France: les autorités dans la crainte d'un passage à l'acte de l'ultradroite

Des membres et sympathisants du groupe d'extrême droite Génération Identitaire tiennent un drapeau lors d'une manifestation contre sa possible dissolution à Paris le 20 février 2021. (Photo, AFP)
Des membres et sympathisants du groupe d'extrême droite Génération Identitaire tiennent un drapeau lors d'une manifestation contre sa possible dissolution à Paris le 20 février 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 30 août 2023

France: les autorités dans la crainte d'un passage à l'acte de l'ultradroite

  • Dans un climat de contestations et de colères disparates à moins de trois mois du premier tour de l'élection présidentielle dans ce pays, leur activisme est surveillé comme le lait sur le feu par les autorités
  • En moins d'un an, le gouvernement a dissout deux groupuscules, les Zouaves Paris (ZVP) et Alvarium, ainsi qu'une association, Génération identitaire, qui se réclament tous de l'ultradroite, terme policier désignant une mouvance protéiforme

PARIS : Antivax, complotistes ou ennemis de la République, la pandémie de coronavirus a donné un coup de fouet aux idées de l'ultradroite en France. Au point que policiers, magistrats et services de renseignements redoutent désormais le passage à l'acte d'un de leurs partisans.

Dans un climat de contestations et de colères disparates à moins de trois mois du premier tour de l'élection présidentielle dans ce pays, leur activisme est surveillé comme le lait sur le feu par les autorités.

En moins d'un an, le gouvernement a dissout deux groupuscules, les Zouaves Paris (ZVP) et Alvarium, ainsi qu'une association, Génération identitaire, qui se réclament tous de l'ultradroite, terme policier désignant une mouvance protéiforme.

Ces mesures n'ont pas empêché certains de s'inviter ostensiblement à un cortège contre le pass vaccinal le 15 janvier à Paris, en dépit d'un contrôle judiciaire le leur interdisant.

"La dissolution, ce n'est pas la panacée, mais cela les insécurise, les empêche de monter en gamme", fait valoir un haut responsable policier. Plus dubitatif, Jean-Yves Camus, chercheur spécialiste de l'extrême droite, observe que des "petites structures plus locales" se recréent sitôt prononcée la dissolution du groupe.

Ce foisonnement fait craindre aux autorités françaises un acte individuel et ciblé. Particulièrement contre les élus, dont les parlementaires qui ont approuvé le pass sanitaire puis le pass vaccinal, entré en vigueur lundi.

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin ne cache plus sa préoccupation.

«Menaces graves»

"J'ai demandé aux préfets que l'on protège les élus comme on protège les lieux de culte... Le climat de cette campagne n'est pas serein", a-t-il dit au Journal du Dimanche (JDD) le week-end dernier.

"Les menaces contre les élus sont une très grande préoccupation", abonde un policier haut gradé. Depuis juillet, le ministère de l'Intérieur a recensé plus de 500 "faits de menaces graves" (menaces de mort) contre eux et plus de 400 plaintes. 

Jusqu'à présent, aucune ne s'est concrétisée par une atteinte à leur vie ou à leur intégrité physique.

Mais les policiers s'inquiètent de la formation de cellules structurées et clandestines qui visent à "renverser" les institutions par la violence.

Actuellement, le parquet national antiterroriste (Pnat) gère "9 dossiers judiciaires" liés à l'ultradroite. "Six concernent ces cellules clandestines (...) et trois des projets individuels", précise une source sécuritaire. 

"C'est un nombre assez conséquent", insiste Laurent Nunez, le coordinateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme.

"Nous ne sommes plus en présence d'un phénomène marginal mais d'un phénomène qui est en train de monter en puissance", confirme le patron du Pnat, Jean-François Ricard.

Théorie du «grand remplacement»

"Jusqu'à présent, la France a été épargnée", se réjouit toutefois un haut responsable policier.

D'autres pays ont été frappés. 

En juin 2021 au Canada, quatre membres d'une même famille musulmane ont été tués par un homme qui a précipité sa voiture sur eux. Deux ans plus tôt, en Nouvelle-Zélande, un suprémaciste australien avait ouvert le feu dans deux mosquées de Christchurch, tuant 51 musulmans.

Les deux hommes peuvent être classés à l'ultradroite. "C'est une catégorie fourre-tout où l'on met l'extrême droite extraparlementaire, activiste, ce qui ne signifie pas nécessairement terroriste, tout ce qui est à droite du RN" (parti d'extrême droite Rassemblement national), résume Jean-Yves Camus.

Ses tenants partagent la même haine des étrangers, des musulmans, des juifs ou des francs-maçons.

A partir des attentats djihadistes de 2015 et de la crise migratoire, se sont installées dans la mouvance française, forte d'environ 3.000 personnes, les idées du "grand remplacement", d'un "péril imminent" et d'un Etat "incapable", explique une source sécuritaire.

Des courants venus des Etats-Unis, comme les "suprémacistes", "accélérationnistes" ou "survivalistes", y ont ensuite germé, rejoints par certains membres du mouvement de révolte populaire des "gilets jaunes" (qui avait ébranlé le quinquennat d'Emmanuel Macron en 2018 et 2019) qui ont basculé dans la "radicalité, se sont retrouvés et structurés", poursuit la même source.

«Processus terroriste»

La crise sanitaire a servi de catalyseur à ce magma et "l'on a vu les théories anti-système comme celles des QAnon se développer en France", ajoute-t-elle.

Jean-Yves Camus évalue à "un petit millier le nombre" de ces militants "très orientés vers la violence". Une source sécuritaire fait état de "10 à 100 profils susceptibles de passer à l'acte".

Des groupes "cherchent à mener des actions démonstratives", par exemple "en participant à des manifestations pour les faire dégénérer", explique Laurent Nunez. Ce fut le cas le 15 janvier lors d'un cortège "antivax" à Paris, où des journalistes de l'AFP ont été menacés de mort. 

D'autres organisent des "fights contre les antifas" ou des actions illégales, comme Génération identitaire avec "les contrôles aux frontières", poursuit-il. Ils se comportent comme "des milices privées", "incitent à la haine" mais "ne sont pas dans la démarche du passage à l'acte terroriste".

A l'inverse, poursuit M. Nunez, les cellules clandestines "sont engagées dans un processus terroriste, de contestation des institutions représentatives" ou de "lutte contre l'islam et les +gauchistes+". 

Depuis 2017, "6 projets de passage à l'acte à l'extrême droite" ont été déjoués, selon M. Darmanin.

A l'instar des jihadistes, ils affichent "de plus en plus de professionnalisme", "des projets qui se précisent" dans "le choix des cibles, le mode opératoire, la structuration", note une source judiciaire spécialisée dans la lutte antiterroriste.

Accès aux armes 

"Les ressorts psychologiques sont les mêmes : frustration, besoin de reconnaissance, fascination pour l'ultra violence. Mais il y a pas mal de différences", nuance un haut responsable policier.

Jean-Yves Camus relève lui aussi qu'à ce jour, il n'y a pas eu de la part de l'ultradroite de projet d'attentat "équivalent aux bonbonnes de gaz" que voulaient faire sauter près de Notre-Dame de Paris des jeunes filles adeptes du djihad.

De nombreuses armes ont été découvertes dans plusieurs dossiers impliquant l'ultradroite, pour la plupart détenues légalement.

Nombre des tenants de l'ultradroite sont chasseurs, ex-militaires, collectionneurs ou adeptes du tir sportif et ont peu recours aux circuits utilisés par la grande criminalité.

Mais ils ont "un accès facile aux armes par leurs relations avec les mouvements néonazis internationaux", note une source judiciaire.

Prototype de ces adeptes de l'ultradroite prêts à franchir le pas, un ancien militaire est jugé à partir de mercredi à Paris pour "entreprise individuelle terroriste". Arrêté en 2020, il possédait des armes et venait de publier des messages inquiétants d'apologie du nazisme qui suggéraient un attentat imminent visant la communauté juive.


Vote de confiance: Valls appelle à un «sursaut» pour un «accord» entre forces de gouvernement

Manuel Valls estime que les pistes de réduction de la dette mises sur la table par François Bayrou en juillet "doivent être discutées, négociées pour que le budget soit à la hauteur des déficits". (AFP)
Manuel Valls estime que les pistes de réduction de la dette mises sur la table par François Bayrou en juillet "doivent être discutées, négociées pour que le budget soit à la hauteur des déficits". (AFP)
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  • Cet accord "est indispensable, sinon quelle est la solution ?", a ajouté l'ancien Premier ministre, pour qui une dissolution serait "pour les formations politiques de gouvernement, pour les Républicains, le bloc central, le Parti socialiste aussi, la mena
  • Manuel Valls estime que les pistes de réduction de la dette mises sur la table par François Bayrou en juillet "doivent être discutées, négociées pour que le budget soit à la hauteur des déficits"

PARIS: Un "sursaut" des formations politiques de gouvernement "pour trouver un accord sur le budget" est "indispensable" avant le vote de confiance du gouvernement Bayrou le 8 septembre, a estimé jeudi le ministre des Outre-mer Manuel Valls.

"Il faut être sérieux: j'en appelle à l'effort, à un sursaut des formations politiques de gouvernement pour trouver un accord sur le budget", a-t-il déclaré sur Europe 1.

Cet accord "est indispensable, sinon quelle est la solution ?", a ajouté l'ancien Premier ministre, pour qui une dissolution serait "pour les formations politiques de gouvernement, pour les Républicains, le bloc central, le Parti socialiste aussi, la menace d'une quasi-disparition et de se retrouver sous la menace de LFI et du Rassemblement national".

Manuel Valls estime que les pistes de réduction de la dette mises sur la table par François Bayrou en juillet "doivent être discutées, négociées pour que le budget soit à la hauteur des déficits".

"Il faut trouver des solutions: elles doivent être justes sur le plan fiscal et social, chacun doit être mis à contribution, y compris les plus riches et les grandes entreprises. Chacun doit participer à cet effort", selon lui.

D'ici le 8 septembre, le ministre des Outre-mer "continuera sa mission", avec notamment un déplacement à Mayotte lundi et mardi.

Manuel Valls est rentré cette semaine de Nouvelle-Calédonie, où il a poursuivi la mise en application de l'accord de Bougival signé en juillet entre l'Etat, les non-indépendantistes et les indépendantistes, même si ceux du FLNKS ont depuis rejeté le texte.


François Bayrou jeudi devant un Medef hostile à tout retour de l'ISF

Le Premier ministre français François Bayrou pose aux côtés du journaliste et animateur de télévision français Gilles Bouleau avant une interview dans le journal télévisé du soir de la chaîne française TF1, à Boulogne-Billancourt, près de Paris, le 27 août 2025. (AFP)
Le Premier ministre français François Bayrou pose aux côtés du journaliste et animateur de télévision français Gilles Bouleau avant une interview dans le journal télévisé du soir de la chaîne française TF1, à Boulogne-Billancourt, près de Paris, le 27 août 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre interviendra à 14H30 devant la Rencontre des entrepreneurs de France (REF), qui se tient pour la première fois à Roland-Garros avec un slogan qui résonne avec l'actualité : "Jeu décisif"
  • Le décret présidentiel convoquant le Parlement en session extraordinaire pour ce vote de confiance a été publié au Journal Officiel jeudi, avec un ordre du jour en un seul point : "une déclaration de politique générale"

PARIS: François Bayrou, désormais prêt "à toutes les négociations nécessaires" sur le budget s'il remporte son pari d'un vote de confiance à l'Assemblée nationale, viendra l'évoquer jeudi devant un Medef fermement opposé à tout retour d'un impôt de type ISF, souhaité par la gauche.

Le Premier ministre interviendra à 14H30 devant la Rencontre des entrepreneurs de France (REF), qui se tient pour la première fois à Roland-Garros avec un slogan qui résonne avec l'actualité : "Jeu décisif".

M. Bayrou, qui a présenté le 15 juillet les grandes lignes d'un effort budgétaire de 44 milliards d'euros en 2026, s'attirant la désapprobation des oppositions avec des idées comme la suppression de deux jours fériés, a surpris lundi en annonçant qu'il se soumettrait à un vote de confiance à l'Assemblée nationale le 8 septembre.

Le décret présidentiel convoquant le Parlement en session extraordinaire pour ce vote de confiance a été publié au Journal Officiel jeudi, avec un ordre du jour en un seul point : "une déclaration de politique générale", en application de l'article 49-1 de la Constitution.

Les oppositions ayant annoncé qu'elles voteraient contre, M. Bayrou a affirmé mercredi sur TF1 qu'il recevrait les responsables de partis et de groupes parlementaires à partir de lundi pour "examiner les choses avec eux", avec pour "condition préalable de s'entendre sur l'importance de l'effort" à réaliser.

Mardi et jeudi, ce sont les partenaires sociaux auxquels le Premier ministre a rendu ou rendra visite.

La cheffe de file de la CFDT Marylise Léon est favorable à faire contribuer davantage les plus riches au budget, alors que Patrick Martin estime que, "quelle qu'en soit la forme, un retour de l'ISF serait ravageur pour notre économie, et nous nous y opposerons".

Déjà incisif mercredi à la tribune de la REF, il a accusé jeudi matin sur BFM Business les hommes politiques "d'être dans un monde parallèle et de ne pas voir ce qui se passe sur la planète sur le plan économique" notamment en matière de concurrence internationale.

"Que ceux qui expriment de manière politicienne ce genre de propositions", une forte taxation du patrimoine des plus riches, "n'oublient jamais que si les chefs d'entreprises lèvent le crayon, le pays part en vrille", a-t-il soutenu.

Le Medef est davantage ouvert à "un double effacement", selon M. Martin, la remise en cause de certains avantages financiers consentis aux entreprises contre "un abaissement des seuils d'imposition à l'euro près, si possible avec un gain".

Il a néanmoins espéré "un ressaisissement de la part des partis dits de gouvernement pour, le temps qu'il faudra, passer au-dessus de leurs calculs (...) individuels, poser les colts et discuter avec les chefs d'entreprise."

A quatre jours de commencer à recevoir les chefs de partis à Matignon, François Bayrou les manquera de peu, jeudi à la REF.

En effet, événement-phare de cette université d'été, la table ronde de clôture réunira, une heure après la fin d'intervention du Premier ministre, l'ensemble des chefs de partis pour un débat sur l'avenir économique du pays.

 


Global Sumud Flotilla : Greta Thunberg, Alexis Deswaef et des centaines d’activistes prennent la mer pour Gaza

Le départ est prévu pour le 31 août depuis Barcelone, avant de rejoindre d’autres bateaux le 4 septembre au large de la Tunisie et d’autres ports méditerranéens.  (Photo X)
Le départ est prévu pour le 31 août depuis Barcelone, avant de rejoindre d’autres bateaux le 4 septembre au large de la Tunisie et d’autres ports méditerranéens. (Photo X)
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  • Parmi les participants se trouve Alexis Deswaef, vice-président de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH)
  • Pour lui, cette action est une nécessité :“Si j'embarque ce 31 août sur la Global Sumud Flotilla, c’est parce qu’il faut agir d’urgence pour mettre fin au génocide à Gaza, alors que nos gouvernements, qui ont les moyens d’agir, ne font absolument rien”

PARIS: Une nouvelle flottille humanitaire, baptisée “Global Sumud Flotilla”, s’apprête à quitter plusieurs ports méditerranéens dans les prochains jours pour tenter de “briser le blocus israélien illégal” imposé à la bande de Gaza. L’initiative, qui réunira des centaines de militants, humanitaires, artistes et médecins venus de 44 pays différents, se veut une réponse citoyenne face à ce que ses organisateurs qualifient de “nettoyage ethnique” et de “génocide en cours”.

Le départ est prévu pour le 31 août depuis Barcelone, avant de rejoindre d’autres bateaux le 4 septembre au large de la Tunisie et d’autres ports méditerranéens. Parmi les personnalités impliquées figurent Greta Thunberg, l’actrice américaine Susan Sarandon, l’acteur suédois Gustaf Skarsgård, l’Irlandais Liam Cunningham et plusieurs médecins et humanitaires.

Alexis Deswaef en première ligne

Parmi les participants se trouve Alexis Deswaef, vice-président de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH). Pour lui, cette action est une nécessité :“Si j'embarque ce 31 août sur la Global Sumud Flotilla, c’est parce qu’il faut agir d’urgence pour mettre fin au génocide à Gaza, alors que nos gouvernements, qui ont les moyens d’agir, ne font absolument rien”, déclare-t-il.

Il s’agit de sa deuxième tentative d’atteindre Gaza. En juin dernier, lors de la Marche to Gaza, il avait été bloqué au canal de Suez par les autorités égyptiennes. Cette fois-ci, il se dit déterminé :“Cette action internationale est la réponse citoyenne à l’inaction de nos gouvernements face à ce génocide diffusé en direct sur nos téléphones portables, avec la famine organisée par l’armée d’occupation israélienne et un nettoyage ethnique en cours sous nos yeux.”

Un contexte explosif

La tentative de la Global Sumud Flotilla s’inscrit dans un contexte de guerre qui dure depuis 22 mois. Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, au moins 61 430 Palestiniens ont été tués depuis le début de l’offensive israélienne, des chiffres jugés fiables par l’ONU.

Le conflit a été déclenché par l’attaque du Hamas contre Israël en 2023, qui avait causé 1 219 morts, principalement des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des chiffres officiels.

Les précédentes tentatives de briser le blocus se sont heurtées à la force. Dans la nuit du 8 au 9 juin, le voilier Madleen, transportant 12 militants de plusieurs nationalités, avait été arraisonné par l’armée israélienne à 185 km des côtes de Gaza. Les passagers avaient ensuite été expulsés, certains après une brève détention.

Organisation et indépendance

La Global Sumud Flotilla se définit comme une organisation “indépendante”, non affiliée à aucun gouvernement ou parti politique. Si le nombre exact de bateaux n’a pas été révélé, les organisateurs promettent une mobilisation sans précédent.