Scholz à Washington pour rassurer sur le soutien allemand en Ukraine

Le chancelier allemand Olaf Scholz assiste à la réunion hebdomadaire du cabinet du gouvernement allemand à la chancellerie de Berlin, en Allemagne, le 2 février 2022. (Photo, AFP)
Le chancelier allemand Olaf Scholz assiste à la réunion hebdomadaire du cabinet du gouvernement allemand à la chancellerie de Berlin, en Allemagne, le 2 février 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 05 février 2022

Scholz à Washington pour rassurer sur le soutien allemand en Ukraine

  • Le chancelier Olaf Scholz, suspecté d'une certaine complaisance face à Moscou, se rend lundi pour la première fois en visite à Washington
  • Le social-démocrate de 63 ans, qui a remplacé Angela Merkel il y a deux mois à la chancellerie, s'entretiendra avec le président Joe Biden, en particulier de la situation tendue en Ukraine

BERLIN : Le chancelier Olaf Scholz, suspecté d'une certaine complaisance face à Moscou, se rend lundi pour la première fois en visite à Washington, une occasion de lever les ambiguïtés sur le soutien de l'allié allemand dans la crise ukrainienne.

Le social-démocrate de 63 ans, qui a remplacé Angela Merkel il y a deux mois à la chancellerie, s'entretiendra avec le président Joe Biden, en particulier de la situation tendue en Ukraine.

Pour le Spiegel, le chef de l'exécutif allemand doit se préparer à un rappel à l'ordre.

"On peut s'attendre avec certitude à ce que Joe Biden exhorte le chancelier allemand à se montrer plus ferme face à Moscou. Il va de nouveau lui faire comprendre que le gazoduc Nordstream 2 est mort si Poutine attaque l'Ukraine", estime l'hebdomadaire.

Moscou a massé des dizaines de milliers de soldats depuis des mois aux frontières de ce pays, ce qui pour les Occidentaux constitue le signe d'une opération militaire d'envergure à venir. La Russie s'en défend.

«Les Allemands ont perdu la tête»

Or Olaf Scholz a semé le trouble ces dernières semaines en refusant de livrer des armes à l'Ukraine et en entretenant le suspense sur le sort du gazoduc controversé, avant d'accepter de l'inclure dans la liste d'éventuelles représailles en cas d'attaque russe.

L'Allemagne a longtemps été le principal promoteur de Nord Stream 2 qui augmente la capacité d'importation de gaz russe et est jugé vital pour l'approvisionnement énergétique de la première économie européenne.

L'ouvrage, achevé mais pas opérationnel, a toujours ses partisans au sein du parti social-démocrate mais aussi dans l'opposition allemande, et de récentes déclarations contradictoires de Berlin sur la Russie ont été mal perçues par l'allié américain.

Elles ont provoqué à la fois "déception et dures critiques à Washington", a assuré à l'AFP Constance Stelzenmüller du groupe de réflexion Brookings Institution.

"Aux Etats-Unis l'impression qui en a en partie résulté est que les Allemands ont perdu la tête", a renchéri la présidente du groupe parlementaire de la Défense, la libérale Marie-Agnes Strack-Zimmermann.

Olaf Scholz "devrait mettre les choses au point à Washington et dire que l'Allemagne est bien sûr un partenaire digne de confiance", a-t-elle ajouté.

Situation délicate

Le chancelier social-démocrate, à la tête d'une coalition compliquée avec les Verts et les Libéraux, a récemment tenté de rectifier le tir.

La Russie paiera "un prix très élevé" en cas d'agression, a-t-il répété à la télévision publique. Et il a annoncé son implication plus active dans les efforts diplomatiques pour éviter le pire en Ukraine, jusqu'ici dominés en Europe par le Français Emmanuel Macron dont le pays assure la présidence tournante de l'UE.

Après le chef de l'Etat français, M. Scholz se rendra à son tour en visite à Kiev et à Moscou à la mi-février.

La crise ukrainienne a placé l'Allemagne dans une situation délicate. Le pays se repose entièrement sur les États-Unis pour assurer sa protection militaire.

Et depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale, les liens transatlantiques demeurent un fondement de sa politique étrangère.

Johann Wadephul, expert en questions internationales au parti conservateur CDU, héritier d'un longue tradition atlantiste, assure à l'AFP avoir reçu des e-mails de Washington qui "se montrent très préoccupés par la politique étrangère allemande".

L'Allemagne entretient aussi, au delà de sa dépendance au gaz, des liens économiques étroits avec la Russie, ce qui la conduit à être plus mesurée concernant d'éventuelles sanctions envers la Russie.

"C'est légitime, car l'économie allemande en paierait le prix", souligne Mme Stelzenmüller.

Pendant ses 16 ans de règne, Angela Merkel, qui fut un temps qualifié de "leader du monde libre" pendant le mandat tumultueux de Donald Trump, s'est employée à préserver la bonne entente avec les Etats-Unis, mais n'en a pas moins défendu jusqu'au bout bec et ongles le projet Nordstream 2 et le dialogue avec Vladimir Poutine.

"Les bons amis peuvent avoir des désaccords", avait résumé Joe Biden en recevant la chancelière en juillet pour sa dernière visite à la Maison blanche.


Mamdani élu maire de New York, soirée de revers pour Trump

Le socialiste Zohran Mamdani a remporté mardi la mairie de New York au terme d'une soirée d'élections locales dans lesquelles Donald Trump a essuyé plusieurs revers, un message de défiance à un an des élections de mi-mandat. (AFP)
Le socialiste Zohran Mamdani a remporté mardi la mairie de New York au terme d'une soirée d'élections locales dans lesquelles Donald Trump a essuyé plusieurs revers, un message de défiance à un an des élections de mi-mandat. (AFP)
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  • L'élu local de 34 ans, opposant résolu au président américain, a largement devancé son principal adversaire, l'ancien gouverneur de l'Etat, le centriste Andrew Cuomo, selon les projections de plusieurs médias
  • Zohran Mamdani deviendra le 1er janvier le premier maire musulman de la plus grande ville des Etats-Unis

NEW YORK: Le socialiste Zohran Mamdani a remporté mardi la mairie de New York au terme d'une soirée d'élections locales dans lesquelles Donald Trump a essuyé plusieurs revers, un message de défiance à un an des élections de mi-mandat.

L'élu local de 34 ans, opposant résolu au président américain, a largement devancé son principal adversaire, l'ancien gouverneur de l'Etat, le centriste Andrew Cuomo, selon les projections de plusieurs médias.

Zohran Mamdani deviendra le 1er janvier le premier maire musulman de la plus grande ville des Etats-Unis.

Sa victoire a été accueillie par des cris de joie et parfois les larmes de ses partisans réunis dans une grande salle rococo des années 1920 du centre de Brooklyn.

"En cette période d'obscurité politique, New York sera la lumière", leur a lancé le jeune élu, ajoutant que la ville pouvait "montrer à une nation trahie par Donald Trump comment le vaincre".

L'ancien président démocrate Bill Clinton, dont M. Cuomo a fait partie de l'administration, a souhaité au vainqueur de "transformer l'élan de (sa) campagne" pour construire "un New York meilleur, plus juste et plus abordable".

"L'avenir s'annonce un peu meilleur", a commenté pour sa part Barack Obama, évoquant les différentes victoires démocrates de la soirée.

Participation record 

Donald Trump, qui a fait de Zohran Mamdani l'une de ses nouvelles bêtes noires, a lui aussi rapidement réagi. Dans un message publié sur son réseau Truth Social, il a cité des "sondeurs" anonymes affirmant que les défaites républicaines étaient dues à la paralysie budgétaire -- le  "shutdown" -- et au fait que son propre nom ne figurait pas sur les bulletins de vote.

Plus tôt dans la journée, il avait appelé les électeurs juifs à faire barrage au candidat, militant de la cause palestinienne. En réponse, Zohran Mamdani s'est de nouveau engagé, dans son discours de victoire, à "bâtir une mairie qui (...) ne faiblira pas dans la lutte contre le fléau de l'antisémitisme".

Vainqueur surprise de la primaire démocrate en juin, l'élu du Queens à l'Assemblée de l'Etat de New York n'a jamais, depuis lors, quitté la tête des sondages, même après le retrait de la course du maire sortant Eric Adams, qui a également appelé à le battre en ralliant Andrew Cuomo.

Signe de l'engouement pour le scrutin, avant la fermeture des bureaux de vote à 21H00, plus de deux millions d'électeurs s'étaient rendus aux urnes, la plus importante participation depuis près de 60 ans.

Né en Ouganda dans une famille d'intellectuels d'origine indienne, arrivé aux Etats-Unis à sept ans et naturalisé en 2018, Zohran Mamdani a fait de la lutte contre la vie chère le coeur de sa campagne.

Si Donald Trump l'a qualifié de "communiste", ses propositions -- encadrement des loyers, bus et crèches gratuits -- relèvent plutôt de la social-démocratie.

Autres victoires démocrates 

Très populaire auprès des jeunes, le futur maire a également ramené à lui de nombreuses personnes qui s'étaient éloignées de la politique, "des électeurs frustrés par le status quo, en quête de nouvelles personnalités", selon le politologue Costas Panagopoulos.

"Si Zohran Mamdani devient maire, Trump n'en fera qu'une bouchée", a prédit Andrew Cuomo avant le verdict mardi, insistant, comme il l'a fait durant toute la campagne, sur l'inexpérience de son adversaire.

Plusieurs fois, le président républicain a promis de mettre des bâtons dans les roues du jeune candidat démocrate s'il était élu, en s'opposant au besoin au versement de certaines subventions fédérales à la ville.

Voisin de New York, l'Etat du New Jersey a choisi la démocrate Mikie Sherrill contre l'homme d'affaires républicain Jack Ciattarelli. L'Etat a longtemps été considéré comme un bastion démocrate. Mais à la dernière présidentielle, Donald Trump y avait considérablement réduit l'écart.

Plus au sud sur la côte est, la Virginie a élu la première femme à sa tête, la démocrate Abigail Spanberger, battant la républicaine Winsome Earle-Sears.

Enfin, les Californiens ont approuvé un texte visant à redécouper leur carte électorale en faveur des démocrates, qui cherchent à compenser ce qu'ont fait au Texas les républicains sous la pression de Donald Trump.


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.