L’Iran «intensifie l'exportation du terrorisme» à travers sa nouvelle milice navale

Conférence de presse CNRI-USA à Washington, D.C. mercredi. (Photo fournie)
Conférence de presse CNRI-USA à Washington, D.C. mercredi. (Photo fournie)
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Publié le Vendredi 04 février 2022

L’Iran «intensifie l'exportation du terrorisme» à travers sa nouvelle milice navale

  • La capacité de l'Iran à fournir des drones et des missiles balistiques aux Houthis dépend en grande partie des opérations navales de la force Al-Qods
  • Des mercenaires sont recrutés dans un certain nombre de pays pour s'entraîner à attaquer des cibles maritimes dans la région

WASHINGTON, DC: Le groupe d'opposition iranien qui a révélé les installations secrètes d'enrichissement nucléaire de l'Iran en 2002 a publié de nouvelles informations sur la structure du commandement des forces navales d’Al-Qods et les installations utilisées pour former et armer les représentants terroristes de l'Iran au Moyen-Orient.

La force Al-Qods est l’unité du Corps des gardiens de la révolution islamique d'Iran (CGRI) responsable des opérations extraterritoriales.

Lors d'une conférence de presse dans un hôtel à Washington DC mercredi, le Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI) a mis en lumière l'importance que Téhéran accorde à la force Al-Qods en tant qu'outil d'opérations spéciales à l'étranger et à quel point l’Iran est prêt à soutenir ses représentants terroristes au Yémen, dans le Golfe et en Irak.

À la lumière des nouvelles informations sur le recrutement, la formation et la fourniture d'armes à l'unité de la milice navale de la force Al-Qods, les experts affirment qu'il est impératif que les pourparlers à Vienne, en Autriche, sur le programme nucléaire iranien n'éludent pas la question de l'expansion du réseau des représentants de la République islamique.

L'Iran est profondément impliqué dans la guerre au Yémen qui dure depuis sept ans, où il soutient la milice chiite houthie dans sa lutte contre le gouvernement internationalement reconnu.

Au cours des deux dernières semaines, des frappes de missiles et de drones ont été lancées par les Houthis, ciblant les Émirats arabes unis, dont une attaque lundi lors de la visite du président israélien, Isaac Herzog, dans une escalade du conflit avec la Coalition pour restaurer la légitimité au Yémen.

«Téhéran doit être tenu pour responsable de sa guerre par procuration dans la région et du développement de ses missiles balistiques, quel que soit le résultat des négociations du PAGC», a déclaré à Arab News Alireza Jafarzadeh, directeur adjoint du bureau américain du CNRI, qui est considéré comme illégal en Iran, faisant référence au nom officiel de l'accord nucléaire iranien, le Plan d'action global commun.

«Il s'agit d'une menace très sérieuse qui doit être immédiatement traitée par les capitales occidentales.

«Des composants de missiles ont été fournis aux Houthis depuis l'Iran. Il n'y aurait pas du tout de programme de missiles houthi sans le régime iranien. Même s'ils donnent un autre nom aux missiles, les composants sont produits par le régime iranien pour servir ses objectifs dans la région.»

Les unités de la force Al-Qods ont reçu l'ordre du guide suprême iranien, Ali Khamenei, de former les Houthis yéménites à l'utilisation de mines, de vedettes rapides, de missiles et d'autres armes dans des bases iraniennes secrètes. Des recrues venues d'Irak, de Syrie, du Liban et de pays africains y prennent part aussi, selon les informations du CNRI.

Jafarzadeh a déclaré que les renseignements sur les opérations navales des représentants de la force Al-Qods avaient été recueillis par les sources du CNRI en Iran. L'un des principaux objectifs des opérations navales de la force Al-Qods est de cibler des navires commerciaux dans la mer Rouge et le détroit stratégique de Bab al-Mandab qui sépare la côte du Yémen de la Corne de l'Afrique, selon ces révélations.

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Le Conseil national de la Résistance iranienne a mis en lumière l'importance que Téhéran accorde à la force Al-Qods en tant qu'outil d'opérations spéciales à l'étranger. (Photo fournie)

Cette étroite voie navigable, considérée comme une artère vitale du commerce mondial reliant l'Europe à l'océan Indien et à l'Afrique de l'Est, représente une cible tentante pour les stratèges terroristes iraniens, selon le CNRI.

Jafarzadeh a affirmé que l'importance accordée aux Houthis par Téhéran est évidente du fait que le représentant du groupe à Téhéran a été le premier responsable étranger à obtenir une audience avec le nouveau président iranien, Ebrahim Raïssi, le 4 août de l'année dernière.

Lors de la conférence de presse, le CNRI a présenté ce qu'il a appelé un organigramme pour le recrutement, le déploiement et l'entraînement des terroristes de la force navale d’Al-Qods. La garnison Imam Ali à Téhéran a été décrite comme le centre névralgique des activités de formation de ses représentants.

Ces révélations surviennent dans un contexte de forte augmentation des attaques et des opérations secrètes menées par les mandataires de l'Iran – les Houthis en particulier – contre les partenaires stratégiques arabes de Washington et Israël.

Les nouvelles informations fournies par le CNRI indiquent que la capacité de l'Iran à fournir des drones et des missiles balistiques aux Houthis dépend en grande partie des opérations navales de la force Al-Qods.

L'entraînement terroriste naval se déroule dans trois institutions spécialisées qui sont Ziba Kenar, sur la mer Caspienne, ainsi que Farur et Qeshm, deux îles du Golfe.

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Des missiles tirés dans le cadre d'exercices militaires de cinq jours baptisés Payambar-e-Azadm, ou «Grand Prophète», dans trois provinces. (AFP/Gardiens de la révolution iranienne via Sepah News/Fichier photo)

Selon le CNRI, l'Académie Ziba Kenar sert de lieu principal pour l'entraînement des commandos de la marine du CGRI, mais son objectif est bien plus vaste que cela: elle est secrètement utilisée par la force Al-Qods pour former des combattants.

En janvier 2020, un groupe de 200 recrues houthies yéménites y a été amené pour s'entraîner. Les recrues y ont acquis de nouvelles compétences terroristes. En juillet 2020, un groupe d'Irakiens a reçu une formation et a été envoyé dans la péninsule de Faw et à Bassora pour créer une milice irakienne.

La présence de militants chiites irakiens aux côtés des Houthis est significative, étant donné que le groupe irakien Alwiyat al-waad al-haq, une supposée unité de la force Al-Qods, a revendiqué mercredi la responsabilité d'une frappe de drone ratée sur Abu Dhabi. Sa seule autre revendication remonte à janvier 2021, lorsqu'elle avait déclaré avoir lancé un drone sur l'Arabie saoudite.

«Si Alwiyat al-waad al-haq est sorti de son hibernation et a lancé des drones sur les EAU […], il s'agissait alors probablement d'une opération dirigée par l'Iran ou du moins tolérée par l'Iran», a déclaré Michael Knights, du Washington Institute for Near East Policy, dans un tweet.

La force Al-Qods synchronise les activités de ses représentants régionaux afin qu'ils puissent organiser des opérations sur plusieurs fronts – du nord et du sud – contre les membres de la Coalition pour restaurer la légitimité au Yémen, selon les informations du CNRI.

 

Autres détails fournis par le CNRI:

* La formation navale des représentants de la force Al-Qods est supervisée par le général de brigade Hassan Ali Zamani Pajooh, un vétéran du CGRI. Le second amiral Abdolreza Dabestani est à la tête de l'académie navale depuis 2019.

* L'Académie Farur est située sur une petite île près de Qeshm. D’une largeur de cinq miles et d’une longueur de neuf miles. Elle sert de quartier général à la brigade commando de la marine du CGRI, Abu Abdullah. Des officiers iraniens sous le commandement du général du CGRI Sadegh Amoui y entraînent des mercenaires terroristes du Yémen et de Bahreïn.

* Les centres de formation des forces navales d’Al-Qods à Qeshm comprennent un stock souterrain d'armes et de missiles divers. Le commandement de la force Al-Qods au Yémen contrôle des quais en Iran qui sont exclusivement utilisés par ses unités pour faciliter les expéditions vers leurs mandataires terroristes au Yémen.

Le CNRI estime également que la force Al-Qods envoie des cargaisons d'armes aux Houthis via la Somalie et la Corne de l'Afrique – une route que d'autres groupes de surveillance indépendants ont accusé l'Iran d'utiliser pour acheminer illégalement des armes vers ses mandataires yéménites.

La route de contrebande passant par Bab al-Mandab ainsi que dans la mer Rouge a été largement utilisée par le passé par la force Al-Qods pour faire passer en contrebande des armes à des mandataires terroristes en Syrie, à Gaza et au Liban, afin de lancer des attaques contre Israël.

L'urgence de faire face aux défis sécuritaires communs présentés par le programme naval des représentants de la force Al-Qods a incité à une coopération accrue en matière de sécurité entre Israël et certains pays arabes du Golfe.

Benny Gantz, ministre israélien de la Défense, a effectué une visite surprise à Bahreïn mercredi, alors que le ministère de la Défense annonçait qu'il signerait un accord de coopération en matière de sécurité avec Bahreïn. Une offre avait été faite auparavant par Israël pour renforcer la défense des EAU contre les attaques de missiles et de drones houthis.

Jusqu'à présent, la nature secrète des plans d'entraînement terroriste et de transfert d'armes de la force Al-Qods a protégé l'Iran des conséquences militaires directes des attaques menées par ses représentants.

Le CNRI affirme que des livraisons d'armes sont également effectuées à partir de navires iraniens vers de plus petits bateaux de contrebande houthis en pleine mer, dans le golfe d'Oman et le golfe d'Aden. Le processus est plus complexe, mais il permet à l'Iran d'éviter les livraisons directes aux Houthis dans les ports du Yémen, à moins qu’il ne s’agisse de transferts d'armes ultrasensibles.

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Des responsables militaires inspectant des drones avant un exercice de drones militaires, dans un lieu tenu secret dans le centre de l'Iran. (AFP/Bureau de l'armée iranienne/Photo d'archives)

Bandar e-Jask est l'un des principaux ports utilisés par la force Al-Qods pour livrer des armes à ses représentants terroristes. Selon des sources du CNRI, l'origine d'une énorme cache d'armes manifestement destinée aux Houthis et interdite par la marine américaine était Bandar e-Jask.

«Les implications sont claires: le régime iranien tente de brouiller les pistes alors qu'il poursuit son programme fantôme», a déclaré Jafarzadeh. «Tout cela devrait être une preuve supplémentaire que les sanctions contre le régime ne doivent pas être levées. Comme l'a récemment déclaré le sénateur américain Bob Menendez, il doit y avoir un revirement majeur dans l'approche politique américaine vis-à-vis du régime.»

Mardi, Menendez, président de la commission sénatoriale des relations étrangères, a fait part de ses inquiétudes concernant le dernier cycle de négociations de l'administration Biden sur le PAGC. «Nous ne pouvons pas ignorer le soutien néfaste de l'Iran au terrorisme ou accepter des menaces contre les intérêts et la vie des Américains. […] L'Iran ne peut pas et ne doit pas posséder d'arme nucléaire», a-t-il déclaré dans une allocution devant le Sénat.

L'augmentation des attaques de drones et de missiles contre l'Arabie saoudite et les EAU a provoqué des vagues de frappes punitives contre les positions militaires houthies au Yémen. Cependant, les installations de la force Al-Qods en Iran – tremplin de ces attaques – ont été épargnées.

Israël a mené des frappes aériennes régulières contre les expéditions terrestres et maritimes iraniennes pour faire peur aux mandataires en Syrie, tout en réussissant à éviter jusqu'à présent un conflit direct avec l'Iran.

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La force Al-Qods synchronise les activités de ses mandataires régionaux afin qu'ils puissent organiser des opérations sur plusieurs fronts contre les membres de la Coalition pour restaurer la légitimité au Yémen, selon les informations du CNRI. (Photo fournie)

L'administration Biden a déclaré mardi qu'elle envoyait des avions de chasse pour aider les EAU après les dernières attaques, dont l'une visait une base abritant les forces américaines et faisait suite à la frappe du 17 janvier qui avait tué trois personnes à Abu Dhabi.

Les analystes affirment que les identités récemment révélées d'officiers de premier plan de la force Al-Qods ainsi que l'emplacement de leurs centres d'entraînement au terrorisme fournissent de précieux éléments de pression supplémentaires contre l'Iran, qui jusqu'à présent n'a pratiquement pas payé le prix de son influence et de ses actions régionales malveillantes alors même qu'il traîne les pieds à Vienne.

«Nous savons ce que fait la force Al-Qods. Nous savons qu'elle utilise des navires commerciaux comme plates-formes de commandement fixes. Ces plates-formes doivent être interceptées», a affirmé à Arab News Michael Pregent, ancien analyste principal de la Defense Intelligence Agency et qui dispose d’une vaste expérience en Irak et en Afghanistan.

«L'administration Biden a montré une propension à défendre un régime qui utilise les attaques des Houthis comme moyen de pression dans les pourparlers nucléaires de Vienne. Elle a la capacité de répondre aux attaques, mais il lui manque la volonté de le faire.»

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La diplomatie française estime qu'Israël doit faire preuve de « la plus grande retenue » au Liban

Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
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  • l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, Hezbollah.
  • Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

PARIS : La France a exhorté mercredi Israël « à faire preuve de la plus grande retenue » au Liban après la frappe israélienne qui a touché Beyrouth dimanche dernier, et a souligné que le démantèlement des sites militaires du Hezbollah revenait « exclusivement aux forces armées libanaises ».

Malgré un cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après plus d'un an de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, très affaibli, qui affirme de son côté respecter l'accord.

Le week-end dernier, Israël a assuré avoir visé un entrepôt de missiles.

Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

« La France rappelle que le respect du cessez-le-feu s'impose à toutes les parties sans exception afin de garantir la sécurité des populations civiles des deux côtés de la Ligne bleue », la frontière de facto délimitée par les Nations unies, a souligné mercredi Christophe Lemoine, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

« La France appelle donc Israël à faire preuve de la plus grande retenue et à se retirer au plus vite des cinq points toujours occupés sur le territoire libanais », a-t-il ajouté lors d'un point presse.

Une commission regroupant le Liban, Israël, les États-Unis, la France et l'ONU est chargée de superviser l'application du cessez-le-feu.

Beyrouth presse la communauté internationale de faire pression sur Israël pour qu'il mette fin à ses attaques et se retire des cinq positions frontalières où il s'est maintenu dans le sud du pays, malgré l'accord.


Les services de sécurité des Émirats déjouent un transfert illégal d'armes vers le Soudan

Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
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  • Les services de sécurité ont réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises 
  • Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays

ABU DHABI: Les services de sécurité des Émirats arabes unis ont déjoué une tentative de transfert illégal d'armes et d'équipements militaires aux forces armées soudanaises, a déclaré mercredi le procureur général des Émirats arabes unis, Hamad Saif al-Chamsi.

M. Al-Chamsi a déclaré que les services de sécurité avaient réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises après l'arrestation de membres d'une cellule impliquée dans la médiation non autorisée, le courtage et le trafic illicite d'équipements militaires, sans avoir obtenu les licences nécessaires auprès des autorités compétentes.

Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays.

L'avion transportait environ cinq millions de munitions de type Goryunov (54,7 x 62 mm).

Les autorités ont également saisi une partie du produit financier de la transaction en possession de deux suspects dans leurs chambres d'hôtel.

M. Al-Chamsi a déclaré que l'enquête avait révélé l'implication de membres de la cellule des chefs militaires soudanais, notamment l'ancien chef des services de renseignement Salah Gosh, un ancien officier de l'agence de renseignement, un ancien conseiller du ministre des Finances et une personnalité politique proche du général Abdel Fattah al-Burhan et de son adjoint Yasser al-Atta. Plusieurs hommes d'affaires soudanais ont également été impliqués.

Selon les enquêteurs, les membres de la cellule ont conclu un marché d'équipement militaire portant sur des fusils Kalachnikov, des munitions, des mitrailleuses et des grenades d'une valeur de plusieurs millions de dollars.

Les armes ont été transférées de l'armée soudanaise à une société d'importation des Émirats arabes unis en utilisant la méthode de transfert des HAWALADARS.

La transaction a été facilitée par l'intermédiaire d'une société appartenant à un membre fugitif de la cellule travaillant pour les forces armées soudanaises, en coordination avec le colonel Othman al-Zubair, responsable des opérations financières au sein de l'armée soudanaise.

De faux contrats et de fausses factures commerciales ont été utilisés pour prétendre que les paiements concernaient un contrat d'importation de sucre.

L'enquête a conclu que ces transactions avaient été effectuées à la demande du comité d'armement des forces armées soudanaises, présidé par Al-Burhan et son adjoint Al-Atta, en toute connaissance de cause et avec leur approbation. Les membres de la cellule ont été directement chargés de négocier et de finaliser les transactions par Ahmed Rabie Ahmed al-Sayed, une personnalité politique proche du commandant en chef soudanais et responsable de la délivrance des certificats et des approbations des utilisateurs finaux.

Les enquêteurs ont confirmé que Salah Gosh jouait un rôle central dans la gestion du trafic illégal d'équipements militaires aux Émirats arabes unis, en coordination avec d'autres membres de la cellule.

Le groupe a réalisé une marge bénéficiaire de 2,6 millions de dollars (1 dollar = 0,88 euro) par rapport à la valeur réelle des deux transactions, qu'il s'est répartie entre lui et plusieurs complices. La part de Gosh a été retrouvée en possession du suspect Khalid Youssef Mukhtar Youssef, ancien officier de renseignement et ex-chef de cabinet de Gosh.

La cargaison saisie était arrivée à l'aéroport des Émirats arabes unis à bord d'un avion privé en provenance d'un pays étranger.

L'avion s'était posé pour faire le plein et avait officiellement déclaré qu'il transportait un lot de fournitures médicales.

Cependant, la cargaison militaire a été découverte sous la supervision du ministère public, sur la base de mandats judiciaires émis par le procureur général.

Les autorités ont également saisi des copies des contrats relatifs aux deux transactions, de faux documents d'expédition, ainsi que des enregistrements audio et des messages échangés entre les membres de la cellule.

L'enquête a permis de découvrir plusieurs sociétés appartenant à un homme d'affaires soudano-ukrainien, dont une opérant aux Émirats arabes unis.

Ces sociétés ont fourni à l'armée soudanaise des armes, des munitions, des grenades et des drones, en collaboration avec les membres de la cellule et le responsable financier de l'armée.

L'une des sociétés figure sur la liste des sanctions américaines.

Les enquêtes en cours ont révélé que les intérêts financiers et les profits du groupe sont étroitement liés à la poursuite du conflit interne au Soudan.

Le procureur général a souligné que cet incident représentait une grave atteinte à la sécurité nationale des Émirats arabes unis, en faisant de leur territoire une plateforme pour le trafic illégal d'armes à destination d'un pays en proie à des troubles civils, en plus de constituer des infractions pénales punissables par la loi.

Il a conclu en déclarant que le ministère public poursuivait ses procédures d'enquête en vue de déférer les suspects à une procédure judiciaire d'urgence.

Les résultats définitifs seront annoncés à la fin de l'enquête.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Retailleau engage la procédure de dissolution d'Urgence Palestine

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine.
  • Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

PARIS : A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine, ainsi que de Lyon Populaire, qui appartient à l'ultra droite, après avoir lancé mardi celle du groupe antifasciste La Jeune Garde.

Invité de CNews/Europe 1, le ministre de l'Intérieur a justifié la dissolution d'Urgence Palestine en affirmant qu'il fallait « taper sur les islamistes ». « L'islamisme est une idéologie qui essaie d'instrumentaliser une religion. Il y a une défiguration de la foi », a-t-il dit.

« Il ne faut pas défigurer la juste cause des Palestiniens », a poursuivi M. Retailleau, qui a insisté sur le fait que « beaucoup de nos compatriotes musulmans professent une foi parfaitement compatible avec les valeurs de la République ».

Créé au lendemain de l'attaque sans précédent du Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza, le collectif Urgence Palestine dit rassembler « des citoyens, des organisations et mouvements associatifs, syndicaux et politiques mobilisés pour l'auto-détermination du peuple palestinien ». 

Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

« À l'heure où le peuple palestinien est confronté au génocide, à la famine, où les Israéliens cherchent à détruire et à anéantir le peuple palestinien, que fait le gouvernement français ? Il veut dissoudre notre collectif, c'est insupportable », a réagi Omar Al Soumi, l'un des militants d'Urgence Palestine.

« C'est la réalité d'une France complice du génocide », a-t-il accusé dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.

Urgence Palestine a reçu de nombreux messages de soutien de la part d'organisations de l'extrême gauche et de la gauche radicale. 

« Non à la dissolution d'Urgence Palestine », a écrit sur Instagram le Nouveau Parti Anticapitaliste, dénonçant « des prétextes pour faire taire les voix solidaires avec la Palestine ! ».

L'eurodéputée insoumise Rima Hassan a également critiqué les dissolutions engagées contre la Jeune Garde et Urgence Palestine.

« La dérive autoritaire et fasciste de Macron est aussi réelle, tangible et concrète », a-t-elle réagi sur X.

Tsedek!, qui se présente comme un « collectif juif décolonial », a aussi apporté son soutien à ces deux organisations.

« Le gouvernement qui appelle à la dissolution d’Urgence Palestine, c’est la République qui reprend ses droits et réaffirme que l’antisémitisme ne passera pas en France », s'est au contraire félicitée Sarah Aizenman, présidente du collectif « Nous vivrons », auprès de l'AFP. 

« Cette organisation ne défend pas les droits des Palestiniens, elle soutient une organisation terroriste », a accusé Mme Aizenman.

Les annonces de procédures de dissolution contre La Jeune Garde et Urgence Palestine interviennent à la veille des rassemblements du 1er-Mai et pourraient tendre le climat des manifestations, notamment à Paris, selon un haut responsable de la police.

Le ministre de l'Intérieur et le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, ont par avance prévenu qu'aucun débordement ne serait toléré.

Environ 15 000 personnes sont attendues jeudi pour la manifestation parisienne.