A Paris, les difficultés de Vélib' de retour au premier plan

Le 20 mai 2020, un homme conduit un Velib' sous la verrière ondulante du centre commercial Forum de Halles, dans le centre de Paris ( AFP )
Le 20 mai 2020, un homme conduit un Velib' sous la verrière ondulante du centre commercial Forum de Halles, dans le centre de Paris ( AFP )
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Publié le Mardi 08 février 2022

A Paris, les difficultés de Vélib' de retour au premier plan

  • Quatre ans après le fiasco du changement d'opérateur de Vélib', le vélo en libre-service parisien est toujours très loin d'apporter satisfaction et le ton monte entre les élus et le prestataire
  • Dans le rapport du dernier comité des usagers les critiques ne concernent pas seulement la maintenance, mais aussi la prise en charge des réclamations, jugée insuffisante

PARIS: Vélos inutilisables ou défectueux, assistance électrique en panne, stations vides... Quatre ans après le fiasco du changement d'opérateur de Vélib', le vélo en libre-service parisien est toujours très loin d'apporter satisfaction et le ton monte entre les élus et le prestataire Smovengo.

"Cela fait 20 minutes que je cherche un vélo dans la zone Daumesnil. Ici, en apparence, 43 spots, 25 vélos dispos. Pas un seul vélo mécanique qui fonctionne!" Ce message, qu'une utilisatrice en colère a publié en décembre sur Twitter, n'étonnera pas les quelque 360.000 abonnés, habitués à devoir s'armer de patience pour décrocher un Vélib' en bon état dans l'une des 1.400 stations situées à Paris et 60 communes de petite couronne.

Vélos bloqués en station, pédale se décrochant en pleine course, assistance électrique défectueuse: dans le rapport du dernier comité des usagers, tenu le 12 janvier, les critiques sont nombreuses et ne concernent pas seulement la maintenance, mais aussi la prise en charge des réclamations, jugée insuffisante.

Préoccupation persistante

De quoi déclencher une salve inattendue des élus du syndicat mixte Autolib' Vélib' Métropole (SAVM) qui ont, le 25 janvier, fait savoir par communiqué "leur préoccupation persistante" vis-à-vis de Vélib'. "Le nombre de vélos, la régulation et la disponibilité effective du service sont en-deçà du niveau attendu pour le premier service public de vélos partagés en stations du monde", écrivent-ils.

En 2017, le groupement d'entreprises Smovengo avait remporté au nez et à la barbe de JCDecaux, l'opérateur historique, ce marché à 478 millions d'euros et pour une durée de 15 ans. Mais l'installation et le raccordement des nouvelles stations avait viré au cauchemar et Vélib' 2 avait mis des mois à se déployer correctement, fragilisant la maire PS de Paris Anne Hidalgo.

Quatre ans plus tard, "le service n'est ni optimal, ni satisfaisant, mais il est délivré" et "s'est quand même amélioré sur certains points", commente auprès de l'AFP David Belliard, l'adjoint (EELV) aux mobilités.

Le président du SAVM Sylvain Raifaud, un autre élu écologiste, doit lui aussi jouer l'équilibriste avec Smovengo, auquel il a en 2021 accordé une rallonge, principalement financée par une augmentation des tarifs des abonnements. Alors estimée à 4 millions d'euros par an sur 3 ans, elle est aujourd'hui contestée par Smovengo qui évoque 1,1 million pour l'année écoulée.

"La part de stations non vides comprenant au moins un vélo en état de fonctionnement dépasse 50% en 2021 alors qu'elle devrait être de l'ordre de 98%", dit M. Raifaud en rapportant à l'AFP la "procédure contradictoire" en cours. Et sans nier les informations du Canard enchaîné faisant état de 9,7 millions d'euros de pénalités dont serait redevable Smovengo pour "non-respect des critères de qualité" en 2021.

«Convalescent»

Soulignant la sur-utilisation des vélos, en particulier électriques, le président de Smovengo a répliqué dans une lettre aux élus au ton offensif. "Vélib' reste convalescent", prévient Stéphane Volant pour qui la somme des pénalités "dépasserait le montant que Smovengo investira cette année dans le renouvellement de sa flotte de vélos" et aurait donc un effet "destructeur".

"La thérapie évoquée achèverait à coup sûr le malade, alors que les efforts que Smovengo consent à vos côtés sont très loin d'être négligeables", insiste le patron de Smovengo qui dit avoir investi près de 14 millions d'euros en 2021 et annonce toute une série de mesures pour 2022: 4.000 nouveaux vélos électriques, livrés entre le printemps et l'été; plan de 2,7 millions sur la maintenance et la régulation, avec l'embauche de 35 techniciens supplémentaires; remplacement des pneus; traitement plus rapide des signalements...

"Si Vélib' était si nul, les clients déserteraient nos vélos pour en emprunter d'autres, ou des trottinettes ou des scooters", se défend encore M. Volant pour qui environ 17.000 sur les 20.000 vélos présents sur le terrain sont "disponibles à la location".

Des arguments suffisants pour éloigner la menace d'une dénonciation de contrat, brandie par l'opposant Nicolas Jeanneté (Les Centristes). Cette dernière option n'est "aujourd'hui pas à l'ordre du jour", répond M. Belliard pour l'exécutif.


Commerce: Macron dit préférer une politique "coopérative" avec la Chine aux droits de douane

Le président français Emmanuel Macron attend avant d'accueillir le président roumain à l'Élysée, à Paris, le 9 décembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron attend avant d'accueillir le président roumain à l'Élysée, à Paris, le 9 décembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron privilégie une approche coopérative avec la Chine pour corriger des déséquilibres commerciaux « non viables », tout en gardant l’option de droits de douane si Pékin ne réagit pas
  • Il appelle l’UE à renforcer sa compétitivité, à mieux mobiliser son épargne et à promouvoir l’euro

PARIS: Emmanuel Macron, qui avait menacé d'imposer à la Chine des droits de douane européens dans les "prochains mois", appelle dans une tribune publiée mardi dans le Financial Times à privilégier une approche "coopérative" avec Pékin pour résorber les déséquilibres commerciaux qui ne sont "plus viables".

"Imposer des droits de douane et des quotas sur les importations chinoises serait une réponse non coopérative", dit le président français dans le quotidien des affaires britannique.

"Nous devons reconnaître que ces déséquilibres sont à la fois le résultat d'une faible productivité européenne et de la politique chinoise d'une croissance tirée par les exportations. Poursuivre dans cette voie risque d'entraîner un conflit commercial grave, mais la Chine et l'UE ont toutes deux les moyens de corriger ces déséquilibres", plaide-t-il.

Au retour de son déplacement en Chine début décembre, Emmanuel Macron avait affirmé avoir prévenu les dirigeants chinois que "s'ils ne réagissaient pas" pour réduire leur excédent commercial qui ne cesse d'augmenter avec l'Union européenne, les Européens seraient "contraints, dans les tout prochains mois, de prendre des mesures fortes" comme "par exemple des droits de douane sur les produits chinois".

"Je préfère de loin la coopération, mais je plaiderai en faveur de cette dernière solution si nécessaire", explique-t-il dans le Financial Times, tout en se montrant plus conciliant.

"Je suis toutefois convaincu qu'en tenant véritablement compte des besoins et des intérêts de chacun, nous pouvons établir un agenda macroéconomique international qui profitera à tous", ajoute-t-il en effet, rappelant que "la résolution des déséquilibres mondiaux sera au cœur de l'agenda de la présidence française du G7" en 2026.

Pour montrer que l'Europe est prête à faire sa part dans cette approche "coopérative", le président français prône "un nouveau programme économique fondé sur la compétitivité, l'innovation et la protection" au niveau des Vingt-Sept.

"Afin de financer les investissements dont nous avons besoin, l'Europe doit tirer parti de son pool d'épargne d'environ 30.000 milliards d'euros", en en dirigeant une plus grande partie vers les entreprises européennes, estime-t-il.

"L'Europe devrait également chercher à renforcer le rôle international de l'euro à travers le développement de stablecoins en euros et l'introduction d'un euro numérique", ajoute-t-il parmi les mesures proposées.

Emmanuel Macron entend porter ces positions aussi lors du prochain Conseil européen, jeudi à Bruxelles.


Dermatose: Lecornu demande «une accélération de la stratégie vaccinale», va recevoir les syndicats

Sébastien Lecornu a demandé mardi une "accélération de la stratégie vaccinale" contre la dermatose nodulaire contagieuse qui touche les élevages, et recevra "dans la semaine" les syndicats agricoles dont certains contestent la gestion par le gouvernement de cette épizootie, a annoncé son entourage à l'issue d'une réunion sur le sujet. (AFP)
Sébastien Lecornu a demandé mardi une "accélération de la stratégie vaccinale" contre la dermatose nodulaire contagieuse qui touche les élevages, et recevra "dans la semaine" les syndicats agricoles dont certains contestent la gestion par le gouvernement de cette épizootie, a annoncé son entourage à l'issue d'une réunion sur le sujet. (AFP)
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  • Le Premier ministre tiendra une deuxième réunion à ce sujet à 17H30 avec les mêmes ministres et des préfets en visioconférence
  • Il a demandé à son gouvernement "une clarification et une accélération de la stratégie vaccinale qui doit davantage tenir compte de la réalité de chaque département" pour "protéger nos éleveurs et l'élevage français"

PARIS: Sébastien Lecornu a demandé mardi une "accélération de la stratégie vaccinale" contre la dermatose nodulaire contagieuse qui touche les élevages, et recevra "dans la semaine" les syndicats agricoles dont certains contestent la gestion par le gouvernement de cette épizootie, a annoncé son entourage à l'issue d'une réunion sur le sujet.

Le Premier ministre tiendra une deuxième réunion à ce sujet à 17H30 avec les mêmes ministres et des préfets en visioconférence. Il a demandé à son gouvernement "une clarification et une accélération de la stratégie vaccinale qui doit davantage tenir compte de la réalité de chaque département" pour "protéger nos éleveurs et l'élevage français", appelant à "garantir" une "disponibilité des doses" de vaccins "plus forte".

Il a également demandé un "état des lieux des contrôles sur les transports interdits d'animaux", "un plan d’accompagnement pour les petits élevages" ainsi qu'"un plan de repeuplement adapté à l’Occitanie".


Ultime vote sur le budget de la Sécurité sociale à l'Assemblée

Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (au centre) s'exprime lors d'une déclaration gouvernementale sur la stratégie de défense nationale à l'Assemblée nationale, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (au centre) s'exprime lors d'une déclaration gouvernementale sur la stratégie de défense nationale à l'Assemblée nationale, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
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  • L’Assemblée devrait adopter définitivement le budget de la Sécurité sociale 2026, fruit de compromis, malgré une majorité introuvable et sans 49.3
  • Le budget de l’État reste très incertain : déficit visé à 5% du PIB, fortes divergences sur les recettes, CMP à haut risque

PARIS: Sauf surprise, l'Assemblée nationale devrait définitivement adopter mardi le budget de la Sécurité sociale pour 2026, un succès arraché à force de concessions par Sébastien Lecornu, qui risque toutefois de ne pas réussir le même pari pour le budget de l'Etat, à l'issue bien plus incertaine.

Alors qu'approche la date butoir du 31 décembre, l'heure est aux dernières tractations pour les parlementaires, au terme de longues semaines de débats. Tous les yeux sont désormais braqués sur le projet de loi de finances (PLF), avec des négociations décisives jusqu'au week-end.

Il y a une semaine pourtant, beaucoup doutaient d'une possible adoption du premier des deux textes budgétaires, la loi de financement de la Sécurité sociale, qui doit notamment acter la suspension de la réforme des retraites.

Pour le PS, qui a érigé cette mesure en condition de sa non-censure, l'étape doit marquer le succès de sa stratégie de négociation avec l'exécutif, à rebours du reste de la gauche. Et pour le Premier ministre, elle couronnerait au moins temporairement sa méthode du compromis.

Après un dernier passage express au Sénat vendredi, le texte revient mardi dans l'hémicycle, où les députés devront renouveler le scrutin serré de la semaine dernière (247 voix contre 234), à haut risque en l'absence de majorité et de 49.3.

Les socialistes, quoique dans l'opposition, avaient consenti à massivement voter pour. Hésitant jusqu'au dernier moment à voter contre, les Ecologistes s'étaient en majorité abstenus. Et malgré les consignes d'abstention de leur parti, 18 députés LR et 9 Horizons l'avaient soutenu.

Au gouvernement, une issue semblable est attendue mardi, même s'il "faut veiller à ce qu'il n'y ait pas de démobilisation" dans l'hémicycle, concède un ministre.

Les syndicats FO et CGT ont appelé à des rassemblements devant l'Assemblée, critiquant notamment la limitation de la durée des arrêts maladie, ou une taxe sur les mutuelles dont ils craignent la répercussion sur les cotisations.

Le texte prévoit par ailleurs la création d'un nouveau congé de naissance, ou d'un "réseau France santé" voulu par M. Lecornu pour l'accès aux soins.

Le gouvernement a vu sa copie profondément remaniée par les députés, qui ont supprimé le gel des pensions de retraite et minima sociaux, et contraint l'exécutif à renoncer à doubler les franchises médicales.

Le déficit anticipé pour la Sécurité sociale est de 19,4 milliards d'euros en 2026 (contre 23 milliards en 2025). Mais au prix de transferts de 4,5 milliards d'euros des caisses de l'Etat vers celles de la Sécu.

- Négociations députés-sénateurs -

Des transferts qui contribuent à compliquer l'équation pour le budget de l'Etat, où ils doivent être compensés.

La copie du budget de l'Etat adoptée lundi au Sénat, qui a peiné à trouver des économies significatives dans les dépenses, porterait le déficit à 5,3% du PIB. Or le gouvernement a placé l'objectif à 5%.

Une commission mixte paritaire (CMP) réunissant sept députés et sept sénateurs doit tenter de trouver un accord vendredi et possiblement samedi, une opération périlleuse au vu des divergences entre les deux chambres.

L'Assemblée avait massivement rejeté le texte en première lecture.

Les négociations avant et pendant la CMP porteront notamment sur la question des recettes, alors que les socialistes réclament des mesures de justice fiscale, quand la droite se montre intransigeante dans son refus de nouveaux prélèvements.

"Il ne pourra pas y avoir d'accord sur un budget qui augmenterait considérablement les impôts et ne réduirait pas significativement la dette", insiste le chef des Républicains Bruno Retailleau.

Même si l'ancien socle commun, majoritaire au sein de la CMP, trouve un accord, il faudra encore qu'il puisse être adopté la semaine prochaine à l'Assemblée.

Et ce alors que les socialistes promettent cette fois de s'abstenir au mieux, et les Écologistes de voter contre.

Autres possibilités: utiliser le 49.3 en s'assurant d'une non-censure dans la foulée -- comme le plaident l'ancienne Première ministre Élisabeth Borne ou l'ex-président François Hollande -- ou se résoudre à une loi spéciale, avec une reprise des négociations en janvier.

Une dernière option loin de remporter l'enthousiasme général.

"Il faut que ça s'arrête cette séquence budgétaire", estime un cadre socialiste. "On connaît toutes les données du problème. Si le compromis est possible, alors il faut qu'il ait lieu maintenant."