Présidentielle: le communiste Roussel pour «la France de la feuille de paie», tacles à l'extrême droite

 Le candidat communiste à la présidentielle française Fabien Roussel, lors de son premier grand meeting national à Marseille. (Photo, AFP)
Le candidat communiste à la présidentielle française Fabien Roussel, lors de son premier grand meeting national à Marseille. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 06 février 2022

Présidentielle: le communiste Roussel pour «la France de la feuille de paie», tacles à l'extrême droite

 Le candidat communiste à la présidentielle française Fabien Roussel, lors de son premier grand meeting national à Marseille. (Photo, AFP)
  • Devant les militants et des soutiens d'Arnaud Montebourg qui l'ont rejoint, M. Roussel a souligné qu'il y avait « du souffle dans cette campagne, ça bouge »
  • Il a répété ses propositions pour un Smic à 1.500 euros nets, la création de 500.000 emplois en plus dans les services publics, la mise en place d'un revenu étudiant à partir de 850 euros

PARIS: Le candidat communiste à la présidentielle Fabien Roussel a défendu dimanche à Marseille "la France du salaire et de la feuille de paie", à rebours des "marchands de déprime" et "colporteurs de haine", au lendemain de deux meetings en forme de démonstration de force à l'extrême droite. 

Devant 3 500 à 4 000 personnes conquises, le candidat PCF a décliné au Parc Chanot son programme pour "la France des jours heureux", avec pour priorité le Smic à 1 500 euros nets.  

"Je refuse que des millions d'entre nous vivent aussi mal à côté de tant d'argent et de richesse" et "nous rétablirons la justice fiscale", a-t-il lancé pour ce premier grand meeting national, entre Marseillaise et Internationale. 

"Ouvrons un espoir nouveau à gauche pour lui redonner de la force", a-t-il aussi plaidé à l'heure de la désunion. Selon celui qui compte profiter d'une certaine dynamique autour de sa candidature, alimentée par son franc-parler, "on peut le bousculer le scénario" qui semble écrit de la présidentielle d'avril.  

Il récolte actuellement 3 à 4% des intentions de vote, au coude à coude avec la socialiste Anne Hidalgo. 

Fabien Roussel se trouvait dans une ville ravie par la gauche en 2020, et territoire d'élection de Jean-Luc Mélenchon, que le PCF soutenait en 2017. Le leader de LFI est toujours en tête à gauche selon les sondages, et la primaire populaire de dimanche dernier, d'où Christiane Taubira est ressortie vainqueur, n'a pas fait bouger les lignes.  

Mme Taubira, créditée de 4 à 6%, assure au JDD qu'elle "ne se résigne pas" à la désunion à gauche et qu'elle ira "jusqu'au bout".    

Le candidat EELV Yannick Jadot, qui talonne Jean-Luc Mélenchon, croit lui en la perspective d'une "victoire d'une écologie sociale et républicaine" à la présidentielle, en raison du "seuil d'accès au second tour" qui "va être très faible". 

Il a dénoncé à l'extrême droite "une sorte de concours Lépine du racisme, de l'antisémitisme", et cela "ne peut pas être notre récit national", a-t-il jugé au lendemain de deux meetings des candidats RN et Reconquête!, respectivement à Reims et Lille. 

« aseptie verbale » 

Contesté par des centaines de manifestants antiracistes et "antifas", Eric Zemmour y a critiqué "l'assistanat" qui selon lui favorise l'immigration, devant 6 000 partisans chauffés à blanc.  

Lors de sa convention devant 4 000 militants, Marine Le Pen a surtout pris pour cible Emmanuel Macron, responsable selon elle de la "régression" d'une France "polytraumatisée" et "ensauvagée". 

Selon le maire de Béziers Robert Ménard, soutien de Mme Le Pen et ami de M. Zemmour, "sur le constat de l'un et de l'autre, ils étaient à dire à peu près les mêmes choses". 

Mais l'ex-polémiste "continue à être brutal, dur, cassant, il a tort de faire ça, ça divise la France", a-t-il pointé sur Cnews-Europe 1. 

Gilbert Collard, récent transfuge du RN vers Eric Zemmour, a lui relevé "l'intelligence, la construction intellectuelle" de son candidat en meeting. Mais "il est clair qu'au second tour il va falloir qu'on se réconcilie", avec une dose d'"aseptie verbale", a-t-il souligné. 

Les deux prétendants d'extrême droite sont donnés à égalité dans un sondage Ipsos Sopra-Steria à 14% au premier tour, derrière Valérie Pécresse (16,5%) et Emmanuel Macron (24%). 

Une courte majorité (51%) juge que la candidature du chef de l'Etat ne fait aucun doute et qu'il devrait se déclarer dès maintenant, par souci d'équité avec les autres candidats.   

Mais l'agenda d'Emmanuel Macron n'y est guère favorable: il est attendu lundi en Russie pour rencontrer Vladimir Poutine et mardi à Kiev pour échanger avec son homologue ukrainien, dans une tentative pour empêcher un conflit armé. 

"La semaine prochaine, le président de la République est pleinement président", a défendu la députée LREM Aurore Bergé à Franceinfo. 

Son camp continue de se préparer néanmoins: après quelques bisbilles entre ténors, c'est l'heure du rassemblement dimanche. La "maison commune" de la majorité organisait un grand atelier à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), intitulé "Ecrivons demain avec vous". Stanislas Guerini (LREM), François Bayrou (MoDem), Edouard Philippe (Horizons) et Richard Ferrand (coprésident d'Ensemble citoyens) échangeront avec experts, représentants syndicaux ou de la société civile "autour des enjeux de la France de demain". 


Accord EU-USA: Bayrou juge que la France a été "un peu seule"

Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis
  • Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire"

PARIS: Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis, en marge d'un déplacement dans les locaux de Tracfin, organisme de lutte contre la criminalité financière, à Montreuil (93).

Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire", et qu'il fallait "un processus encore pas totalement élucidé de ratification" de cet accord.

"Il y a à vérifier quelle est la portée exacte de ces accords, et les Etats auront d'une manière ou d'une autre leur mot à dire", a-t-il ajouté.

"Je sais que toutes les autorités françaises, et en particulier le président de la République (Emmanuel Macron), ont été ceux qui se sont battus le plus contre des concessions qu'on considérait comme excessives", a-t-il affirmé avant de s'interroger: "Est-ce que nous avons été un peu seuls? Oui".

"Est-ce qu'on a le sentiment qu'à l'intérieur de l'Union européenne, des forces politiques et économiques étaient plutôt sur une ligne de trouver des accommodements? Oui", a-t-il ajouté, en estimant que de son point de vue, "la voie pour l'Europe est une voie d'affirmation et de résistance quand il faut et de fierté le plus souvent possible".

La classe politique française a été unanime à dénoncer l'accord conclu entre le président américain, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui prévoit notamment une hausse de 15% des droits de douane sur les exportations européennes.

Le président Emmanuel Macron a déploré mercredi en Conseil des ministres que l'Union européenne n'ait pas été assez "crainte" dans ses négociations commerciales avec les Etats-Unis, affirmant que la France continuerait de faire montre "d'exigence et de fermeté" dans la suite des discussions.


Lille: enquête ouverte après les propos sur internet d'une étudiante gazaouie

L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
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  • Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie

LILLE: Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie, dont Sciences Po Lille a annulé l'inscription mercredi.

"Une enquête a été ouverte pour apologie du terrorisme, apologie de crime contre l'humanité avec utilisation d'un service de communication au public en ligne", a écrit la procureure de la République de Lille, Carole Etienne, à l'AFP.

Des captures d'écran circulant sur les réseaux sociaux montrent qu'un compte, attribué à cette étudiante par des internautes et fermé depuis, a repartagé des messages appelant à tuer des juifs.

Elle a été désinscrite de l'Institut d'études politiques de Lille, où elle devait étudier à partir de septembre, en raison du contenu de certaines de ses publications qui "entre en contradiction frontale avec les valeurs portées par Sciences Po Lille", a indiqué l'établissement mercredi.

"Pourquoi on est passé à travers? Il y a quand même une question, il faut y répondre", a reconnu jeudi sur RMC François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l'Intérieur.

"Il y aura des poursuites qui seront engagées et sur la base de ces éléments-là, elle est susceptible d'être renvoyée dans son pays, bien évidemment", a-t-il ajouté.

"Administrativement, semble-t-il, je suis très prudent, il n'y avait pas de difficulté particulière, sauf que sur les réseaux sociaux, voilà, on s'en est rendu compte", a-t-il ajouté, précisant que "les services des titres de séjour relèvent du ministère des Affaires étrangères".

Sollicité par l'AFP, Sciences Po Lille a expliqué avoir "accueilli cette étudiante sur proposition du consulat général de France à Jérusalem".

L'incident a fait largement réagir dans la classe politique, jusqu'au gouvernement.

"Une étudiante gazaouie tenant des propos antisémites n'a rien à faire en France", a réagi sur X le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Il a indiqué avoir "demandé à ce qu'une enquête interne soit diligentée pour que cela ne puisse en aucun cas se reproduire".

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a souligné sur le même réseau social avoir "demandé de faire fermer ce compte haineux", et a martelé que "les propagandistes du Hamas n'ont rien à faire dans notre pays".


Restitutions coloniales: le gouvernement français annonce un projet de loi

La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
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  • Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation
  • Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises

PARIS: Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation.

S'appliquant en priorité aux pays africains mais de "portée géographique universelle", ce texte vise à accélérer le retour dans leur pays d'origine de biens culturels appartenant aux collections nationales françaises.

Ils doivent revenir à des "Etats qui, du fait d'une appropriation illicite, en ont été privés" entre 1815 et 1972, selon le ministère français de la Culture.

Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises. Les oeuvres à restituer devront avoir été acquises "dans une situation de vol, de pillage, de cession ou de libéralité obtenue par contrainte ou violence ou d'une personne qui ne pouvait en disposer", a précisé le ministère.

La décision de sortie des collections pour opérer cette restitution ne passera plus par un processus législatif au cas par cas mais pourra intervenir sur seul décret du Conseil d'Etat et après avis, le cas échéant, d'une commission scientifique bilatérale.

Cette commission devra en effet documenter et déterminer, si besoin, le caractère illicite de l'appropriation des oeuvres réclamées à travers un travail qui associerait des experts et historiens français et l'Etat demandeur, selon le ministère.

Concernant la période historique retenue, 1815 correspond à la date d'un règlement des conquêtes napoléoniennes qui est dû à un premier mouvement de restitution d'œuvres à l'échelle européenne. 1972 est celle de l'entrée en application de la convention internationale de l'Unesco protégeant les biens culturels contre le trafic illicite.