La crise énergétique mondiale met l’accent sur le gaz et les exportateurs du CCG

Contrairement au pétrole, dont les pays consommateurs détiennent des stocks stratégiques pour pallier le risque d’une baisse de la production, les réserves de gaz sont traditionnellement faibles. (Photo, Shutterstock)
Contrairement au pétrole, dont les pays consommateurs détiennent des stocks stratégiques pour pallier le risque d’une baisse de la production, les réserves de gaz sont traditionnellement faibles. (Photo, Shutterstock)
Short Url
Publié le Mercredi 23 février 2022

La crise énergétique mondiale met l’accent sur le gaz et les exportateurs du CCG

  • Les décideurs US seraient en train de parcourir le monde à la recherche d’autres sources de gaz suite au conflit en Ukraine
  • Malgré la crise du gaz, les investissements dans les énergies renouvelables se poursuivront à travers le monde

RIYAD: Selon un rapport publié par l’Agence d’information de l’énergie des États-Unis, les prix mondiaux du gaz devraient rester élevés en raison de la demande accrue, à la suite de la reprise postpandémique, de la faible capacité de stockage et des tensions en Ukraine.

Le prix du gaz naturel sur le marché de référence américain Henry Hub atteindra en moyenne 3,92 dollars (1 dollar = 0,88 euro) par million d’unités thermiques britanniques en 2022, un sommet en huit ans, déclare l’administration au début du mois.

C’est la conséquence de plusieurs hausses de prix qui ont quadruplé les prix mondiaux de gros du gaz au cours des douze derniers mois.

Aux États-Unis, le 18 février, les prix à terme du gaz naturel ont clôturé à 4,42 dollars américains, soit une hausse de 12 % par rapport aux 3,96 dollars affichés le 10 février, ce qui représente une hausse de 19 % depuis le début de l'année.

Les prix du gaz sont également influencés par la diminution des livraisons de transporteurs de gaz naturel liquéfié vers l’Europe en raison de l’augmentation de la demande en Asie.

«La crise énergétique de cet hiver en Europe et en Chine a fait grimper la demande de gaz – y compris celle du gaz naturel liquéfié – et cela se reflète dans les prix élevés», déclare Raad al-Kadiri, directeur général de l’énergie, du climat et des ressources au cabinet de conseil Eurasia Group, dans un entretien accordé à Arab News.

Il ajoute: «Cela découle, en partie, des transitions énergétiques, en particulier en Chine, où le pays a mis en place un programme d’envergure en matière de raccordement des logements au réseau de distribution du gaz, ce qui a augmenté la demande de gaz naturel liquéfié.»

En Europe, la combinaison d’un hiver froid et de pénuries d’approvisionnement en provenance de la Russie a fait grimper les prix. Ces pressions se sont accrues en raison des craintes concernant la crise en Ukraine entre la Russie et l’Occident. La menace de sanctions contre Moscou pourrait entraîner des réductions des exportations de gaz russe.

EN BREF

•    Le prix du gaz naturel sur le marché de référence américain Henry Hub atteindra en moyenne 3,92 dollars par million d’unités thermiques britanniques en 2022.
•    Les prix du gaz sont également influencés par la diminution des livraisons de transporteurs de gaz naturel liquéfié vers l’Europe en raison de l’augmentation de la demande en Asie.

Contrairement au pétrole, pour lequel les pays consommateurs détiennent des stocks stratégiques pour pallier le risque d’une baisse de la production, les réserves de gaz sont traditionnellement faibles.

«À court terme, cela oblige l’Europe à diversifier ses approvisionnements en gaz. Le gaz naturel liquéfié est en effet l’une des solutions de rechange recherchées», poursuit M. Al-Kadiri.

Les décideurs américains seraient en train de parcourir le monde à la recherche d’autres sources de gaz si un conflit entre l’Ukraine et la Russie interrompait l’approvisionnement en gaz de l’Europe.

Les hauts responsables américains se sont entretenus avec le Qatar, pays producteur, ainsi qu’avec des pays consommateurs d’Asie, dont la Chine, pour discuter de la réorientation des cargaisons de gaz naturel liquéfié vers l’Europe, selon un rapport publié par Reuters au début du mois.

Le Qatar est le plus grand détenteur mondial de réserves connues de gaz après la Russie et l’Iran grâce au gisement North Field, qui contient, à lui seul, près de 10 % des réserves mondiales connues.

«Des prix plus élevés seront bénéfiques pour les trésoreries des exportateurs de gaz comme le Qatar qui ont la capacité d’approvisionner ces marchés. Cette hausse des prix confère au Qatar une importance stratégique renouvelée, car il peut utiliser sa capacité d’approvisionnement en gaz pour renforcer son influence géopolitique en tant que fournisseur de dernier recours», note M. Al-Kadiri.

On assiste à une nouvelle demande mondiale de gaz au moment où les Émirats arabes unis (EAU) augmentent leur capacité de production de gaz naturel liquéfié.

«Cela signifie que le pays essaiera de verrouiller des prix plus élevés dans les nouveaux contrats, en plus de bénéficier de ventes au comptant», précise M. Al-Kadiri. Les ventes au comptant sont des transactions ponctuelles portant sur des volumes spécifiques de gaz à livrer à une date, un lieu et un prix convenus.

Ces crises soulignent le rôle important que joue le gaz en tant que carburant de transition à mesure que les économies mondiales se tournent vers l'énergie verte.

«En Chine, la gazéification est la première étape pour s’éloigner de la dépendance au charbon. En Europe, le débat est de savoir si le gaz doit être classé comme vert, mais la dernière crise est susceptible de convaincre les décideurs politiques de la nécessité de ce combustible», renchérit M. Al-Kadiri.

Malgré la crise du gaz, les investissements dans les énergies renouvelables se poursuivront à travers le monde. «La Chine et l’Union européenne (UE) sont déterminées à mettre en place des transitions énergétiques. Ces dernières crises semblent avoir stimulé une plus grande détermination à modifier leurs sources d’énergie plutôt que de saper leurs efforts politiques», ajoute-t-il.

Reste à savoir si la crise énergétique poussera les pays du Golfe et de la région Mena (Moyen-Orient et Afrique du Nord) à tirer parti des réserves de gaz inexploitées.

«La question est de déterminer combien de temps la demande de gaz se maintiendra sur le long terme. Les pays du Golfe ont toujours porté leur attention sur le gaz. Mais ils investissent également beaucoup d’argent dans les énergies renouvelables pour la production d’électricité à usage domestique», conclut M. Al-Kadiri.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Automobile: les équipementiers français pressent Bruxelles d'imposer un contenu local

 Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Short Url
  • Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe
  • Mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie"

PARIS: Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi.

Dans cette missive adressée à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et datée du 12 décembre, les dirigeants des équipementiers Valeo, Forvia et OPmobility demandent à la Commission "des mesures claires sur le contenu local lors des annonces du 16 décembre".

Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe, mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie", écrivent Christophe Périllat (Valeo), Martin Fisher (Forvia) et Félicie Burelle (OPmobility).

"Les perspectives actuelles indiquent que 350.000 emplois et 23% de la valeur ajoutée des automobiles dans l'UE sont en danger d'ici 2030 si des mesures fortes ne sont pas prises de manière urgente", ajoutent-ils.

Ces équipementiers soutiennent "la position des ministres français en faveur de +flexibilités ciblées+ dans la réglementation sur (les émissions de) CO2 si elle est assortie de conditions de critères de contenu local, dans l'intérêt des emplois, du savoir-faire dans l'automobile" et de "l'empreinte carbone" en Europe.

Les constructeurs automobiles européens et l'Allemagne notamment réclament depuis des semaines de nets assouplissements dans l'interdiction de vendre des voitures neuves thermiques ou hybrides prévue à partir de 2035.

Les annonces de la Commission sont attendues mardi après-midi.

La semaine dernière, plusieurs ministres français avaient envoyé une lettre aux commissaires européens pour dire qu'ils acceptaient des "flexibilités ciblées", à condition qu'elles s'accompagnent d'une règlementation incitative à la production en Europe.

"On est prêt à faire preuve de flexibilité", avait ensuite expliqué Roland Lescure, ministre français de l'Economie. "Si vous voulez vendre encore un peu de moteurs thermiques en 2035 très bien, mais il faut qu’ils soient faits en Europe", avec "au moins 75% de la valeur ajoutée faite en Europe", avait-il ajouté.


Espagne: amende de 64 millions d'euros contre Airbnb pour avoir publié des annonces de logements interdits

Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
Short Url
  • L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation
  • "Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux"

MADRID: Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays.

En Espagne, les plateformes de location de courte durée suscitent un vif débat, surtout dans les grandes villes touristiques, où de nombreux habitants leur reprochent de contribuer à la flambée des loyers.

L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation, ajoutant que la plateforme basée aux Etats-Unis devait désormais "corriger les manquements constatés en supprimant les contenus illégaux".

"Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux", a critiqué le ministre de la Consommation, Pablo Bustinduy, cité dans le communiqué.

"Aucune entreprise en Espagne, aussi grande ou puissante soit-elle, n'est au-dessus des lois", a-t-il poursuivi.

L'Espagne a accueilli en 2024 un nombre record de 94 millions de visiteurs, ce qui en fait la deuxième destination touristique dans le monde derrière la France. Ce chiffre pourrait être battu cette année.

Mais si le tourisme est un moteur de l'économie, de nombreux Espagnols dénoncent la congestion des infrastructures, la disparition des commerces traditionnels, remplacés par des boutiques touristiques, et surtout la flambée des loyers, les propriétaires de logements se tournant vers la location touristique, y compris sur Airbnb, nettement plus rentable.

Face à cette poussée de colère, plusieurs régions et municipalités ont annoncé des mesures ces derniers mois, à l'image de la mairie de Barcelone (nord-est), qui a promis de ne pas renouveler les licences de quelque 10.000 appartements touristiques, qui expireront en novembre 2028.

 


La RATP se cherche un ou une présidente

Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Short Url
  • Après le départ de Jean Castex à la SNCF, l’Élysée s’apprête à nommer rapidement le nouveau président ou la nouvelle présidente de la RATP
  • Plusieurs profils circulent, tandis que la régie fait face à d’importants défis

PARIS: Après le départ de Jean Castex à la SNCF, la RATP se cherche un ou une présidente, dont la nomination pourrait intervenir "rapidement", selon des sources concordantes.

L'annonce se fera par communiqué de l'Elysée en vertu de l'article 13 de la Constitution qui prévoit que le président de la République nomme aux emplois civils et militaires de l'Etat.

Suivront, deux semaines plus tard, deux auditions de l'impétrant devant les sénateurs, puis devant les députés. Les parlementaires ont la possibilité de s'opposer au candidat d'Emmanuel Macron s'ils réunissent trois cinquième de leurs votes cumulés contre le nom choisi par l'Elysée.

En revanche, si le candidat est adoubé par le Parlement, son nom est proposé en conseil d'administration comme nouvel administrateur, puis confirmé dans la foulée par un décret suivant le conseil des ministres.

Depuis l'arrivée de l'ancien Premier ministre Jean Castex à la tête de la SNCF début novembre, les rumeurs se multiplient sur le nom de celui ou celle qui sera chargé de lui succéder aux commandes de la Régie autonome des transports parisiens, vieille dame créée le 21 mars 1948 et désormais plongée dans le grand bain de l'ouverture à la concurrence.

Les articles de presse pèsent les différents "profils" pressentis, politiques ou techniques qui pourraient "faire le job".

Les noms qui reviennent le plus souvent sont ceux de Xavier Piechaczyk, président du directoire du distributeur d'électricité RTE et ex-conseiller énergie-transport de Jean-Marc Ayrault et François Hollande, Alain Krakovitch, actuel directeur des TGV et Intercités à SNCF Voyageurs, Jean-François Monteils, président du directoire de la Société des grands projets (SGP) et selon la Tribune, Valérie Vesque-Jeancard, présidente de Vinci Airways et directrice déléguée de Vinci Airports.

"Si le nom sort de l'Elysée avant la fin de l'année, cela permettrait au PDG de prendre ses fonctions fin janvier-début février" souligne un fin connaisseur des milieux ferroviaires qui requiert l'anonymat.

- "Aller vite" -

"Une entreprise industrielle comme la RATP ne peut pas rester sans pilote très longtemps" souligne une autre source, proche du dossier, qui requiert aussi l'anonymat, avant d'ajouter "il faut aller vite, car c'est aussi une boite politique, la RATP".

Une entreprise aux enjeux d'autant plus complexes, que malgré son ancrage initial parisien, la RATP dépend du financement de la région Ile-de-France pour ses matériels, s'étend de plus en plus loin dans la banlieue, voire en métropole, et gère des réseaux de transports dans 16 pays sur les cinq continents.

En France, elle est notamment pressentie pour gérer les transports ferroviaires régionaux autour de Caen en Normandie à partir de 2027 après avoir répondu - via sa filiale RATP Dev - à des appels d'offre d'ouverture à la concurrence.

A Paris, la RATP est en train d'introduire progressivement de nouveaux matériels sur son réseau. Le nouveau métro MF19 construit par Alstom, ira d'abord sur la ligne 10 puis sept autres lignes (7 bis, 3 bis, 13 d'ici 2027, puis 12, 8, 3 et 7 d'ici 2034).

L'ensemble du processus prendra une dizaine d'années environ de travaux de modernisation sur les lignes concernées: beaucoup d'ingénierie fine à organiser pour réaliser les travaux pendant la nuit sans interrompre le trafic diurne et de désagréments pour les voyageurs.

A échéance plus lointaine, le ou la future patronne devra déterminer la stratégie du groupe dans les nouvelles ouvertures à la concurrence qui se dessinent: les tramway en 2030 puis le métro en 2040.

Sur le réseau de bus francilien, où la RATP a d'ores et déjà perdu son monopole, elle est parvenue à conserver l'exploitation de 70% des lignes d'autobus qu'elle gérait à l'issue des dernières vagues d'appels d'offre de mise en concurrence qui se sont achevées cet automne.

En particulier, elle continue d'exploiter via RATP Dev tous les bus de Paris intra-muros et a engagé un processus de verdissement de sa flotte de bus, financé par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports.

Ses concurrents Keolis (filiale de la SNCF), Transdev et l'italien ATM ont pris les rênes le 1er novembre des lignes remportées.