« The Power of the Dog » en tête de la course aux Oscars avec 12 nominations

 Sur cette photo d'archive prise le 2 septembre 2021, la réalisatrice néo-zélandaise Jane Campion, l'acteur britannique Benedict Cumberbatch et l'actrice américaine Kirsten Dunst arrivent pour la projection du film "The Power of the Dog".(AFP)
Sur cette photo d'archive prise le 2 septembre 2021, la réalisatrice néo-zélandaise Jane Campion, l'acteur britannique Benedict Cumberbatch et l'actrice américaine Kirsten Dunst arrivent pour la projection du film "The Power of the Dog".(AFP)
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Publié le Mercredi 09 février 2022

« The Power of the Dog » en tête de la course aux Oscars avec 12 nominations

  • «The Power of the Dog», produit par Netflix a récolté au total 12 nominations, notamment dans les catégories du meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur et meilleurs seconds rôles féminin et masculin
  • Des superproductions comme «Spider-Man: No Way Home» et le dernier James Bond ont en revanche échoué à s'y faire une place

LOAS ANGELES: "The Power of the Dog", western sombre et psychologique de Jane Campion, est parti mardi en tête de la course aux Oscars, très ouverte et diversifiée après une année de disette liée à la pandémie.


Le film produit par Netflix a récolté au total douze nominations, notamment dans les catégories du meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur (Benedict Cumberbatch en cow-boy tourmenté) et meilleurs seconds rôles féminin (Kirsten Dunst) et masculin, où il parvient à aligner deux candidats sur cinq au total (Jesse Plemons et Kodi Smit-McPhee).


Encore plus remarquable, sa réalisatrice, la Néo-Zélandaise Jane Campion, entre dans l'histoire en tant que première femme à décrocher deux nominations pour l'Oscar du meilleur réalisateur, 28 ans après "La Leçon de piano".


"The Power of the Dog" est suivi de près par le space opera à gros budget "Dune" (dix nominations) de Denis Villeneuve, snobé cette année en tant que réalisateur par l'Académie des arts et sciences du cinéma qui décerne les Oscars. Cette adaptation du roman de science-fiction de Frank Herbert a fait un tabac dans les catégories techniques mais sa vedette, Timothée Chalamet, n'a pas été retenue.


Kenneth Branagh fait partie des cinq candidats en lice dans la catégorie du meilleur réalisateur grâce à son film "Belfast", plongée en noir et blanc dans son enfance au cœur des violences nord-irlandaises de la fin des années 1960. Avec sept nominations, "Belfast" est à égalité avec le remake du film musical "West Side Story" par le maître Steven Spielberg, lui aussi sélectionné par le jury.


"Quel chemin parcouru depuis les rues de Belfast jusqu'à l'Académie des Oscars. Aujourd'hui, je pense à ma mère et à mon père, et à mes grands-parents, à quel point ils étaient fiers d'être irlandais", a réagi Kenneth Branagh.


Malgré l'accueil mitigé reçu par son remake, "West Side Story" s'est frayé un chemin parmi les dix films candidats à l'Oscar du meilleur long-métrage, récompense suprême d'Hollywood, avec aussi une nomination pour Ariana DeBose pour le second rôle féminin.


Les deux derniers candidats à l'Oscar du meilleur réalisateur sont Paul Thomas Anderson, pour "Licorice Pizza", et le Japonais Ryusuke Hamaguchi pour "Drive My Car" qui, bien que sous-titré, est également présent dans la catégorie du meilleur long-métrage.


Des superproductions comme "Spider-Man: No Way Home" et le dernier James Bond ont en revanche échoué à s'y faire une place. Le super-héros rouge et bleu doit se contenter d'une maigre nomination pour les effets spéciaux tandis que "Mourir peut attendre" repart avec trois nominations techniques.


Pour promouvoir la diversité, l'Académie des Oscars avait pourtant cette année fixé à dix le nombre de films en lice pour le meilleur long-métrage. 

Les nominations pour les Oscars dans les principales catégories

Voici les nominations pour la 94e cérémonie des Oscars, dont les prix seront remis le 27 mars à Hollywood. 

Western sombre et psychologique, le film "The Power of the Dog" de Jane Campion avec en vedette Benedict Cumberbatch part en tête de la course avec 12 nominations. Il est suivi par "Dune" (dix nominations), "Belfast" et "West Side Story" (sept nominations chacun).

Meilleur film 

"Belfast"

"CODA"

"Don't Look Up: Déni cosmique"

"Drive My Car"

"Dune"

"La Méthode Williams"

"Licorice Pizza"

"Nightmare Alley"

"The Power of the Dog"

"West Side Story"

Meilleur réalisateur 

Kenneth Branagh, "Belfast"

Ryusuke Hamaguchi, "Drive My Car"

Paul Thomas Anderson, "Licorice Pizza"

Jane Campion, "The Power of the Dog"

Steven Spielberg, "West Side Story"

Meilleur acteur 

Javier Bardem, "Being the Ricardos"

Benedict Cumberbatch, "The Power of the Dog"

Andrew Garfield, "tick, tick...BOOM!"

Will Smith, "La Méthode Williams"

Denzel Washington, "The Tragedy of Macbeth"

Meilleure actrice 

Jessica Chastain, "Dans les yeux de Tammy Faye"

Olivia Colman, "The Lost Daughter"

Penelope Cruz, "Madres Paralelas"

Nicole Kidman, "Being the Ricardos"

Kristen Stewart, "Spencer"

Meilleur acteur dans un second rôle 

Ciaran Hinds, "Belfast"

Troy Kotsur, "CODA"

Jesse Plemons, "The Power of the Dog"

JK Simmons, "Being the Ricardos"

Kodi Smit-McPhee, "The Power of the Dog"

Meilleure actrice dans un second rôle 

Jessie Buckley, "The Lost Daughter"

Ariana DeBose, "West Side Story"

Judi Dench, "Belfast"

Kirsten Dunst, "The Power of the Dog"

Aunjanue Ellis, "La Méthode Williams"

Meilleur film international 

"Drive My Car" (Japon)

"Flee" (Danemark)

"La Main de Dieu" (Italie)

"L'école du bout du monde" (Bhoutan)

"Julie (en 12 chapitres)" (Norvège)

Meilleur film d'animation 

"Encanto: la fantastique famille Madrigal"

"Flee" 

"Luca"

"Les Mitchell contre les machines"

"Raya et le Dernier Dragon"

Meilleur documentaire 

"Ascension"

"Attica"

"Flee"

"Summer of Soul"

"Writing with Fire"

Meilleur scénario original 

"Belfast"

"Don't Look Up: Déni cosmique"

"La Méthode Williams"

"Licorice Pizza"

"Julie (en 12 chapitres)"

Meilleur scénario adapté 

"CODA"

"Drive My Car"

"Dune"

"The Lost Daughter"

"The Power of the Dog"

Films avec six nominations et plus 

"The Power of the Dog" - 12 

"Dune" - 10

"Belfast" - 7 

"West Side Story" - 7

"La Méthode Williams" - 6

Will Smith élu, Lady Gaga déçue 
Sans grande surprise, le toujours très populaire Will Smith a été sélectionné pour son rôle dans "La Méthode Williams", où il incarne le père entraîneur des championnes Venus et Serena Williams. "De Compton (ville proche de Los Angeles et défavorisée) à Wimbledon et aux Oscars. Tout le monde peut rêver. Et votre rêve peut devenir réalité", a écrit cette dernière sur son compte Instagram, affirmant qu'elle avait pleuré à l'annonce des six nominations du film. 


Will Smith trouvera face à lui Benedict Cumberbatch, Denzel Washington ("The Tragedy of Macbeth"), Andrew Garfield (le film musical "Tick, Tick... Boom!") et Javier Bardem ("Being the Ricardos").


Déception chez les actrices pour Lady Gaga dont le film "House of Gucci" n'a qu'une nomination, pour le maquillage.


Les heureuses élues sont Jessica Chastain ("Dans les yeux de Tammy Faye"), Olivia Colman ("The Lost Daughter"), Kristen Stewart ("Spencer"), Penelope Cruz ("Madres Paralelas") et Nicole Kidman ("Being the Ricardos").


Avec la reprise des tournages et la réouverture des cinémas aux Etats-Unis après les restrictions sanitaires, les candidats de poids se bousculaient cette année pour la 94e édition des Oscars.


"L'an dernier, on a eu des Oscars très indépendants... Cette année, c'est le retour du grand cinéma, des grands films de studios", analysait avant les nominations un membre de l'Académie des Oscars, qui a requis l'anonymat.


"La course est très ouverte", ajoute Pete Hammond, éditorialiste du site spécialisé Deadline.


La cérémonie de remise des prix est prévue à Hollywood le 27 mars. 


Près de 9 500 membres de l'Académie qui décerne les Oscars sont appelés à voter cette année.


La bibliothèque Jadal est une oasis culturelle dans la province orientale de l'Arabie saoudite

Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
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  • Ali Al-Herz a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres, offrant aux visiteurs un espace où la mémoire, la philosophie et la culture prennent vie.
  • adal n'est pas seulement une bibliothèque, c'est bien plus que cela. C'est un musée à explorer, un espace philosophique propice à la réflexion et un rempart contre l'oubli des histoires culturelles importantes.

DHAHRAN : Dans le village tranquille d'Umm Al-Hamam, situé dans la province orientale de l'Arabie saoudite, une passion de longue date pour les livres s'est transformée en un havre culturel.

Ali Al-Herz, bibliophile et archiviste littéraire, a transformé sa maison en une bibliothèque d'exception nommée Jadal, un véritable trésor contenant plus de 37 000 livres, plus de 100 000 journaux et magazines, ainsi que des antiquités, dont certaines datent de plus d'un siècle.

Mais Jadal n'est pas seulement une bibliothèque, c'est bien plus que cela. C'est un musée à explorer, un espace philosophique propice à la réflexion et un rempart contre l'oubli des histoires culturelles importantes.

Al-Herz a déclaré à Arab News : « Depuis ma naissance, j'ai été entouré des livres de ma mère. J'ai grandi immergé dans cette passion, à tel point qu'elle m'a complètement envahi ; je suis devenu un rat de bibliothèque. »

L'étincelle qui a tout déclenché a été la rencontre d'Al-Herz avec l'épopée Sirat Antar à l'âge de 13 ans. « À partir de cette épopée, et à travers elle, j'ai commencé à explorer d'autres mondes », a-t-il déclaré. 

C'est cette curiosité et cette fascination qui ont finalement conduit Al-Herz à créer l'une des initiatives les plus originales du royaume d'Arabie saoudite.

Le nom « Jadal » signifie « débat » ou « discussion » en arabe, reflétant l'esprit curieux de la bibliothèque. Pour Al-Herz, l'objectif n'est pas seulement de préserver les textes, mais aussi l'idée de questionner et d'explorer les idées.

Al-Herz a déclaré : « J'ai choisi ce nom pour la bibliothèque, car il est profondément ancré dans l'histoire philosophique de la Grèce antique, ainsi que dans notre propre tradition culturelle arabo-islamique, en particulier dans notre héritage religieux. »

L'atmosphère philosophique imprègne les trois salles principales, nommées d'après Socrate, Platon et Aristote, qui accueillent les visiteurs dans un univers dédié à la lecture et à la réflexion. 

Des manuscrits rares, des textes anciens, des journaux et des antiquités ont été soigneusement archivés. Chaque pièce est un murmure du passé qui s'adresse à l'avenir. 

Al-Herz explique : « Même mon intérêt récent pour l'achat de livres s'est principalement orienté vers les éditions rares et les imprimés anciens, afin de créer une harmonie entre patrimoine et modernité. »

Mais Jadal ne se laisse pas envahir par la nostalgie, car Al-Herz organise toutes les deux semaines une réunion littéraire. Cet événement fait revivre une tradition qui était autrefois importante dans la vie intellectuelle des Arabes.

C'est un environnement où écrivains, universitaires et penseurs se réunissent autour d'un café arabe pour échanger des idées dans une atmosphère animée. 

À une époque où les gens recherchent des informations instantanées en ligne, Al-Herz continue d'utiliser des méthodes traditionnelles. « Il y a une lutte permanente entre deux générations », observe-t-il. « La victoire reviendra finalement à cette dernière génération, une fois que ma génération aura disparu. Les bibliothèques papier seront alors transformées en musées. »

Il a peut-être raison, mais pour l'instant, au cœur de la campagne de Qatif, la bibliothèque Jadal continue d'exister, et c'est un lieu où l'encre, la mémoire, le débat et le patrimoine continuent de façonner l'âme culturelle du Royaume. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com 


Amin Maalouf apporte un soutien inattendu aux langues régionales

Cette photographie montre la façade de l'Institut de France avant la présentation de la 9e édition du Dictionnaire de l'Académie française, qui est le dictionnaire officiel de la langue française, à Paris, le 14 novembre 2024. (Photo de Ludovic MARIN / POOL / AFP)
Cette photographie montre la façade de l'Institut de France avant la présentation de la 9e édition du Dictionnaire de l'Académie française, qui est le dictionnaire officiel de la langue française, à Paris, le 14 novembre 2024. (Photo de Ludovic MARIN / POOL / AFP)
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  • Ce dernier a écrit au Premier ministre François Bayrou et à la ministre de l'Éducation nationale, Elisabeth Borne, pour leur proposer un corpus d'œuvres en langues régionales destiné aux professeurs,
  • Le Collectif pour les littératures en langues régionales a constitué, avec l'aide de spécialistes, un recueil intitulé Florilangues, comprenant 32 textes en langue originale.

PARIS : Une initiative d'un collectif visant à enseigner le patrimoine littéraire dans les langues régionales de France a reçu lundi  un soutien inattendu : celui du secrétaire perpétuel de l'Académie française, Amin Maalouf.

M. Maalouf, écrivain franco-libanais, a été élu en 2023 à la tête d'une institution dont la mission est de veiller au rayonnement et à l'intégrité de la langue française.

Toutefois, il soutient la démarche du Collectif pour les littératures en langues régionales, qui suggère un enseignement de ce type au collège ou au lycée, a indiqué ce collectif à l'AFP.

Ce dernier a écrit au Premier ministre François Bayrou et à la ministre de l'Éducation nationale, Elisabeth Borne, pour leur proposer un corpus d'œuvres en langues régionales destiné aux professeurs, afin de sensibiliser à la « richesse de la production littéraire » dans d'autres langues que le français. 

« M. Maalouf, comme nous, est convaincu qu'il est nécessaire que les élèves français découvrent ces trésors culturels », écrit ce collectif à M. Bayrou, qui parle lui-même le béarnais.

Le Collectif pour les littératures en langues régionales a constitué, avec l'aide de spécialistes, un recueil intitulé Florilangues, comprenant 32 textes en langue originale (de l'alsacien au tahitien, en passant par le basque ou le corse), traduits en français.

On y trouve entre autres un poème en provençal de Frédéric Mistral (prix Nobel de littérature en 1904) intitulé Mirèio, une chronique en breton de Pierre-Jakez Hélias intitulée Bugale ar Republik, un court récit en créole martiniquais de Raphaël Confiant intitulé Bitako-a, ainsi qu'une chanson en picard d'Alexandre Desrousseaux intitulée Canchon dormoire (plus connue sous le nom de P'tit Quinquin).

« Il ne s'agit pas de donner des cours de langues régionales, mais de présenter des œuvres issues des littératures en langues régionales, que ce soit en français ou en version bilingue », précise le collectif.

Idéalement, selon lui, les élèves aborderaient des langues issues d'autres régions que la leur. « Pourquoi seuls les élèves antillais apprendraient-ils qu'il existe une littérature en créole ? », demande ce collectif, qui présente son initiative à la presse lors d'une visioconférence lundi après-midi. 


L'artiste saoudien Ahaad Alamoudi présente « The Social Health Club » à Bâle

L'artiste saoudien Ahaad Alamoudi présente « The Social Health Club » à Bâle. (Photo Fournie)
L'artiste saoudien Ahaad Alamoudi présente « The Social Health Club » à Bâle. (Photo Fournie)
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  • Fraîchement conçue, cette installation baignée de jaune, ancrée dans les œuvres passées de l'artiste, offre une expérience sensorielle riche et complexe ainsi qu'un commentaire culturel incisif.
  • « The Social Health Club » s'articule autour d'objets trouvés au marché Haraj de Djeddah en 2018.

RIYAD : Ce mois-ci, l'artiste saoudienne Ahaad Alamoudi fait monter la température au Basel Social Club qui se tient jusqu'au 21 juin dans la ville suisse avec sa dernière installation, « The Social Health Club ». 

Fraîchement conçue, cette installation baignée de jaune, ancrée dans les œuvres passées de l'artiste, offre une expérience sensorielle riche et complexe ainsi qu'un commentaire culturel incisif. Elle marque également une première pour l'artiste avec un élément de performance en direct.

Basée à Djeddah, Alamoudi est connue pour créer des installations multimédias immersives s'inspirant de la dynamique complexe de son pays natal en pleine évolution. « The Social Health Club » s'articule autour d'objets trouvés au marché Haraj de Djeddah en 2018, notamment divers équipements de sport, dont un rameur.

« Ce sont des pièces que j'ai chinées dans des brocantes. J'aime le fait qu'aucune instruction n'accompagne ces machines : je ne connais ni leur nom, ni leur provenance, ni leur fabricant. Mais elles font désormais partie du paysage urbain dans lequel j'évolue. J'ai essayé de créer un espace ludique », a-t-elle déclaré à Arab News. 

Dans « The Social Health Club », les équipements, peints principalement dans un jaune vif et saturé, restent intacts, symbolisant une culture obsédée par l'auto-optimisation. Au cœur de l'installation se trouve un caméo représentant un fer à repasser peint en jaune, déjà présent dans son œuvre vidéo de 2020 intitulée « Makwah Man » (Makwah signifie « fer à repasser » en arabe).

« Beaucoup de mes œuvres sont issues d'un récit que je crée dans une vidéo. Dans « Makwah Man », cet homme vêtu d'une thobe jaune repasse un long morceau de tissu jaune au milieu du désert. Et pendant qu'il repasse, il nous dit comment vivre notre vie. Mais en nous disant comment vivre notre vie, il commence aussi à remettre en question la sienne, à comprendre le rôle du pouvoir, à prendre conscience de la pression du changement et de l'adaptation », explique Alamoudi. 

« Le jaune est présent dans la vidéo, mais l'artiste porte également une thobe jaune. Il y a aussi, dans cette version présentée à Art Basel, un portant de thobes jaunes qui tournent dans l'exposition. Pour moi, la thobe jaune est un symbole unificateur. J'essaie de dire que nous vivons tous cela différemment. Ainsi, dans la performance (pour « The Social Health Club »), un culturiste local vêtu d'une thobe jaune fera des exercices sur ces machines. Il n'a pas de règles à suivre. Il ne connaît rien, ne sait pas comment utiliser « correctement » l'équipement. Il entrera dans l'espace et utilisera les machines comme il le pourra.

« La performance sera enregistrée. Mais je pense que c'est plutôt une activation », a-t-elle poursuivi. « Ce n'est pas l'œuvre elle-même. L'œuvre existe sous la forme des machines. 

« Le Social Health Club » a été créé en étroite collaboration avec la conservatrice Amal Khalaf. Ensemble, ils se sont rendus à Djeddah où Alamoudi a pu découvrir avec elle des « machines un peu inhabituelles, différentes des machines classiques que l'on trouve dans les salles de sport et dont tout le monde connaît immédiatement l'utilité », explique Alamoudi.

« Elle est vraiment incroyable », a-t-elle poursuivi. « Nous avons vraiment construit cet espace ensemble. En gros, j'ai principalement créé la vidéo ; tout le reste a été construit à partir de là. Elle m'a beaucoup aidée. Elle s'est vraiment intéressée aux changements sociaux et à la manière dont nous les abordons. Notre collaboration a été parfaite. »

Le jaune domine chaque centimètre carré de l'œuvre, de manière délibérée et intense. 

« Je suis obsédé par les symboles dans certaines de mes œuvres. Et cela s'accompagne également d'une couleur », explique Alamoudi. « Je voulais mettre en valeur quelque chose de luxueux, de coloré, presque comme de l'or, mais qui n'est pas de l'or. Son apparence est assez austère. » 

Le jaune est à la fois une invitation et un avertissement. « Je pense que le jaune est également assez trompeur. J'aime cette couleur qui incite les gens à s'approcher pour voir ce qui se passe, mais qui les amène en même temps à se demander ce que c'est  elle est si agressive qu'elle en devient un peu inconfortable. »

L'interaction du spectateur est essentielle à la signification de l'œuvre. 

« Je pense que les machines représentent quelque chose et qu'elles véhiculent quelque chose, mais elles sont en réalité activées par les gens, par ce que les gens font avec elles », explique Alamoudi. « C'est pourquoi j'encourage beaucoup de spectateurs à interagir avec les œuvres, à les utiliser ou à essayer de les utiliser sans aucune instruction. Beaucoup de personnes qui entrent dans l'espace peuvent avoir peur de les toucher ou d'interagir avec elles. La présence de l'artiste qui active les structures ajoute une autre dimension à l'œuvre elle-même. »

Elle espère que les visiteurs se sentiront libres d'explorer les œuvres, sans être encombrés par des attentes.

« Les gens sont censés les utiliser à leur guise. Ils peuvent s'asseoir dessus, se tenir debout dessus, les toucher — ils peuvent aussi les laisser tranquilles », conclut-elle en riant. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com