Pékin 2022, une aberration écologique?

Les patineurs de vitesse sur courte piste du Canada et de la Corée du Sud participent à une séance d'entraînement au stade couvert de la capitale à Beijing le 31 janvier 2022 avant les Jeux olympiques d'hiver de Pékin 2022. (Anne-Christine Poujoulat/AFP)
Les patineurs de vitesse sur courte piste du Canada et de la Corée du Sud participent à une séance d'entraînement au stade couvert de la capitale à Beijing le 31 janvier 2022 avant les Jeux olympiques d'hiver de Pékin 2022. (Anne-Christine Poujoulat/AFP)
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Publié le Lundi 31 janvier 2022

Pékin 2022, une aberration écologique?

  • «Organiser des JO dans cette région est une aberration, c'est irresponsable», regrette la géographe Carmen de Jong, de l'université de Strasbourg
  • «On va déranger l'écosystème, il manquait une grande partie des infrastructures», poursuit l'universitaire

PEKIN : Un ruban blanc serpentant au milieu de broussailles arides: l'image des pistes de ski alpin des JO-2022 captée depuis son vol vers la Chine par le Norvégien Kjetil Jansrud pourrait résumer «l'aberration» environnementale dénoncée par des experts.

C'est l'un des engagements forts des organisateurs des JO-2022 (4-20 fév): les Jeux de Pékin seront «verts» et «propres», insistent-ils, assurant que l'électricité consommée lors des épreuves olympiques sera entièrement d'origine renouvelable, «une première dans l'histoire», ou encore que 85% des véhicules utilisés pour la quinzaine olympique rouleront à l'électricité ou à l'hydrogène.

A Zhangjiakou, la ville à 180 km au nord-ouest de Pékin où auront lieu les épreuves de ski nordique, de biathlon, de ski freestyle et de snowboard, des forêts d'éoliennes peuvent produire 14 millions de kilowatts/heure.

Les montagnes environnantes sont recouvertes de panneaux solaires d'une capacité additionnelle de sept millions de kilowatts/heure tandis que 33.000 hectares de forêt et de végétation (47.333 ha à Pékin) ont été plantés depuis 2014 pour compenser les émissions de carbone.

Lorsqu'un pré-rapport du comité d'organisation a été publié mi-janvier, le CIO a souligné que «les principes de soutenabilité avaient été intégrés à toutes les étapes de la préparation des JO, pour minimiser les impacts négatifs des Jeux et maximiser les effets positifs».

Mais ni le satisfecit du CIO, ni les mesures prises par les organisateurs ne rassurent les experts.

- «Irresponsable» -

«Organiser des JO dans cette région est une aberration, c'est irresponsable», regrette la géographe Carmen de Jong, de l'université de Strasbourg, à propos du recours exclusif à la neige artificielle et donc à beaucoup d'eau pour enneiger des sites de compétition olympiques situés dans un climat aride/semi-aride, à seulement 1.500 km au sud-est du désert de Gobi.

«Nous sommes dans une région déjà en pénurie d'eau, c'est le problème principal», poursuit-elle. «Selon des calculs très conservateurs, sur les dix sites de compétition de neige, à raison de 10.000 m3 de neige par hectare, il faudrait à peu près deux millions de m3 d'eau.»

«On a mis les Jeux d'hiver où on n'aurait pas dû mettre des Jeux d'hiver», renchérit Martin Müller, de l'institut de géographie et durabilité de l'université de Lausanne (Unil).

«On va déranger l'écosystème, il manquait une grande partie des infrastructures», poursuit l'universitaire, qui déplore aussi l'absence de «transparence qui permettrait d'évaluer ces Jeux là par rapport aux autres en matière environnemental».

S'il se garde de les présenter d'emblée comme les JO les plus dommageables pour l'environnement de l'histoire, Martin Müller rejette l'appellation de «Jeux verts»: «ils ne seront pas parmi les Jeux les plus durables (...) la durabilité des Jeux est en train de baisser depuis les années 2010», rappelle-t-il en référence à ceux de Sotchi en 2014 et de Pyeongchang en 2018, et même ceux de Vancouver en 2010.

- Au Qatar ? -

L'exemple de Pékin avec son climat, certes déficitaire en précipitations et en neige mais aux températures extrêmement basses, pourrait ouvrir une nouvelle ère, note de son côté Robert Steiger, de l'université d'Innsbruck.

«A l'avenir, il se peut que les Jeux ne soient attribués qu'à des villes avec un climat très froid comme Pékin, car même sans neige naturelle, du point de vue du déroulement des compétitions, il n'y a aucun problème dans ce type de climat» sans chutes de neige soudaines ou réchauffement brutal des températures, explique l'universitaire autrichien.

Dans un contexte de raréfaction des villes candidates à l'organisation des JO d'hiver -deux pour les JO-2022, Pékin et Almaty- face aux coûts financier et environnemental, notamment en Europe, on est «à une bifurcation», reconnaît Martin Müller.

«Est ce qu'on accepte le principe de ne mettre que de la neige artificielle ? C'est une question politique qui élargirait le nombre de villes candidates, mais aussi une question complètement éthique et écologique», note le professeur de l'université de Lausanne.

«Le prochain pas, c'est de dire: on n'a plus besoin des montagnes, on peut construire un truc artificiel, au Qatar je ne sais pas, si on peut climatiser des stades de foot (pour le Mondial-2022). A part pour la descente où il faut un dénivelé de 800 m, pour le reste, c'est jouable», s'inquiète-t-il.

Vancouver, Sotchi, Pyeongchang, quand "Mère Nature" rattrape les Jeux

Critiqués pour leur impact sur l'environnement, les JO-2022 de Pékin qui débutent vendredi, ne sont pas les premiers à se dérouler dans des sites marqués par un faible enneigement ou des températures parfois plus proches de celle des Jeux d'été:

En 2010, de la neige par hélicoptère

Cypress Mountain doit accueillir en février 2010 les épreuves de ski freestyle et de snowboard. Problème, dans les semaines précédant le coup d'envoi des JO-2010, il ne neige pas sur le site à 900 m d'altitude, juste en face de la ville de Vancouver, en bordure du Pacifique.

Pour pallier ce manque, les organisateurs réquisitionnent des hélicoptères et des camions qui transportent de la neige des sommets voisins pour construire et préparer les pistes de cross, ou encore de demi-tube dédié au half-pipe.

Un véritable "combat imposé par Mère Nature", de l'aveu de l'un des responsables de l'organisation.

En 2014, du ski de fond en t-shirt

La vallée de Krasnaïa Poliana, à un peu plus de 950 mètres d'altitude, accueille les épreuves de neige des JO-2014. La première station de ski de Russie est créée pour l'occasion à Rosa Khutor, au grand mécontentement d'associations de protection de l'environnement.

Pour les derniers jours de compétition, la température en bas des pistes de Rosa Khutor des épreuves de ski alpin grimpent jusqu'à 14°C. Toutes les épreuves se déroulent toutefois sans accrocs, notamment le slalom clôturant la quinzaine olympique avec des conditions printanières, malgré des manches disputées en fin de journée et de nuit.

Mais une image reste associée à ces JO, celle des participantes du relais féminin de ski de fond, habillés d'un t-shirt, comme si l'épreuve avait eu lieu... l'été.

En 2018, le ruban blanc de Pyeongchang

En Corée du Sud, pas de problèmes de température, bien au contraire. Dans la station de Pyeongchang qui a accueilli les épreuves de neige, le thermomètre est parfois descendu jusqu'à -20 degrés pour les courses nocturnes.

En revanche, mises à part les différentes pistes, peu ou pratiquement pas de trace de neige dans la station. Les images des pistes de Yongpyong pour le ski alpin ou d'Alpensia pour le ski nordique ressemblaient à s'y méprendre aux photos de Yanqing qui circulent ces derniers jours, où les stars de l'alpin Mikaela Shiffrin ou Alexis Pinturault partiront en quête du graal olympique.

À quoi ressembleront les Jeux d'hiver dans 50 ans ?

Fragiles par définition car exposés aux aléas climatiques pour les épreuves de neige, en proie à la frilosité de potentiels candidats à leur organisation, les Jeux olympiques d'hiver doivent évoluer pour durer, voire survivre, préviennent des experts.

Avis de tempête (et coup de chaud) sur les JO d'hiver ! Selon une étude de l'université canadienne de Waterloo, publiée mi-janvier, la température moyenne en février dans les villes-hôtes des JO d'hiver est passée de +0,4°C pour la période 1920-1960 à +3,1°C entre 1960 et 2000 et à +6,3°C depuis le début du nouveau millénaire.

Si le contexte actuel de réchauffement climatique se poursuit, il faudrait ajouter à la température moyenne observée en février dans les 21 villes qui ont accueilli les JO d'hiver depuis 1924 1,9°C d'ici les années 2050 et 2,7°C d'ici les années 2080.

Conséquence, préviennent les universitaires canadiens, américains et autrichiens qui ont participé à cette étude, si les émissions de gaz à effet de serre ne sont pas réduites de façon à atteindre les objectifs de l'accord de Paris, à la fin du siècle, une seule des 21 anciennes villes-hôtes, Sapporo, au Japon, disposerait de conditions assez fiables pour accueillir les JO d'hiver !

Si le réchauffement climatique menace à long terme l'avenir des Jeux d'hiver, le Comité international olympique doit aussi composer avec un problème plus immédiat: de moins en moins de villes sont prêtes à accueillir cette quinzaine du blanc à la facture salée et à la popularité chancelante, en particulier en Europe.

- Système de rotation-

"Les Jeux doivent être repensés: comme ils deviennent de plus en plus grands, cela exclut par exemple des stations des Alpes ", note Robert Siegler de l'université d'Innsbruck, qui a participé à l'étude canadienne.

"Il faudrait des Jeux plus petits, abonde Martin Müller, de l'université de Lausanne. Pas forcément pour les athlètes, car il y en a très peu d'athlètes (2.800 à Pékin, contre 11.000 à Tokyo l'été dernier, NDLR). Ce qui fait l'empreinte territorial/carbone, ce sont les spectateurs, les medias, tout l'entourage en fait, à mon sens il faut remettre le sport et les athlètes au centre de ces Jeux".

Cet universitaire propose une mesure radicale pour amortir les coûts, financiers et environnementaux, des constructions d'une piste de bobsleigh/luge/skeleton, d'un tremplin de saut à skis et d'un anneau de patinage de vitesse: confier les JO plusieurs fois à la même ville-hôte.

"On pourrait imaginer trouver trois ou quatre villes dans le monde qui ont l'infrastructure pour faire un roulement avec une ville en Europe, une autre en Amérique, une autre en Asie. Cela fonctionnerait aussi pour les Jeux d'été", espère-t-il.

C'est selon lui la survie des JO d'hiver qui est en jeu: "Est-ce que cela va mener à des Jeux plus modestes ou alors ils vont devenir de moins en moins populaires avec un manque de villes-hôtes pour à terme disparaître?"

Robert Steigler croit que les JO d'hiver peuvent trouver un second souffle en renouant avec leur histoire, lorsqu'ils étaient vecteurs au XXe siècle du développement touristique dans les Alpes notamment.

"Il y a plein de marchés émergents comme la Chine, le Kazakhstan, la Turquie, la Bulgarie où il y a des montagnes et un secteur du tourisme hivernal qui pourrait se développer par le biais d'un méga-événement comme les JO", estime-t-il.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.