Algérie-France: «tués peu avant le cessez-le-feu»

Vue de Tlemcen, à 540 km à l'ouest de la capitale Alger. (Mehdi Fedouach/AFP)
Vue de Tlemcen, à 540 km à l'ouest de la capitale Alger. (Mehdi Fedouach/AFP)
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Publié le Mardi 22 février 2022

Algérie-France: «tués peu avant le cessez-le-feu»

  • Djellouli, «pensant que quelques minutes ne feraient pas de différence» avait quitté l'un des repaires de l'ALN dans les montagnes de Tlemcen, quand le bombardement les a visés
  • «la plupart de ceux qui ont été tués après le cessez-le-feu étaient des civils, à l'instar des Algériennes qui travaillaient comme femmes de ménage chez les colons»

ALGER : Détenue par l'armée française en Algérie, la maquisarde Meriem Mokhtari a été libérée deux semaines avant les accords d'Evian ayant mis fin à la guerre. Soixante ans après, elle évoque ses camarades tombés quelques minutes avant que les armes ne se taisent.

Aujourd'hui âgée de 84 ans, Mme Mokhtari, ou «Thaouriya» (Révolutionnaire) de son nom de guerre, garde un souvenir vivace des derniers moments avant l'entrée en vigueur, le 19 mars 1962, du cessez-le-feu conclu la veille à Evian (centre-est de la France) consacrant la défaite française et ouvrant la voie à l'indépendance de l'Algérie après 132 ans de colonisation.

Mme Mokhtari a rejoint la lutte pour l'indépendance algérienne en 1956, dans sa région de Tiaret (sud-ouest). Entraînée au «maniement des armes et techniques de guérilla», elle est affectée comme infirmière dans le maquis.

Thaouriya affirme avoir tutoyé la mort à de nombreuses reprises lors des combats, avant d'être arrêtée en janvier 1961 par les forces françaises alors qu'elle se reposait sous une tente près de Tiaret, atteinte de paludisme.

En mars 1962, la jeune combattante échappe de nouveau à la mort lorsque des membres de l'Organisation armée secrète (OAS) opposés à l'indépendance de l'Algérie, tentent de faire exploser la clinique de l'armée française où elle était détenue.

«Les autorités coloniales nous ont libérées, ma camarade Fadhéla Ben Amara (décédée il y a quelques années, ndlr) et moi-même, le 3 mars 1962», raconte-elle.

Elle retourne à Tiaret où elle entend «l'annonce du cessez-le-feu faite via des hauts parleurs dans la ville, alors que dans les montagnes les avions lâchent des tracts pour informer la population».

Mais «certains habitants des montagnes et du désert n'ont pas su que c'était la fin de la guerre». «Des moudjahidines (combattants de l'ALN) ne l'ont pas entendu non plus, ce qui explique les martyrs tombés après le cessez-le-feu», ajoute-t-elle.

«Pas confiance»

Elle se rappelle surtout de Menad Djellouli, un commandant de l'ALN tué selon elle le 19 mars 1962 dans un bombardement français, dix minutes avant l'entrée en vigueur, à midi, du cessez-le-feu conclu à Evian.

Djellouli, «pensant que quelques minutes ne feraient pas de différence» avait quitté l'un des repaires de l'ALN dans les montagnes de Tlemcen (est) en compagnie d'un soldat algérien qui avait déserté l'armée française la veille, quand le bombardement les a visés.

«C'était à 11H50 selon les camarades avec lesquels il s'était réuni avant son départ», se remémore l'ex-maquisarde.

Mohamed Mokrani, à l'époque responsable de l'ALN, a suivi le déroulement des négociations d'Evian «minute par minute» depuis le siège de l'état-major à Ghardimaou en Tunisie, où étaient réfugiés beaucoup de maquisards.

«Nous recevions les informations de la délégation qui négociait à Evian et à travers les médias», dit-il.

Après la signature, les chefs de l'ALN ont maintenu leurs troupes en position et «en état d'alerte maximum, jusqu'à l'annonce de l'indépendance (en juillet). Nous ne faisions pas confiance à l'ennemi», raconte cet ancien diplomate.

Les chefs de l'ALN craignaient à l'époque des provocations de l'OAS, hostile aux accords d'Evian, pour attirer une riposte des indépendantistes et torpiller le cessez-le-feu.

La capitale, divisée entre quartiers européens et algériens, a d'ailleurs été, après le cessez-le-feu, le théâtre d'assassinats qui ont «ciblé des civils en particulier», affirme Ali Dif, 82 ans, un autre ancien membre de l'ALN.

Selon lui, «la plupart de ceux qui ont été tués après le cessez-le-feu étaient des civils, à l'instar des Algériennes qui travaillaient comme femmes de ménage chez les colons».

«La peur et la prudence étaient perceptibles chez les Algériens qui n'ont montré aucune joie de peur des représailles des partisans de +l'Algérie française+», ajoute-il.


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir. 


« La France ne se définit ni par une race, ni par une religion », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • « La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République.
  • Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

AUBAGNE, FRANCE : lors d'une cérémonie militaire commémorant la bataille de Camerone, à Aubagne, où est basé le commandement de la Légion étrangère, Emmanuel Macron a affirmé  mercredi que « la France ne se définit ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée ».

« La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République devant plusieurs dizaines de légionnaires réunis pour commémorer la bataille de Camerone, qui s'est déroulée le 30 avril 1863 au Mexique.

« La France se définit par une volonté chaque jour recommencée d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main. Un rêve d'universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie », a poursuivi M. Macron, qui s'est déplacé à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour commémorer cet événement fondateur de la Légion étrangère, célébré chaque année par tous les régiments. 

M. Macron a prononcé ce discours après avoir reçu mardi des représentants d'institutions musulmanes qui ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant » et demandé au président de la République des « actes concrets » pour protéger les musulmans, après le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard.

À Aubagne, le président a passé en revue les troupes de la Légion étrangère, la force combattante de l'armée de terre qui compte plus de 9 500 hommes.

Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

L'hymne national a été joué et deux avions Rafale ont survolé la cérémonie à laquelle ont assisté les élus locaux et plusieurs centaines de spectateurs.

La cérémonie de Camerone, qui est une fête de la Légion, commémore une bataille survenue à Camerone, dans l'État de Veracruz, dans l'est du Mexique, au cours de laquelle 62 légionnaires français ont résisté à 2 000 soldats mexicains lors de l'expédition française au Mexique. 

Le président Macron a décrit la bataille menée par une « poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis » qui ont « tenu une position pendant 11 heures », saluant une « histoire de courage insensé ».

Chargés de protéger le passage d'un convoi de ravitaillement pour les troupes françaises assiégeant la ville de Puebla, les légionnaires retranchés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda avaient fait le serment de se battre jusqu'à la mort.

Après une journée d'affrontement, les derniers encore en état de combattre refusèrent de se rendre et chargèrent les Mexicains à la baïonnette. 


Panneaux solaires, spatial, pharmacie : neuf projets d'usines reçoivent des subventions France 2030

Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
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  • Neuf nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.
  • Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines ».

PARIS : La giga-usine Holosolis de cellules photovoltaïques en Moselle, ainsi qu'un site de chimie verte en Martinique : 9 nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.

Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines », destiné à soutenir les projets d'ouverture d'usines des start-up et PME industrielles innovantes, indique un communiqué.

À l'exception d'un projet de ferme aquacole écoresponsable « Mangrove » en Bretagne et d'un projet de chimie verte SHB Biotech en Martinique pour la production d'ingrédients naturels à partir de co-produits agricoles, les projets retenus s'inscrivent géographiquement dans la moitié est de la France. 

L'usine de la société française Holosolis, annoncée en grande pompe lors du sommet Choose France de 2023 pour produire des cellules et modules photovoltaïques à Hambach en Moselle, figure sur la liste. Le montant de l'aide n'a pas été divulgué.

Holosolis, dont l'actionnaire principal est InnoEnergy (institut européen d'innovation et de technologie), est un consortium européen de partenaires engagés dans la transition énergétique et la réindustrialisation. Il réunit la société d'investissement immobilier Idec, l'industriel breton Armor Group, le spécialiste français de l'agrivoltaïsme TSE et le groupe allemand Heraeus. Son usine, un investissement de 851 millions d'euros susceptible de générer 1 700 emplois, a obtenu un permis de construire en janvier.

Autre projet soutenu : celui du groupe Bordet en Bourgogne Franche-Comté qui se lance dans la production de carbone végétal pour remplacer les matières fossiles dans l'industrie chimique ou la cimenterie, grâce à un procédé de pyrolyse. 

Un autre projet de chimie est soutenu : Separative (SEP30), une société auvergnate bardée de brevets qui propose des solutions innovantes pour réduire la consommation d'énergie et l'empreinte carbone de l'industrie pharmaceutique.

Dans le secteur de la santé, InBrain Pharma, également aidée, est basée dans les Hauts-de-France et développe une technologie de perfusion cérébrale (Percepar) permettant l'administration ciblée de médicaments pour corriger les troubles des maladies neurologiques. En Île-de-France, Vertikale propose une solution qui miniaturise les bioprocédés et simplifie la production de médicaments biologiques.

Dans le secteur spatial, France 2030 a accordé une subvention à la société Latitude, basée dans le Grand Est, qui développe un micro-lanceur (Zephyr).

Enfin, dans l'agroalimentaire, l'entreprise de biotechnologie Mycophyto, située à Grasse, qui développe des solutions biologiques (biostimulants, bio-intrants) pour tous types de cultures, reçoit également une subvention.