Assassinat de journalistes au Mexique: l'épineuse question d'impunité et des mobiles

Des journalistes réclamant la justice et l'arrêt des meurtres de journalistes à la suite du meurtre de la photojournaliste mexicaine Margarito Martinez, au Mexique, le 18 janvier 2022. (Photo, AFP)
Des journalistes réclamant la justice et l'arrêt des meurtres de journalistes à la suite du meurtre de la photojournaliste mexicaine Margarito Martinez, au Mexique, le 18 janvier 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 19 janvier 2022

Assassinat de journalistes au Mexique: l'épineuse question d'impunité et des mobiles

  • La victime avait demandé en décembre son «inclusion» à un "mécanisme de protection" des journalistes, a indiqué l'ONG Yosisoyperiodista
  • A ses côtés, des journalistes ont réclamé justice pour leurs collègues assassinés dont le photographe

TIJUANA : Des journalistes se sont rassemblés mardi à Tijuana dans le nord-ouest du Mexique pour réclamer justice après le meurtre la veille d'un de leur collègue photographe, un homicide qui repose la question de la lutte contre l'impunité et des mobiles du crime.

Spécialiste des affaires policières, Margarito Martinez, 49 ans, a été tué par balle lundi à la mi-journée en sortant de chez lui dans la principale ville-frontière avec les Etats-Unis.

"Il pourrait s'agir de problèmes personnels entre voisins", a indiqué lundi la police locale dans un communiqué.

"Je ne peux écarter aucune piste d'enquête", a ajouté mardi en conférence de presse le procureur de l'Etat de Californie, Hiram Sanchez Zamora. L'arme du crime avait déjà été utilisée pour cinq autres homicides, a-t-il ajouté.

A ses côtés, des journalistes ont réclamé justice pour leurs collègues assassinés dont le photographe.

La victime avait demandé en décembre son "inclusion" à un "mécanisme de protection" des journalistes, a indiqué l'ONG Yosisoyperiodista ("Moi, je suis journaliste").

"Notre collègue avait exprimé sa préoccupation et sa peur pour sa sécurité", menacée par des "groupes criminels" présumés, selon l'ONG.

Le journaliste collaborait avec l'hebdomadaire Zeta et le quotidien La Jornada, ainsi qu'avec des médias internationaux en reportage à Tijuana, une ville qui a donné son nom à un puissant cartel de la drogue.

"Nous sommes à la frontière la plus violente et la plus proche des Etats-Unis, où il y a beaucoup d'incidents", a déclaré à l'AFPTV le directeur d'une association de journalistes, Jose Angel Inzounza, lors de la manifestation mardi à Tijuana.

"Généralement ces cas restent impunis. Au niveau mondial nous avons le déshonneur d'occuper le deuxième rang des pays les plus risqués pour exercer le journalisme", a-t-il ajouté.

Une centaine de journalistes ont été tués depuis 2000, d'après des chiffres de la Commission des droits de l'homme.

Au moins sept journalistes ont été tués en 2021, d'après un décompte de l'AFP, en tentant d'établir si la victime était bien un ou une journaliste encore en activité et si elle avait été tuée à cause de sa profession.

«Crime organisé»

C'est le cas dans l'Etat du Veracruz (sud-est), où un journaliste, José Luis Gamboa, a été retrouvé mort poignardé le 10 janvier, ont indiqué lundi plusieurs sources.

Reporters sans frontière et la Commission d'Etat pour la protection des journalistes ont demandé aux enquêteurs de prendre en compte son statut de journaliste.

"Gamboa avait dénoncé et critiqué fortement les autorités locales pour leur relation avec le crime organisé", d'après RSF.

Sur son compte suivi par 1 070 abonnés, la victime se présentait comme le "directeur général" de plusieurs publications en ligne (Inforegio, La Noticia y el Regional del Norte").

Dans l'un de ses derniers articles fin décembre -en fait un long éditorial-, José Luis Gamboa dénonçait des acteurs politiques "liés au crime organisé" et les dangers qui pèsent sur les journalistes. Il ne collaborait à aucun autre média, de source locale.

Le président de la République Andres Manuel Lopez Obrador a promis des informations sur "les mobiles de ces assassinats" dans un rapport sur la sécurité qui sera présenté jeudi.

En réponse à une question mardi matin, le président a écarté la possibilité que ses propres critiques envers certains médias mettent en danger les journalistes: "C'est une spéculation incorrecte".

90% des crimes envers les journalistes restent impunis au Mexique.

Deux hommes ont été condamnés en 2020 et 2021 pour le meurtre en mai de 2017 du journaliste Javier Valdez, spécialiste des cartels de drogue et également correspondant de l'AFP dans l'Etat du Sinaloa.

"C'est une condamnation importante car elle crée un précédent", avait réagi sa veuve Griselda Triana, après la condamnation à plus de 32 ans de prison d'un des auteurs du meurtre en août 2021.

Un prix Breach-Valdez --promu par l'Unesco, l'AFP et plusieurs ambassades européennes-- doit être de nouveau décerné en 2022 en l'honneur de Javier Valdez et de Miroslava Breach.

Miroslava Breach a été abattue en mars 2017 de huit balles dans la tête dans l'Etat du Chihuahua (nord). Elle avait publié dans le quotidien La Jornada un article affirmant que des criminels appartenant à diverses organisations cherchaient à se présenter aux élections locales.

Le prix, qui récompense des journalistes mexicains d'investigation, avait été mis entre parenthèse pendant deux ans en raison de la pandémie de coronavirus.


L'UE promet 88 millions d'euros en faveur de l'Autorité palestinienne

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  • "Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica
  • Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël

BRUXELLES: Les pays de l'Union européenne vont verser quelque 88 millions d'euros pour aider l'Autorité palestinienne, pressée de se réformer par les Européens, soucieux de son rôle futur dans le cadre du plan Trump pour la région.

"Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica, à l'issue d'une conférence des donateurs à Bruxelles.

Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël.

"Aujourd'hui, nous avons présenté les progrès réalisés dans le cadre de notre programme de réforme nationale, qui est mis en œuvre, pas seulement promis, mais mis en œuvre et en avance sur le calendrier, ce qui a été reconnu par nos partenaires", a indiqué de son côté le Premier ministre palestinien Mohammed Mustafa.

Et cela "en dépit d'un environnement défavorable", a-t-il ajouté, accusant Israël de chercher "à affaiblir l'Autorité palestinienne ainsi que sa capacité à fonctionner".

Mme Suica a réitéré sur ce point les appels lancés par l'Union européenne pour qu'Israël accepte de libérer les recettes fiscales dues à l'Autorité palestinienne, indispensables à son fonctionnement.

"Cela a été dit par tous les participants", a-t-elle assuré.

Concernant Gaza, M. Mustafa a assuré que l'Autorité palestinienne avait un plan, soutenu par les pays arabes pour sa reconstruction. "Nous gouvernerons, nous réformerons et nous dirigerons la reconstruction de Gaza", a-t-il assuré.

L'Union européenne est le principal soutien financier de l'Autorité palestinienne. Elle conditionne toutefois le versement futur de cette aide à des réformes, qu'elle juge indispensables pour que cette Autorité soit en mesure de jouer pleinement son rôle dans le cadre de la solution à deux États, israélien et palestinien, que les Européens défendent depuis des années.

"Tout notre soutien à l'Autorité palestinienne est lié aux efforts pour poursuivre l'agenda des réformes", a rappelé Mme Suica.


Zelensky va rencontrer des responsables du Pentagone sur fond d'initiative américaine pour régler le conflit

 Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin. (AFP)
Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin. (AFP)
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  • Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier, peu de responsables américains se sont rendus en Ukraine
  • Selon un média américain Axios, Washington et Moscou préparent discrètement un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine, lancée en février 2022 avec l'invasion russe du pays voisin

KIEV: Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin.

Cette réunion intervient au retour d'une visite infructueuse mercredi en Turquie du président ukrainien, qui espérait que Washington s'investisse à nouveau dans les négociations de paix. Mais l'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, ne s'est pas déplacé.

Elle intervient également au lendemain d'une frappe russe ayant tué au moins 26 personnes dans une ville de l'ouest de l'Ukraine, l'une des attaques les plus meurtrières de Moscou sur son voisin ukrainien cette année.

La délégation du Pentagone, conduite par le secrétaire à l'Armée américaine, Daniel Driscoll, a rencontré mercredi le commandant en chef des armées ukrainiennes Oleksandre Syrsky et le ministre ukrainien de la Défense Denys Chmygal, selon leurs communiqués respectifs.

Le président Zelensky doit recevoir la délégation jeudi soir, a indiqué la présidence.

Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier, peu de responsables américains se sont rendus en Ukraine.

Selon un média américain Axios, Washington et Moscou préparent discrètement un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine, lancée en février 2022 avec l'invasion russe du pays voisin.

Un haut responsable ukrainien a indiqué à l'AFP que ce plan requiert notamment que l'Ukraine cède à la Russie des territoires qu'elle occupe et réduise son armée de moitié.

Le Kremlin s'est refusé à tout commentaire et Washington et Kiev n'ont pas commenté publiquement les propositions de ce plan.

 


Grèce: découverte d'une toile géante avec 111.000 araignées dans une grotte

Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes. (AFP)
Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes. (AFP)
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  • La toile d'araignée découverte couvre quelque 106 m2 et comprend "69.000 individus de tégénaires domestiques (Tegenaria domestica) et plus de 42.000 de Prinerigone vagans (Linyphiidae)"
  • Des images, reçues mercredi par l'AFP, montrent des pans de cette immense toile, pendant sur la paroi comme un lourd rideau de velours noir, dans les profondeurs de cette grotte sous le regard fasciné d'un scientifique équipé comme un spéléologue

ATHENES: Des scientifiques ont récemment découvert une toile d'araignée géante de plus de 100 m2 avec quelque 111.000 araignées dans une grotte à la frontière entre la Grèce et l'Albanie, selon une étude publiée dans la revue Subterranean Biology.

Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes.

La toile d'araignée découverte couvre quelque 106 m2 et comprend "69.000 individus de tégénaires domestiques (Tegenaria domestica) et plus de 42.000 de Prinerigone vagans (Linyphiidae)".

Des images, reçues mercredi par l'AFP, montrent des pans de cette immense toile, pendant sur la paroi comme un lourd rideau de velours noir, dans les profondeurs de cette grotte sous le regard fasciné d'un scientifique équipé comme un spéléologue.

"Mon dieu, incroyable! Quelle texture!", s'exclame en anglais ce scientifique touchant la toile avec ses doigts.

Selon lui, dans chacun de ces trous il y a une arachnide à l'origine de ces "mégapoles" d'araignées. On voit ensuite un membre de l'équipe réussir à attraper une araignée et la poser dans une tube à essai.

Dans la revue, les chercheurs évoquent "la découverte (...) d’un assemblage extraordinaire d’araignées coloniales" alors que ces deux espèces sont normalement solitaires.

Il s'agit du "premier cas documenté de formation de toile coloniale chez ces espèces", notent d'ailleurs les experts qui précisent que cette immense toile est formée "de nombreuses toiles individuelles, (...) chacune étant stratégiquement placée à un endroit où les ressources trophiques (la nourriture disponible, ndlr) sont abondantes".

"Certaines sections de la toile peuvent se détacher de la paroi sous leur propre poids", expliquent-ils.

Des sources d'eau situées dans les recoins profonds de la grotte alimentent un ruisseau sulfuré qui traverse toute la longueur du passage principal de la grotte, selon l'étude.

Les araignées partagent la grotte avec de nombreux autres insectes, notamment des mille-pattes, des scorpions et des coléoptères.

La découverte de cette immense toile a été rapportée pour la première fois par des membres de la Société spéléologique tchèque, selon l'étude.