Israël dans l'étau du conflit en Ukraine

Un homme dans une ruelle vide en bord de mer à Bat Yam, ville en Israël. (AFP).
Un homme dans une ruelle vide en bord de mer à Bat Yam, ville en Israël. (AFP).
Short Url
Publié le Vendredi 25 février 2022

Israël dans l'étau du conflit en Ukraine

  • Avec les Etats-Unis comme allié historique et environ un million de ses citoyens originaires de l'ex-URSS, Israël tente de trouver un équilibre après l'invasion de l'Ukraine
  • A Bat Yam, ville en banlieue où se sont établis des milliers de juifs russes et ukrainiens, les bombardements russes sur l'Ukraine ont eu l'effet d'un choc

BAT YAM: Avec les Etats-Unis comme allié historique, des forces russes basées en Syrie voisine et environ un million de ses citoyens originaires de l'ex-URSS, Israël tente de trouver un difficile équilibre après l'invasion de l'Ukraine.

A Bat Yam, ville en banlieue de la métropole Tel-Aviv où se sont établis des milliers de juifs russes et ukrainiens ces dernières années, les bombardements russes sur l'Ukraine ont eu l'effet jeudi d'un choc.

Natalia Kogan, 57 ans, vendeuse dans un supermarché où les bières brassées en Ukraine côtoient celles de Russie, dit avoir été "effarée" à l'annonce de ces frappes, alors que ses parents habitent en Ukraine.

"J'ai dit à ma mère et à mon père de ne pas stresser, je pense que ça ne va durer qu'un jour ou deux, que la (guerre) ne se fera que contre les militaires", espère cette femme aux cheveux blonds, se disant "plus en sécurité" en Israël, pays qui a pourtant connu l'an dernier une guerre avec le mouvement islamiste Hamas à Gaza.

Max, 33 ans, originaire de Russie et ayant immigré à l'âge de huit ans en Israël, dit "comprendre" qu'aux yeux du président russe Vladimir Poutine, la possible adhésion de l'Ukraine à l'Otan "menace la Russie".

"Mais cela ne justifie pas une invasion (...) et ce qui est le plus frustrant c'est que des gens normaux souffrent", ajoute-t-il, affirmant ne pas sentir dans l'immédiat de tensions entre Ukrainiens et Russes en Israël.

Que devrait faire l'Etat hébreu dans cette affaire? "Israël ne doit qu'évacuer (les Juifs) et fournir une aide médicale. Il ne faut pas aider la Russie, mais plutôt aider les citoyens ukrainiens et peut-être aussi parler à Poutine s'il ne se calme pas", poursuit ce jeune père de famille.

«Liens anciens»

Le chef de la diplomatie israélienne Yaïr Lapid a condamné jeudi l'invasion russe qui constitue, selon lui, une "grave violation de l'ordre mondial". Mais il a souligné les "liens anciens, profonds et proches" unissant l'Etat hébreu à la Russie et l'Ukraine, principaux viviers de l'aliyah, immigration juive en Israël.

Israël avait demandé ces derniers jours à ses ressortissants en Ukraine de quitter le pays. Jeudi, après les premières frappes russes, des vols vers Tel-Aviv ont été annulés forçant les milliers d'Israéliens actuellement en Ukraine, par ailleurs lieu d'un important pèlerinage juif orthodoxe, à se rendre dans des pays européens voisins pour s'envoler ensuite vers Israël.

"Nous sommes prêts à accueillir des milliers d'immigrants juifs d'Ukraine", a déclaré jeudi la ministre de l'Immigration Pnina Tamano-Shata, dont le gouvernement n'a pas annoncé de sanctions contre la Russie, contrairement aux Etats-Unis, premier allié de l'Etat hébreu.

"Bien qu'Israël doive condamner la violation de la souveraineté ukrainienne (par la Russie), nous ne pouvons ignorer que l'armée russe se trouve à notre frontière nord (en Syrie). C'est une question de sécurité nationale" pour Israël, explique à l'AFP Michael Oren, historien et ex-ambassadeur d'Israël aux Etats-Unis.

Depuis 2015, la Russie est déployée militairement en Syrie, pays voisin d'Israël, en soutien aux forces du président Bachar al-Assad. 

«Equilibre délicat»

Cette intervention, à grand renfort de bombardements meurtriers et de destructions massives, a changé le cours de la guerre dans ce pays et permis au régime de Damas de remporter des victoires décisives, regagnant le terrain qu'il avait perdu face aux rebelles et aux jihadistes.

Et il ne faut pas oublier l'importante communauté juive de Russie, ajoute M. Oren. "Nous ne pouvons pas retourner à une situation où Israël serait privé de contact avec eux", estime-t-il.

Les relations d'Israël étaient "terribles" avec l'ex-URSS mais se sont "améliorées" avec la Russie de Vladimir Poutine, souligne Itamar Rabinovich, ex-haut diplomate israélien qui suit de près la politique d'Israël à l'égard de la Syrie, d'où opèrent des groupes pro-Iran, ennemi N.1 de l'Etat hébreu.

Au cours des dernières années, l'armée israélienne a multiplié les frappes aériennes contre ces groupes sans en être, du moins officiellement, empêché par la Russie.

"La Russie permet à Israël de mener sa guerre contre l'Iran sans toutefois empêcher l'Iran de poursuivre ses objectifs en Syrie", souligne M. Rabinovich. "Nous ne voulons pas mettre en péril cet équilibre délicat dans notre relation avec la Russie". 


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Short Url
  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Short Url
  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Short Url
  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.