Primaire populaire: Taubira ou la confusion ?

Christiane Taubira, ancienne ministre de la Justice et candidate de gauche à l'élection présidentielle de 2022, rend hommage à ses partisans lors d'un meeting à la salle de la Faïencerie à Bordeaux le 27 janvier 2022.(AFP)
Christiane Taubira, ancienne ministre de la Justice et candidate de gauche à l'élection présidentielle de 2022, rend hommage à ses partisans lors d'un meeting à la salle de la Faïencerie à Bordeaux le 27 janvier 2022.(AFP)
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Publié le Lundi 31 janvier 2022

Primaire populaire: Taubira ou la confusion ?

  • A l'origine, la Primaire populaire avait un objectif simple: désigner un champion capable de réunir toute la gauche pour porter le fer à la présidentielle
  • Pour cela, cette initiative citoyenne a fini par sélectionner sept candidats, issus des différentes sensibilités de gauche: écologiste, socialiste et insoumise

PARIS : La gauche est suspendue dimanche au verdict de la Primaire populaire. Si Christiane Taubira est donnée favorite, une surprise n'est pas à exclure, y compris la victoire d'un candidat refusant de reconnaître le résultat, au risque d'ajouter encore à la confusion.

Les quelque 467.000 inscrits, qui ont commencé à voter en ligne depuis jeudi, ont jusqu'à 17H00 pour se prononcer. Le résultat devrait être connu à partir de 19H00. A midi, 336.000 votes étaient enregistrés, selon les organisateurs.

A l'origine, la Primaire populaire avait un objectif simple: désigner un champion capable de réunir toute la gauche pour porter le fer à la présidentielle. Pour cela, cette initiative citoyenne a fini par sélectionner sept candidats, issus des différentes sensibilités de gauche: écologiste, socialiste et insoumise. Limpide.

Sauf que trois des sept candidats et pas des moindres - Anne Hidalgo, Yannick Jadot, Jean-Luc Mélenchon - ont demandé, en vain, à ne pas être mêlé à cette affaire et refusent quoi qu'il en soit de se plier au résultat du vote.

"Pour moi, la page de la primaire populaire est tournée depuis un moment", a répété M. Jadot samedi. La présidente du groupe socialiste à l'Assemblée, Valérie Rabault, a dénoncé dimanche sur radio J "une fausse primaire". "Mettre des candidats à l'insu de leur plein gré, c'est antidémocratique, c'est ahurissant", a ajouté cette porte-parole d'Anne Hidalgo.

Le chiffre de 467.000 inscrits à ce scrutin a pourtant été salué comme un vrai succès populaire. Le signe aussi, selon ses promoteurs, que l'heure n'est plus aux grands partis mais aux citoyens prêts à se réapproprier la politique et ressusciter une famille de gauche aussi divisée qu'affaiblie, qui pèse à peine un quart des intentions de vote.

Mais que se passera-t-il si dimanche l'un des trois "malgré nous" est désigné vainqueur ? Un cas de figure qui n'est pas à écarter car les partis n'ont pas interdit à leurs militants de participer à la Primaire. Au contraire, plusieurs fédérations socialistes ont même appelé à voter et la numéro 2 du PS, Corinne Narassiguin, a indiqué qu'elle allait le faire.

Le mode de scrutin pourrait également réserver son lot de surprises. Les votants doivent classer les candidats avec les mentions suivantes: "Très bien", "Bien", "Assez bien", "Passable", "Insuffisant(e)". Et le candidat qui obtient la meilleure médiane remporte l'élection.

« Elle se ralliera à elle-même »

Pour bénéficier du soutien de la Primaire populaire, le vainqueur devra ensuite signer un "contrat de rassemblement" et "inclure l'esprit du socle commun programmatique dans son programme".

Un prérequis qui paraît totalement illusoire pour les candidats réfractaires. M. Mélenchon décrit la Primaire populaire comme "une farce", M. Jadot comme une "machine à perdre", et Mme Hidalgo comme "une démarche qui ne crée aucune obligation".

"On n'est suspendus à rien du tout, on continuera notre campagne", a insisté Mme Rabault.

Dès lors, le scénario le plus "confortable" reste une victoire de Christiane Taubira face aux trois autres candidats moins connus, le député européen Pierre Larrouturou et deux personnes de la société civile, Charlotte Marchandise et Anna Agueb-Porterie.

A l'inverse de ses trois principaux concurrents, l'ex-Garde des Sceaux a promis de respecter à la fois résultat et modalités pour la suite.

"Je vais rejoindre la personne qui aura été désignée. A charge pour elle évidemment de créer les conditions de l'union", a-t-elle répété vendredi sur BFMTV.

Mais si le vainqueur ne reconnaît pas le processus ? Alors "on n'est pas dans le même cas de figure, mais nous verrons tranquillement dimanche", a-t-elle ajouté.

"Tout ça est cousu de fil blanc, c'est l'investiture de Mme Taubira qui est annoncée", a estimé le député LFI Adrien Quatennens dimanche sur France inter/franceinfo/Le Monde, déplorant "une espèce de vote préférentiel qui va écarter les candidats les plus clivants". 

Pour Anne Hidalgo, "il n'y en a qu'une qui reconnaît le processus, c'est elle, et donc elle se ralliera à elle-même".

Et au final, ajoute la maire de Paris, l'ex-ministre de la Justice ne sera donc qu'"une candidate de plus" à gauche, où il faut également compter sur le communiste Fabien Roussel, non sélectionné pour la Primaire populaire.


Accord EU-USA: Bayrou juge que la France a été "un peu seule"

Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis
  • Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire"

PARIS: Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis, en marge d'un déplacement dans les locaux de Tracfin, organisme de lutte contre la criminalité financière, à Montreuil (93).

Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire", et qu'il fallait "un processus encore pas totalement élucidé de ratification" de cet accord.

"Il y a à vérifier quelle est la portée exacte de ces accords, et les Etats auront d'une manière ou d'une autre leur mot à dire", a-t-il ajouté.

"Je sais que toutes les autorités françaises, et en particulier le président de la République (Emmanuel Macron), ont été ceux qui se sont battus le plus contre des concessions qu'on considérait comme excessives", a-t-il affirmé avant de s'interroger: "Est-ce que nous avons été un peu seuls? Oui".

"Est-ce qu'on a le sentiment qu'à l'intérieur de l'Union européenne, des forces politiques et économiques étaient plutôt sur une ligne de trouver des accommodements? Oui", a-t-il ajouté, en estimant que de son point de vue, "la voie pour l'Europe est une voie d'affirmation et de résistance quand il faut et de fierté le plus souvent possible".

La classe politique française a été unanime à dénoncer l'accord conclu entre le président américain, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui prévoit notamment une hausse de 15% des droits de douane sur les exportations européennes.

Le président Emmanuel Macron a déploré mercredi en Conseil des ministres que l'Union européenne n'ait pas été assez "crainte" dans ses négociations commerciales avec les Etats-Unis, affirmant que la France continuerait de faire montre "d'exigence et de fermeté" dans la suite des discussions.


Lille: enquête ouverte après les propos sur internet d'une étudiante gazaouie

L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
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  • Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie

LILLE: Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie, dont Sciences Po Lille a annulé l'inscription mercredi.

"Une enquête a été ouverte pour apologie du terrorisme, apologie de crime contre l'humanité avec utilisation d'un service de communication au public en ligne", a écrit la procureure de la République de Lille, Carole Etienne, à l'AFP.

Des captures d'écran circulant sur les réseaux sociaux montrent qu'un compte, attribué à cette étudiante par des internautes et fermé depuis, a repartagé des messages appelant à tuer des juifs.

Elle a été désinscrite de l'Institut d'études politiques de Lille, où elle devait étudier à partir de septembre, en raison du contenu de certaines de ses publications qui "entre en contradiction frontale avec les valeurs portées par Sciences Po Lille", a indiqué l'établissement mercredi.

"Pourquoi on est passé à travers? Il y a quand même une question, il faut y répondre", a reconnu jeudi sur RMC François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l'Intérieur.

"Il y aura des poursuites qui seront engagées et sur la base de ces éléments-là, elle est susceptible d'être renvoyée dans son pays, bien évidemment", a-t-il ajouté.

"Administrativement, semble-t-il, je suis très prudent, il n'y avait pas de difficulté particulière, sauf que sur les réseaux sociaux, voilà, on s'en est rendu compte", a-t-il ajouté, précisant que "les services des titres de séjour relèvent du ministère des Affaires étrangères".

Sollicité par l'AFP, Sciences Po Lille a expliqué avoir "accueilli cette étudiante sur proposition du consulat général de France à Jérusalem".

L'incident a fait largement réagir dans la classe politique, jusqu'au gouvernement.

"Une étudiante gazaouie tenant des propos antisémites n'a rien à faire en France", a réagi sur X le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Il a indiqué avoir "demandé à ce qu'une enquête interne soit diligentée pour que cela ne puisse en aucun cas se reproduire".

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a souligné sur le même réseau social avoir "demandé de faire fermer ce compte haineux", et a martelé que "les propagandistes du Hamas n'ont rien à faire dans notre pays".


Restitutions coloniales: le gouvernement français annonce un projet de loi

La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
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  • Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation
  • Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises

PARIS: Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation.

S'appliquant en priorité aux pays africains mais de "portée géographique universelle", ce texte vise à accélérer le retour dans leur pays d'origine de biens culturels appartenant aux collections nationales françaises.

Ils doivent revenir à des "Etats qui, du fait d'une appropriation illicite, en ont été privés" entre 1815 et 1972, selon le ministère français de la Culture.

Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises. Les oeuvres à restituer devront avoir été acquises "dans une situation de vol, de pillage, de cession ou de libéralité obtenue par contrainte ou violence ou d'une personne qui ne pouvait en disposer", a précisé le ministère.

La décision de sortie des collections pour opérer cette restitution ne passera plus par un processus législatif au cas par cas mais pourra intervenir sur seul décret du Conseil d'Etat et après avis, le cas échéant, d'une commission scientifique bilatérale.

Cette commission devra en effet documenter et déterminer, si besoin, le caractère illicite de l'appropriation des oeuvres réclamées à travers un travail qui associerait des experts et historiens français et l'Etat demandeur, selon le ministère.

Concernant la période historique retenue, 1815 correspond à la date d'un règlement des conquêtes napoléoniennes qui est dû à un premier mouvement de restitution d'œuvres à l'échelle européenne. 1972 est celle de l'entrée en application de la convention internationale de l'Unesco protégeant les biens culturels contre le trafic illicite.