Avec deux premiers ministres rivaux, la Libye s'enfonce dans la crise

Fathi Bachagha, s'exprime à son arrivée à l'aéroport international de Mitiga, à l'est de la capitale libyenne Tripoli, le 29 août 2020
Fathi Bachagha, s'exprime à son arrivée à l'aéroport international de Mitiga, à l'est de la capitale libyenne Tripoli, le 29 août 2020
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Publié le Vendredi 11 février 2022

Avec deux premiers ministres rivaux, la Libye s'enfonce dans la crise

  • Déjà miné par la fracture entre l'Est et l'Ouest, le pays s'est davantage enfoncé dans la crise en se retrouvant avec deux Premiers ministres rivaux à Tripoli
  • Fathi Bachagha, un poids lourd de la scène politique locale, bénéficie de l'appui du Parlement mais aussi du maréchal Khalifa Haftar, soutenu par l'Egypte et les Emirats arabe unis

TRIPOLI: Où va la Libye? Déjà miné par la fracture entre l'Est et l'Ouest, le pays s'est davantage enfoncé dans la crise en se retrouvant avec deux Premiers ministres rivaux à Tripoli, après avoir manqué l'échéance électorale cruciale de décembre.

Dans ce qui s'apparente à un coup de force institutionnel du camp de l'Est de la Libye contre celui de Tripoli, le Parlement siégeant à Tobrouk (est) a désigné jeudi l'influent ex-ministre de l'Intérieur, Fathi Bachagha, pour remplacer Abdelhamid Dbeibah à la tête du gouvernement intérimaire.

Anticipant ce vote, M. Dbeibah a fait savoir à plusieurs reprises qu'il ne céderait le pouvoir qu'à un gouvernement sorti des urnes.

Cet imbroglio institutionnel n'est pas une nouveauté puisque le pays riche en pétrole avait déjà été dirigé entre 2014 et 2016 par deux Premiers ministres rivaux. 

Mais c'était en pleine guerre civile, avant l'accord sur la tenue d'élections en décembre, finalement reportées, et la mise en place d'un gouvernement d'union censé achever la tumultueuse transition ayant débuté après la mort du dictateur Mouammar Kadhafi, en 2011.

"La motivation de nombreux députés est de conserver leurs postes et leurs privilèges plutôt que de permettre un processus menant sans heurts aux élections", estime Peter Millett, ancien ambassadeur britannique en Libye, interrogé par l'AFP.

L'espoir d'une pacification était pourtant bien réel. Fin 2020, peu après l'échec du maréchal Khalifa Haftar -- homme fort de l'Est -- à conquérir militairement l'ouest du pays, un accord de cessez-le-feu avait été signé, suivi du lancement d'un processus de paix parrainé par l'ONU.

« La voix du peuple »

C'est dans le cadre de ce processus que M. Dbeibah a été désigné, il y a an, à la tête d'un nouveau gouvernement de transition, avec comme mission d'unifier les institutions et de conduire le pays à des élections présidentielle et législatives initialement prévues le 24 décembre.

Loi électorale contestée, candidats controversés, tensions sur le terrain... le processus de transition censé sortir la Libye d'une crise qui perdure depuis la chute de Kadhafi a rapidement déraillé. Et les élections, sur lesquelles la communauté internationale fondait de grands espoirs pour enfin stabiliser le pays et en finir avec les ingérences étrangères, ont été reportées sine die.

Pour le Parlement basé dans l'Est, le mandat de M. Dbeibah a expiré avec ce report, alors que le gouvernement assure que sa mission ne s'achève qu'avec la désignation d'un nouveau gouvernement élu.

"On parle d'un clivage entre l'Est et l'Ouest, mais la grande division est maintenant entre le peuple libyen, qui veut des élections, et l'élite politique, qui n'en veut pas. La voix du peuple n'est pas entendue", affirme M. Millett.

Le désenchantement est d'autant plus grand que le scrutin avait suscité un engouement certain chez de nombreux Libyens. Quelque 2,5 millions d'entre eux, sur une population d'environ sept millions, avaient retiré leur carte d'électeur en vue du jour J.

« Droit de vote »

La nomination de M. Bachagha "semble être une décision visant à priver la population du droit de vote, en repoussant encore plus loin les élections, exacerbant le risque d'instabilité à Tripoli", poursuit M. Millett, pour qui le pays fait désormais face à une "grande incertitude qui ne sert pas le peuple libyen".

L'ONU a justement fait savoir jeudi soir, par la voix de son porte-parole, Stéphane Dujarric, qu'elle continuerait de soutenir M. Dbeibah.

M. Bachagha, un poids lourd de la scène politique locale, bénéficie de l'appui du Parlement mais aussi du maréchal Khalifa Haftar, soutenu par l'Egypte et les Emirats arabe unis.

Dans la région de Tripoli, l'un comme l'autre disposent du soutien de groupes armés encore très influents dans l'ouest du pays, mais dont les allégeances sont traditionnellement mouvantes.

"Ce qui est potentiellement dangereux, c'est la violence à Tripoli, car Bachagha et Dbeibah ont tous deux des liens profonds dans l'ouest de la Libye", confirme  Amanda Kadlec, ancienne membre du groupe d'experts de l'ONU sur la Libye.

Selon elle, "les milices se rangeront du côté de celui qu'elles perçoivent comme détenteur du pouvoir. S'il n'est pas capable de leur attribuer des postes, de leur verser des salaires et de leur fournir des armes, alors il n'y a aucune raison pour que les groupes armés qui soutiennent Dbeibah continuent de le faire."

Quelques heures seulement avant le vote du Parlement, des tirs qui n'ont pas fait de victime ont visé le convoi de M. Dbeibah à Tripoli, selon le ministère de l'Intérieur. Un coup de semonce?, se demandent les observateurs.


Al-Azhar Al-Sharif condamne les crimes terroristes contre les civils à Gaza

Des Palestiniens récupèrent des corps enterrés à l’hôpital Nasser à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 21 avril 2024. (Reuters)
Des Palestiniens récupèrent des corps enterrés à l’hôpital Nasser à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 21 avril 2024. (Reuters)
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  • Al-Azhar réitère la nécessité pour la communauté internationale d’assumer ses responsabilités et de «mettre fin à l’agression frénétique contre la population de Gaza»
  • Al-Azhar mentionne que les corps de centaines de Palestiniens, parmi lesquels des patients, ont été retrouvés dans des fosses communes au complexe médical Nasser à Khan Younès

LE CAIRE: Al-Azhar Al-Sharif, la plus ancienne et la plus importante institution d’enseignement de l’islam sunnite, a fermement condamné «les crimes terroristes commis contre les civils dans la bande de Gaza».

Dans un communiqué, Al-Azhar condamne ces attaques «dont l’atrocité a été révélée par les nombreuses informations selon lesquelles des centaines de corps d’enfants, de femmes, de personnes âgées et de membres du personnel médical ont été enterrés dans des fosses communes dans les environs des complexes médicaux Nasser et Al-Shifa».

«De même, des dizaines de corps ont été retrouvés “éparpillés” dans des centres d’hébergement et de déplacement, des tentes et des quartiers résidentiels dans la bande de Gaza.»

Al-Azhar affirme au monde que «ces fosses communes sont une preuve indéniable que ces atrocités et ces horreurs sont devenues un comportement quotidien normal pour Israël».

L’institution appelle les peuples du monde à s’unir pour protester de manière à dissuader les régimes qui soutiennent ces crimes.

Elle réclame un procès international urgent contre «le gouvernement terroriste d’occupation, qui ne connaît plus le sens de l’humanité ni du droit à la vie et qui commet des génocides tous les jours».

Al-Azhar réitère par ailleurs la nécessité pour la communauté internationale d’assumer ses responsabilités, de «mettre fin à l’agression frénétique contre la population de Gaza et aux souffrances et catastrophes humanitaires sans précédent qui en découlent, et de garantir la protection des civils et l’acheminement d’une aide humanitaire suffisante et durable dans toutes les parties de la bande de Gaza».

L’institution présente aussi ses «sincères condoléances au peuple palestinien et aux familles des martyrs, priant Allah Tout-Puissant de leur accorder son immense miséricorde et son pardon, à rassurer les cœurs de leurs familles et de leurs proches, et à accélérer le rétablissement des malades».

Citant des articles de presse, Al-Azhar mentionne que, depuis samedi, les corps de centaines de Palestiniens, parmi lesquels des patients, ont été retrouvés dans des fosses communes au complexe médical Nasser à Khan Younès.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le plus grand projet de restauration corallienne au monde dévoilé en mer Rouge

La pépinière, construite sur la côte de Neom, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, devrait transformer les efforts de restauration corallienne grâce à une capacité de production de 40 000 coraux par an. (SPA)
La pépinière, construite sur la côte de Neom, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, devrait transformer les efforts de restauration corallienne grâce à une capacité de production de 40 000 coraux par an. (SPA)
La pépinière, construite sur la côte de Neom, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, devrait transformer les efforts de restauration corallienne grâce à une capacité de production de 40 000 coraux par an. (SPA)
La pépinière, construite sur la côte de Neom, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, devrait transformer les efforts de restauration corallienne grâce à une capacité de production de 40 000 coraux par an. (SPA)
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  • «KCRI est le plus grand projet de restauration corallienne du monde et constitue une étape importante vers la restauration des récifs à l’échelle mondiale»
  • «Les événements récents nous rappellent brutalement la crise mondiale à laquelle sont confrontés les récifs coralliens»

RIYAD: Des scientifiques de l’université des sciences et technologies du roi Abdallah (Kaust), en collaboration avec Neom, ont inauguré la première pépinière de l’Initiative de restauration corallienne de la Kaust (KCRI).

«KCRI est le plus grand projet de restauration corallienne du monde et constitue une étape importante vers la restauration des récifs à l’échelle mondiale. Une première pépinière est officiellement opérationnelle et une seconde est en cours de construction. Elles sont toutes deux situées en mer Rouge», indique un communiqué publié jeudi.

La pépinière, construite sur la côte de Neom, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, devrait transformer les efforts de restauration corallienne grâce à une capacité de production de 40 000 coraux par an.

Les chercheurs se serviront de cette installation pilote pour lancer des initiatives de restauration corallienne à grande échelle, avec notamment la pépinière de coraux terrestre la plus grande et la plus avancée au monde.

Située sur le même site, cette dernière aura une capacité décuplée et pourra produire 400 000 coraux par an. Le projet devrait être achevé en décembre 2025.

Abritant 25% des espèces marines connues, bien qu’ils couvrent moins d’1% des fonds marins, les récifs coralliens sont le fondement de nombreux écosystèmes marins. Les experts estiment que jusqu’à 90% des récifs coralliens de la planète subiront un stress thermique grave d’ici à 2050.

«Les événements récents nous rappellent brutalement la crise mondiale à laquelle sont confrontés les récifs coralliens. Nous avons donc pour ambition de trouver un moyen de faire passer les efforts de restauration actuels, à forte intensité de main-d’œuvre, à des processus industriels afin d’inverser le rythme actuel de dégradation des récifs coralliens», a expliqué le professeur Tony Chan, président de la Kaust.

Cette initiative s’aligne sur la Vision 2030 de l’Arabie saoudite et sur ses efforts pour renforcer la conservation marine en tirant parti des recherches réalisées par la Kaust sur les écosystèmes marins et en servant de plate-forme pour tester des méthodes de restauration innovantes.

«Grâce à notre partenariat de longue date avec la Kaust, nous mettrons également en lumière le rôle des récifs coralliens, qui comptent parmi les systèmes environnementaux marins les plus importants, ainsi que l’importance de leur préservation pour les générations futures», a confié le PDG de Neom, Nadhmi al-Nasr.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L’UE assouplit les règles en matière de visas pour l’Arabie saoudite, Oman et Bahreïn

L’ambassadeur de l’Union européenne en Arabie saoudite, Christophe Farnaud. (Photo fournie)
L’ambassadeur de l’Union européenne en Arabie saoudite, Christophe Farnaud. (Photo fournie)
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  • Les citoyens saoudiens, omanais et bahreïnis peuvent désormais bénéficier de visas à entrées multiples d’une durée de cinq ans
  • Il s’agit d’«une étape importante dans la promotion des contacts interpersonnels», affirme l’ambassadeur

RIYAD: Les citoyens saoudiens, omanais et bahreïnis pourront se rendre plus facilement en Europe à la suite d’une décision de la Commission européenne visant à assouplir les règles en matière de visas.

Jeudi, l’ambassadeur de l’Union européenne (UE) en Arabie saoudite, Christophe Farnaud, a déclaré à des journalistes à Riyad que les nouvelles règles relatives aux visas Schengen constituaient «une étape importante dans la promotion des contacts interpersonnels et la facilitation des échanges entre les citoyens de l’UE et du Conseil de coopération du Golfe [CCG]».

En vertu des nouvelles règles, un visa à entrées multiples sera normalement délivré pour une durée de cinq ans aux demandeurs retenus, y compris à ceux qui présentent une demande pour la première fois.

«Le processus est le même, mais la durée du visa est plus longue, ce qui leur permet de se rendre dans 29 pays européens en utilisant le même visa à entrées multiples, valable pour une durée de cinq ans», a expliqué M. Farnaud.

Ce dernier a déclaré qu’il était important de placer le changement de visa «dans le contexte des relations stratégiques entre cette région et l’Europe».

L’espace Schengen regroupe 29 pays européens, dont 25 sont des États membres de l’UE: la Belgique, la Bulgarie, la Croatie, la République tchèque, le Danemark, l’Allemagne, l’Estonie, la Grèce, l’Espagne, la France, l’Italie, la Lettonie, la Lituanie, le Luxembourg, la Hongrie, Malte, les Pays-Bas, l’Autriche, la Pologne, le Portugal, la Roumanie, la Slovénie, la Slovaquie, la Finlande et la Suède, ainsi que l’Islande, le Liechtenstein, la Norvège et la Suisse.

Les États membres mettront en œuvre cette décision dès qu’ils auront reçu les notifications, a assuré M. Farnaud.

«Comme nous le savons, la notification a été faite mercredi. Donc, à partir de maintenant, les États membres peuvent délivrer ces visas, à moins qu’il n’y ait une raison technique qui les oblige à attendre quelques jours», a-t-il précisé.

«Je suis très heureux d’avoir pu travailler sur ce projet et je dois dire que j’ai reçu de nombreuses réponses très positives de la part des citoyens, notamment des Saoudiens. Je pense que c’est une excellente nouvelle», a ajouté M. Farnaud.

L’envoyé a indiqué que l’Europe travaillait également sur la mise en place de visas électroniques, «mais cela prendra un certain temps».

«Je ne peux pas vous dire combien de temps exactement, car cela implique des décisions de la part des États membres sur des aspects techniques. Ce projet se concrétisera donc, mais cela prendra un certain temps», a-t-il indiqué.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com