Des adhérents fictifs ont pu voter à la primaire de LR, selon Libération

Valérie Pécresse, candidate à la présidence du parti français Les Républicains (LR), s'exprime lors d'un événement co-organisé par la chaîne de radio publique française France Inter et l'association "Chemins d'avenirs" à la Maison de la Radio à Paris, le 22 février 2022. (AFP)
Valérie Pécresse, candidate à la présidence du parti français Les Républicains (LR), s'exprime lors d'un événement co-organisé par la chaîne de radio publique française France Inter et l'association "Chemins d'avenirs" à la Maison de la Radio à Paris, le 22 février 2022. (AFP)
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Publié le Mercredi 23 février 2022

Des adhérents fictifs ont pu voter à la primaire de LR, selon Libération

  • Cette enquête est publiée alors que la candidate LR est en baisse dans plusieurs sondages qui l'ont donnée mercredi derrière Eric Zemmour et Marine Le Pen
  • «Le parti animaliste en rêvait, Valérie Pécresse l’a fait : le vote des animaux est donc enfin comptabilisé», a ironisé Eric Zemmour sur twitter

PARIS: La primaire de LR qui a désigné Valérie Pécresse comme candidate à la présidentielle a été entachée de "manœuvres frauduleuses" visant à gonfler le corps électoral, affirme mercredi le quotidien Libération, qui parle d'adhérents fictifs ou décédés, voire d'un chien dans les fichiers.

Le quotidien, qui a eu accès au fichier des adhérents, révèle dans cette longue enquête des pratiques qui, sans remettre en cause la victoire de la candidate, "questionnent la sécurité et la sincérité du scrutin". 

Dénonçant une "tentative de déstabilisation", Les Républicains ont affirmé dans un communiqué qu'il allaient déposer plainte contre le quotidien.

"Le Congrès des Républicains a été en tous points exemplaire, tant par son organisation que par sa mobilisation", a assuré le parti, en dénonçant "des approximations, des sous-entendus et des allégations infondées" visant "clairement à délégitimer la candidate".

Dans son article, Libération assure que "parmi les adhérents ayant rejoint LR en 2021, certains n’existent pas ou plus". Le parti avait vu ses effectifs bondir d'environ 80 000 fin septembre 2021 à 148.862 le 17 novembre suivant.

D’autres "sont bien en peine d'expliquer pourquoi et comment ils sont entrés au parti" et certains "ne s'intéressent guère aux idées de LR et à sa candidate", ayant "suivi les consignes" ou "rendu service à une connaissance, qui a parfois réglé leur adhésion", affirme Libération.

Ces pratiques, qui "ne sont pas toutes illégales", représentent "au minimum plusieurs centaines de votants", selon le quotidien. 

Pour LR il y a là "une confusion douteuse entre un supposé +fichier adhérents+ et la liste électorale du scrutin". "Suite à la stricte application de nos critères de sécurité, ce sont plus de 9 000 adhérents qui ont été exclus du corps électoral" après vérification, ajoute le communiqué.

Le premier tour du scrutin avait été serré, Eric Ciotti devançant Valérie Pécresse de 665 voix. Derrière, Michel Barnier était à 1.209 voix, et Xavier Bertrand à 2 966 de la présidente de l'Ile-de-France.

Cette enquête est publiée alors que la candidate LR est en baisse dans plusieurs sondages qui l'ont donnée mercredi derrière Eric Zemmour et Marine Le Pen. 

Dans les fichiers, Libération a repéré un chien inscrit en région Paca par son propriétaire pro-Ciotti, et "au moins trois personnes censées avoir rejoint le parti après leur décès".

"Le parti animaliste en rêvait, Valérie Pécresse l’a fait : le vote des animaux est donc enfin comptabilisé", a ironisé Eric Zemmour sur twitter.

Le quotidien affirme aussi qu'en Ile-de-France, la région de Valérie Pécresse, "un certain nombre d'adhérents n’ont pas la nationalité française, et donc pas le droit de vote", et que "parfois ils ne parlent pas français, ou à peine". Il s'agirait notamment de membres de la communauté chinoise, recrutés en face-à-face ou sur le réseau social WeChat, notamment par des responsables d'associations communautaires.

Libération souligne aussi le "travail de lobbying très efficace" mené auprès de la communauté chinoise par plusieurs élus.

Ling Lenzi, adjointe au maire d'Aubervilliers, a assuré à l'AFP ne pas être "allée chercher partout des adhésions, il y a des gens qui ont adhéré eux-mêmes". "Pécresse a fait du bon boulot, les gens la connaissent", a-t-elle ajouté.

Enfin le quotidien parle de "téléphones prêtés" et d'"adhésions réglées" à Mayotte.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.