La Russie de Poutine lance l'invasion de l'Ukraine, des dizaines de morts selon Kiev

Un véhicule militaire ukrainien patrouille dans le centre de Kiev peu après le déclenchement de l'invasion russe. (AFP).
Un véhicule militaire ukrainien patrouille dans le centre de Kiev peu après le déclenchement de l'invasion russe. (AFP).
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Publié le Jeudi 24 février 2022

La Russie de Poutine lance l'invasion de l'Ukraine, des dizaines de morts selon Kiev

  • L'attaque a immédiatement déclenché un tollé de la communauté internationale, avec des réunions d'urgence prévues dans plusieurs pays occidentaux et notamment à l'Otan et à l'Union européenne
  • Le président russe a donné le signal des hostilités jeudi à l'aube, après avoir reconnu lundi l'indépendance de territoires séparatistes ukrainiens du Donbass

KIEV : Vladimir Poutine a lancé jeudi une invasion de l'Ukraine, avec frappes aériennes et entrée de forces terrestres depuis plusieurs directions, les autorités ukrainiennes faisant état quelques heures plus tard d'un premier bilan d'une cinquantaine de morts, dont une dizaine de civils.

L'attaque a immédiatement déclenché un tollé de la communauté internationale, avec des réunions d'urgence prévues dans plusieurs pays occidentaux et notamment à l'Otan et à l'Union européenne.

Le président russe a donné le signal des hostilités jeudi à l'aube, après avoir reconnu lundi l'indépendance de territoires séparatistes ukrainiens du Donbass et fait valider mardi une intervention par le Parlement russe.

"J'ai pris la décision d'une opération militaire spéciale", a annoncé le maître du Kremlin dans une déclaration surprise à la télévision avant 6H00 du matin (03H00 GMT). "Nous nous efforcerons d'arriver à une démilitarisation et une dénazification de l'Ukraine", a-t-il ajouté, assis à un bureau en bois sombre.

"Nous n'avons pas dans nos plans une occupation des territoires ukrainiens, nous ne comptons imposer rien par la force à personne", a-t-il assuré, appelant les militaires ukrainiens "à déposer les armes".

Il s'est justifié en répétant ses accusations infondées d'un "génocide" orchestré par l'Ukraine dans les territoires séparatistes prorusses, et en arguant d'un appel à l'aide des séparatistes et de la politique agressive de l'Otan envers la Russie, qui instrumentaliserait l'Ukraine.

Peu après, une série d'explosions étaient entendues à Kiev, Kramatorsk, ville de l'est qui sert de quartier-général à l'armée ukrainienne, à Kharkiv (est), deuxième ville du pays, à Odessa (sud), sur la mer Noire, et à Marioupol, principal port de l'est du pays.

Les sirènes d'alerte aérienne retentissaient toutes les 15 minutes à Lviv, la ville de l'ouest où les Etats-Unis et plusieurs autres pays ont déplacé leurs ambassades, et à Odessa.

Promettant de "vaincre", le président ukrainien Volodymyr Zelensky a proclamé la loi martiale dans le pays, appelé ses concitoyens à "ne pas paniquer", avant d'annoncer la rupture des relations diplomatiques avec Moscou.

Il a aussi ordonné à ses troupes d'"infliger un maximum de pertes à l'agresseur", selon le commandant en chef de l'armée ukrainienne.

Vers 10H00 GMT, un membre de l'équipe présidentielle indiquait aux journalistes  que "plus de 40 militaires ukrainiens avaient été tués, des douzaines blessés" et "près de 10 civils tués".

L'Ukraine a fermé son espace aérien pour l'aviation civile, et la Moldavie voisine a annoncé faire de même. Les vols ont aussi été annulés depuis les aéroports des grandes villes du sud de la Russie, à proximité de l'Ukraine.

Moscou a fermé à la navigation la mer d'Azov, qui baigne l'Ukraine et la Russie

L'opération militaire russe en Ukraine durera le temps nécessaire, affirme le Kremlin

Le Kremlin a indiqué jeudi que l'opération militaire contre l'Ukraine durerait le temps nécessaire, en fonction de ses "résultats" et de sa "pertinence", et estimé que les Russes soutiendraient cette attaque.

Le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, a aussi affirmé aux journalistes que Moscou avait pour objectif l'imposition d'un "statut neutre" à l'Ukraine, sa démilitarisation et l'élimination des "nazis" qui selon lui se trouvent dans le pays.

"La durée (de l'opération) sera déterminée par ses résultats et sa pertinence. Elle sera déterminée par le commandant en chef" des armées, Vladimir Poutine, a dit M. Peskov.

Il a assuré que Moscou ne tentait pas d'organiser une "occupation" de l'Ukraine et que l'avenir restait "une question de choix du peuple ukrainien".

"Dans l'idéal, l'Ukraine devrait être libérée et nettoyée des nazis", a affirmé le porte-parole du Kremlin.

Moscou accuse les autorités pro-occidentales à Kiev d'organiser un "génocide" de la population russophone de l'Est à l'aide d'unités militaires proches de l'extrême droite.

Le porte-parole du Kremlin n'a toutefois pas répondu à la question de savoir si Moscou considérait le président ukrainien Volodymyr Zelensky comme un "nazi".

Selon lui, la décision d'attaquer l'Ukraine a été "dictée par le souci de l'avenir" de la Russie, qui a demandé pendant des semaines aux Occidentaux de promettre que Kiev n'intègrerait jamais l'Otan.

Il a cité la "neutralisation du potentiel militaire" de l'Ukraine, qui "a été récemment fortement développé, y compris grâce aux activités de pays étrangers".

M. Peskov a aussi assuré que Moscou était prêt à discuter avec les dirigeants ukrainiens de ces exigences, si ceux-ci étaient "prêts à en parler".

Selon lui toujours, le Kremlin avait "prévu" que les marchés russes auraient une "réaction émotionnelle" à l'offensive contre l'Ukraine.

"Pour que cette période émotionnelle soit la plus passagère possible, toutes les mesures nécessaires ont été prises", a-t-il affirmé, alors que la Bourse de Moscou et le rouble étaient en chute libre jeudi.

Il a également estimé qu'un "pays comme la Russie" ne pouvait se retrouver isolé sur la scène internationale, malgré les menaces occidentales.

"Bien sûr, nous pouvons avoir des problèmes avec un certain nombre de pays. Mais nous avions déjà des problèmes avec ces Etats auparavant", a-t-il affirmé.

«Je lui avais dit de partir»

A Kiev, dès l'aube, les habitants se pressaient dans le métro pour se mettre à l'abri ou tenter de quitter la ville.

"J'ai été réveillée par le bruit des bombes, j'ai fait des sacs et je me suis enfuie", a indiqué à l'AFP Maria Kachkoska, 29 ans, accroupie, en état de choc, dans une des stations.

Des voitures remplies de familles filaient vers l'extérieur de la ville, l'ouest ou à la campagne, au plus loin de la frontière russe, située à 400 km.

A Tchouhouïv, à 30 km de Kharkiv, une femme et son fils pleuraient un homme tué par un missile, l'une des premières victimes de cette attaque.

 "Je lui avais dit de partir", répétait le fils, non loin du cratère creusé par le projectile tombé entre deux immeubles de cinq étages.

Sur les principales routes de l'est ukrainien, l'armée ukrainienne était partout. Un porte-parole de la défense civile a indiqué que des opérations d'évacuation de la population étaient en cours, mais empêchées par endroits par des tirs d'artillerie nourris et des communications défaillantes.

L'armée russe a affirmé avoir détruit des bases aériennes et la défense anti-aérienne ukrainienne, tout en assurant cibler les sites stratégiques avec des armes de "haute précision".

"Les civils ukrainiens n'ont rien à craindre", a affirmé l'armée russe.

Les deux côtés lançaient des affirmations invérifiables de source indépendante: l'armée ukrainienne a affirmé avoir tué "environ 50 occupants russes", tandis que le porte-parole du ministère russe de la Défense a affirmé que les séparatistes avaient déjà gagné quelques kilomètres de terrain dans les régions de Lougansk et Donetsk.

Dans les rues de Moscou, certains exprimaient leur inquiétude, d'autre leur soutien à leur président.

"Ca ne me réjouit pas, je suis complètement inquiet", dit Nikita Grouschine, un manager de 34 ans, avant d'ajouter ne pas pouvoir dire "qui a raison ou tort.

Ivan, un ingénieur de 32 ans, professe sa fidélité à Poutine: "Je ne vais pas discuter un ordre du Commandant suprême, s'il pense que c'est nécessaire, c'est que ça doit être fait ainsi".

«Attaque téméraire»

L'attaque russe, après des mois de tensions et d'efforts diplomatiques pour éviter une guerre, a déclenché un torrent de condamnations internationales.

"Président Poutine, au nom de l'humanité, ramenez vos troupes en Russie!", a lancé le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, visiblement éprouvé, lors d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité.

Le président américain Joe Biden a dénoncé une "attaque injustifiée" qui provoquera "des souffrances et pertes de vies humaines". "Le monde exigera des comptes de la Russie", a-t-il promis. Il s'est également entretenu tôt jeudi avec le président ukrainien, lui promettant son soutien.

Le président français Emmanuel Macron, président en exercice du Conseil de l'Union européenne, a appelé les Européens à l"unité".

"Les dirigeants russes devront faire face à un isolement sans précédent", a prévenu Josep Borrell, chef de la diplomatie de l'UE.

Les Etats-membres, qui se retrouvent en sommet exceptionnel jeudi soir à Bruxelles, adopteront le "plus sévère (train de sanctions) jamais mis en œuvre", a-t-il ajouté.

Le chef de l'Otan Jens Stoltenberg a condamné une "attaque téméraire et non provoquée" par la Russie.

Une réunion d'urgence des ambassadeurs de l'Alliance Atlantique a été décidée.

La Chine, aux relations étroites avec Moscou, a indiqué suivre "de près" la situation" et appelé à "la retenue de toutes les parties".

Paris active une cellule de crise pour aider les Français en Ukraine

Le ministère français des Affaires étrangères a activé jeudi sa cellule de crise pour "coordonner l'appui et l'accompagnement des ressortissants français qui se trouvent encore sur le territoire ukrainien", après l'attaque de la Russie contre l'Ukraine, selon un communiqué.


"Des recommandations seront transmises à la communauté française en temps réel à mesure de l'évolution de la crise", souligne le Quai d'Orsay, qui avait appelé mercredi tous ses ressortissants à "quitter sans délai" l'Ukraine.


L'Ukraine a annoncé la fermeture de son espace aérien pour l'aviation civile alors que le président russe Vladimir Poutine a lancé jeudi une invasion de ce pays, avec frappes aériennes et entrée de forces terrestres depuis plusieurs directions. Les autorités ukrainiennes ont fait état quelques heures plus tard d'un premier bilan d'une cinquantaine de morts, dont une dizaine de civils.


L'attaque a immédiatement déclenché un tollé de la communauté internationale, avec des réunions d'urgence prévues dans plusieurs pays occidentaux et notamment à l'Otan et à l'Union européenne.

 


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.