Ukraine: le gaz russe au coeur des réticences européennes sur Swift

Le président russe Vladimir Poutine et le président de la VTB Bank, Andrey Kostin, assistent à une session du Forum d'investissement de VTB Capital "Russia Calling!" via une vidéoconférence au bureau exécutif présidentiel à Moscou, le 30 novembre 2021. (Photo, AFP)
Le président russe Vladimir Poutine et le président de la VTB Bank, Andrey Kostin, assistent à une session du Forum d'investissement de VTB Capital "Russia Calling!" via une vidéoconférence au bureau exécutif présidentiel à Moscou, le 30 novembre 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 25 février 2022

Ukraine: le gaz russe au coeur des réticences européennes sur Swift

  • L'Autriche, à travers le chancelier Karl Nehammer, a de son côté déclaré que les sanctions économiques décidées jeudi par les dirigeants du G7 affecteraient déjà 70% des banques russes dans leurs transactions
  • Le chef de l'Etat américain, Joe Biden, a pour sa part assuré jeudi que couper la Russie du réseau Swift restait «une option»

BERLIN: L'Occident a échoué jusqu'ici à se mettre d'accord sur des sanctions maximalistes contre la Russie, refusant de l'exclure du système bancaire Swift, en raison principalement de craintes de plusieurs pays européens pour leur approvisionnement énergétique.

Alors que le sujet était sur la table, aucune mesure de blocage des banques russes de cette interface de paiements internationaux, rouage essentiel de la finance mondiale, n'a été décidée jeudi par les dirigeants européens en sommet à Bruxelles, en représailles à l'invasion de l'Ukraine.

Plusieurs pays, dont l'Allemagne, l'Autriche et la Hongrie, ont en effet émis des réserves, craignant notamment l'impact d'une telle décision sur les livraisons de gaz russe.

"Une suspension de Swift aurait des répercussions massives (…) pour les entreprises allemandes dans leurs relations avec la Russie, mais aussi pour régler les paiements de livraison d'énergie", s'est justifié vendredi le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Hebestreit.

En Hongrie, le Premier ministre Victor Orban s'est félicité que les sanctions décidées jeudi "ne s'étendent pas à l'énergie", garantissant "l'approvisionnement en énergie de la Hongrie et des autres États membres de l'UE".

«Arme nucléaire»

Swift, acronyme de Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication, est une société basée à Bruxelles, et donc soumise au droit belge et européen.

Fondée en 1973, elle est l'un des plus importants réseaux de messagerie bancaire et financière, permettant les règlements interbancaires entre les établissements financiers du monde entier.

Selon le site de l'association nationale russe Rosswift, la Russie est le deuxième pays après les États-Unis en nombre d'utilisateurs de ce système, avec quelque 300 banques et institutions russes membres.

Concrètement, ce système permet par exemple à un pays comme l'Allemagne de régler électroniquement ses achats de gaz russe.

Bloquer un pays de ce système est considéré comme une "arme nucléaire économique", tant l'impact est important sur les relations économiques de ce pays avec le reste du monde.

Mais débrancher un Etat de Swift, c'est aussi empêcher ses propres banques de faire des transactions avec les banques du pays puni. Une donnée qui n'a pas échappé aux nations les plus dépendantes économiquement de la Russie, comme l'Allemagne.

"Il faut toujours faire attention à ne pas se nuire à soi-même plus qu'aux autres - dans ce cas, les sanctions n'ont aucun sens", a ainsi déclaré le très écouté député allemand Jürgen Trittin, spécialiste de l'international pour le parti écologiste.

Même du côté des Etats européens les moins dépendants des matières premières russes, comme la France, on reste sceptique, tant l'application d'une telle mesure est complexe.

"Swift fait partie des options" mais "c’est la toute dernière option", a commenté jeudi le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire.

Agacement

L'Autriche, à travers le chancelier Karl Nehammer, a de son côté déclaré que les sanctions économiques décidées jeudi par les dirigeants du G7 affecteraient déjà 70% des banques russes dans leurs transactions, rendant inutile le blocage de Swift.

Un attentisme qui agace au sein même de l'Europe: "Les gouvernements de l'UE qui ont bloqué les décisions difficiles (…) se sont déshonorés", a déclaré l'ancien président du Conseil européen Donald Tusk, actuellement chef du parti de droite PPE au Parlement européen. Une critique exprimée également par l'Ukraine.

Du côté anglo-saxon, on tente de faire fléchir l'UE. Le Premier ministre britannique Boris Johnson a ainsi plaidé, durant la réunion du G7, en faveur d'une telle mesure, selon un porte-parole.

"Nous voulons que (Swift) soit désactivé. D'autres pays ne le veulent pas", a regretté le ministre britannique de la Défense Ben Wallace à la radio BBC.

Le chef de l'Etat américain, Joe Biden, a pour sa part assuré jeudi que couper la Russie du réseau Swift restait "une option", tout en reconnaissant qu'"actuellement ce n'était (pas) une position partagée par les Européens".

Déjà en 2014, peu après l'annexion de la Crimée par la Russie, l'option avait été évoquée, mais finalement abandonnée.


Armes à Israël: les républicains tentent de forcer la main à Biden

Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
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  • Pour les républicains, Joe Biden n'a pas le droit d'interférer dans la manière dont Israël mène sa campagne militaire, qui a provoqué un désastre humanitaire à Gaza
  • Mais 16 démocrates se sont joints aux républicains pour adopter la proposition de loi, défiant le chef de l'Etat

WASHINGTON: La Chambre américaine des représentants, dominée par les républicains, a voté jeudi une mesure largement symbolique visant à forcer le président démocrate Joe Biden à mettre fin à sa suspension d'une livraison de bombes à Israël.

Cette suspension de la livraison d'une cargaison d'armes, composée de bombes de 2 000 livres (907 kg) et de 500 livres (226 kg), a été décidée au moment où Washington, premier soutien militaire d'Israël, s'oppose à une offensive d'ampleur des troupes israéliennes à Rafah.

La mesure votée jeudi n'a aucune chance de devenir loi. En théorie, elle empêcherait M. Biden de geler toute aide militaire à Israël approuvée par le Congrès.

"Le président et son administration doivent immédiatement faire marche arrière et se tenir aux côtés d'Israël", a déclaré Mike Johnson, chef républicain de la Chambre des représentants, dans un communiqué.


Biden s'efforce de remobiliser l'électorat afro-américain

Le président américain Joe Biden s'exprime lors du service commémoratif des agents de la paix nationaux devant le Capitole américain à Washington, DC, le 15 mai 2024. (Photo, AFP)
Le président américain Joe Biden s'exprime lors du service commémoratif des agents de la paix nationaux devant le Capitole américain à Washington, DC, le 15 mai 2024. (Photo, AFP)
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  • Vendredi, Joe Biden ira prononcer un discours au Musée national de l'histoire et de la culture afro-américaine à Washington
  • La mobilisation des Afro-Américains avait été décisive dans la victoire de Joe Biden face à Donald Trump en 2020

WASHINGTON: A coup d'événements symboliques et d'interviews, Joe Biden, qui selon certains sondages serait en perte de vitesse auprès des Afro-Américains, s'efforce cette semaine de remobiliser cet électorat décisif.

Le président américain multiplie ainsi les hommages aux grandes luttes menées pour les droits civiques aux Etats-Unis.

Jeudi, le démocrate de 81 ans, qui va affronter son prédécesseur républicain Donald Trump pour un second mandat en novembre, a reçu les familles des plaignants d'un combat judiciaire emblématique contre la ségrégation scolaire, ayant débouché sur la décision "Brown vs Board of Education" de la Cour suprême.

Dans cet arrêt de 1954, la Cour a jugé que la séparation des élèves blancs et des élèves noirs dans les écoles violait la Constitution.

Vendredi, Joe Biden ira prononcer un discours au Musée national de l'histoire et de la culture afro-américaine à Washington.

Puis il rencontrera les représentants des "Divine Nine", des "fraternités" et "sororités" (associations typiques des universités américaines) fondées par des étudiants et des étudiantes noires.

Dimanche enfin, il doit s'exprimer lors de la remise des diplômes de l'université historiquement noire de Morehouse à Atlanta (sud-est), celle où étudia Martin Luther King, le grand meneur de la lutte pour les droits civiques dans les années 1960.

La Maison Blanche a d'ailleurs annoncé jeudi avoir investi au total 16 milliards de dollars dans la centaine d'universités historiquement noires du pays depuis l'élection de Joe Biden.

"Le président et moi-même restons déterminés à utiliser tous les moyens disponibles pour soutenir les universités historiquement noires", a commenté dans un communiqué la vice-présidente Kamala Harris, elle-même ancienne étudiante de l'un de ces établissements, la Howard University.

Gaza 

Reste à voir comment le démocrate, ferme soutien d'Israël, sera reçu à Morehouse, alors que certaines cérémonies de ce genre ont été perturbées récemment par des manifestants propalestiniens.

Concernant la guerre à Gaza, "il y a une inquiétude légitime", a dit le président américain, interrogé par une radio de la communauté afro-américaine à Atlanta (Géorgie, sud-est) à propos de ces mobilisations, en ajoutant: "Les gens ont le droit de manifester, de le faire pacifiquement."

Selon plusieurs sondages récents, Joe Biden, tout en restant nettement majoritaire auprès de cet électorat, perdrait du terrain auprès des électeurs noirs, en particulier les plus jeunes, dans certains Etats décisifs.

Parmi eux la Géorgie, ou encore le Wisconsin.

Ce n'est donc pas un hasard si Joe Biden a aussi accordé un entretien, également diffusé jeudi, à une radio afro-américaine de Milwaukee, dans cet Etat de la région des Grands Lacs.

Il y vante ses actions sociales et économiques en faveur des Afro-Américains et critique son opposant républicain.

"Il n'a littéralement rien fait (pour la communauté afro-américaine" et il veut empêcher son accès au vote", a dit Joe Biden.

Sur les ondes de la radio de Géorgie, il a déclaré: "Rappelez-vous qui est Trump. Il a accusé à tort les +Cinq de Central Park+", de jeunes Afro-Américains victimes d'une erreur judiciaire retentissante, "il a donné naissance aux théories du complot" autour de la nationalité de l'ancien président Barack Obama.

La mobilisation des Afro-Américains avait été décisive dans la victoire de Joe Biden face à Donald Trump en 2020. Il avait alors remporté 92% de leurs voix, contre 8% à son adversaire républicain, selon l'institut Pew Research.


Le micro d’une étudiante coupé alors qu’elle demande à Columbia de se mobiliser pour Gaza

Saham David Ahmed Ali s’exprime lors de la cérémonie de remise des diplômes de la Mailman School of Public Health de l’université Columbia. Son micro s’est coupé à deux reprises pendant son discours. (Capture d’écran)
Saham David Ahmed Ali s’exprime lors de la cérémonie de remise des diplômes de la Mailman School of Public Health de l’université Columbia. Son micro s’est coupé à deux reprises pendant son discours. (Capture d’écran)
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  • Le microphone s’est coupé à deux reprises pendant son discours, ce qui a incité les étudiants à huer et à scander «laissez-la parler» pendant que Mme Ali marquait une courte pause
  • On ne sait pas si le problème est dû à un défaut technique ou si le microphone a été délibérément coupé

LONDRES: Un microphone a brièvement été coupé cette semaine lors d’un discours prononcé au cours de la cérémonie de remise des diplômes de l’université Columbia aux États-Unis. L’oratrice avait critiqué la position de l’université à l’égard de Gaza.

Mardi, l’étudiante Saham David Ahmed Ali a prononcé un discours devant les diplômés de la Mailman School of Public Health. Elle a appelé à une action contre Israël, critiquant le «silence sur le campus de l’université Columbia».

Le microphone s’est coupé à deux reprises pendant son discours, ce qui a incité les étudiants à huer et à scander «laissez-la parler» pendant que Mme Ali marquait une courte pause. Elle a ensuite pu continuer. On ne sait pas si le problème est dû à un défaut technique ou si le microphone a été délibérément coupé.

Saham David Ahmed Ali a déclaré que l’université devait révéler ses relations avec des entreprises «tirant profit du génocide palestinien» et qu’elle devait immédiatement s’en désengager.

Elle a également demandé à Columbia d’appeler à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, où les civils palestiniens sont actuellement confrontés à la famine, selon l’ONU, alors qu’Israël poursuit sa campagne militaire qui a fait plus de trente-cinq mille morts, des milliers d’autres blessés et des centaines de milliers de déplacés à la suite de l’attaque menée par le Hamas contre Israël le 7 octobre.

L’université Columbia a été témoin d’importantes manifestations sur son campus depuis le 17 avril après que la présidente de l’université, Minouche Chafik, a témoigné devant le Congrès américain au sujet d’incidents présumés d’antisémitisme contre des étudiants juifs sur son campus.

Les manifestants ont ensuite occupé certaines parties du campus, notamment le Hamilton Hall de l’université. La police de New York a arrêté des centaines de personnes à la suite de ces manifestations, qui ont également déclenché des mouvements similaires dans d’autres grandes universités américaines, ainsi que des contre-manifestations d’étudiants brandissant des drapeaux israéliens et américains.

Columbia a également pris la mesure inhabituelle d’annuler sa cérémonie d’ouverture cette année à la suite des manifestations, organisant uniquement des cérémonies de remise des diplômes propres à l’université.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com