Plongée intime au coeur du conflit dans le centre du Mali

Un employé chez un grossiste regarde la rue à travers les rayons de la boutique, à Bamako, le 1er février 2022. (Photo, AFP)
Un employé chez un grossiste regarde la rue à travers les rayons de la boutique, à Bamako, le 1er février 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 10 février 2022

Plongée intime au coeur du conflit dans le centre du Mali

  • Les interviews ont été menées à différents moments à Bamako ou à la faveur de déplacements à Mopti et Sévaré, dans une zone d'accès compliqué et dangereux
  • Les noms de ces témoins ont été changés pour préserver leur sécurité

MOPTI: Soldat, écolière, enseignant, djihadiste... Piégés dans le cercle vicieux des violences qui meurtrissent le centre du Mali depuis 2015, ils ont dû apprendre à survivre, se défendre ou se battre. Chacun représente une facette du conflit.

Pendant un an et demi, pour documenter une réalité humaine souvent délayée dans le décompte des morts, l'AFP a recueilli le témoignage et fait le portrait de huit personnes qui ont dû changer de vie.

Les interviews ont été menées à différents moments à Bamako ou à la faveur de déplacements à Mopti et Sévaré, dans une zone d'accès compliqué et dangereux. Les noms de ces témoins ont été changés pour préserver leur sécurité.

Ils ont accepté de raconter une réalité donnée à un moment précis afin de montrer la complexité du conflit dans le centre du Mali, cercle vicieux fait d'amalgames, de cycles de représailles et d'embrigadement.

Dans cette région sahélienne du "centre du Mali", désignée ainsi par opposition aux déserts sahariens du nord, les violences ont débuté en 2015 avec l'apparition d'un groupe djihadiste emmené par le prédicateur peul Amadou Koufa.

Affilié à la nébuleuse Al-Qaïda, il refuse tout Etat, veut imposer une société islamique. Il a largement recruté à l'époque parmi sa communauté peule, marginalisée, avant de diversifier.

"J'étais convaincu que ces gens qu'ils appellent djihadistes avaient plus de respect pour l'humain que l'armée", raconte Bilal, Bambara de 37 ans, revendeur de poisson embrigadé un temps avec eux parce que dit-il il ne s'en sortait pas financièrement.

Avec l'émergence de ce groupe ont été ranimés ou avivés de vieux antagonismes entre communautés, autour de la terre notamment.

Hommes, femmes, enfants, personne n'est épargné, comme l'a vécu la pêcheuse bozo Rokia, la cinquantaine, dont la famille a été enlevée sur les rives du fleuve Niger un jour de 2018. "Je leur ai dit qu'on n'était pas là pour autre chose que pêcher. Ils m'ont dit qu'eux étaient là pour Dieu", se souvient-elle.

Des groupes proclamant assurer la défense de leur communauté se sont formés, comme Dan Nan Ambassagou au sein des Dogons.

Quand "les Peuls-à-problèmes (djihadistes, ndlr) sont arrivés chez nous (...) comme j'étais l'aîné, j'avais hérité des grigris de protection et du fusil de chasse de mon père. J'avais la responsabilité, je devais aller combattre dans le groupe", explique Georges, ex-milicien dogon d'une quarantaine d'années.

Réunion de villageois soucieux de protéger leurs foyers avant de devenir une milice, Dan Nan Ambassagou a été accusée de crimes contre l'humanité. Elle a été officiellement dissoute mais continue d'opérer. L'écolière peule Fatoumata, 14 ans, a survécu à une attaque de son village parce que, dit-elle, après les tirs "ils ont dû croire que j'étais morte".

Dans le centre du Mali, l'Etat central est peu présent. Ses symboles sont pris pour cible par les djihadistes. "On savait que la situation n'était pas bonne. On avait des échos des écoles fermées mais on continuait, pour les enfants", se remémore l'enseignant Sidiki, 36 ans.

Quant au terrain militaire, "ça manque souvent de nourriture, de médicaments et de munitions", relate le soldat Malick, la trentaine affirmée.

L'armée y a été accusée par des ONG de collaborer ponctuellement avec Dan Nan Ambassagou contre les djihadistes. Kassim, commerçant peul de 42 ans, raconte comment il a passé 28 jours en détention parce que "ils pensent que nous les Peuls sommes tous d'accord avec le djihad".

Certains villages ont signé, parfois sous la contrainte, des accords de paix avec le groupe djihadiste de Koufa, la Katiba Macina.

Le journaliste peul Bachir, 42 ans, explique lui être victime d'"amalgames", accusé d'être un informateur de l'armée par les djihadistes, d'être un djihadiste par les Dogons.

Près de 200 000 personnes ont fui la violence, des milliers ont été tuées.


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
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  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.

 

 


Trump impose des restrictions d'entrée à sept autres pays et aux Palestiniens

Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
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  • Donald Trump élargit les interdictions d’entrée aux États-Unis à sept pays supplémentaires, dont la Syrie, et inclut les Palestiniens munis de documents de l’Autorité palestinienne
  • La Maison Blanche invoque la sécurité nationale, tout en prévoyant des exceptions limitées, dans le cadre d’un durcissement général de la politique migratoire

WASHINGTON: Donald Trump a étendu mardi les interdictions d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays, dont la Syrie, ainsi qu'aux Palestiniens.

Le président américain a signé une proclamation "restreignant et limitant davantage l'entrée des ressortissants étrangers afin de protéger la sécurité des Etats-Unis", a indiqué la Maison Blanche.

Les nouveaux pays concernés par cette mesure sont le Burkina Faso, le Niger, le Mali, le Soudan du Sud et la Syrie, tandis que le Laos et la Sierra Leone passent de restrictions partielles à totales.

Les Palestiniens disposant de documents de voyage émis par l'Autorité palestinienne sont également visés.

L'administration Trump avait déjà imposé des restrictions totales visant les ressortissants de douze pays et des dizaines d'autres pays se sont vus imposer des restrictions partielles.

S'agissant de la Syrie, la mesure intervient quelques jours après une attaque meurtrière contre des soldats américains dans le centre de ce pays.

L'administration Trump dit avoir identifié des pays où les vérifications sont "tellement insuffisantes qu'elles justifiaient une suspension totale ou partielle de l'admission des ressortissants de ces pays".

La proclamation prévoit cependant des exceptions pour les résidents permanents légaux, les titulaires de visas existants, certaines catégories de visas comme les athlètes et les diplomates, et les personnes dont "l'entrée sert les intérêts nationaux des Etats-Unis".

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump mène une vaste campagne contre l'immigration illégale et a considérablement durci les conditions d'entrée aux Etats-Unis et l'octroi de visas, arguant de la protection de la sécurité nationale.

Ces mesures visent ainsi à interdire l'entrée sur le territoire américain aux étrangers qui "ont l'intention de menacer" les Américains, selon la Maison Blanche.

De même, pour les étrangers qui "pourraient nuire à la culture, au gouvernement, aux institutions ou aux principes fondateurs" des Etats-Unis.

Le président américain s'en est récemment pris avec virulence aux Somaliens, disant qu'il "ne voulait pas d'eux chez nous".

En juin, il avait annoncé des interdictions d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de douze pays, principalement en Afrique et au Moyen-Orient (Afghanistan, Birmanie, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Erythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Yémen).

En revanche, le Turkménistan, pays qui figure parmi les plus reclus au monde, se voit accorder un satisfécit, la Maison Blanche évoquant mardi des "progrès significatifs" dans cet Etat d'Asie centrale.

Du coup, les ressortissants de ce pays pourront à nouveau obtenir des visas américains, mais uniquement en tant que non-immigrants.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump s'en était pris de façon similaire à certains pays, ciblant principalement des pays musulmans.