Les Tsiganes du Portugal, boucs émissaires de l'extrême droite

José Fernandes, restaurateur de 58 ans et président de l'association Techari, qui œuvre en faveur des quelque 4 000 Tsiganes de la commune de Loures. (Photo, AFP)
José Fernandes, restaurateur de 58 ans et président de l'association Techari, qui œuvre en faveur des quelque 4 000 Tsiganes de la commune de Loures. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 25 janvier 2022

Les Tsiganes du Portugal, boucs émissaires de l'extrême droite

José Fernandes, restaurateur de 58 ans et président de l'association Techari, qui œuvre en faveur des quelque 4 000 Tsiganes de la commune de Loures. (Photo, AFP)
  • «J'ai peur pour l'avenir... de l'incitation à la haine, de représailles contre nos enfants à l'école, de policiers impliqués dans ces mouvements», témoigne José Fernandes, restaurateur de 58 ans
  • «Les Tsiganes voudraient s'intégrer, mais ceux qui pourraient nous donner du travail ne nous donnent pas d'opportunités», se plaint Maria Cardoso

LOURES: Pointée du doigt par l'extrême droite d'André Ventura et son parti Chega, qui pourrait réaliser une nouvelle percée électorale lors des législatives de dimanche au Portugal, la minorité Rom établie dans ce pays depuis des siècles se dit inquiète. 

« Il y avait beaucoup de racisme caché et André Ventura l'a fait monter », déplore José Fernandes, restaurateur de 58 ans et président de l'association Techari, qui œuvre en faveur des quelque 4 000 Tsiganes de la commune de Loures. 

« J'ai peur pour l'avenir... de l'incitation à la haine, de représailles contre nos enfants à l'école, de policiers impliqués dans ces mouvements », témoigne-t-il. 

C'est dans cette banlieue du nord de Lisbonne que le président de Chega a d'abord fait parler de lui en 2017, en accusant les Tsiganes d'être « accros » aux aides sociales ou de se considérer « au-dessus de la loi ». 

A l'époque, M. Ventura était candidat aux municipales pour la principale formation d'opposition de centre droit, qu'il a quitté peu après afin de créer son propre parti. 

Entré au Parlement lors des législatives d'octobre 2019, l'unique député de Chega a provoqué un tollé en proposant en mai 2020 « un plan spécifique d'approche et de confinement pour les communautés tsiganes face à la pandémie de Covid-19 », selon un communiqué du parti cité par la presse locale. 

« Politiquement incorrect »  

L'homme politique de 39 ans, André Ventura, réitère toutefois les propos qu'il a tenus par le passé au sujet des Tsiganes qui, selon lui, posent «un problème chronique de dépendance aux aides sociales, de marginalité et de violence». (Photo, AFP)
L'homme politique de 39 ans, André Ventura, réitère toutefois les propos qu'il a tenus par le passé au sujet des Tsiganes qui, selon lui, posent «un problème chronique de dépendance aux aides sociales, de marginalité et de violence». (Photo, AFP)

« Il s'agissait de faire comprendre qu'il y avait au Portugal une communauté qui avait beaucoup de mal à respecter les règles de confinement », déclare-t-il dans un entretien. 

Evitant de préciser les mesures qu'il préconisait, M. Ventura reconnaît que sa proposition avait suscité « une certaine incompréhension » et, pour cette raison, elle n'avait finalement pas été soumise au Parlement. 

L'homme politique de 39 ans réitère toutefois les propos qu'il a tenus par le passé au sujet des Tsiganes qui, selon lui, posent « un problème chronique de dépendance aux aides sociales, de marginalité et de violence ». 

M. Ventura rappelle, en outre, que « Chega est né dans une municipalité fortement marquée par la présence de la communauté tsigane » et que c'est à Loures qu'il a décidé de quitter le parti de droite modérée dont il était membre pour, dit-il, pouvoir tenir un discours « politiquement dynamique, et parfois incorrect ». 

Mère de famille de 48 ans vivant dans un taudis avec 512 euros d'aides sociales pour six personnes, « Maria Cardoso ne suit pas la campagne électorale, mais partage volontiers son opinion sur André Ventura: c'est un raciste, il ne devrait pas discriminer les Tsiganes ». 

« Pas d'opportunités »  

Elle habite une frêle bâtisse avec des murs de briques restées à nu et un toit en tôle ondulée recouverte de bâches en plastique. C'est le dernier vestige d'un des bidonvilles que la commune de Loures, ancien fief communiste passé sous contrôle socialiste, a éradiqué en logeant leurs habitants dans des quartiers municipaux. 

« Les Tsiganes voudraient s'intégrer, mais ceux qui pourraient nous donner du travail ne nous donnent pas d'opportunités », se plaint Maria Cardoso, qui n'a fréquenté que l'école primaire et s'est récemment vu refuser un emploi comme femme de ménage. 

« J'ai travaillé à l'essai pendant une journée et, quand ils ont compris que j'étais Tsigane, ils m'ont renvoyée », affirme-t-elle. 

Estimés à plus de dix millions, les Roms représentent la plus importante minorité d'Europe et beaucoup d'entre eux souffrent d'exclusion sociale et d'extrême pauvreté, selon le Conseil de l'Europe. 

Il n'y a pas de statistiques fiables permettant de savoir combien d'entre eux vivent au Portugal, cinq siècles après leur arrivée. Un rapport de 2014 a toutefois recensé quelque 30 000 Tsiganes, sur la base d'estimations des autorités locales. 

Ce chiffre ne représente que les Tsiganes « visibles », vivant dans des campements ou dans des logements sociaux, précise toutefois la sociologue Olga Magano, une des auteurs de l'étude réalisée pour le Haut commissariat aux migrations. 

« Bouc émissaire »  

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C'est dans cette banlieue du nord de Lisbonne que le président de Chega a d'abord fait parler de lui en 2017, en accusant les Tsiganes d'être «accros» aux aides sociales ou de se considérer «au-dessus de la loi». (Photo, AFP)

Selon cette spécialiste, il y a dans la société portugaise « une grande animosité envers les Tsiganes » et la progression électorale de Chega est « à la fois inquiétante et pas vraiment surprenante ». 

« André Ventura a vraiment bâti sa carrière sur ce thème des Roms », explique le politologue Alexandre Afonso, chercheur à l'Université de Leyde (Pays-Bas), qui a publié un article constatant une corrélation entre la répartition géographique du vote Chega et l'importance de la minorité tsigane locale, ainsi que le nombre de bénéficiaires de minima sociaux. 

« Chega a adapté le discours xénophobe classique de l’extrême droite au contexte portugais », où les Tsiganes représentent « le bouc émissaire le plus pratique », car « l'immigration n'est pas un sujet aussi porteur que dans d'autres contextes nationaux », précise-t-il. 

La stratégie semble efficace, puisque la candidature d'André Ventura à l'élection présidentielle de janvier 2021 a obtenu près de 12% des suffrages, soit presque 500 000 voix sur une population de dix millions d'habitants. 

Et après des scores de 1,3% aux législatives d'octobre 2019, puis de 4,2% aux municipales de septembre dernier, les sondages le créditent actuellement d'environ 7% des intentions de vote. 

José Fernandes, de l'association Techari, espère, pour sa part, que les électeurs se mobiliseront dimanche en faveur « des partis démocratiques qui veulent représenter tous les Portugais sans exception, y compris les Tsiganes ». 


Au Vatican, Léon XIV célèbre sa première messe de Noël

Le pape Léon XIV célèbre la messe de la veille de Noël à la basilique Saint-Pierre au Vatican, le 24 décembre 2025. (AFP)
Le pape Léon XIV célèbre la messe de la veille de Noël à la basilique Saint-Pierre au Vatican, le 24 décembre 2025. (AFP)
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  • À la basilique Saint-Pierre, Léon XIV célèbre sa première messe de Noël en tant que pape, plaçant son pontificat sous le signe de la charité, de l’espérance et de la dignité humaine
  • Fidèle à son appel à une paix « désarmée et désarmante », il s’apprête à renouveler ses appels à la trêve et à la paix mondiale

CITÉ DU VATICAN, SAINT-SIÈGE: Léon XIV a célébré mercredi soir la première messe de Noël de son pontificat dans la basilique Saint-Pierre au Vatican, délivrant un message de "charité et d'espérance" face aux dérives d'une "économie faussée".

Peu avant la messe, le pape américain est sorti sur le parvis de la place Saint-Pierre pour saluer les quelque 5.000 fidèles massés sous la pluie pour suivre la cérémonie sur écrans géants, faute de place à l'intérieur de la basilique.

"La basilique Saint-Pierre est très grande, mais malheureusement pas assez pour tous vous accueillir. J'admire et respecte et vous remercie pour votre courage et votre envie d'être ici ce soir", a-t-il lancé en anglais.

Devant les cardinaux, évêques, diplomates et environ 6.000 fidèles, Léon XIV, qui affiche un style plus discret que son prédécesseur François, a ensuite prononcé une homélie très religieuse sans évoquer directement de sujet d'actualité.

"Alors qu’une économie faussée conduit à traiter les hommes comme de la marchandise, Dieu se fait semblable à nous, révélant la dignité infinie de toute personne", a déclaré le pape.

"Proclamons la joie de Noël, qui est la fête de la foi, de la charité et de l’espérance", a-t-il ajouté.

Cette cérémonie commémorant la naissance du Christ, l'une des plus solennelles de l'année, a mêlé chants traditionnels et gestes symboliques. Le pape de 70 ans a décidé de la célébrer à un horaire plus tardif que sous le pontificat de François (19H30).

Autre changement majeur : Léon XIV présidera jeudi matin la messe du jour de Noël, renouant ainsi avec une tradition qui remontait au pontificat de Jean-Paul II (1978-2005).

Il prononcera ensuite à 12H00 (11H00 GMT) sa bénédiction "Urbi et Orbi" (à la ville et au monde) en mondovision depuis le balcon de la basilique, lors de laquelle le pape se livre traditionnellement à un tour d’horizon des conflits dans le monde.

Fervent défenseur d’une paix "désarmée et désarmante", le chef de l'Eglise catholique devrait y renouveler ses appels à la paix. Mardi soir, Léon XIV a déjà demandé une trêve d'un jour pour Noël dans le monde entier, disant regretter le fait que "la Russie semble avoir rejeté la demande de trêve".

Aucun texte du Nouveau testament ne précise le jour et l'heure de naissance de Jésus de Nazareth. Sa célébration le 25 décembre dans la tradition chrétienne a été choisie au IVe siècle en Occident.

Ce Noël 2025 coïncide avec la clôture du Jubilé, "Année sainte" de l'Eglise qui a attiré des millions de pèlerins à Rome.


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
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  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.