Aoun souligne le rôle des sunnites dans la préservation de l'unité du Liban

Le président libanais Michel Aoun a effectué samedi une visite surprise à Dar Al-Fatwa, où il a rencontré le grand mufti libanais Cheikh Abdel Latif Derian. (Reuters/photo d'archives)
Le président libanais Michel Aoun a effectué samedi une visite surprise à Dar Al-Fatwa, où il a rencontré le grand mufti libanais Cheikh Abdel Latif Derian. (Reuters/photo d'archives)
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Publié le Dimanche 30 janvier 2022

Aoun souligne le rôle des sunnites dans la préservation de l'unité du Liban

  • Le président fait une visite surprise au grand mufti ce week-end et annonce que les élections sont en bonne voie malgré l'appel au boycott de Saad Hariri
  • Aoun dit qu'il n'y a aucune raison de retarder les scrutins ; Bahaa Hariri dit qu'il continuera le voyage de feu son père Rafik

BEYROUTH : Le président libanais Michel Aoun a effectué samedi une visite surprise à Dar Al-Fatwa, où il a rencontré le grand mufti libanais Cheikh Abdel Latif Derian, la plus haute autorité de l'islam sunnite du pays, au milieu des craintes d'un boycott sunnite du processus politique libanais.

Aoun a souligné le rôle « que joue la communauté sunnite dans la préservation de l'unité et de la diversité politique du Liban, et l'importance de sa participation aux côtés de toutes les autres composantes de la vie nationale et politique, ainsi que de toutes les élections qui définissent l'avenir du Liban et de son peuple.

« Des dispositions sont en cours pour que les élections législatives se tiennent comme prévu, et il n'y a aucune raison de les reporter », a-t-il ajouté, soulignant que « la communauté sunnite est une composante essentielle et nous ne soutenons pas le boycott des élections. »

La visite d'Aoun à Dar Al-Fatwa a été décrite par les observateurs politiques comme « une tentative de remédier à ce qui ne peut plus être corrigé ; trop peu, trop tard. »

Une source proche de l'ancien Premier ministre libanais, Fouad Siniora, a déclaré à Arab News : « Le mal a été fait à la communauté sunnite quand Aoun a fait obstacle à toutes les tentatives faites par le Premier ministre désigné Saad Hariri pour former son gouvernement. Aoun est allé plus loin en insultant Hariri, le traitant de menteur. »

« Les relations du Liban avec les États du Golfe ont également été endommagées en raison des positions d'Aoun et du Hezbollah concernant les abus commis contre l'Arabie saoudite. Il est inutile de recourir à Dar Al-Fatwa maintenant. »

Le Premier ministre Najib Mikati a annoncé vendredi : « il n'y aura pas de boycott sunnite des élections législatives de mai. Notre principale préoccupation est que l'État et ses institutions restent actifs et efficaces, et que les élections se tiennent à temps. »

Cela survient quelques jours après que Hariri, qui dirige le Courant du futur qui représente la majorité de la communauté sunnite au Parlement, a annoncé « la suspension du travail politique et de tout rôle ou responsabilité directs au sein de l'autorité au pouvoir, du Parlement et de la politique dans son sens traditionnel. »

Mikati a déclaré : « Il est vrai que Hariri a annoncé sa réticence à se présenter aux élections, mais nous n'appellerons certainement pas au boycott sunnite, et quiconque veut se présenter doit le faire. La communauté jouit d’un grand potentiel pour participer aux élections. »

Le Courant du futur de Hariri a une influence majeure dans 10 des 15 circonscriptions électorales du Liban. Il avait attribué la suspension de l'action politique à sa conviction que « il n'y a pas d’opportunité positive pour le Liban à la lumière de l'influence iranienne, de l'incertitude internationale et de la division nationale. »

Une source à Dar Al-Fatwa a déclaré : « Derian, avec d'éminentes personnalités sunnites, a décidé d'avancer vers l'unification des rangs pour absorber la tourmente avant qu'il ne soit trop tard et pour affronter le contrôle iranien duHezbollah sur la scène nationale. »

La source proche de Siniora a noté : « Le boycott de l'action politique de la communauté sunnite ne mène nulle part car le Hezbollah peut alors prendre les décisions qu'il veut sans que personne ne s'y oppose. Il peut également désigner qui il souhaite pour les sièges sunnites aux élections et assurer leur victoire pour servir ses intérêts. »

Vendredi soir, trois jours après le discours de Hariri, son frère aîné Bahaa Hariri a annoncé qu'il « poursuivrait le voyage de son père, feu le Premier ministre Rafic Hariri. »

Bahaa, 55 ans, qui s'était tenu à l'écart de la politique après l'assassinat de son père en 2005, laissant la place à son frère Saad, a déclaré : « Tout d'abord, il faut souligner que ni notre religion, ni notre morale, ni notre éducation... nous permet, nous les fils du Premier ministre martyr Rafic Hariri, de ne pas assumer notre responsabilité, et nous mettons (en avant) toutes nos capacités pour la renaissance du Liban. »

Il a ajouté : « La famille du martyr Rafic Hariri... ne se désintégrera pas. Ensemble et solidaires, nous mènerons la bataille pour libérer la patrie de ses occupants. »

Bahaa a souligné que toute désinformation faisant allusion à un vide de pouvoir au sein de la communauté sunnite du Liban ne sert que les ennemis du pays, ajoutant : « Qui ose mettre en garde contre un vide au sein de la plus grande communauté du Liban à laquelle j'ai l'honneur d'appartenir ? »

 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com

 


Liban: quatre morts dans un raid israélien, riposte du Hezbollah et des factions alliées

Cette photo prise depuis le kibboutz de Malkia, au nord d'Israël, le long de la frontière avec le sud du Liban, montre de la fumée s'échappant du village libanais de Mays al-Jabal lors des bombardements israéliens le 5 mai 2024 (Photo, AFP).
Cette photo prise depuis le kibboutz de Malkia, au nord d'Israël, le long de la frontière avec le sud du Liban, montre de la fumée s'échappant du village libanais de Mays al-Jabal lors des bombardements israéliens le 5 mai 2024 (Photo, AFP).
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  • Les blessés ont été transportés vers des hôpitaux de la région
  • En près de sept mois de violences transfrontalières, au moins 389 personnes parmi lesquelles 255 combattants du Hezbollah et plus de 70 civils ont été tuées au Liban

BEYROUTH: «Quatre personnes d'une même famille» ont été tuées dans un «raid de l'armée israélienne» sur le village de Mays al-Jabal, a déclaré l'agence officielle d'information libanaise (ANI), actualisant un précédent bilan faisant état de trois victimes.

Il s'agit d'un homme, d'une femme et de leurs enfants âgés de 12 et 21 ans, d'après l'ANI, qui a précisé que deux autres personnes ont été blessées.

Depuis le début de la guerre à Gaza, le Hezbollah libanais, un allié du Hamas palestinien, échange quasi-quotidiennement avec l'armée israélienne des tirs à la frontière libano-israélienne. Des factions palestiniennes et autres groupes alliés ont aussi revendiqué des attaques depuis le Liban contre Israël.

Blessés transportés 

Selon ANI, des habitants du village inspectaient leurs maisons et magasins endommagés dans de précédents bombardements au moment du raid.

Les blessés ont été transportés vers des hôpitaux de la région.

Samedi soir, le Hezbollah a revendiqué des tirs sur des positions militaires dans le nord d'Israël.

Le Hezbollah a déclaré dans un communiqué avoir tiré « des dizaines de roquettes de types Katioucha et Falaq » sur Kiryat Shmona, dans le nord d'Israël, «en réponse au crime horrible que l'ennemi israélien a commis à Mays al-Jabal », qui, selon lui, a tué et blessé des civils.

En près de sept mois de violences transfrontalières, au moins 389 personnes parmi lesquelles 255 combattants du Hezbollah et plus de 70 civils ont été tuées au Liban, selon un décompte de l'AFP. Au moins 11 combattants du Hamas ont été tués selon ce même décompte.

Côté israélien, 11 soldats et neuf civils ont été tués, selon un bilan officiel.


Le forum de Riyad examine le rôle de la traduction dans la promotion de l'identité saoudienne

L'Université Princesse Noura bent Abdelrahman accueillera le 15 mai une conférence intitulée « Traduire l'identité saoudienne à travers d'autres langues et cultures ». (SPA)
L'Université Princesse Noura bent Abdelrahman accueillera le 15 mai une conférence intitulée « Traduire l'identité saoudienne à travers d'autres langues et cultures ». (SPA)
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  • La conférence vise à contribuer à un objectif clé de la Vision 2030 du Royaume, à savoir la promotion des valeurs islamiques et de l'identité nationale, en encourageant les Saoudiens à traduire ces concepts dans d'autres langues et cultures
  • Le rôle de la traduction dans la promotion d'une image positive du Royaume sera également discuté, ainsi que la promotion de la reconnaissance internationale et la mise en évidence de l'impact culturel du Royaume

RIYAD : Le Collège des langues de l'Université Princesse Noura bent Abdelrahman de Riyad accueillera le 15 mai une conférence intitulée « Traduire l'identité saoudienne à travers d'autres langues et cultures ».

L'événement, dont le slogan est « Nous traduisons notre identité », aura lieu au département des conférences et des séminaires et est parrainé par le ministre saoudien de l'Éducation, Yousef Al-Benyan.

Il se concentrera sur le partage du patrimoine culturel, historique, littéraire et intellectuel du Royaume avec un public mondial, a rapporté l'agence de presse saoudienne.


L'interminable attente des proches de jeunes migrants tunisiens perdus en mer

El Hencha fait actuellement face à un exode de jeunes en quête de mieux comme en Europe. (X : @ClimateActionG1)
El Hencha fait actuellement face à un exode de jeunes en quête de mieux comme en Europe. (X : @ClimateActionG1)
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  • Les occupants du bateau étaient surtout des jeunes de 17 à 30 ans, originaires d'El Hencha, bourgade agricole de 6.000 habitants
  • Inès Lafi n'avait aucune idée des intentions de son frère Mohamed, presque 30 ans

EL HENCHA: La plupart avaient gardé le secret: une quarantaine de migrants tunisiens, très jeunes, ont embarqué clandestinement en janvier en quête du "paradis européen" et depuis plus de quatre mois, leurs proches désespèrent de recevoir des nouvelles des disparus.

Ils sont partis vraisemblablement de Sfax (centre), épicentre en Tunisie de l'émigration irrégulière vers l'Italie, la nuit du 10 au 11 janvier sur une mer démontée, selon les familles.

Les occupants du bateau étaient surtout des jeunes de 17 à 30 ans, originaires d'El Hencha, bourgade agricole de 6.000 habitants à 40 kilomètres au nord de Sfax. Une mère et son bébé de quatre mois étaient aussi du voyage.

Inès Lafi n'avait aucune idée des intentions de son frère Mohamed, presque 30 ans, qui gagnait sa vie en conduisant la camionnette familiale de "louage" (taxi collectif).

"Il est sorti vers 22H00 avec son téléphone, sans rien dire à mes parents, sans vêtements de rechange ni sac, comme s'il allait retrouver ses amis", raconte à l'AFP cette ouvrière de 42 ans, qui souffre d'insomnies depuis.

Yousri, 22 ans, est aussi parti en cachette. "La majorité des jeunes n'ont pas informé leur famille, ils se sont débrouillés pour avoir un peu d'argent", confirme M. Henchi, son oncle instituteur.

Meftah Jalloul, poissonnier de 62 ans, savait lui "depuis un certain temps" que son fils Mohamed, 17 ans, "voulait migrer en Europe" et le lui avait déconseillé "mais c'est devenu une idée fixe".

La nuit fatidique, il a tenté d'empêcher son unique garçon de sortir, l'implorant d'attendre une meilleure météo, mais "il m'a embrassé sur la tête et il est parti", relate M. Jalloul.

«Désespérance»

Le commerçant culpabilise: "chaque jour, il créait des problèmes à la maison, il voulait de l'argent pour migrer. C'est moi qui lui ai donné l'argent, donc je suis responsable".

Les Tunisiens ont représenté la deuxième nationalité des migrants illégaux arrivés en Italie (17.304) en 2023, après les Guinéens, selon des statistiques officielles.

"Cette immigration irrégulière ne s'explique pas seulement par des motifs économiques et sociaux", analyse Romdhane Ben Amor, porte-parole de l'ONG FTDES. Il y a aussi "le facteur politique (le coup de force du président Kais Saied à l'été 2021, NDLR) et le sentiment de désespérance des Tunisiens qui ne croient pas dans l'avenir du pays".

Les disparus d'El Hencha, issus de la classe moyenne, pas particulièrement pauvres, partageaient cette "sensation d'horizon bouché".

Le frère d'Inès avait un travail mais "avec 20 dinars par jour (trois euros environ), une fois payé ses cigarettes, il disait qu'il ne pouvait pas faire de projets, ni construire une maison, ni se marier".

Mohamed l'instituteur pointe du doigt "les jeunes déjà en Italie qui publient sur les réseaux sociaux (...) leur quotidien". Les autres "voient ça et veulent changer leur avenir. Ils imaginent l'Europe comme un paradis", souligne-t-il. C'était, pense-t-il, le cas de Yousri qui travaillait dans un café internet pour 10/15 dinars par jour après avoir quitté le lycée avant le bac.

Meftah Jalloul était lui d'accord pour que son fils, également décrocheur scolaire, émigre, mais légalement et seulement après avoir fait une formation. "Il pouvait apprendre un métier: plombier, menuisier, mécanicien", souligne le père de famille.

Aujourd'hui, M. Jalloul lutte pour garder espoir.

«Temps très mauvais»

"Quatre mois se sont écoulés et je pleure mon fils. Ma famille et moi, nous sommes épuisés", dit-il en fondant en larmes.

Lui et d'autres familles se raccrochent à l'idée que l'embarcation aurait pu dériver vers la Libye voisine. Des contacts ont été pris, des recherches menées, en vain.

Inès Lafi et Mohamed Henchi redoutent le pire. Plus de 1.300 migrants sont morts ou ont disparu dans des naufrages l'an passé près des côtes tunisiennes, selon le FTDES.

"Le temps était très mauvais. Même les pêcheurs qui connaissent la mer sont rentrés, lui est sorti", explique Inès, furieuse contre le passeur, connu de tous pour son activité clandestine, qui n'est pas non plus revenu de cette dernière traversée.

Aux autorités, les familles demandent la poursuite des recherches et davantage d'opportunités à El Hencha.

"Il faut enrichir la zone industrielle avec d'autres unités de production, fournir des emplois aux jeunes", estime M. Henchi.

Il faudrait aussi, dit l'instituteur, "construire un état d'esprit différent" avec des programmes éducatifs pour donner envie de bâtir son avenir en Tunisie. Sinon les jeunes "se contentent d'un tour au café, d'un peu de ping-pong ou volley-ball".