Pour les Ukrainiens de la ligne de front, un sac prêt pour partir à tout moment

La Russie s'arrêtera-t-elle aux limites des zones de facto aux mains des séparatistes, ou tentera-t-elle de prendre le contrôle de l'ensemble des régions administratives d'avant-guerre de Donetsk et de Lougansk, plus larges et qui comprennent les territoires encore tenus par Kiev? Les civils, pris en étau, fuient la zone sans vraiment savoir où aller. (AFP).
La Russie s'arrêtera-t-elle aux limites des zones de facto aux mains des séparatistes, ou tentera-t-elle de prendre le contrôle de l'ensemble des régions administratives d'avant-guerre de Donetsk et de Lougansk, plus larges et qui comprennent les territoires encore tenus par Kiev? Les civils, pris en étau, fuient la zone sans vraiment savoir où aller. (AFP).
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Publié le Mardi 22 février 2022

Pour les Ukrainiens de la ligne de front, un sac prêt pour partir à tout moment

  • Alors que la menace d'une guerre massive entre la Russie et l'Ukraine augmente de jour en jour et même d'heure en heure, rien n'apaise la colère de Mme Velitchko
  • "Je veux gifler Poutine et Zelensky", déclare-t-elle à propos des dirigeants russe et ukrainien

AVDIIVKA: "En ce moment, ils tirent aussi fort qu'en 2015", estime Anna Velitchko, depuis ce qu'il reste de son immeuble de la ville d'Avdiïvka, dans l'est de l'Ukraine, un perchoir branlant qui surplombe la ligne de front.


De là, la jeune femme de 39 ans a une vue dégagée sur Donetsk, une des deux "capitales" des séparatistes soutenus par la Russie, qui tirent régulièrement sur la ville.


Son immeuble a été fortement endommagé par des bombardements après le début en 2014 de la guerre avec ces rebelles prorusses. 


Si l'intensité des combats est encore loin du déchainement de feu de 2014, cette nouvelle flambée de violence, avec des bombardements sporadiques a tué lundi deux soldats et un civil ukrainiens. 


Alors que la menace d'une guerre massive entre la Russie et l'Ukraine augmente de jour en jour et même d'heure en heure, rien n'apaise la colère de Mme Velitchko.


"Je veux gifler Poutine et Zelensky", déclare-t-elle à propos des dirigeants russe et ukrainien, qu'elles voudrait voir "s'assoir enfin et se mettre d'accord pour mettre fin à cette guerre".

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Avec quelques maigres affaires, ils franchissent le poste de contrôle d'Avilo-Uspenka pour entrer en Russie. (AFP).

 

L'Ukraine au cœur de plusieurs mois de crise

Des mouvements de troupes russes en novembre à la frontière ukrainienne jusqu'à la menace d'une invasion jugée imminente par les Occidentaux, retour sur des mois de tensions autour de l'Ukraine.

  • Crainte d'une offensive

Le 10 novembre 2021, Washington demande des explications à la Russie sur des mouvements de troupes "inhabituels" à la frontière ukrainienne.


Le président russe Vladimir Poutine accuse les Occidentaux de livrer des armes à Kiev et de mener des exercices militaires "provocants" dans la région.


Le 28, l'Ukraine assure que la Russie a déployé près de 92.000 soldats à ses frontières. Moscou accuse l'Ukraine de masser des troupes dans l'Est, où une guerre oppose Kiev à des séparatistes soutenus par Moscou.

  • Sommet Biden-Poutine

Le 7 décembre, lors d'un sommet virtuel avec Poutine, le président américain Joe Biden le menace de "fortes sanctions" économiques en cas d'invasion de l'Ukraine.


Moscou dévoile deux projets de traités pour bannir notamment toute adhésion de l'Ukraine à l'Otan et obtenir le retrait des forces de l'Otan des pays de l'ex-espace soviétique.

  • Forces en alerte

Le 18, après des négociations infructueuses à Genève puis à Bruxelles, Moscou déploie des soldats au Bélarus.


Washington débloque une nouvelle aide pour l'Ukraine et autorise les pays baltes à livrer à Kiev des armes américaines.


Le 24, l'Otan annonce l'envoi de navires et d'avions de combat pour renforcer ses défenses en Europe de l'Est. Washington place 8.500 militaires en état d'alerte.


Moscou lance de nouvelles manœuvres près de l'Ukraine et en Crimée.

  • Le « non » à Moscou

Le 26, Washington rejette les demandes clés de Moscou.


Des émissaires russe et ukrainien rencontrent à Paris les médiateurs français et allemand pour tenter de relancer le processus de paix dans l'Est ukrainien.

  • Pékin aux côtés de Moscou

Le 27, Pékin juge "raisonnables" les préoccupations de Moscou pour sa sécurité.


Le 2 février, Washington envoie 3.000 soldats supplémentaires en Europe de l'Est.

- Poutine prêt à des "compromis" -Le 7, Poutine se dit prêt à "des compromis" après un entretien avec le président français Emmanuel Macron.


Le 10, les armées russe et bélarusse débutent des manœuvres d'envergure au Bélarus.

  • Risque «réel» de guerre

Le 11, l'Otan insiste sur le "risque réel d'un nouveau conflit armé" en Europe. Plusieurs pays appellent leurs ressortissants à quitter l'Ukraine.


Washington décide l'envoi de 3.000 soldats supplémentaires en Pologne.


Le 13, le chancelier allemand Olaf Scholz prévient que les sanctions occidentales seraient "immédiates" en cas d'invasion russe.


Le 14, les Etats-Unis décident de déplacer leur ambassade de Kiev à Lviv (Ouest).

  • Retrait ou renforcement?

Le 15, le Kremlin annonce le "retrait partiel" de ses forces aux frontières ukrainiennes.


Le 16, l'Otan dit ne constater aucun signe de désescalade affirmant, tout comme Washington, que la Russie continue au contraire de renforcer sa présence.

  • Heurts accrus dans l'Est ukrainien

Le 17, des échanges de tirs à l'arme lourde s'intensifient le long de la ligne de front entre séparatistes prorusses et forces ukrainiennes.


Biden juge une offensive russe possible "dans les prochains jours", alors que Moscou a déployé plus de 150.000 soldats aux frontières de l'Ukraine, selon les renseignements américains.


Le 18, les séparatistes ordonnent l'évacuation de civils vers la Russie. 


Antony Blinken dénonce la mise en œuvre par Moscou de "provocations" pour justifier une attaque.

  • Frappe imminente?

Le 19, l'armée ukrainienne annonce la mort de deux de ses soldats.


Le président ukrainien Volodymyr Zelensky propose une rencontre à Poutine qui, au même moment, supervise des exercices "stratégiques" avec des tirs de missiles "hypersoniques".


Les troupes russes "s'apprêtent à frapper" selon Washington. La France et l'Allemagne exhortent leur ressortissants à quitter l'Ukraine.

  • Poutine reconnaît l'indépendance des séparatistes prorusses

Le 21, l'Elysée indique que les présidents russe et américain ont accepté son principe d'un sommet Poutine-Biden. Mais le Kremlin juge cette annonce "prématurée".


L'armée russe affirme avoir tué sur son territoire cinq "saboteurs" venus d'Ukraine et avoir arrêté un soldat ukrainien, Kiev dément avoir envoyé ces hommes.


Poutine juge que le processus de paix dans ce conflit n'a "aucune perspective".


Dans une allocution télévisée, Poutine annonce reconnaître l'indépendance des territoires séparatistes prorusses. L'UE promet des sanctions.


Le président russe ordonne à son armée d'entrer dans les territoires séparatistes dans l'Est de l'Ukraine.

 

Reconnaissance par Poutine

Défiant la menace des sanctions occidentales, Vladimir Poutine a reconnu lundi soir l'indépendance des républiques séparatistes autoproclamées de Donetsk et Lougansk, court-circuitant de fait le processus de paix issu des accords de Minsk de 2015 signés sous médiation franco-allemande pour tenter de résoudre ce conflit armé, qui a fait plus de 14.000 morts. 


L'ampleur et les conséquences concrètes pour les habitants de cette reconnaissance russe de l'indépendance de ces territoires, restent encore floues.


La Russie s'arrêtera-t-elle aux limites des zones de facto aux mains des séparatistes, ou tentera-t-elle de prendre le contrôle de l'ensemble des régions administratives d'avant-guerre de Donetsk et de Lougansk, plus larges et qui comprennent les territoires encore tenus par Kiev?


Si cette dernière option est retenue par le Kremlin, la ligne de front pourrait s'embraser violemment et surtout se déplacer à l'ouest.


Les habitants de ces territoires contrôlés par Kiev le long de la frontière redoutent de voir arriver les premiers chars russes dans leurs localités. 


Et si les troupes russes arrivent, les habitants d'Avdiïvka se préparent au pire. 

Sacs d'urgence 

Même aux pires heures de la guerre, Tetiana Polichtchouk, 67 ans, n'a jamais pu se résoudre à quitter son appartement.  


Mais cette fois-ci, la retraitée se dit qu'elle n'aura peut-être pas le choix. "Ils ont commencé à tirer beaucoup plus", déplore-t-elle.


Des sacs avec des affaires d'urgence et ses documents officiels sont déjà prêts et entreposés près de sa porte. En cas d'invasion russe, elle les prendra pour fuir chez sa fille à Kiev, la capitale. 


"Poutine est un salaud, il a une lubie, celle de recréer une empire à lui, à l'instar de l'URSS", s'insurge Mme Polichtchouk, en doudoune rose et bonnet. 


Valentin Kovtoun, 49 ans, est résigné. "De toute façon Donetsk et la Crimée (péninsule ukrainienne annexée par la Russie en 2014) ne seraient pas revenus" à l'Ukraine, estime-t-il. "Ils ont une autre politique, ils sont Russes là-bas".


Employé d'une usine locale, Ievguen Vassylenko, 30 ans, s'inquiète des bombardements plus que du sort des républiques séparatistes. Il "n’aimerait pas revivre ce qui s’est passé en 2014, 2015, 2016": "Ce n’était pas des moments agréables". 


Ievguen Tsyganok, qui était déjà venu se réfugier à Avdiïvka après la prise de sa ville natale de Donetsk en 2014, est lui lassé de devoir fuir.


"Parfois, un très gros obus ou quelque chose comme ça est tiré et vous le sentez avec tout votre corps", témoigne le jeune homme de 27 ans. 


"Mais nous n'avons plus où nous enfuir d'ici parce que mes parents sont, de l'autre côté, à Donetsk", explique M. Tsyganok. "Ni eux, ni nous, nous ne pouvons aller nulle part. C'est notre terre", dit-il.


Ukraine: «aucun compromis» sur les territoires occupés après une rencontre Poutine-Witkoff à Moscou

"Aucun compromis" n'a été trouvé mardi sur l'épineuse question des territoires occupés par la Russie en Ukraine après une rencontre à Moscou entre le président Vladimir Poutine et l'émissaire américain Steve Witkoff, qui lui présentait le plan de Washington pour mettre fin à près de quatre ans de guerre en Ukraine. (AFP)
"Aucun compromis" n'a été trouvé mardi sur l'épineuse question des territoires occupés par la Russie en Ukraine après une rencontre à Moscou entre le président Vladimir Poutine et l'émissaire américain Steve Witkoff, qui lui présentait le plan de Washington pour mettre fin à près de quatre ans de guerre en Ukraine. (AFP)
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  • M. Witkoff, accompagné du gendre du président américain, Jared Kushner, s'est entretenu pendant près de cinq heures au Kremlin avec le dirigeant russe à propos de ce plan présenté par Washington
  • "Nous avons pu nous mettre d'accord sur certains points (...), d'autres ont suscité des critiques, mais l'essentiel est qu'une discussion constructive ait eu lieu et que les parties aient déclaré leur volonté de poursuivre leurs efforts"

MOSCOU: "Aucun compromis" n'a été trouvé mardi sur l'épineuse question des territoires occupés par la Russie en Ukraine après une rencontre à Moscou entre le président Vladimir Poutine et l'émissaire américain Steve Witkoff, qui lui présentait le plan de Washington pour mettre fin à près de quatre ans de guerre en Ukraine.

M. Witkoff, accompagné du gendre du président américain, Jared Kushner, s'est entretenu pendant près de cinq heures au Kremlin avec le dirigeant russe à propos de ce plan présenté par Washington il y a deux semaines et depuis retravaillé lors de consultations avec les Ukrainiens.

"Nous avons pu nous mettre d'accord sur certains points (...), d'autres ont suscité des critiques, mais l'essentiel est qu'une discussion constructive ait eu lieu et que les parties aient déclaré leur volonté de poursuivre leurs efforts", a indiqué le conseiller diplomatique du Kremlin, Iouri Ouchakov.

Sur la question des territoires occupés par la Russie en Ukraine, qui représentent environ 19% du pays, "aucune solution de compromis n'a encore été choisie", même si "certaines propositions américaines peuvent être discutées", a précisé M. Ouchakov.

Il a qualifié la discussion d'"utile", mais prévenu qu'il "reste encore beaucoup de travail" pour parvenir à un accord, alors que les troupes russes ont accéléré leur avancée sur le front.

"Ce que nous avons essayé de faire, et je pense que nous avons fait quelques progrès, est de déterminer ce qui pourrait convenir aux Ukrainiens et leur donner des garanties de sécurité pour l'avenir", a déclaré pour sa part le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio sur la chaîne Fox News, sans qu'il soit précisé s'il s'exprimait après la fin des pourparlers.

Après cet entretien avec les Russes à Moscou, Steve Witkoff et Jared Kushner pourraient rencontrer mercredi en Europe une délégation de Kiev, selon une source ukrainienne à l'AFP.

"Nous sommes prêts" 

Quelques heures avant sa rencontre avec les Américains, Vladimir Poutine avait menacé les Européens, les accusant de chercher à "empêcher" les efforts de Washington pour mettre fin au conflit.

"Nous n'avons pas l'intention de faire la guerre à l'Europe, mais si l'Europe le souhaite et commence, nous sommes prêts dès maintenant", a-t-il lancé aux journalistes, en marge d'un forum économique.

Des propos qui tranchent avec ceux du chef de l'Otan, Mark Rutte, qui s'est dit peu avant convaincu que les efforts américains en Ukraine "finiront par rétablir la paix en Europe".

Le président américain Donald Trump a répété mardi que le règlement du conflit en Ukraine était une question complexe. "Ce n'est pas une situation facile, croyez-moi. Quel gâchis", a-t-il dit.

De son côté, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, sous forte pression politique et diplomatique, a accusé la Russie d'utiliser les pourparlers actuels pour tenter "d'affaiblir les sanctions" visant Moscou.

Il a appelé à la fin de la guerre et pas "seulement à une pause" dans les combats.

Les Etats-Unis ont annoncé fin octobre des sanctions contre deux géants du secteur des hydrocarbures russes, Rosneft et Lukoil, les premières sanctions d'importance prises par Donald Trump contre la Russie depuis son retour au pouvoir.

Les Européens espèrent que l'administration Trump, soupçonnée de complaisance vis-à-vis de Vladimir Poutine, ne sacrifiera pas l'Ukraine, considérée comme un rempart face à la Russie.

Accélération russe 

Ces discussions se sont déroulées alors que les forces russes ont réalisé en novembre leur plus grosse progression sur le front en Ukraine depuis un an, selon l'analyse par l'AFP des données fournies par l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW), qui travaille avec le Critical Threats Project (CTP, émanation de l'American Enterprise Institute), deux centres de réflexion américains spécialisés dans l'étude des conflits.

En un mois, la Russie a pris 701 km2 aux Ukrainiens, la deuxième avancée la plus importante après celle de novembre 2024 (725 km2), en dehors des premiers mois de guerre au printemps 2022.

La Russie a revendiqué lundi la prise de la ville de Pokrovsk dans l'est de l'Ukraine, un nœud logistique clé pour Kiev, ainsi que celle de Vovtchansk, dans le nord-est. Mais l'Ukraine a affirmé mardi que les combats à Pokrovsk se poursuivaient.

En novembre, la Russie a tiré plus de missiles et de drones lors de ses attaques nocturnes sur l'Ukraine que durant le mois précédent, soit un total de 5.660 missiles et drones longue portée (+2%).

En interne, le président ukrainien est affaibli par un vaste scandale de corruption impliquant ses proches et qui a contraint son puissant chef de cabinet, Andriï Iermak, à la démission vendredi.

 


Bissau: formation d'un gouvernement, le président renversé est à Brazzaville

Mercredi, des militaires ont annoncé avoir renversé le président Embalo et suspendu les élections présidentielle et législatives du 23 novembre, dont les résultats devaient être annoncés cette semaine dans ce petit pays lusophone d'Afrique de l'Ouest à l'histoire jalonnée de coups de force et de troubles politiques. (AFP)
Mercredi, des militaires ont annoncé avoir renversé le président Embalo et suspendu les élections présidentielle et législatives du 23 novembre, dont les résultats devaient être annoncés cette semaine dans ce petit pays lusophone d'Afrique de l'Ouest à l'histoire jalonnée de coups de force et de troubles politiques. (AFP)
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  • La junte a depuis nommé le général Horta N'Tam président d'une transition censée durer un an et un Premier ministre
  • Le nouveau gouvernement compte également cinq officiers, dont le général de brigade Mamasaliu Embalo, nommé au poste de ministre de l'Intérieur, et le général Stive Lassana Manssaly qui occupe le portefeuille de la Défense nationale

BISSAU: La junte au pouvoir en Guinée-Bissau a formé samedi un nouveau gouvernement composé de 28 membres, en majorité des civils, quatre jours après avoir renversé le président Umaro Sissoco Embalo, qui est arrivé à Brazzaville.

Mercredi, des militaires ont annoncé avoir renversé le président Embalo et suspendu les élections présidentielle et législatives du 23 novembre, dont les résultats devaient être annoncés cette semaine dans ce petit pays lusophone d'Afrique de l'Ouest à l'histoire jalonnée de coups de force et de troubles politiques.

La junte a depuis nommé le général Horta N'Tam président d'une transition censée durer un an et un Premier ministre.

Le nouveau gouvernement compte également cinq officiers, dont le général de brigade Mamasaliu Embalo, nommé au poste de ministre de l'Intérieur, et le général Stive Lassana Manssaly qui occupe le portefeuille de la Défense nationale. Quatre femmes intègrent aussi le gouvernement.

M. N'Tam a exhorté le nouveau gouvernement à "lutter contre la corruption et le trafic de drogue", dans ce pays très pauvre et considéré comme une plaque tournante de ce trafic entre l'Amérique latine et l'Europe.

Brièvement arrêté par les militaires mercredi, puis parti au Sénégal jeudi dans un vol affrété par le gouvernement sénégalais, M. Embalo "est arrivé à Brazzaville pour y rester", a affirmé samedi à l'AFP une source proche de la présidence congolaise, sous couvert de l'anonymat.

Echauffourées 

M. Embalo, 53 ans, est réputé proche du président congolais Denis Sassou Nguesso, et s'est rendu à plusieurs reprises en visite au Congo.

"Le président Embalo est arrivé en fin de matinée à Brazzaville à bord d'un jet privé affrété par les autorités", a indiqué à l'AFP une source proche du pouvoir congolais, jointe depuis Bissau.

Dans la capitale bissau-guinéenne, le Parti Africain pour l'Indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), puissante et historique formation d'opposition, a dénoncé l'"envahissement" de son siège samedi matin dans la capitale et des "dégradations" par des "miliciens armés".

Selon le PAIGC, ces derniers ont "procédé à l'expulsion de toutes les personnes qui s'y trouvaient, à l’effraction des portes de bureaux et à la grave violation de l’intégrité des installations".

Le principal opposant Domingos Simoes Pereira - dirigeant du PAIGC, parti ayant mené la Guinée-Bissau à l'indépendance en 1974 - avait été écarté de la présidentielle du 23 novembre. Le parti avait ensuite soutenu le candidat d'opposition Fernando Dias, devenu le principal adversaire de M. Embalo lors du scrutin.

M. Pereira a été arrêté mercredi en Guinée-Bissau, selon des proches et un collaborateur.

Dans une déclaration jeudi à l'AFP, M. Dias affirme avoir largement remporté la présidentielle au premier tour et accuse M. Embalo d'avoir "organisé" le coup d'Etat pour empêcher son accession au pouvoir.

M. Dias affirme être "en sécurité" et se cacher dans le pays.

Par ailleurs, des échauffourées mineures ont eu lieu samedi dans la matinée dans un quartier périphérique de Bissau, non loin du siège de campagne de M. Dias, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Mercredi, les auteurs du putsch avaient expliqué vouloir garantir la "sécurité au niveau national et rétablir l'ordre", évoquant la découverte par les "renseignements généraux" d'un "plan visant à déstabiliser le pays avec l'implication des barons nationaux de la drogue".

Des opposants et des experts soupçonnent néanmoins M. Embalo, au pouvoir depuis 2020, d'avoir orchestré lui-même son renversement afin d'arrêter le processus électoral.

Coup "factice" 

La prise de pouvoir par les militaires a été largement critiquée, notamment par le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres qui a dénoncé une "violation des principes démocratiques".

La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) a suspendu la Guinée-Bissau de "tous ses organes décisionnels". L'Union africaine (UA) a également suspendu le pays de ses instances.

Samedi, le président du Conseil des Sages et ancien chef d'Etat du Nigeria, Goodluck Jonathan, qui faisait partie des observateurs des scrutins du 23 novembre, a à nouveau affirmé que le coup d'état était selon lui "factice".

Il répondait à un journaliste de la télévision nationale après avoir briefé le président nigérian Bola Tinubu sur la situation en Guinée-Bissau.

"C'est une cérémonie mise en scène par le chef de l'Etat (Embalo, NDLR) lui même", a-t-il accusé. "Nous sommes fatigués de tout cela en Afrique....", a-t-il fustigé.

La Guinée-Bissau, située entre le Sénégal et la Guinée (Conakry), a déjà connu quatre coups d'Etat et une kyrielle de tentatives de putsch depuis son indépendance du Portugal en 1974. La proclamation des résultats électoraux y a souvent donné lieu à des contestations.


Pourparlers sur l'Ukraine: Kiev et l'Europe voient des avancées mais encore beaucoup de travail

Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre". (AFP)
Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre". (AFP)
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  • Les discussions entre Ukrainiens, Américains et Européens, convoquées dimanche dans l'urgence, se sont tenues sur la base du projet de plan en 28 points de Donald Trump, considéré comme largement favorable à Moscou
  • Américains et Ukrainiens ont affirmé qu'un "futur accord" de paix devrait respecter la souveraineté de l'Ukraine

KIEV: Le chancelier allemand a insisté lundi pour que la Russie rejoigne la table des négociations sur un plan de paix pour l'Ukraine, au lendemain de pourparlers à Genève ayant donné lieu à un "nouvel élan", mais qui nécessitent encore "du travail" selon Kiev et l'UE.

Les discussions entre Ukrainiens, Américains et Européens, convoquées dimanche dans l'urgence, se sont tenues sur la base du projet de plan en 28 points de Donald Trump, considéré comme largement favorable à Moscou. Américains et Ukrainiens ont affirmé qu'un "futur accord" de paix devrait respecter la souveraineté de l'Ukraine.

L'Ukraine, qui lutte depuis près de quatre ans contre l'invasion de la Russie, est de nouveau au coeur d'échanges lundi à Luanda en marge d'un sommet entre l'UE et l'Union africaine. Et la "Coalition des volontaires", qui réunit les alliés de l'Ukraine, se réunira mardi en visioconférence.

"La Russie doit être présente à la table (des négociations)", a affirmé le chancelier allemand Friedrich Merz, jugeant néanmoins improbable "une percée" diplomatique cette semaine.

Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre".

Salué par le président russe Vladimir Poutine, le texte initial du plan Trump reprenait plusieurs exigences cruciales pour Moscou. Le Kremlin a dit lundi n'avoir aucune information à l'issue des pourparlers de Génève, mais savoir que des "modifications" avaient été apportées.

Si M. Zelensky a salué lundi des avancées, il a estimé qu'il fallait "beaucoup plus" pour parvenir à une "paix réelle" avec la Russie et mettre fin au conflit le plus meurtrier en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

Atmosphère "constructive"

Le dirigeant ukrainien s'est néanmoins félicité de l'inclusion d'éléments "extrêmement sensibles": la libération totale des prisonniers ukrainiens selon la formule de "tous-contre-tous" et des civils, et le retour des "enfants ukrainiens enlevés par la Russie".

Un haut responsable ukrainien a indiqué à l'AFP que l'hypothèse d'une visite de Volodymyr Zelensky à Washington était "au stade de la discussion", sans date fixée.

L'atmosphère à Genève était "parfois tendue, parfois plus légère mais dans l'ensemble constructive", a-t-il décrit, évoquant une ambiance "typique des négociations extrêmement importantes".

Depuis Luanda, les alliés européens de Kiev se sont dit prudemment optimistes.

"Il reste encore du travail à faire mais il y a une base solide pour avancer", a dit la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Le président du Conseil européen, Antonio Costa, a lui salué un "nouvel élan".

Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a aussi noté les "progrès significatifs" réalisés à Genève.

Aucune nouvelle version du texte n'a pour l'heure été publiée.

"Nous continuons tous à travailler avec nos partenaires, en particulier les États-Unis, et à rechercher des compromis qui nous renforcent et ne nous affaiblissent pas", a dit M. Zelensky lors d'une conférence virtuelle en Suède, ajoutant que son pays se trouve à un "moment critique".

Le président américain a semblé se réjouir de l'issue de la rencontre à Genève. "Est-ce vraiment possible que de grands progrès soient réalisés dans les pourparlers de paix entre la Russie et l'Ukraine??? Ne croyez que ce que vous voyez, mais quelque chose de bon pourrait bien se produire", a-t-il écrit sur son réseau Truth Social.

A Genève, son secrétaire d'Etat Marco Rubio s'était dit dimanche "très optimiste" sur la possibilité de conclure "très vite" un accord, estimant que "les points qui restent en suspens ne sont pas insurmontables".

Les Russes auront "leur mot à dire", avait-il aussi assuré.

Lors d'un entretien téléphonique lundi entre Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, le dirigeant russe a réitéré son opinion selon laquelle le plan initial des États-Unis pourrait "servir de base à un règlement de paix final".

La poussée lente, mais progressive, des troupes russes accentue la pression sur Kiev.

Moscou a revendiqué lundi la prise d'un village dans la région de Zaporijjia (sud), tandis que des frappes aériennes russes ont fait au moins quatre morts à Kharkiv.

La Russie cible quasi quotidiennement le pays au moyen de drones ou de missiles. Les infrastructures énergétiques sont particulièrement visées, faisant craindre un hiver difficile en Ukraine. Kiev vise de son côté régulièrement des dépôts et raffineries de pétrole et d'autres installations côté russe.