L’Iran «intensifie l'exportation du terrorisme» à travers sa nouvelle milice navale

Conférence de presse CNRI-USA à Washington, D.C. mercredi. (Photo fournie)
Conférence de presse CNRI-USA à Washington, D.C. mercredi. (Photo fournie)
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Publié le Vendredi 04 février 2022

L’Iran «intensifie l'exportation du terrorisme» à travers sa nouvelle milice navale

  • La capacité de l'Iran à fournir des drones et des missiles balistiques aux Houthis dépend en grande partie des opérations navales de la force Al-Qods
  • Des mercenaires sont recrutés dans un certain nombre de pays pour s'entraîner à attaquer des cibles maritimes dans la région

WASHINGTON, DC: Le groupe d'opposition iranien qui a révélé les installations secrètes d'enrichissement nucléaire de l'Iran en 2002 a publié de nouvelles informations sur la structure du commandement des forces navales d’Al-Qods et les installations utilisées pour former et armer les représentants terroristes de l'Iran au Moyen-Orient.

La force Al-Qods est l’unité du Corps des gardiens de la révolution islamique d'Iran (CGRI) responsable des opérations extraterritoriales.

Lors d'une conférence de presse dans un hôtel à Washington DC mercredi, le Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI) a mis en lumière l'importance que Téhéran accorde à la force Al-Qods en tant qu'outil d'opérations spéciales à l'étranger et à quel point l’Iran est prêt à soutenir ses représentants terroristes au Yémen, dans le Golfe et en Irak.

À la lumière des nouvelles informations sur le recrutement, la formation et la fourniture d'armes à l'unité de la milice navale de la force Al-Qods, les experts affirment qu'il est impératif que les pourparlers à Vienne, en Autriche, sur le programme nucléaire iranien n'éludent pas la question de l'expansion du réseau des représentants de la République islamique.

L'Iran est profondément impliqué dans la guerre au Yémen qui dure depuis sept ans, où il soutient la milice chiite houthie dans sa lutte contre le gouvernement internationalement reconnu.

Au cours des deux dernières semaines, des frappes de missiles et de drones ont été lancées par les Houthis, ciblant les Émirats arabes unis, dont une attaque lundi lors de la visite du président israélien, Isaac Herzog, dans une escalade du conflit avec la Coalition pour restaurer la légitimité au Yémen.

«Téhéran doit être tenu pour responsable de sa guerre par procuration dans la région et du développement de ses missiles balistiques, quel que soit le résultat des négociations du PAGC», a déclaré à Arab News Alireza Jafarzadeh, directeur adjoint du bureau américain du CNRI, qui est considéré comme illégal en Iran, faisant référence au nom officiel de l'accord nucléaire iranien, le Plan d'action global commun.

«Il s'agit d'une menace très sérieuse qui doit être immédiatement traitée par les capitales occidentales.

«Des composants de missiles ont été fournis aux Houthis depuis l'Iran. Il n'y aurait pas du tout de programme de missiles houthi sans le régime iranien. Même s'ils donnent un autre nom aux missiles, les composants sont produits par le régime iranien pour servir ses objectifs dans la région.»

Les unités de la force Al-Qods ont reçu l'ordre du guide suprême iranien, Ali Khamenei, de former les Houthis yéménites à l'utilisation de mines, de vedettes rapides, de missiles et d'autres armes dans des bases iraniennes secrètes. Des recrues venues d'Irak, de Syrie, du Liban et de pays africains y prennent part aussi, selon les informations du CNRI.

Jafarzadeh a déclaré que les renseignements sur les opérations navales des représentants de la force Al-Qods avaient été recueillis par les sources du CNRI en Iran. L'un des principaux objectifs des opérations navales de la force Al-Qods est de cibler des navires commerciaux dans la mer Rouge et le détroit stratégique de Bab al-Mandab qui sépare la côte du Yémen de la Corne de l'Afrique, selon ces révélations.

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Le Conseil national de la Résistance iranienne a mis en lumière l'importance que Téhéran accorde à la force Al-Qods en tant qu'outil d'opérations spéciales à l'étranger. (Photo fournie)

Cette étroite voie navigable, considérée comme une artère vitale du commerce mondial reliant l'Europe à l'océan Indien et à l'Afrique de l'Est, représente une cible tentante pour les stratèges terroristes iraniens, selon le CNRI.

Jafarzadeh a affirmé que l'importance accordée aux Houthis par Téhéran est évidente du fait que le représentant du groupe à Téhéran a été le premier responsable étranger à obtenir une audience avec le nouveau président iranien, Ebrahim Raïssi, le 4 août de l'année dernière.

Lors de la conférence de presse, le CNRI a présenté ce qu'il a appelé un organigramme pour le recrutement, le déploiement et l'entraînement des terroristes de la force navale d’Al-Qods. La garnison Imam Ali à Téhéran a été décrite comme le centre névralgique des activités de formation de ses représentants.

Ces révélations surviennent dans un contexte de forte augmentation des attaques et des opérations secrètes menées par les mandataires de l'Iran – les Houthis en particulier – contre les partenaires stratégiques arabes de Washington et Israël.

Les nouvelles informations fournies par le CNRI indiquent que la capacité de l'Iran à fournir des drones et des missiles balistiques aux Houthis dépend en grande partie des opérations navales de la force Al-Qods.

L'entraînement terroriste naval se déroule dans trois institutions spécialisées qui sont Ziba Kenar, sur la mer Caspienne, ainsi que Farur et Qeshm, deux îles du Golfe.

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Des missiles tirés dans le cadre d'exercices militaires de cinq jours baptisés Payambar-e-Azadm, ou «Grand Prophète», dans trois provinces. (AFP/Gardiens de la révolution iranienne via Sepah News/Fichier photo)

Selon le CNRI, l'Académie Ziba Kenar sert de lieu principal pour l'entraînement des commandos de la marine du CGRI, mais son objectif est bien plus vaste que cela: elle est secrètement utilisée par la force Al-Qods pour former des combattants.

En janvier 2020, un groupe de 200 recrues houthies yéménites y a été amené pour s'entraîner. Les recrues y ont acquis de nouvelles compétences terroristes. En juillet 2020, un groupe d'Irakiens a reçu une formation et a été envoyé dans la péninsule de Faw et à Bassora pour créer une milice irakienne.

La présence de militants chiites irakiens aux côtés des Houthis est significative, étant donné que le groupe irakien Alwiyat al-waad al-haq, une supposée unité de la force Al-Qods, a revendiqué mercredi la responsabilité d'une frappe de drone ratée sur Abu Dhabi. Sa seule autre revendication remonte à janvier 2021, lorsqu'elle avait déclaré avoir lancé un drone sur l'Arabie saoudite.

«Si Alwiyat al-waad al-haq est sorti de son hibernation et a lancé des drones sur les EAU […], il s'agissait alors probablement d'une opération dirigée par l'Iran ou du moins tolérée par l'Iran», a déclaré Michael Knights, du Washington Institute for Near East Policy, dans un tweet.

La force Al-Qods synchronise les activités de ses représentants régionaux afin qu'ils puissent organiser des opérations sur plusieurs fronts – du nord et du sud – contre les membres de la Coalition pour restaurer la légitimité au Yémen, selon les informations du CNRI.

 

Autres détails fournis par le CNRI:

* La formation navale des représentants de la force Al-Qods est supervisée par le général de brigade Hassan Ali Zamani Pajooh, un vétéran du CGRI. Le second amiral Abdolreza Dabestani est à la tête de l'académie navale depuis 2019.

* L'Académie Farur est située sur une petite île près de Qeshm. D’une largeur de cinq miles et d’une longueur de neuf miles. Elle sert de quartier général à la brigade commando de la marine du CGRI, Abu Abdullah. Des officiers iraniens sous le commandement du général du CGRI Sadegh Amoui y entraînent des mercenaires terroristes du Yémen et de Bahreïn.

* Les centres de formation des forces navales d’Al-Qods à Qeshm comprennent un stock souterrain d'armes et de missiles divers. Le commandement de la force Al-Qods au Yémen contrôle des quais en Iran qui sont exclusivement utilisés par ses unités pour faciliter les expéditions vers leurs mandataires terroristes au Yémen.

Le CNRI estime également que la force Al-Qods envoie des cargaisons d'armes aux Houthis via la Somalie et la Corne de l'Afrique – une route que d'autres groupes de surveillance indépendants ont accusé l'Iran d'utiliser pour acheminer illégalement des armes vers ses mandataires yéménites.

La route de contrebande passant par Bab al-Mandab ainsi que dans la mer Rouge a été largement utilisée par le passé par la force Al-Qods pour faire passer en contrebande des armes à des mandataires terroristes en Syrie, à Gaza et au Liban, afin de lancer des attaques contre Israël.

L'urgence de faire face aux défis sécuritaires communs présentés par le programme naval des représentants de la force Al-Qods a incité à une coopération accrue en matière de sécurité entre Israël et certains pays arabes du Golfe.

Benny Gantz, ministre israélien de la Défense, a effectué une visite surprise à Bahreïn mercredi, alors que le ministère de la Défense annonçait qu'il signerait un accord de coopération en matière de sécurité avec Bahreïn. Une offre avait été faite auparavant par Israël pour renforcer la défense des EAU contre les attaques de missiles et de drones houthis.

Jusqu'à présent, la nature secrète des plans d'entraînement terroriste et de transfert d'armes de la force Al-Qods a protégé l'Iran des conséquences militaires directes des attaques menées par ses représentants.

Le CNRI affirme que des livraisons d'armes sont également effectuées à partir de navires iraniens vers de plus petits bateaux de contrebande houthis en pleine mer, dans le golfe d'Oman et le golfe d'Aden. Le processus est plus complexe, mais il permet à l'Iran d'éviter les livraisons directes aux Houthis dans les ports du Yémen, à moins qu’il ne s’agisse de transferts d'armes ultrasensibles.

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Des responsables militaires inspectant des drones avant un exercice de drones militaires, dans un lieu tenu secret dans le centre de l'Iran. (AFP/Bureau de l'armée iranienne/Photo d'archives)

Bandar e-Jask est l'un des principaux ports utilisés par la force Al-Qods pour livrer des armes à ses représentants terroristes. Selon des sources du CNRI, l'origine d'une énorme cache d'armes manifestement destinée aux Houthis et interdite par la marine américaine était Bandar e-Jask.

«Les implications sont claires: le régime iranien tente de brouiller les pistes alors qu'il poursuit son programme fantôme», a déclaré Jafarzadeh. «Tout cela devrait être une preuve supplémentaire que les sanctions contre le régime ne doivent pas être levées. Comme l'a récemment déclaré le sénateur américain Bob Menendez, il doit y avoir un revirement majeur dans l'approche politique américaine vis-à-vis du régime.»

Mardi, Menendez, président de la commission sénatoriale des relations étrangères, a fait part de ses inquiétudes concernant le dernier cycle de négociations de l'administration Biden sur le PAGC. «Nous ne pouvons pas ignorer le soutien néfaste de l'Iran au terrorisme ou accepter des menaces contre les intérêts et la vie des Américains. […] L'Iran ne peut pas et ne doit pas posséder d'arme nucléaire», a-t-il déclaré dans une allocution devant le Sénat.

L'augmentation des attaques de drones et de missiles contre l'Arabie saoudite et les EAU a provoqué des vagues de frappes punitives contre les positions militaires houthies au Yémen. Cependant, les installations de la force Al-Qods en Iran – tremplin de ces attaques – ont été épargnées.

Israël a mené des frappes aériennes régulières contre les expéditions terrestres et maritimes iraniennes pour faire peur aux mandataires en Syrie, tout en réussissant à éviter jusqu'à présent un conflit direct avec l'Iran.

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La force Al-Qods synchronise les activités de ses mandataires régionaux afin qu'ils puissent organiser des opérations sur plusieurs fronts contre les membres de la Coalition pour restaurer la légitimité au Yémen, selon les informations du CNRI. (Photo fournie)

L'administration Biden a déclaré mardi qu'elle envoyait des avions de chasse pour aider les EAU après les dernières attaques, dont l'une visait une base abritant les forces américaines et faisait suite à la frappe du 17 janvier qui avait tué trois personnes à Abu Dhabi.

Les analystes affirment que les identités récemment révélées d'officiers de premier plan de la force Al-Qods ainsi que l'emplacement de leurs centres d'entraînement au terrorisme fournissent de précieux éléments de pression supplémentaires contre l'Iran, qui jusqu'à présent n'a pratiquement pas payé le prix de son influence et de ses actions régionales malveillantes alors même qu'il traîne les pieds à Vienne.

«Nous savons ce que fait la force Al-Qods. Nous savons qu'elle utilise des navires commerciaux comme plates-formes de commandement fixes. Ces plates-formes doivent être interceptées», a affirmé à Arab News Michael Pregent, ancien analyste principal de la Defense Intelligence Agency et qui dispose d’une vaste expérience en Irak et en Afghanistan.

«L'administration Biden a montré une propension à défendre un régime qui utilise les attaques des Houthis comme moyen de pression dans les pourparlers nucléaires de Vienne. Elle a la capacité de répondre aux attaques, mais il lui manque la volonté de le faire.»

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Un an après la chute d’Assad, les Syriens affichent un fort soutien à al-Chareh

Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
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  • Un sondage révèle un optimisme croissant et un large soutien aux progrès du gouvernement après la chute d’Assad
  • L’Arabie saoudite apparaît comme le pays étranger le plus populaire, Trump reçoit également un soutien marqué

LONDRES : Alors que les Syriens ont célébré cette semaine le premier anniversaire de la chute de Bachar Al-Assad, une enquête menée dans le pays révèle un soutien massif au nouveau président et place l’Arabie saoudite comme principal partenaire international apprécié.

L’ancien président avait fui le pays le 8 décembre 2024, après une offensive éclair de l’opposition jusqu’à Damas, mettant fin à 14 ans de guerre civile.

La campagne était menée par Ahmad al-Chareh, aujourd’hui président du pays, qui s’efforce de stabiliser la Syrie et de rétablir des relations avec ses partenaires internationaux.

Ces efforts ont été salués dans un sondage récemment publié, montrant que 81 % des personnes interrogées ont confiance dans le président et 71 % dans le gouvernement national.

Les institutions clés bénéficient également d’un fort soutien : plus de 70 % pour l’armée et 62 % pour les tribunaux et le système judiciaire.

L’enquête a été menée en octobre et novembre par Arab Barometer, un réseau de recherche américain à but non lucratif.

Plus de 1 200 adultes sélectionnés aléatoirement ont été interrogés en personne à travers le pays sur une large gamme de sujets, notamment la performance du gouvernement, l’économie et la sécurité.

Le large soutien exprimé envers al-Chareh atteint un niveau enviable pour de nombreux gouvernements occidentaux, alors même que la Syrie fait face à de profondes difficultés.

Le coût de la reconstruction dépasse les 200 milliards de dollars selon la Banque mondiale, l’économie est dévastée et le pays connaît encore des épisodes de violence sectaire.

Al-Chareh s’efforce de mettre fin à l’isolement international de la Syrie, cherchant l’appui de pays de la région et obtenant un allègement des sanctions américaines.

Un soutien clé est venu d’Arabie saoudite, qui a offert une aide politique et économique. Le sondage place le Royaume comme le pays étranger le plus populaire, avec 90 % d’opinions favorables.

Le Qatar recueille lui aussi une forte popularité (plus de 80 %), suivi de la Turquie (73 %).

La majorité des personnes interrogées — 66 % — expriment également une opinion favorable envers les États-Unis, saluant la décision du président Donald Trump d’assouplir les sanctions et l’impact attendu sur leur vie quotidienne.

Après sa rencontre avec al-Chareh à Washington le mois dernier, Trump a annoncé une suspension partielle des sanctions, après en avoir déjà assoupli plusieurs volets.

Le sondage montre que 61 % des Syriens ont une opinion positive de Trump — un niveau supérieur à celui observé dans une grande partie du Moyen-Orient.

En revanche, l’enthousiasme est bien moindre concernant les efforts américains pour normaliser les relations entre la Syrie et Israël.

Seuls 14 % soutiennent cette démarche, et à peine 4 % disent avoir une opinion favorable d’Israël.

Lors du chaos provoqué par la chute d’Assad, l’armée israélienne a occupé de nouveaux territoires dans le sud de la Syrie et a mené de fréquentes attaques au cours de l’année écoulée.

Plus de 90 % des Syriens considèrent l’occupation israélienne des territoires palestiniens et les frappes contre l’Iran, le Liban et la Syrie comme des menaces critiques pour leur sécurité.

Dans Foreign Policy, Salma Al-Shami et Michael Robbins (Arab Barometer) écrivent que les résultats de l’enquête donnent des raisons d’être optimiste.

« Nous avons constaté que la population est pleine d’espoir, favorable à la démocratie et ouverte à l’aide étrangère », disent-ils. « Elle approuve et fait confiance à son gouvernement actuel. »

Mais ils notent aussi plusieurs sources d’inquiétude, notamment l’état de l’économie et la sécurité interne.

Le soutien au gouvernement chute nettement dans les régions majoritairement alaouites.

La dynastie Assad, au pouvoir pendant plus de 50 ans, était issue de la minorité alaouite, dont les membres occupaient de nombreux postes clés.

L’économie reste la principale préoccupation : seuls 17 % se disent satisfaits de sa performance, et beaucoup s’inquiètent de l’inflation, du chômage et de la pauvreté.

Quelque 86 % déclarent que leurs revenus ne couvrent pas leurs dépenses, et 65 % affirment avoir eu du mal à acheter de la nourriture le mois précédent.

La sécurité préoccupe aussi : 74 % soutiennent les efforts du gouvernement pour collecter les armes des groupes armés et 63 % considèrent l’enlèvement comme une menace critique.

À l’occasion de l’anniversaire de la chute d’Assad, lundi, al-Chareh a affirmé que le gouvernement œuvrait à construire une Syrie forte, à consolider sa stabilité et à préserver sa souveraineté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël mène une série de frappes contre le Hezbollah au Liban

Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
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  • Israël a frappé vendredi plusieurs sites du Hezbollah au sud et à l’est du Liban, ciblant notamment un camp d’entraînement de sa force d’élite al-Radwan, malgré le cessez-le-feu conclu en novembre 2024
  • Ces raids interviennent alors que l’armée libanaise doit achever le démantèlement des infrastructures militaires du Hezbollah le long de la frontière israélienne d’ici le 31 décembre

BEYROUTH: Israël a mené une série de frappes aériennes contre le sud et l'est du Liban vendredi matin, selon les médias officiels, l'armée israélienne affirmant viser des objectifs du Hezbollah pro-iranien dont un camp d'entrainement.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe islamiste libanais, Israël continue de mener des attaques régulières contre le Hezbollah, l'accusant de se réarmer.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani), les raids de vendredi, qualifiés en partie de "violents", ont visé une dizaine de lieux, certains situés à une trentaine de km de la frontière avec Israël.

Dans un communiqué, l'armée israélienne a affirmé avoir "frappé un complexe d'entrainement" de la force d'élite du Hezbollah, al-Radwan, où des membres de la formation chiite apprenaient "l'utilisation de différents types d'armes", devant servir dans "des attentats terroristes".

L'armée israélienne a également "frappé des infrastructures militaires supplémentaires du Hezbollah dans plusieurs régions du sud du Liban", a-t-elle ajouté.

L'aviation israélienne avait déjà visé certains des mêmes sites en début de semaine.

Ces frappes interviennent alors que l'armée libanaise doit achever le démantèlement le 31 décembre des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord, conformément à l'accord de cessez-le-feu.

Les zones visées vendredi se trouvent pour la plupart au nord du fleuve.

Le Hezbollah a été très affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe.


Pluies diluviennes et vents puissants ajoutent au chaos qui frappe Gaza

Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes. (AFP)
Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes. (AFP)
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  • A al-Zawaida, dans le centre de la bande de Gaza, des mares forcent les gens à marcher dans l'eau stagnante, qui leur arrive aux chevilles, ou à sauter d'un îlot de sable émergé à un autre
  • Selon un rapport de l'ONU, 761 sites, abritant environ 850.000 déplacés, présentent un risque élevé d'inondation dans la bande de Gaza

GAZA: Pelle à la main, des Palestiniens portant des sandales en plastique et des pulls fins creusent des tranchées autour de leurs tentes dans le quartier de Zeitoun, à Gaza-ville, rempart dérisoire face aux pluies torrentielles qui s'abattent depuis des heures.

Dès mercredi soir, la tempête Byron a balayé le territoire palestinien, bordé par la mer Méditerranée, inondant les campements de fortune et ajoutant à la détresse de la population, déplacée en masse depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, le 7 octobre 2023.

A Zeitoun, le campement planté au milieu des décombres a des allures cauchemardesques, sous un ciel chargé de gros nuages gris et blancs.

Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes.

Accroupis sur des briques posées dans la boue, un groupe d'enfants mangent à même des faitouts en métal devant l'ouverture d'un petit abri en plastique, en regardant le ciel s'abattre sur le quartier.

"Nous ne savions pas où aller" 

A al-Zawaida, dans le centre de la bande de Gaza, des mares forcent les gens à marcher dans l'eau stagnante, qui leur arrive aux chevilles, ou à sauter d'un îlot de sable émergé à un autre.

"La nuit dernière a été terrible pour nous et pour nos enfants à cause des fortes pluies et du froid, les enfants ont été trempés, les couvertures et les matelas aussi. Nous ne savions pas où aller", raconte à l'AFP Souad Mouslim, qui vit sous une tente avec sa famille.

"Donnez-nous une tente décente, des couvertures pour nos enfants, des vêtements à porter, je le jure, ils ont les pieds nus, ils n'ont pas de chaussures", implore-t-elle.

"Jusqu'à quand allons-nous rester comme ça? C'est injuste", dit-elle en élevant la voix pour couvrir le bruit des gouttes frappant la toile.

Selon un rapport de l'ONU, 761 sites, abritant environ 850.000 déplacés, présentent un risque élevé d'inondation dans la bande de Gaza.

Le territoire connait généralement un épisode de fortes pluies en fin d'automne et en hiver, mais la dévastation massive due à la guerre l'a rendu plus vulnérable.

"La situation est désespérée", résume Chourouk Mouslim, une déplacée originaire de Beit Lahia, dans le nord de Gaza, elle aussi sous une tente à al-Zawaida.

"Nous ne pouvons même pas sortir pour allumer un feu" pour cuisiner ou se chauffer, déplore-t-elle, avant d'ajouter qu'elle n'a de toutes les manières ni bois, ni gaz.

Dans ce territoire dont les frontières sont fermées, où l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante selon l'ONU, malgré l'entrée en vigueur d'une trêve le 10 octobre, les pénuries empêchent une population déjà démunie de faire face à ce nouveau problème.

Lointaine reconstruction 

Sous les tentes, les plus chanceux bâchent le sol ou le recouvrent de briques pour empêcher que le sable humide ne détrempe leurs affaires. Dans les zones où le bitume n'a pas été arraché, des bulldozers continuent de déblayer les décombres des bâtiments détruits.

Beaucoup de gens restent debout, à l'entrée des abris, plutôt que de s'asseoir une surface mouillée.

"La tempête a eu un impact grave sur la population, des bâtiments se sont effondrés et une grande partie des infrastructures étant détruite, elles ne permettent plus d'absorber cet important volume de pluie", note Mahmoud Bassal, le porte-parole de la Défense civile de Gaza.

Cette organisation, qui dispense des premiers secours sous l'autorité du Hamas, a affirmé que la tempête avait causé la mort d'une personne, écrasée par un mur ayant cédé. Elle a ajouté que ses équipes étaient intervenues après l'effondrement partiel de trois maisons durant les fortes pluies.

La Défense civile a averti les habitants restés dans des logements partiellement détruits ou fragilisés par les bombardements qu'ils se mettaient en danger.

"Les tentes, c'est inacceptable", estime M. Bassal, "ce qui doit être fourni maintenant, ce sont des abris qu'on peut déplacer, équipés de panneaux solaires, avec deux pièces, une salle de bain et toutes les installations nécessaires pour les habitants. Seulement à ce moment-là, la reconstruction pourra commencer".