Au procès Maëlys, Lelandais évoque un SMS qui aurait pu « tout changer »

Ce croquis d'audience réalisé le 1er février 2022 montre l'accusé Nordahl Lelandais (à gauche) écoutant son frère Sven, dans la salle d'audience du palais de justice d'assises de Grenoble, dans l'est de la France.(AFP)
Ce croquis d'audience réalisé le 1er février 2022 montre l'accusé Nordahl Lelandais (à gauche) écoutant son frère Sven, dans la salle d'audience du palais de justice d'assises de Grenoble, dans l'est de la France.(AFP)
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Publié le Vendredi 04 février 2022

Au procès Maëlys, Lelandais évoque un SMS qui aurait pu « tout changer »

  • Nordahl Lelandais est jugé depuis lundi par la cour d'assises de l'Isère pour le meurtre de Maëlys De Araujo, huit ans, disparue dans la nuit du 26 au 27 août 2017 lors d'une soirée de mariage à Pont-de-Beauvoisin
  • Nordahl Lelandais reconnaît avoir "involontairement" tué la fillette en lui portant des coups, mais les circonstances du drame demeurent floues

GRENOBLE : "Il n'y aurait pas eu ce drame": jugé pour le meurtre de la jeune Maëlys en 2017, Nordahl Lelandais a déclaré vendredi que "la petite serait encore là" si son ex-compagne avait répondu au message qu'il lui a envoyé la nuit des faits.

"Si j'étais passé te voir, ça aurait tout changé, je serais parti du mariage, la petite serait encore là", affirme l'accusé de 38 ans, debout dans le box, en s'adressant à son ancienne compagne, en pleurs à la barre.

-"Ca ne dépendait pas de vous? Vous avez votre libre arbitre, M. Lelandais", insiste la présidente de la cour d'assises de Grenoble Valérie Blain.

-"Si ma copine m'avait répondu au message, je ne serais pas resté au mariage, je serais allé dormir chez elle", réplique-t-il.

-"Et il ne se serait rien passé?"

-"Oui", répond-il.

Réagissant peu après à cet échange, l'avocat de la mère de Maëlys, Me Fabien Rajon, a jugé "indécent de faire culpabiliser cette malheureuse ex-compagne en lui disant que si elle avait répondu à son SMS, la petite Maëlys ne serait pas morte". "Nordahl Lelandais, c'est l'homme des prétextes, des fausses excuses, l'homme du mensonge", a-t-il accusé.

"C'est proprement insupportable", a commenté de son côté l'avocat du père de Maëlys, Me Laurent Boguet.

Debout devant la barre, les jambes croisées et visiblement mal à l'aise, l'ancienne compagne commence par relater le "coup de foudre" initial qu'elle ressent pour lui, puis une liaison qui se dégrade à cause des infidélités et un avortement.

Puis elle raconte avoir découvert un jour chez lui un post-it affichant l'adresse "petitegirl.com", renvoyant vers deux sites, l'un pornographique classique pour adultes et un autre "pédo" et dit lui avoir demandé des explications.

"Ca m'a dérangée, ce n'est pas normal que je me pose cette question", note-t-elle, tandis que lui, assis dans le box en chemise claire, la dévore du regard.

« Éventuel mobile sexuel »

Nordahl Lelandais est jugé depuis lundi par la cour d'assises de l'Isère pour le meurtre de Maëlys De Araujo, huit ans, disparue dans la nuit du 26 au 27 août 2017 lors d'une soirée de mariage à Pont-de-Beauvoisin (Isère).

Nordahl Lelandais reconnaît avoir "involontairement" tué la fillette en lui portant des coups, mais les circonstances du drame demeurent floues. 

La question de possibles tendances à la pédophilie de l'accusé est au coeur du procès. L'ancien militaire doit également répondre d'agressions sexuelles de deux petites-cousines âgées à l'époque de quatre et six ans, ainsi que de détention et enregistrement d’images pédopornographiques. 

L'après-midi de vendredi devrait être consacrée à l'audition des parents de l'une de ces cousines, également filleule de Nordahl Lelandais, puis ce sera au tour de l'accusé d'être interrogé. 

Ces faits avaient été découverts pendant l'enquête sur la disparition de Maëlys lorsque les enquêteurs avaient mis la main sur des vidéos des attouchements, filmées par téléphone, qui remontent à juillet et août 2017.

Il est accusé d’avoir caressé le sexe de sa filleule âgée de quatre ans à l'époque, alors que celle-ci dormait, seule dans une chambre. Puis d’avoir reproduit ces mêmes gestes, dans les mêmes circonstances quelques semaines plus tard sur une autre petite-cousine âgée de six ans.  

"Ces agressions sexuelles ont été commises, même si Nordahl Lelandais est présumé innocent, pour l'une d'entre elle, six semaines avant les faits concernant Maëlys, l'autre une semaine pile avant les faits concernant Maëlys", a relevé l'avocate des parents des deux petites-cousines, Me Caroline Rémond.

"Ca pose évidemment la question d'un éventuel mobile sexuel concernant Maëlys De Araujo compte tenu de la proximité en âge de ces fillettes et la proximité en terme de temporalité", a-t-elle souligné.

Jeudi, l'accusé avait été confronté à des images de vidéosurveillance montrant Maëlys De Araujo assise dans sa voiture à l'heure de sa disparition et a répété qu'elle y était montée de son plein gré.

Déjà condamné à Chambéry en mai 2021 à 20 ans de réclusion pour le meurtre du jeune soldat Arthur Noyer, il n'a pas fait appel.

Le verdict est attendu autour du 18 février. Nordahl Lelandais encourt la réclusion criminelle à perpétuité.


Un 1er-Mai syndical qui se veut «festif et combatif», mais sans unité large

Pour les salaires, pour l'abrogation de la réforme des retraites, ou encore "contre la trumpisation du monde" : les organisations syndicales appellent à battre le pavé jeudi pour le 1er-Mai, mais la mobilisation se tient sans unité large. (AFP)
Pour les salaires, pour l'abrogation de la réforme des retraites, ou encore "contre la trumpisation du monde" : les organisations syndicales appellent à battre le pavé jeudi pour le 1er-Mai, mais la mobilisation se tient sans unité large. (AFP)
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  • A Paris, la manifestation doit partir à 14H00 de la place d'Italie vers la place de la Nation
  • Si - comme l'an dernier - l'intersyndicale ne sera pas unie pour l'occasion, le numéro un de FO Frédéric Souillot défilera aux côtés de ses homologues, dont la cheffe de file de la CGT Sophie Binet, dans le cortège parisien

PARIS: Pour les salaires, pour l'abrogation de la réforme des retraites, ou encore "contre la trumpisation du monde" : les organisations syndicales appellent à battre le pavé jeudi pour le 1er-Mai, mais la mobilisation se tient sans unité large.

Pour la journée internationale des travailleurs, la CGT a recensé quelque 260 rassemblements en France. La centrale de Montreuil a appelé avec la FSU, Solidaires et des organisations de jeunesse (Union étudiante, Unef, Fage, USL) à défiler "contre l'extrême droite, pour la paix, les libertés et la justice sociale".

Si - comme l'an dernier - l'intersyndicale ne sera pas unie pour l'occasion, le numéro un de FO Frédéric Souillot défilera aux côtés de ses homologues, dont la cheffe de file de la CGT Sophie Binet, dans le cortège parisien.

A Paris, la manifestation doit partir à 14H00 de la place d'Italie vers la place de la Nation.

D'autres cortèges s'élanceront dès le matin, comme Marseille et Lille à 10h30. Ce sera aussi le cas dès 10 heures à Bordeaux, Strasbourg ou Dunkerque, où des responsables de gauche, comme Marine Tondelier (Ecologistes), François Ruffin (ex-LFI) ou Boris Vallaud (PS) sont attendus pour protester contre le plan du sidérurgiste ArcelorMittal prévoyant la suppression d'environ 600 postes.

La numéro un de la CFDT Marylise Léon et son homologue de l'Unsa Laurent Escure se retrouvent, eux, dans la matinée dans le centre de Paris pour un rassemblement et une table ronde sur le travail.

Cent jours après l'arrivée de Donald Trump au pouvoir, la CGT, la FSU et Solidaires veulent aussi faire de cette journée un temps fort "contre la trumpisation du monde et l'internationale réactionnaire qui se développe partout", a expliqué à l'AFP Thomas Vacheron, cadre de la CGT.

Des syndicats internationaux (américain, belge, argentin, notamment) ont été conviés au défilé parisien. "Cette démarche unitaire et internationale est un petit pas" pour lutter contre des politiques qui menacent les travailleurs (hausse des droits de douane ou expulsions massives des travailleurs clandestins), selon Murielle Guilbert (Solidaires).

"Le sang et les larmes"

Cette année encore, de source policière, la présence de militants de l'ultra-gauche est jugée très probable à Paris, Nantes ou Lyon, entre autres.

De même source, dans la capitale où un peu plus de 2.000 membres des forces de l'ordre sont attendus, la décision du gouvernement de dissoudre le groupe antifasciste "La Jeune garde" et le collectif "Urgence Palestine" pourrait tendre le climat.

"On ne tolèrera rien", a averti mercredi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau.

"Il faut relativiser" cette présence de "black blocs" face aux "centaines de milliers de manifestantes et de manifestants" attendues, a nuancé Sophie Binet mercredi, dénonçant des "stratégies malheureusement classiques (...) pour décrédibiliser la mobilisation sociale".

En 2023, les huit principaux syndicats (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires, FSU) avaient défilé ensemble contre la réforme des retraites, du jamais vu depuis près de 15 ans, avec une très forte mobilisation à la clé (entre 800.000, selon les autorités et 2,3 millions, selon la CGT).

L'an dernier, les chiffres étaient revenus dans des fourchettes plus ordinaires: entre 121.000 personnes, selon les autorités, et 210.000, selon la CGT; et jeudi, la mobilisation devrait attirer sensiblement le même nombre de manifestants (100.000 à 150.000 de source policière).

Ce rendez-vous traditionnel se tient au moment où les syndicats craignent que le gouvernement apporte son soutien à des propositions de loi visant à autoriser certaines professions à faire travailler les salariés le 1er-Mai - seul jour férié et chômé en France -, une journée acquise "dans le sang et dans les larmes des ouvriers", rappelle Sophie Binet.

Le syndicat des "Gilets jaunes" a par ailleurs appelé ses sympathisants à mener une opération secrète sur différents points de rassemblement. "On va montrer aux partenaires du pouvoir ce qu’est un VRAI syndicat", ont-ils écrit dans un appel posté sur le réseau social X.


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir. 


« La France ne se définit ni par une race, ni par une religion », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • « La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République.
  • Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

AUBAGNE, FRANCE : lors d'une cérémonie militaire commémorant la bataille de Camerone, à Aubagne, où est basé le commandement de la Légion étrangère, Emmanuel Macron a affirmé  mercredi que « la France ne se définit ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée ».

« La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République devant plusieurs dizaines de légionnaires réunis pour commémorer la bataille de Camerone, qui s'est déroulée le 30 avril 1863 au Mexique.

« La France se définit par une volonté chaque jour recommencée d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main. Un rêve d'universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie », a poursuivi M. Macron, qui s'est déplacé à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour commémorer cet événement fondateur de la Légion étrangère, célébré chaque année par tous les régiments. 

M. Macron a prononcé ce discours après avoir reçu mardi des représentants d'institutions musulmanes qui ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant » et demandé au président de la République des « actes concrets » pour protéger les musulmans, après le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard.

À Aubagne, le président a passé en revue les troupes de la Légion étrangère, la force combattante de l'armée de terre qui compte plus de 9 500 hommes.

Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

L'hymne national a été joué et deux avions Rafale ont survolé la cérémonie à laquelle ont assisté les élus locaux et plusieurs centaines de spectateurs.

La cérémonie de Camerone, qui est une fête de la Légion, commémore une bataille survenue à Camerone, dans l'État de Veracruz, dans l'est du Mexique, au cours de laquelle 62 légionnaires français ont résisté à 2 000 soldats mexicains lors de l'expédition française au Mexique. 

Le président Macron a décrit la bataille menée par une « poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis » qui ont « tenu une position pendant 11 heures », saluant une « histoire de courage insensé ».

Chargés de protéger le passage d'un convoi de ravitaillement pour les troupes françaises assiégeant la ville de Puebla, les légionnaires retranchés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda avaient fait le serment de se battre jusqu'à la mort.

Après une journée d'affrontement, les derniers encore en état de combattre refusèrent de se rendre et chargèrent les Mexicains à la baïonnette.