Les Balkany «passaient leur temps à jouer avec le feu», selon la procureure

l'ancien maire de Levallois Patrick Balkany (R) et son épouse Isabelle Balkany arrivent pour une audience à la Cour de cassation de Paris le 5 mai 2021 (AFP)
l'ancien maire de Levallois Patrick Balkany (R) et son épouse Isabelle Balkany arrivent pour une audience à la Cour de cassation de Paris le 5 mai 2021 (AFP)
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Publié le Vendredi 04 février 2022

Les Balkany «passaient leur temps à jouer avec le feu», selon la procureure

  • La procureure a dénoncé une «absence totale d'efforts pour apurer leur dette fiscale, objet de la condamnation» pour fraude fiscale.
  • La magistrate alerte également au sujet des rendez-vous avec la justice auxquels ils ne se sont pas rendus et des rendez-vous où ils ont été particulièrement désagréables.

Caen:  Les époux Balkany "passaient leur temps à jouer avec le feu" et ont montré une "absence totale d'efforts pour apurer leur dette fiscale", a indiqué  le parquet d’Évreux vendredi, au lendemain de la confirmation de la révocation de leur placement sous bracelet électronique.

"Ils passaient leur temps à jouer avec le feu. A un moment donné, c’est très simple, quand on joue avec le feu, on se brûle", a déclaré à l'AFP la procureure de la République d'Evreux Dominique Puechmaille. Le couple était assigné à résidence dans sa propriété de Giverny (Eure).

La magistrate a également dénoncé une "absence totale d'efforts pour apurer leur dette fiscale, objet de la condamnation" pour fraude fiscale. "Avant la révocation, il y a eu pour chacun de nombreux recadrages qui sont demeurés lettre morte", a ajouté Mme Puechmaille, qui n'a pas souhaité en dire plus. 

La cour d'appel de Rouen a confirmé jeudi la révocation du placement sous bracelet électronique de l'ex-maire LR de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), 73 ans, et de son épouse, 74 ans, décidée en décembre par le tribunal d'application des peines d'Evreux, ouvrant la voie à une prochaine incarcération du couple.

Selon l'arrêt concernant Patrick Balkany, lu à l'AFP par une source judiciaire, "son attitude et ses propos véhéments (...) souvent outranciers voire outrageants tant à l’égard du personnel de l’administration pénitentiaire que du juge de l’application des peines, ont illustré son incapacité à se conformer aux restrictions (…) imposées dans le cadre des aménagements de peine de trois ans d’emprisonnement ferme, dont il a continué à contester la sévérité voire le bienfondé".

"Outre quelques alarmes non justifiées, Patrick Balkany n’a jamais respecté sa principale obligation particulière, à savoir celle de payer les sommes dues aux finances publiques et ce, en dépit de sa très importante dette fiscale", selon l'arrêt. 

Le couple a "des revenus tout à fait confortables", a précisé la source judiciaire.

Les motivations de l'arrêt concernant Isabelle Balkany est similaire, selon la source judiciaire.

"Il y a des rendez-vous (avec la justice ndlr) auxquels ils ne se sont pas rendus. Il y a des rendez-vous auxquels ils ont été particulièrement désagréables. Il y a eu des dates butoirs qui ont été fixées par le juge pour faire des efforts et tout ça est resté lettre morte", a aussi précisé la source judiciaire.

Quant au périmètre à respecter, "le bip n'a pas arrêté de sonner parce que à chaque fois, ils étaient en limite de périmètre", selon la source judiciaire.

Interrogé par l'AFP vendredi, Patrick Balkany a assuré que son épouse était toujours hospitalisée à Evreux, après selon lui une tentative de suicide jeudi. "Elle est dans le coaltar", a-t-il assuré. 

Il a précisé se trouver chez lui à Giverny. Mme Balkany est "toujours hospitalisée. Elle est très faible", a aussi dit à l'AFP Sylvie Ramond, une amie de l'ancienne première adjointe de Levallois-Perret.

Selon la source judiciaire, Mme Balkany "a avalé des quantités importantes de son traitement habituel". 

Selon cette même source, le parquet d'Evreux n'avait vendredi matin pas encore été saisi par le parquet général et il était peu probable que les époux soient incarcérés dans la journée.

La décision de la cour d'appel de Rouen "sera notifiée aux intéressés par lettre recommandée", avait indiqué jeudi le parquet général dans un communiqué. Les époux "seront convoqués par le parquet d'Evreux", qui va "organiser la poursuite de leur condamnation en établissement pénitentiaire", avait-il ajouté. 


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.