En France, un cimetière d'enfants harkis oublié depuis 42 ans ressurgit du passé

Nadia Ghouafria dépose une peluche sur un panneau indiquant «Terrain militaire, entrée interdite», à Laudun-l'Ardoise, dans le sud-est de la France, le 5 février 2022. (Photo, AFP)
Nadia Ghouafria dépose une peluche sur un panneau indiquant «Terrain militaire, entrée interdite», à Laudun-l'Ardoise, dans le sud-est de la France, le 5 février 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 11 février 2022

En France, un cimetière d'enfants harkis oublié depuis 42 ans ressurgit du passé

  • Dans quelques semaines, ce cimetière de fortune situé sur un terrain militaire fera l'objet de fouilles décidées par les autorités, pour retrouver les traces de tombes et tenter de réparer ce pan tragique
  • Ce sont des archéologues de l'Institut national de recherches archéologiques préventives qui effectueront ces fouilles, qui dureront «plusieurs jours»

LAUDUN-L'ARDOISE, France : "Ici c'est une tombe... là aussi, les monticules ont refait surface", s'émeut Nadia. Puis elle dépose une peluche sur un tas de terre couvert de pierres. Dessous, la tombe d'un enfant de Harkis, mort dans un camp du sud de la France puis enterré indignement il y 59 ans. Ce cimetière sauvage, récemment débroussaillé, sera bientôt le théâtre de fouilles historiques pour sauver ces enfants de l'oubli.

Dans quelques semaines, ce cimetière de fortune situé sur un terrain militaire, où de nombreux nourrissons ont été enterrés sans sépulture décente entre 1962 et 1964, fera l'objet de fouilles décidées par les autorités, pour retrouver les traces de tombes et tenter de réparer ce pan tragique et méconnu de l'histoire franco-algérienne.

Ce sont des archéologues de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) qui effectueront ces fouilles, qui dureront "plusieurs jours", a annoncé à l'AFP la ministre déléguée chargée de la Mémoire et des Anciens combattants, Geneviève Darrieussecq.

Mais en ce début février, seul le grondement d'un vent glacé déchire le silence de ce champ et bois de chênes de la localité de Laudun-L'Ardoise (sud), faisant vaciller des peluches accrochées dans les arbres ou posées au sol par des anonymes.

Sur plusieurs dizaines de mètres, des monticules de terre, parfois alignés en rangées - où des pierres ont été disposées pour les marquer, selon le rite musulman - ont émergé de ronces touffues grâce au débroussaillage. 

"Ca m'émeut et m'attriste de savoir que ces dépouilles sont ici depuis 59 ans, cachées dans ce passé douloureux... ces enfants sont nos compatriotes et ils ont été oubliés", dit à l'AFP Nadia Ghouafria, 50 ans, fille de Harkis, et dont les parents ont vécu dans l'ancien camp de Harkis voisin de Saint-Maurice-l'Ardoise.

"Mais ça me soulage aujourd'hui de voir que ces enfants sont visibles, qu'ils vont retrouver une existence et être réhabilités", ajoute-t-elle.

«Faute de la République»

Français musulmans recrutés comme auxiliaires de l'armée française pendant la guerre d'indépendance algérienne (1954-1962), les Harkis sont, à l'issue de cette guerre, abandonnés par la France.

Environ 90 000 d'entre eux et leurs familles fuient l'Algérie et sont accueillis en France. Plusieurs dizaines de milliers de personnes sont parquées dans des "camps de transit et de reclassement" gérés par l'armée, aux conditions de vie déplorables.

Parmi les personnes décédées dans ces camps, une grande majorité étaient des bébés morts-nés ou des nourrissons, selon le récit de l'historien Abderahmen Moumen et les témoignages de familles révélés par l'AFP en septembre 2020 dans une enquête exclusive fruit de plusieurs mois d'investigation.

L'AFP avait aussi révélé l'existence de ce cimetière sauvage de St-Maurice-l'Ardoise - découvert peu avant dans des archives locales par Nadia - et d'un procès verbal de gendarmerie daté de 1979 compromettant pour les autorités.

Dans plusieurs régions de France, il y a près de 60 ans, des dizaines de ces bébés ont été enterrés sans sépulture décente par leurs proches ou par des militaires, dans les camps ou à proximité, dans des champs. Avec le temps, les cimetières ont disparu sous les herbes folles, et les familles de Harkis, relocalisées dans d'autres régions, ont enfoui au plus profond d'elles mêmes les fantômes de ce passé traumatique.

Entre fin 1962 et 1964, 70 personnes (dont 60 jeunes enfants) décèdent ainsi aux camps de St-Maurice et de Lascours, dont au moins une dizaine de bébés morts-nés à l'infirmerie du camp de St-Maurice où une épidémie de rougeole s'était déclenchée.

Trente-et-une personnes, en grande majorité de très jeunes enfants, sont alors enterrées dans ce champ à Laudun-L'Ardoise, aux abords d'une route peu fréquentée.

"Dans ces camps, la République n'a pas été à la hauteur de ses valeurs", a commenté mardi dans un entretien à l'AFP Geneviève Darrieussecq. "Tout cela doit être dit, connu et reconnu comme une faute de la République". 

Elle qualifie le site de St-Maurice-l'Ardoise de "cimetière illégal, de fortune, puisque ce ne sont pas les règles d'inhumation dans notre pays", ajoutant: "c'est une erreur, c'est un manquement" de l'Etat. "Tout cela est tragique et je comprends que le ressenti des familles qui vivaient là, des Harkis, soit très fort par rapport à ces faits". 

«Pratiques indignes»

Membre de l'association locale de l'Aracan - qui effectue des recherches sur les lieux de mémoire harkis - Nadia est une lanceuse d'alerte à sa manière. A l'issue de deux ans de démarches auprès des archives locales, elle a découvert en 2019 le dossier du "+cimetière provisoire du camp de St-Maurice l'Ardoise+. Or ce dossier contient un procès verbal de la gendarmerie daté de 1979, aux termes édifiants, qui atteste que les autorités de l'époque connaissaient l'existence de ce cimetière.

Ses auteurs conseillent même de ne "pas trop ébruiter l'affaire qui risquerait d'avoir des rebondissements fâcheux notamment si cela était porté à la connaissance des responsables du mouvement de défense des rapatriés d'Algérie, anciens harkis".

L'Aracan interpelle: pourquoi les autorités, informées en 1979 de l'existence du cimetière alors que les corps ou ossements des enfants auraient encore pu être retrouvés - car aujourd'hui ces chances sont infimes - et remis à leurs familles grâce aux contacts avec les associations, n'ont-elles pas agi ?

Interrogée, la ministre juge que ce "sont des choses qui sont moralement anormales vis-à-vis de ces familles". "Il y a eu là des pratiques indignes". Selon elle, la portée des fouilles c'est notamment "la reconnaissance" et "le chemin vers le pardon qu'a souhaité le président de la République".

Dans un discours qui a fait date, Emmanuel Macron a, le 20 septembre dernier, demandé "pardon" aux Harkis au nom de la France.

L'Aracan s'est dite "satisfaite" que des fouilles soient entreprises.

Depuis une marche blanche organisée le 14 juillet 2021, plusieurs familles se sont rapprochées de l'association pour savoir si "leur frère, leur soeur, leurs cousins" figuraient sur le registre d'inhumation du cimetière, explique Nadia.

Ces familles "sont en quête de vérité" et de "réponses à leurs questions", pour la "mémoire de leurs parents", souffle-t-elle, avant de contempler les monticules de terre enveloppés de silence.


Une nouvelle initiative cinématographique à AlUla vise à stimuler le talent créatif saoudien

Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production. (SPA)
Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production. (SPA)
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  • Les efforts visent à soutenir les jeunes talents et à contribuer à la croissance du secteur cinématographique du Royaume
  • Villa Hegra organise également des programmes éducatifs et interactifs pour les enfants afin de développer leurs talents et leurs capacités créatives

ALULA : Villa Hegra, en collaboration avec Film AlUla, a lancé un programme spécialisé dans la réalisation de films pour développer les compétences cinématographiques et soutenir les talents créatifs, a rapporté lundi l'Agence de presse saoudienne.

Cette initiative reflète l'engagement de Villa Hegra à renforcer l'activité culturelle et cinématographique tout en favorisant un environnement inspirant pour les créateurs de contenu et les cinéphiles.

Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production.

Ces efforts visent à soutenir les jeunes talents et à contribuer à la croissance du secteur cinématographique du Royaume, a ajouté la SPA.

Villa Hegra organise également des programmes éducatifs et interactifs pour les enfants afin de développer leurs talents et leurs capacités créatives.

Ces programmes comprennent des ateliers qui simplifient les concepts scientifiques et les intègrent aux pratiques artistiques modernes, créant ainsi un environnement d'apprentissage qui encourage la découverte et l'innovation.

Ils ont suscité une forte participation des élèves dans tout le gouvernorat en raison de leur approche pratique et interactive, qui renforce la réflexion et la créativité des enfants.

Les initiatives sont mises en œuvre en collaboration avec des institutions françaises et saoudiennes, reflétant ainsi la diversité culturelle et les partenariats internationaux tout en améliorant la qualité du contenu éducatif pour les jeunes générations.

Villa Hegra est la première fondation culturelle franco-saoudienne basée à AlUla. Lancée en octobre, elle soutient la scène culturelle de la région en proposant des plateformes éducatives qui développent les compétences des enfants et des jeunes saoudiens, tout en renforçant la présence d'AlUla sur la scène culturelle internationale.


Eurovision: Nemo rend son trophée 2024 pour protester contre la participation d'Israël

Le chanteur suisse Nemo, qui représentait la Suisse avec la chanson « The Code », célèbre sur scène avec son trophée après avoir remporté la finale du 68e Concours Eurovision de la chanson (CEC) 2024, le 11 mai 2024 à la Malmö Arena de Malmö, en Suède. (AFP)
Le chanteur suisse Nemo, qui représentait la Suisse avec la chanson « The Code », célèbre sur scène avec son trophée après avoir remporté la finale du 68e Concours Eurovision de la chanson (CEC) 2024, le 11 mai 2024 à la Malmö Arena de Malmö, en Suède. (AFP)
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  • L’artiste suisse Nemo, vainqueur de l’Eurovision 2024, rend son trophée pour protester contre la participation maintenue d’Israël, dénonçant une contradiction avec les valeurs d’unité et de dignité affichées par l’UER
  • Cinq pays — Islande, Espagne, Pays-Bas, Irlande et Slovénie — ont déjà annoncé leur boycott de l’édition 2026, sur fond de critiques liées à la guerre à Gaza et d’accusations d’irrégularités de vote

GENEVE: L'artiste suisse Nemo, qui a remporté l’Eurovision 2024 en Suède, a annoncé jeudi rendre son trophée pour protester contre le maintien de la participation d'Israël dans la compétition, qui a déjà provoqué le boycott de cinq pays.

"En tant que personne et en tant qu'artiste, aujourd'hui, je ne pense plus que ce trophée ait sa place sur mon étagère", a déclaré dans une vidéo postée sur Instagram Nemo, qui s'était déjà joint aux appels réclamant l'exclusion d'Israël du plus grand événement musical télévisé en direct au monde.

"L'Eurovision prétend défendre l'unité, l'inclusion et la dignité de tous (...) Mais la participation continue d'Israël, alors que la commission d'enquête internationale indépendante (mandatée par) l'ONU a conclu à un génocide, démontre un conflit évident entre ces idéaux et les décisions prises par" l'Union européenne de Radio-Télévision (UER), a déclaré le chanteur de 26 ans.

"Il ne s'agit pas d'individus ou d'artistes. Il s'agit du fait que le concours a été utilisé à maintes reprises pour redorer l'image d'un État accusé de graves atrocités", a ajouté Nemo, devenu en 2024 le premier artiste non binaire à être sacré à l'issue d'une édition déjà marquée par une controverses sur la participation d'Israël en pleine guerre dans la bande de Gaza.

Mercredi, la télévision publique islandaise RUV a annoncé boycotter l'édition 2026 de l'Eurovision après le feu vert donné à la participation d'Israël, devenant le cinquième pays à ne pas participer au prochain concours à Vienne.

Début décembre, la majorité des membres de l'UER avaient estimé qu'il n'était pas nécessaire de voter sur la participation d'Israël avec sa télévision publique KAN.

Cette décision a déclenché instantanément les annonces de boycott des diffuseurs de l'Espagne, des Pays-Bas, de l'Irlande et de la Slovénie, sur fond de critiques de la guerre dans la bande de Gaza mais aussi d'accusations d'irrégularités dans les votes lors des précédentes éditions.

"Quand des pays entiers se retirent, il est évident que quelque chose ne va pas du tout. C'est pourquoi j'ai décidé de renvoyer ce trophée au siège de l'UER à Genève, avec gratitude et un message clair : incarnez vos valeurs", a ajouté Nemo, avant de déposer son trophée dans une boite.


Layali Diriyah réchauffe le cœur historique du Royaume

Layali Diriyah est organisé dans l'une des fermes du district d'Al-Murayih, transformant ce site historique en une expérience vivante et en plein air. (Photo AN/Huda Bashatah)
Layali Diriyah est organisé dans l'une des fermes du district d'Al-Murayih, transformant ce site historique en une expérience vivante et en plein air. (Photo AN/Huda Bashatah)
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  • L’événement constitue un pilier de la Diriyah Season, célébration vibrante de la culture saoudienne
  • La gastronomie y occupe une place majeure, avec un large éventail de cuisines saoudiennes et internationales

​​​​​​RIYAD : Layali Diriyah est de retour comme pièce maîtresse de la Diriyah Season de cette année, attirant les visiteurs vers un Al-Murayih transformé en une célébration en plein air de la culture, de la cuisine et de l’artisanat saoudiens.

L’événement se tient tous les jours de 17h à 2h du matin jusqu’en mars 2026. Des allées bordées de palmiers illuminées de guirlandes scintillantes instaurent une atmosphère mêlant l’héritage traditionnel najdi à la créativité saoudienne contemporaine.

Pour de nombreux visiteurs, le cadre lui-même fait partie de l’expérience. Shatha Abdulaziz, une visiteuse, a confié à Arab News : « Mon expérience a été merveilleuse et très agréable. Ce qui m’a réellement impressionnée, c’est l’atmosphère paisible, le thème traditionnel, l’organisation et les détails.

« Bien que je sois déjà venue lors des saisons précédentes, je pense qu’il y a eu une amélioration significative cette année. »

La gastronomie est un attrait majeur, avec un large choix de cuisines saoudiennes et internationales, dont des spécialités italiennes et méditerranéennes proposées par des restaurants exclusifs présents cette année.

« Ce fut une excellente expérience », a déclaré le visiteur Mohammed Fahad, ajoutant que l’attention portée aux détails était remarquable, tout comme « l’authenticité historique dans chaque recoin de Diriyah Nights ».

Il a ajouté : « Cela mêle véritablement le présent et le passé avec une touche raffinée et artistique. »

Des boutiques et stands proposent des articles en édition limitée à ceux en quête d’une expérience de shopping singulière.

Rawan Alsubaie, habituée de Diriyah mais présente à Layali Diriyah pour la première fois, a souligné le caractère exclusif des produits.

Elle a expliqué : « J’ai regardé certaines boutiques et stands et je les ai trouvés uniques, avec des produits introuvables en dehors de Diriyah Nights.

« Il y a des parfums que je n’ai trouvés nulle part ailleurs. J’ai même demandé aux commerçants s’ils avaient d’autres points de vente, mais ils m’ont dit que non, ce que je trouve remarquable.

« Je suis venue en m’attendant à découvrir quelque chose d’exceptionnel et, effectivement, l’endroit est magnifique, surtout durant la saison hivernale. C’est parfait. »

La Diriyah Season de cette année continue de mettre en valeur la richesse de l’héritage najdi tout en embrassant la créativité qui façonne l’Arabie saoudite moderne.

À travers des spectacles, des expositions et des expériences immersives, les visiteurs découvrent les traditions qui définissent Diriyah, ainsi que l'énergie qui anime son renouveau culturel.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com