A Rome, les hôtels vidés par la crise du Covid

Le monument du Soldat inconnu au coucher du soleil à Rome. (AFP).
Le monument du Soldat inconnu au coucher du soleil à Rome. (AFP).
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Publié le Samedi 19 février 2022

A Rome, les hôtels vidés par la crise du Covid

  • Les hôtels romains ont durement souffert et continuent de souffrir de la crise consécutive à la pandémie de Covid-19
  • Le patron de la Fédération des hôteliers de Rome dénonçait «la concurrence déloyale» des loueurs privés qui mettait en péril l'existence même des hôtels

ROME: Palaces de la mythique via Veneto ou modestes pensions du Trastevere, les hôtels romains ont durement souffert et continuent de souffrir de la crise consécutive à la pandémie de Covid-19.

Selon une étude du syndicat Unindustria et de la Chambre de commerce de Rome présentée début février, le nombre de touristes dans la capitale italienne a chuté de 19,5 millions, dont 9,2 millions d'étrangers, en 2019, à 4,1 millions dont 1,6 million d'étrangers en 2020, avant de tomber encore plus bas en 2021 à 2,8 millions dont 1 million d'étrangers.

Officiellement, sur les quelque 1.200 hôtels de Rome, 410 sont actuellement fermés et les autres travaillent à environ 30% de leurs capacités, a alerté début février le responsable Tourisme de la mairie de Rome, Alessandro Onorato, dans une interview au Corriere della Sera.

Mais pour les hôteliers, la réalité est plus sombre encore.

"Environ 600 hôtels sur 1.200 sont fermés et ceux qui sont ouverts tournent à 20-25%. Quelque 400 n'ont jamais rouvert depuis leur fermeture à cause de la pandémie et il est possible qu'ils ne rouvriront jamais", assure à l'AFP Walter Pecoraro, gérant d'un hôtel à deux pas des Forums impériaux en plein centre de Rome et président de la fédération hôtelière de la région du Latium.

A Londres ou Paris, le taux d'occupation des hôtels est revenu désormais à plus de 60%, encore loin des niveaux pré-pandémie mais bien meilleurs qu'à Rome, montrent des statistiques professionnelles. Hors pandémie, la capitale romaine affiche toutefois un taux d'occupation structurellement bas par rapport aux autres grandes capitales touristiques européennes, de l'ordre de 70% contre 80% à Paris.

Selon Walter Pecoraro, la situation actuelle est due au Covid, à la concurrence de Airbnb et des loueurs de chambres au noir et aux règles sanitaires.

"Vous pouvez entrer en Italie, en provenance de l'Union européenne, avec un simple test négatif de Covid, mais ensuite vous ne pouvez pas entrer dans un hôtel, un restaurant ou un bar si vous n'avez pas le pass vaccinal", explique-t-il.

«Dégâts énormes»

"Au cours des trois années précédant la pandémie de Covid, les diverses structures illégales, comme les chambres ou appartements à louer qui ne déclarent rien au fisc, ont réduit notre chiffre d’affaires de 30% et ont tiré les prix vers le bas", dénonce-t-il également.

Interrogées par l'AFP, les diverses autorités compétentes, le ministère du Tourisme, l'Agence nationale du tourisme et le Département du tourisme de la mairie de Rome n'ont ni confirmé ni infirmé ces chiffres.

Mais déjà à l'époque, le patron de la Fédération des hôteliers de Rome dénonçait "la concurrence déloyale" des loueurs privés, en particulier Airbnb, qui mettait en péril l'existence même des hôtels à une, deux ou trois étoiles.

L'hôtellerie est en crise, mais tous les segments ne sont pas affectés de manière uniforme: selon l'étude d'Unindustria, 20 nouveaux hôtels vont ainsi ouvrir d'ici 2023 à Rome, mais ce seront exclusivement des établissements de luxe classés au moins "4 étoiles supérieur".

"Moi j'ai parié sur une clientèle différente, aisée, avec la décision d'investir dans l’hôtel pour entrer dans le circuit de la marque Hilton", confie M. Pecoraro, dont l'établissement est en pleine rénovation.

Autre problème affectant la fréquentation hôtelière: "L'absence de reconnaissance" dans l'UE "des vaccins russe et chinois pour l'obtention du pass sanitaire est en train de créer des dégâts énormes", a déploré début février la Fédération italienne des entreprises de voyage et de tourisme (Fiavet).

"Il suffit de penser que dans une ville comme Rome, le tourisme chinois était devenu le troisième marché en termes d'arrivées en 2019", a illustré la présidente de la Fiavet, Ivana Jelinic, alors que "des villes comme Rome" et autres villes d'art "vivent surtout grâce aux touristes étrangers qui sont absents depuis trop longtemps".

Pour elle, "si nous ne nous ouvrons pas à tous les étrangers, et en particulier aux marchés russe et asiatique, d'autres pays concurrents le feront (...) et nous perdrons l'occasion d'une reprise durable".

Avant le Covid, le tourisme représentait près de 14% du PIB italien.

L'Etat a donné un coup de main et "a versé au 31 décembre 2021 1,7 milliard d'euros" d'aide au secteur touristique, a indiqué à l'AFP le ministère du Tourisme, mais la part du lion, 500 millions d'euros, est allée aux agences de voyage, les hôteliers recevant en revanche 181 millions.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.