la gestion d'une crise économique exacerbée par la Covid-19
  • «Il est clair que Trump va pousser le Koweït à signer avec Israël, et le prochain gouvernement pourrait le faire, mais il sera confronté à un rejet populaire»

KOWEÏT: Normalisation avec Israël, équilibre entre l'Iran et l'Arabie saoudite, choix d'un prince héritier et gestion d'une crise économique exacerbée par le Covid-19 et la chute du prix du pétrole: les grands chantiers ne manquent pas pour le nouvel émir du Koweït.

Cheikh Nawaf al-Ahmad Al-Sabah a remplacé à 83 ans son demi-frère, cheikh Sabah al-Ahmad Al-Sabah, décédé à 91 ans après avoir dominé pendant des décennies la vie politique de ce riche petit émirat pétrolier à la vie politique agitée, dans une région instable.

Dans son discours d'intronisation mercredi devant le Parlement, cheikh Nawaf a appelé à l'unité nationale compte tenu des défis qui l'attendent.

«Calme et pondéré mais capable de prendre des décisions difficiles», a résumé à l'AFP Mohammed Al-Faily, un constitutionnaliste qui enseigne aussi le droit public à l'Université de Koweït, en parlant du nouvel émir.

Mais d'autres experts estiment qu'il n'a pas la stature de son prédécesseur, un vieux routier de la politique qui a fait du Koweït un médiateur respecté.

«Cheikh Nawaf n'a que très peu participé à la vie publique du Koweït, n'ayant pas réussi à se constituer un réseau politique solide», a ainsi déclaré à l'AFP Cinzia Bianco, spécialiste du Golfe au sein de l'European Council on Foreign Relations.

«La perte de Sabah sera profondément ressentie, à la fois en raison de son rôle éminent de diplomate et de médiateur régional et en tant que figure fédératrice au niveau national», a déclaré pour sa part à l'AFP Kristin Diwan, de l'Arab Gulf States Institute à Washington.

Normalisation improbable 

«Les Koweïtiens ont apprécié sa capacité à maintenir l'émirat en dehors des conflits et des rivalités régionales», a-t-elle souligné.

Au niveau extérieur, le nouvel émir est attendu sur la normalisation avec Israël, selon Ibrahim Dichti, un analyste politique qui évoque des pressions américaines pour amener l'émirat à suivre l'exemple des Emirats arabes unis et de Bahreïn.

«Il est clair que (le président américain Donald) Trump va pousser le Koweït à signer avec Israël, et le prochain gouvernement pourrait le faire, mais il sera confronté à un rejet populaire», a-t-il estimé à l'AFP.

«La normalisation avec Israël est très impopulaire auprès de l'opinion publique koweïtienne et rien n'indique que les futurs dirigeants vont vouloir changer la position du Koweït», a toutefois noté Mme Diwan.

Selon elle, «l'accent sera mis sur le front intérieur, à savoir sur un consensus sur la ligne de succession».

Cinzia Bianco a souligné à ce propos la complexité du choix d'un prince héritier. La Constitution de 1962 donne à l'émir un an pour le faire, mais ce choix doit être entériné par le Parlement.

Au cours des dernières années, la famille régnante des Al-Sabah a étalé ses divergences, ponctuées d'accusations de corruptions et de complots politiques portées par certains de ses membres contre d'autres.

Trouver un héritier 

«Cette compétition qui se déroule en coulisses peut avoir un impact sur la position du Koweït vis-à-vis des relations avec l'Iran et l'Irak ainsi que sur sa capacité de médiation dans la crise du Qatar» en froid avec quatre pays arabes, a souligné Mme Bianco.

La politique d'équilibre de Koweït entre l'Arabie saoudite et l'Iran, les deux grands rivaux régionaux lui a été imposée par «la réalité de la géographie», qui l'a placé à mi-distance entre les deux puissances, a rappelé M. Faily.

Au plan intérieur, le débat politique, marqué par les disputes récurrentes entre le gouvernement et le Parlement, se concentre notamment sur le Covid-19 et la place des étrangers qui forment 70% de la population de 4,8 millions d'habitants.

Le gouvernement veut ramener la proportion des étrangers à 30% au risque de paralyser certains secteurs de l'économie dépendant de la main-d'oeuvre étrangère.

Le pays, qui produit quelque 2,2 millions de barils de brut par jour et tire 90% de ses revenus du pétrole, n'arrive pourtant pas à juguler les déficits budgétaires.


L'Arabie saoudite : un acteur clé dans la lutte contre la criminalité financière, selon Nathalie Goulet

La sénatrice française Nathalie Goulet a salué l'ambition et l'engagement de l'Arabie saoudite dans la lutte contre le blanchiment d'argent et la criminalité financière. (AFP)
La sénatrice française Nathalie Goulet a salué l'ambition et l'engagement de l'Arabie saoudite dans la lutte contre le blanchiment d'argent et la criminalité financière. (AFP)
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  • Le Royaume, selon Nathalie Goulet, dispose aujourd’hui des moyens économiques et techniques pour s’imposer comme acteur clé du dispositif mondial AML/CFT
  • L'Arabie saoudite ouvre une nouvelle ère de transparence, selon M. Goulet

DUBAÏ: À quelques semaines de la conférence internationale “Sanctions, AML & CFT for Banking and Finance in the Kingdom of Saudi Arabia”, qui se tiendra à Riyad les 21 et 22 octobre 2025, la sénatrice française Nathalie Goulet, dans un entretient accordé à Arab News en français, salue l’ambition et l'engagement de l’Arabie saoudite dans la lutte contre le blanchiment d'argent et la criminalité financière.

« L'Arabie saoudite a été en tête de ‘No Money for Terror’ dans le temps. Elle en est absolument capable, et en plus, elle a un leader très fort et une vision claire, » declare la sénatrice.

Une volonté politique affirmée

Pour Nathalie Goulet, l’évolution du Royaume ne fait aucun doute.

« Le Prince Mohammed Ben Salman, dès son arrivée au pouvoir, a immédiatement réglé les questions de corruption. Il a insufflé une politique et une volonté. »

Cette transformation accompagne l’ouverture rapide du Royaume, notamment dans le cadre de la Vision 2030, et s’inscrit dans un effort plus large pour assainir le climat des affaires et attirer des investissements étrangers dans un cadre juridico-financier stable.

« Ça se passe très bien. Mais c’est aussi une question de volonté. Et la volonté en Arabie saoudite est très marquée. »

Riyad, prochain centre de gravité régional pour la compliance

L’événement d’octobre réunira régulateurs, banquiers, juristes et spécialistes de la conformité du monde entier. Pour Nathalie Goulet, c’est une opportunité cruciale :

« Ce que j’attends, ce sont des échanges de bonnes pratiques très concrets. Car parfois, ce ne sont pas les lois qui changent les choses, ce sont aussi les interactions entre professionnels, au quotidien. »

Elle y partagera notamment son expérience sur les enjeux de transparence financière et de coopération internationale.

Des progrès significatifs et une coopération régionale renforcée

À la suite de sa participation au sommet Fighting Financial Crime à Abou Dhabi les 10 et 11 septembre derniers, Nathalie Goulet a salué les efforts des Émirats arabes unis, récemment sortis de la liste grise du GAFI.

« Il y a une vraie volonté au plus haut niveau. Et cette volonté est contagieuse. On voit aussi une forte implication saoudienne, par exemple par l'intermédiaire de Nazaha, l'autorité de lutte contre la corruption. »

Pour elle, la dynamique régionale est en marche : extraditions facilitées, respect accru des règles de coopération judiciaire, montée en compétence des autorités locales.

Un enjeu global et des réponses encore fragmentées

Malgré ces progrès, selon la sénatrice, le constat demeure alarmant : entre 2 et 5 % du PIB Mondial, seraient issus du blanchiment d’argent, mais seulement 1 à 2 % des fonds sont effectivement récupérés.

« Ce sont des milliards qui échappent aux écoles, aux hôpitaux, aux routes. Et un immense manque à gagner pour les citoyens. »

Outre l’utilisation massive de cryptoactifs non régulés et le traffic de migrants, Nathalie Goulet alerte sur les techniques des réseaux criminels de plus en plus inventives : trafic d’or déguisé en café et cargaisons de bananes trafiquées.

Enjeux spécifiques au Moyen-Orient

Le Moyen-Orient n’échappe pas à ces mutations. Nathalie Goulet pointe plusieurs problématiques: le trafic d’or, l’usage débridé des crypto-actifs, et la contrefaçon massive.

« La contrefaçon, ce ne sont pas que des faux sacs. Ce sont aussi des faux médicaments, des pièces détachées défectueuses, du tabac illicite… Le coût global est estimé à 650 milliards de dollars par an. » (Office de l’Union européenne pour la propriété intellectuelle, 2022)

Elle insiste sur la nécessité de renforcer la traçabilité, même dans des réseaux informels comme les systèmes de transfert d’argent ou certaines plateformes numériques.

La coopération et la formation au cœur de la réponse

Face à ces défis, Nathalie Goulet appelle à une action multilatérale renforcée : formations spécialisées, partage d’informations, benchmarking international et adoption des nouvelles technologies.

« Il faut former les magistrats, les douaniers, les régulateurs. Mais aussi renforcer la coopération entre pays et partager les bonnes pratiques. »

Elle évoque aussi le rôle central de l’intelligence artificielle dans la détection des flux suspects, et appelle à la création de bourses d’étude sur les crypto-actifs et leurs mécanismes.

Arabie saoudite : vers un rôle structurant dans le système international

Alors que l’Arabie saoudite s’impose de plus en plus comme un hub régional de la finance, la question de son influence future au sein d’organisations comme le GAFI se pose.

« Le Royaume a les moyens, l’ambition et la volonté. Il applique déjà les règles, coopère efficacement, et montre l’exemple. »

La récente nomination d’un responsable émirien à la tête d’Interpol, le général de division Ahmed Naser Al-Raisi, ajoute-t-elle, reflète également l’influence croissante de la région dans la gouvernance sécuritaire mondiale.

Un combat global au service des citoyens

Selon Nathalie Goulet, l’enjeu dépasse largement les frontières des États et des institutions financières et ne peut être reléguée au second plan, même en temps de crise économique.

« Justement, parce que le climat économique est dégradé, on ne peut pas laisser l’argent échapper à la société. La criminalité détourne les ressources publiques. C’est un combat pour le citoyen, pour l’école, pour l’hôpital, » explique la sénatrice.

Riyad marquera une nouvelle étape. Et pour elle, chaque conférence, chaque échange entre professionnels, chaque progrès technique ou réglementaire contribue à une économie plus saine et plus équitable.


Israël rejette une enquête de l'ONU l'accusant de «génocide» à Gaza

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
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  • "Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué
  • Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens

JERUSALEM: Israël a "rejeté catégoriquement" mardi le rapport d'une commission d'enquête internationale indépendante des Nations unies qui l'accuse de commettre un "génocide" dans la bande de Gaza depuis octobre 2023.

"Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre Benjamin Netanyahu et d'autres responsables israéliens.

En riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, Israël a lancé une offensive dans la bande de Gaza qui a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste palestinien a pris le pouvoir en 2007.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU et est vivement critiquée par Israël, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produit à Gaza et continue de (s'y) produire", a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

Elle a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, Benjamin Netanyahu et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

Le ministère des Affaires étrangères israélien a accusé les auteurs du rapport de "servir de relais au Hamas", affirmant qu'ils étaient "connus pour leurs positions ouvertement antisémites — et dont les déclarations horribles à l'égard des Juifs ont été condamnées dans le monde entier."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien.

L'ONU y a déclaré la famine, ce qu'Israël dément.


«Gaza brûle», déclare le ministre israélien de la Défense après des frappes intenses

Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
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  • "Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas"
  • "Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée"

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza.

"Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas", a déclaré M. Katz sur X.

"Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée", a-t-il ajouté.