Ukraine: les troupes russes resteront au Bélarus pour des manoeuvres

Un soldat des forces militaires ukrainiennes en position sur la ligne de front, dans la région de Donetsk. (AFP).
Un soldat des forces militaires ukrainiennes en position sur la ligne de front, dans la région de Donetsk. (AFP).
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Publié le Dimanche 20 février 2022

Ukraine: les troupes russes resteront au Bélarus pour des manoeuvres

  • Le Bélarus a annoncé la poursuite des exercices militaires conjoints avec la Russie sur son territoireaux frontières de l'Ukraine, où les Occidentaux redoutent une attaque d'ampleur de Moscou.
  • Moscou se défend de tout projet d'invasion mais réclame des garanties pour sa sécurité, dont la promesse que l'Ukraine n'intègrera jamais l'Otan et la fin du renforcement des forces de l'Alliance à ses frontières

KIEV: Le Bélarus a annoncé dimanche la poursuite des exercices militaires conjoints avec la Russie sur son territoire, aux frontières de l'Ukraine, où les Occidentaux redoutent une attaque d'ampleur de Moscou.

Cette annonce intervient peu avant un appel téléphonique entre le président français Emmanuel Macron et son homologue russe Vladimir Poutine, que l'Elysée a décrit comme "les derniers efforts possibles et nécessaires pour éviter un conflit majeur en Ukraine" après leur rencontre le 7 février.

Moscou avait auparavant annoncé que les quelque 30.000 soldats russes, selon le décompte des Etats-Unis, se trouvant au Bélarus pour des exercices militaires depuis le 10 février se retireraient à l'issue de ceux-ci, ce dimanche.

A la place d'un retrait, le ministère bélarusse de la Défense a annoncé que Minsk et Moscou avaient décidé de "poursuivre l'inspection des forces" du fait de la flambée de violences dans l'Est de l'Ukraine, où les forces de Kiev combattent des séparatistes prorusses soutenus par la Russie.

La Russie est déjà accusée par les Occidentaux, malgré plusieurs annonces de retrait militaire, d'avoir massé 150.000 soldats aux frontières de l'Ukraine, en Russie et au Bélarus, en vue d'une invasion que les Etats-Unis et d'autres pays présentent comme imminente.

Moscou se défend de tout projet d'invasion mais réclame des garanties pour sa sécurité, dont la promesse que l'Ukraine n'intègrera jamais l'Otan et la fin du renforcement des forces de l'Alliance à ses frontières, autant de demandes que les Occidentaux ont rejetées.

Cette crise a provoqué une escalade des tensions telle que l'Europe n'a pas connu depuis la Guerre froide.

«Bouclier de l'Europe»

Emboîtant le pas des Etats-Unis et de l'Otan, qui ont dit craindre une "attaque de grande ampleur", le Premier ministre britannique Boris Johnson a assuré dimanche que la Russie préparait "ce qui pourrait être la plus grande guerre en Europe depuis 1945".

Selon lui, une invasion russe de l'Ukraine se ferait non seulement par l'Est, mais également par le Nord, via le Bélarus, pour "encercler Kiev".

"Tous les signes indiquent que la Russie prévoit une attaque complète", a affirmé samedi Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l'Otan, que Kiev souhaite rejoindre.

Le président américain Joe Biden a convoqué le Conseil de sécurité nationale pour une réunion de crise dimanche soir. Signe que la voie diplomatique reste ouverte, son secrétaire d'Etat Antony Blinken et le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov doivent se rencontrer le 24 février.

Kiev et les Occidentaux craignent que la Russie, qui a déjà annexé la Crimée en 2014, ne cherche un casus belli pour attaquer l'Ukraine et que la récente reprise d'intenses combats entre armée ukrainienne et séparatistes prorusses dans l'Est ne soit ce prétexte.

L'appel Macron-Poutine de dimanche intervient alors que les tirs sont nourris sur le front dans l'Est ukrainien, les observateurs de l'OSCE signalant plus de 1.500 violations du cessez-le-feu entre jeudi et vendredi, un record cette année.

Dans ce contexte de volatilité extrême, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exhorté samedi les Occidentaux à cesser leur politique "d'apaisement" vis-à-vis de Moscou et à augmenter leur aide militaire à Kiev, "bouclier de l'Europe".

Le même jour, la Russie menait sous supervision de Vladimir Poutine des tirs d'exercices de missiles pouvant porter des charges nucléaires.

Tirs soutenus sur le front 

"Nous ne pouvons pas éternellement offrir un rameau d'olivier alors que la Russie effectue des tests de missiles et continue d'amasser des troupes" à la frontière ukrainienne, a réagi dimanche le président du Conseil européen Charles Michel.

Sur le front, dans l'est de l'Ukraine, les combats redoublaient d'intensité. Kiev et les séparatistes s'accusent mutuellement d'envenimer ce conflit qui a fait plus de 14.000 morts depuis 2014.

Renforçant l'inquiétude, les séparatistes prorusses ont annoncé samedi une "mobilisation générale" des hommes en état de combattre, après avoir ordonné l'évacuation de civils vers la Russie voisine, qui a affirmé dimanche en avoir accueilli plus de 40.000.

Dans la nuit de samedi à dimanche, ils ont à nouveau accusé l'armée ukrainienne de dizaines de tirs violant le cessez-le-feu, au mortier et à l'obusier, et assurent que l'Ukraine prépare une attaque, ce que Kiev dément. 

Les milices de la "république" séparatiste de Lougansk ont assuré avoir repoussé une attaque de militaires ukrainiens dimanche à l'aube, lors de laquelle, selon cette source, deux civils ont été tués. Une annonce qualifiée de "désinformation absolue" par Kiev.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.