Attentats de janvier 2015: le mea culpa du seul accusé à comparaître libre

Le procès des attentats de janvier 2015 s'ouvre à Paris sous haute surveillance (Photo, AFP)
Le procès des attentats de janvier 2015 s'ouvre à Paris sous haute surveillance (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 07 octobre 2020

Attentats de janvier 2015: le mea culpa du seul accusé à comparaître libre

  • « Je reconnais les faits qui me sont reprochés », déclare d'emblée Christophe Raumel
  • « Aujourd'hui, je m'en veux grave. J'ai honte et je regrette. Mais j'assume »

PARIS : « Je ne me suis pas posé de question »: Christophe Raumel, le seul des accusés à comparaître libre au procès des attentats de janvier 2015, a « assumé » mardi sa participation à l'achat de matériel pour Amédy Coulibaly et dédouané son « pote » et coaccusé Willy Prevost.

« Je reconnais les faits qui me sont reprochés », déclare d'emblée Christophe Raumel, 30 ans, blouson beige et jean à la barre de la cour d'assises spéciale de Paris. 

Des onze accusés présents - trois autres sont jugés par défaut - seul M. Raumel comparaît libre sous contrôle judiciaire. Les juges avaient abandonné la qualification terroriste à son encontre, estimant qu'il ne pouvait avoir connaissance des projets de Coulibaly.

Fin 2014, ce dernier avait « missionné » Willy Prevost pour acheter gilets tactiques, couteaux, taser et gazeuses lacrymogènes. Christophe Raumel, qui traînait « H24 avec Willy :, accepte de l'accompagner pour « sortir » de la routine du quartier, stocke même une partie du matériel à son domicile. « Jamais » il ne se posera la question de sa destination.

« Des couteaux, des gilets tactiques, ce n'était pas pour aller à la pêche », souligne un magistrat de la cour, s'étonnant qu' « aucune lumière rouge » ne se soit « installée » dans sa tête, vue a minima la réputation de braqueur « violent » d'Amédy Coulibaly.

« Si c'était rentré dans ma tête, croyez-moi je ne serais pas là », tente d'expliquer Christophe Raumel, peu disert face à la cour. Il avait passé « 39 mois » en détention provisoire et huit mois sous bracelet électronique, avant d'être libéré sous contrôle judiciaire.

« Je m'en veux grave »

« Pour moi, j'étais pas impliqué, de près ou de loin », ajoute-t-il. « Quand ils (les policiers) sont venus me chercher, je leur ai dit +mais terroriste de quoi? », relate Christophe Raumel, qui encourt dix ans de réclusion.

« Aujourd'hui, je m'en veux grave. J'ai honte et je regrette. Mais j'assume », lance-t-il.

La cour passe rapidement sur le reste des faits, sa participation à l'achat d'une voiture pour Amédy Coulibaly et à l'enlèvement du traqueur GPS de la moto utilisée à Montrouge.

Elle semble davantage s'intéresser aux relations entre le tueur de l'Hyper Cacher et Willy Prevost. Interrogé lundi, ce dernier a assuré qu'il était sous « l'emprise » du jihadiste dont il ignorait les projets d'attentats. 

« Je ne peux pas vraiment vous dire », répond Christophe Raumel, qui affirme avoir vu « deux fois sûr » Coulibaly, toujours en compagnie de Willy Prevost, mais qu'il était toujours resté « à l'écart » de leurs conversations, ce qu'a également confirmé M. Prevost.

Devant la juge d'instruction pourtant, dans les premiers mois de l'enquête, Christophe Raumel s'était dit « certain » que Willy Prevost savait ce qu'Amédy Coulibaly « préparait » et que ce n'était pas « un braquage :, rappelle Me Laurence Cechman, une avocate de la partie civile.

« C'est ce que je me disais au début. Mais après, avec le recul, je ne pense pas qu'il savait, vraiment. Il est pas fou quand même », assure à la barre Christophe Raumel. 

« On veut faire de vous un témoin à charge contre Willy Prevost », déplore l'avocat de ce dernier, Me Hugo Lévy. « M. Prevost savait ou ne savait pas ce que voulait faire Amédy Coulibaly? », insiste Me Lévy. « Non, il savait pas », certifie Christophe Raumel.

S'il a fait certaines déclarations, est-ce parce qu'il était en prison à cause de Willy Prevost et qu'il avait appris que ce dernier lui avait « piqué sa copine », veut savoir Me Lévy.

« Oui, oui », répond M. Raumel, en baissant la tête. « Quand j'ai appris, j'étais énervé, je lui en voulais. Mais c'est passé », soutient-il.

Lors d'une audition tendue dans l'après-midi, son ex-compagne a estimé qu'il n'avait « pas pardonné » à Willy Prevost, dépeignant Christophe Raumel comme un « manipulateur » qui « essaie de susciter la compassion ». Elle l'a également accusé de violences conjugales. 

A la suite de ces accusations, le parquet d'Evry a reçu un signalement du parquet national antiterroriste (PNAT). « Une enquête sera diligentée à cet égard. (L'intéressée) va être convoquée en vue de l'ouverture d'une enquête », a indiqué le parquet d'Evry. 

L'avocate de Christophe Raumel, Me Clémence Witt, a de son côté dénoncé des « allégations calomnieuses, infondées et contradictoires avec tout ce qui avait été dit en garde à vue ».


Mobilisations propalestiniennes: 86 personnes placées en garde à vue

Un manifestant brandit un drapeau palestinien lors d'un rassemblement convoqué par plusieurs organisations françaises en soutien au peuple palestinien, place de la République à Paris, le 7 mai 2024 (Photo, AFP).
Un manifestant brandit un drapeau palestinien lors d'un rassemblement convoqué par plusieurs organisations françaises en soutien au peuple palestinien, place de la République à Paris, le 7 mai 2024 (Photo, AFP).
Des étudiants et militants pro-palestiniens réagissent à côté d'une banderole indiquant en français : "A Gaza, cette université aurait été bombardée" (Photo, AFP).
Des étudiants et militants pro-palestiniens réagissent à côté d'une banderole indiquant en français : "A Gaza, cette université aurait été bombardée" (Photo, AFP).
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  • Les forces de l'ordre sont de nouveau intervenues mardi dans l'université de la Sorbonne et devant Sciences Po Paris pour mettre fin à des rassemblements et des actions de blocage de militants propalestiniens
  • Ces gardes à vue peuvent durer 24 heures avant une première décision sur une prolongation de 24 heures supplémentaires

PARIS: L'évacuation de militants propalestiniens de l'université de la Sorbonne à Paris mardi soir a donné lieu au placement en garde à vue de 86 personnes, a indiqué le parquet de Paris mercredi.

Le ministère public doit faire mercredi un nouveau bilan sur ces mesures en cours qui concernent toutes des personnes majeures.

Ces gardes à vue peuvent durer 24 heures avant une première décision sur une prolongation de 24 heures supplémentaires.

"Les infractions principalement visées sont les suivantes : dégradations volontaires, participation à un groupement en vue de la préparation de violences contre les personnes ou de destruction/dégradation de biens, rébellion, violence sur personne dépositaire de l’autorité publique ou intrusion dans l'enceinte d'un établissement d'enseignement scolaire en réunion dans le but de troubler la tranquillité ou le bon ordre de l'établissement", a ajouté le parquet.

Intervention des forces de l’ordre 

Les forces de l'ordre sont de nouveau intervenues mardi dans l'université de la Sorbonne et devant Sciences Po Paris pour mettre fin à des rassemblements et des actions de blocage de militants propalestiniens, en écho aux messages répétés de fermeté du gouvernement.

Moins de 24 heures après que le Premier ministre Gabriel Attal a rappelé lundi soir qu'il n'y aurait "jamais de droit au blocage" dans les universités françaises, les forces de l'ordre ont pénétré mardi soir dans la Sorbonne pour évacuer des manifestants propalestiniens qui occupaient depuis environ deux heures un amphithéâtre, en "solidarité" avec Gaza, a constaté une journaliste de l'AFP.

Les militants, qui étaient une centaine environ à l'intérieur, selon des sources concordantes, ont été sortis au compte-gouttes dans une rue latérale de l'université, parfois portés à bout de bras par des agents.

La préfecture de police avait fait état de 88 interpellations lors de cette intervention achevée peu avant minuit, selon le rectorat et une source policière.

Plusieurs organisations politiques et syndicales, dont la France insoumise, Urgence Palestine, Solidaires ou l'Union étudiante, ont appelé à un rassemblement à 13H00 mercredi devant l'Hôtel de ville de Paris pour demander la remise en liberté des militants interpellés.

L'Unef, qui a appelé aussi à ce rassemblement, a réclamé dans un communiqué "l'arrêt immédiat de la répression des étudiant.e.s qui se mobilisent pour la paix". "La répression sur les lieux d’études est sans précédent" et les étudiants mobilisés "sont désormais considérés comme des +fauteurs de trouble+ voire des criminels", fustige le syndicat étudiant.


JO-2024: début de la parade maritime pour l'arrivée de la flamme olympique à Marseille

Le trois-mâts français Belem du XIXe siècle navigue dans la baie de Marseille, en mer Méditerranée, le 8 mai 2024, avant d'atterrir avec la flamme olympique, en prévision des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 (Photo, AFP).
Le trois-mâts français Belem du XIXe siècle navigue dans la baie de Marseille, en mer Méditerranée, le 8 mai 2024, avant d'atterrir avec la flamme olympique, en prévision des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 (Photo, AFP).
Des spectateurs tenant une mascotte « Phryge » des Jeux olympiques de Paris 2024 dans les bateaux défilent alors que le bateau navigue près des côtes de Marseille, dans la mer Méditerranée, le 8 mai 2024, avant d'atterrir avec la flamme olympique, en prévision des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Jeux (Photo, AFP).
Des spectateurs tenant une mascotte « Phryge » des Jeux olympiques de Paris 2024 dans les bateaux défilent alors que le bateau navigue près des côtes de Marseille, dans la mer Méditerranée, le 8 mai 2024, avant d'atterrir avec la flamme olympique, en prévision des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Jeux (Photo, AFP).
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  • Les embarcations ont fait sonner cornemuses, sirènes et klaxons pour célébrer l'arrivée de ce symbole olympique après 12 jours en mer
  • Le Belem est comme dans une bulle, protégé par des bateaux du dispositif de sécurité

MARSEILLE: La grande parade maritime accompagnant l'arrivée de la flamme olympique en France a débuté mercredi à 11h00, avec un millier de bateaux escortant le trois-mâts Belem en rade de Marseille, sous un soleil éclatant, ont constaté des journalistes de l'AFP en mer.

Les embarcations ont fait sonner cornemuses, sirènes et klaxons pour célébrer l'arrivée de ce symbole olympique après 12 jours en mer depuis la Grèce, à moins de trois mois des JO de Paris (26 juillet-11 août).

Sur La Belle Poule, deux-mâts historique de la Marine nationale qui suit directement le Belem, le son de la cornemuse a retenti sous les grandes voiles blanches, marquant le début de la parade qui durera jusqu'à 17h00, le long de la côte de la deuxième ville de France.

Accueil chaleureux 

Tout autour, en mer, de petits bateaux de plaisance, des canots, mais aussi de grands voiliers naviguent sur la Méditerranée, selon un journaliste de l'AFP.

A bord du Belem, où a pu monter un photographe de l'AFP, les jeunes équipiers saluent depuis le pont, sourire aux lèvres, l'armada de plaisanciers et la foule dense présente sur une plage au loin, sous le viaduc de Corbières, dans le quartier populaire de l'Estaque qui a inspiré de grands peintres comme Cézanne ou Braque.

Le Belem est comme dans une bulle, protégé par des bateaux du dispositif de sécurité. Une quarantaine de bateaux des autorités françaises sont mobilisés pour veiller au bon déroulement de cette grande parade.


La Grande mosquée de Paris appelle le gouvernement à la vigilance sur la discrimination des musulmans

Recteur de la Grande Mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz (Photo, AFP).
Recteur de la Grande Mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz (Photo, AFP).
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  • Gabriel Attal avait promis une «fermeté exemplaire» face à l'antisémitisme et estimé que «l'islamisme est un péril grave pour notre République»
  • Pour la Grande mosquée, l'«appel à la vigilance» et la "condamnation" que le Premier ministre a exprimés «doivent s'appliquer de manière équitable à toutes les communautés»

PARIS: La Grande mosquée de Paris appelle le gouvernement à condamner "sans équivoque" les discriminations visant les musulmans, estimant que la fermeté martelée lundi par Gabriel Attal au dîner du Crif devait "s'appliquer de manière équitable à toutes les communautés".

"La Grande mosquée de Paris accueille favorablement" la déclaration du Premier ministre sur "les tensions intercommunautaires et la nécessité de ne pas laisser le cynisme politique diviser notre société", affirme dans un communiqué reçu mercredi le recteur de la mosquée Chems-eddine Hafiz.

"Nous partageons sa préoccupation quant à toute tentative d'instrumentalisation des identités religieuses à des fins partisanes", ajoute-t-il.

Pour la Grande mosquée, l'"appel à la vigilance" et la "condamnation" que le Premier ministre a exprimés "doivent s'appliquer de manière équitable à toutes les communautés".

Stigmatisés

Lundi soir au dîner du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France), Gabriel Attal avait promis une "fermeté exemplaire" face à l'antisémitisme et estimé que "l'islamisme est un péril grave pour notre République et un des visages les plus dangereux, les plus destructeurs de l'antisémitisme".

Le recteur de la Grande mosquée, qui rappelle avoir participé lundi matin au lancement des "assises de lutte contre l'antisémitisme" initiées par le gouvernement, s'inquiète aussi de "l’extension dans l'espace public du faux et +antinomique+ concept d'antisémitisme musulman, qui stigmatise injustement les musulmans français".

"Nous appelons le Premier ministre et son gouvernement à montrer l'exemple en condamnant explicitement et sans équivoque toute forme de discrimination et de stigmatisation à l'encontre des musulmans français", ajoute-t-il.