Israel marche sur un «terrain glissant» s'agissant de la crise russo-ukrainienne, selon un expert

Des manifestants agitent un drapeau ukrainien lors d'une manifestation le 26 février 2022, à Tel Aviv, en Israël (Photo, AFP).
Des manifestants agitent un drapeau ukrainien lors d'une manifestation le 26 février 2022, à Tel Aviv, en Israël (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 27 février 2022

Israel marche sur un «terrain glissant» s'agissant de la crise russo-ukrainienne, selon un expert

  • «Israël doit équilibrer ses relations avec les puissances mondiales», déclare Hossein Abdel-Hossein à Arab News
  • Tel-Aviv compte sur Moscou pour accéder à l'espace aérien syrien, utilisé pour cibler les milices iraniennes

NEW YORK : Bien qu'Israël ait rejeté une demande américaine de soutenir une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU condamnant l'invasion de l'Ukraine par la Russie, l'Etat hébreux votera probablement en faveur de la mesure lorsqu'elle sera débattue à l'Assemblée générale de l'ONU, selon des médias citant des responsables du ministère des Affaires étrangères.

Les États-Unis avaient lancé un appel clair : «Votez non, ou abstenez-vous, si vous êtes opposés à la charte de l'ONU et si vous soutenez les actes d'agression russes. La Russie a fait son choix, c'est maintenant à vous de le faire».

Plus de 80 pays ont accepté la requête américaine de coparrainer la résolution, qui a été déposée en tandem avec l'Albanie, membre temporaire du Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU), et auraient condamné la Russie dans «les termes des plus fermes» tout en exigeant le retrait immédiat de ses forces d'Ukraine.

Ce vendredi, la Russie a opposé son veto à la mesure, la Chine, l'Inde et les Émirats arabes unis s'étant abstenus lors du vote. Les 11 membres restants du CSNU ont voté pour.

L'ambassadeur d'Ukraine auprès de l'ONU, Sergiy Kyslytsya, a demandé au président de l'Assemblée générale des Nations Unies (AGNU) d'organiser une session d'urgence en vertu de la résolution dite «S'unir pour la paix», qui donne à l'Assemblée générale le pouvoir de convoquer des réunions d'urgence dans le but de discuter des questions de paix et de sécurité internationales lorsque le CSNU est incapable d'agir à cause d'un manque d'unanimité parmi ses cinq membres permanents disposant du droit de veto : les États-Unis, la Russie, la Chine, la Grande-Bretagne et la France.

Bien qu'Israël suive généralement l'exemple des États-Unis à l'ONU, il a parfois fait exception pour éviter de contrarier d'autres alliés.

Étant la seule démocratie occidentale qui entretient des relations relativement chaleureuses avec la Russie et l'Ukraine, Israël a jusqu'à présent évité une position plus ferme à l'égard de Moscou.

Israël est lié à l'Ukraine à plusieurs niveaux, a expliqué Hossein Abdel-Hossein, chercheur à la Fondation pour la défense des démocraties, une organisation non partisane basée à Washington et axée sur la politique étrangère et la sécurité nationale.

«D'abord et avant tout, on estime que 250 000 Juifs vivent en Ukraine. La ville d'Uman, dans l'ouest de l'Ukraine, abrite le sanctuaire de Reb Nachman de Bresolov, l'un des fondateurs du mouvement hassidique», a-t-il déclaré à Arab News.

«Chaque année, des dizaines de milliers de pèlerins juifs hassidiques visitent Uman en Ukraine. Le président Volodymyr Zelensky lui-même est juif. Tous ces liens signifient que les relations entre l'Ukraine et Israël sont plus chaleureuses que les relations moyennes entre deux pays au hasard».

Abdel-Hossein a avisé que les liens israéliens avec la Russie, d'autre part, se sont développés après que les administrations démocrates américaines ont commencé à s'éloigner du Moyen-Orient, laissant leurs alliés «découvrir comment gérer leurs affaires».

Il a ajouté qu'avec l'intervention de Moscou pour combler le vide laissé par l'absence de leadership américain dans la crise syrienne, Israël a été contraint de se coordonner avec la Russie «afin de garantir que les milices iraniennes ne s'enracinent pas dans le sud de la Syrie, d'où elles peut menacer l'État juif».

«Si l’Amérique avait pris les rênes en Syrie, comme elle l’a fait en Irak en 1991 quand Israël n’a même pas riposté aux missiles de Saddam Hussein, Israël n’aurait pas coordonné aujourd’hui avec les Russes sa frappe contre des cibles iraniennes à l’intérieur de la Syrie».

Abdel-Hossein a ajouté que «les liens israéliens avec Moscou sont basés sur des intérêts communs. Moscou estimant qu'Israël avait publié une déclaration trop prudente concernant l'invasion, les médias d'État russes ont critiqué l'annexion par Israël des hauteurs du Golan. C'est dire à quel point les relations israélo-russes sont fragiles».

Le gouvernement israélien a condamné jeudi l'invasion de l'Ukraine par la Russie, le ministre des Affaires étrangères Yair Lapid déclarant qu'il s'agissait «d'une violation de l'ordre international »

Mais le Premier ministre israélien Naftali Bennett s'est abstenu de condamner publiquement la Russie. Il a appelé à une diplomatie plus forte et à l’élargissement de l'aide humanitaire aux Ukrainiens.

Loin d'être accidentelle, toute différence dans les déclarations entre Lapid et Bennett «doit avoir été totalement planifiée et intentionnelle», a estimé Abdel-Hossein.

«Le sentiment populaire israélien est antirusse et ses dirigeants le savent. Cependant, Israël doit équilibrer ses relations avec les puissances mondiales, surtout en l'absence de l'Amérique», a-t-il ajouté.

Lapid et Bennett sont les leaders d'un gouvernement de coalition qui marchent sur un «terrain  glissant», et ils ont tendance à coordonner étroitement leurs grands pas».

Si l'opposition à la guerre russe continue de faire boule de neige, Israël suivra le courant avec la communauté internationale, a soutenu Abdel-Hossein.

Mais, Israël veillera également à «rester en retrait afin de maintenir les relations minimales requises avec la Russie, notamment sur la Syrie».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël: des élus favorables à une loi instaurant la peine de mort pour les «terroristes»

 La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
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  • Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative
  • La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture

JERUSALEM: La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir.

La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture.

Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative.

Dans une note explicative de la commission, il est indiqué que "son objectif est de couper le terrorisme à sa racine et de créer une forte dissuasion".

Le texte propose qu'un "terroriste reconnu coupable de meurtre motivé par le racisme ou la haine (...) soit condamné à la peine de mort - de manière obligatoire", ajoutant que cette peine serait "non optionnelle".

La proposition de loi a été présentée par une élue du parti Otzma Yehudit (Force Juive) d'Itamar Ben Gvir.

Ce dernier a menacé de cesser de voter avec la coalition de droite de Benjamin Netanyahu si ce projet de loi n'était pas soumis à un vote parlementaire d'ici le 9 novembre.

"Tout terroriste qui se prépare à commettre un meurtre doit savoir qu'il n'y a qu'une seule punition: la peine de mort", a dit le ministre lundi dans un communiqué.

M. Ben Gvir avait publié vendredi une vidéo de lui-même debout devant une rangée de prisonniers palestiniens allongés face contre terre, les mains attachées dans le dos, dans laquelle il a appelé à la peine de mort.

Dans un communiqué, le Hamas a réagi lundi soir en affirmant que l'initiative de la commission "incarne le visage fasciste hideux de l'occupation sioniste illégitime et constitue une violation flagrante du droit international".

"Nous appelons les Nations unies, la communauté internationale et les organisations pertinentes des droits de l'Homme et humanitaires à prendre des mesures immédiates pour arrêter ce crime brutal", a ajouté le mouvement islamiste palestinien.

Le ministère palestinien des Affaires étrangères et des expatriés, basé à Ramallah, a également dénoncé cette décision, la qualifiant de "nouvelle forme d'extrémisme israélien croissant et de criminalité contre le peuple palestinien".

"C'est une étape dangereuse visant à poursuivre le génocide et le nettoyage ethnique sous le couvert de la légitimité", a ajouté le ministère.


Frappes israéliennes sur le sud du Liban: deux morts 

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
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  • Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé
  • Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani

BEYROUTH: Des frappes israéliennes sur le sud du Liban ont tué lundi deux personnes et blessé sept autres, a indiqué le ministère libanais de la Santé, au lendemain de la menace d'Israël d'intensifier ses attaques contre le Hezbollah pro-iranien.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024, Israël continue de mener des attaques régulières contre les bastions du Hezbollah. Et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accusé dimanche le Hezbollah de tenter de se "réarmer".

Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé.

Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani.

Sur place, un photographe de l'AFP a vu des pompiers tenter d'éteindre l'incendie de la voiture visée qui s'est propagé à d'autres véhicules à proximité. Des ouvriers ramassaient les bris de verre des devantures de commerces endommagées, a-t-il également constaté.

Une autre frappe sur un village de la région de Bint Jbeil a fait un mort, selon le ministère de la Santé.

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah.

Des centaines de personnes ont participé à leurs funérailles dimanche dans la ville de Nabatiyé, scandant "Mort à Israël".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth, mais il demeure financièrement résilient et armé.

Les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, ce que le Hezbollah refuse.

"Nous attendons du gouvernement libanais qu'il fasse ce qu'il s'est engagé à faire, c'est-à-dire désarmer le Hezbollah, mais il est clair que nous exercerons notre droit à l'autodéfense comme convenu dans les termes du cessez-le-feu", avait averti le Premier ministre israélien dimanche.


La Turquie mobilise ses partenaires musulmans autour de Gaza

La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
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  • Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël
  • "Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens

ISTANBUL: La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien.

Les ministres de ces sept pays (Turquie, Arabie saoudite, Qatar, Emirats arabes unis, Jordanie, Pakistan et Indonésie), tous membres de l'organisation de la coopération islamique (OCI), avaient été reçus par Donald Trump fin septembre à New York en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, avant la présentation du plan de paix américain six jours plus tard.

Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 10 octobre, alors que "le Hamas semble déterminé" à respecter l'accord, estime-t-il.

"Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens.

En amont de cette réunion, le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan a reçu samedi une délégation du bureau politique du Hamas emmenée par Khalil al-Hayya, le négociateur en chef du mouvement islamiste palestinien.

Selon des responsables du ministère des Affaires étrangères, M. Fidan doit appeler à la mise en place de mécanismes permettant aux Palestiniens d'assurer la sécurité et la gouvernance de Gaza.

"Agir avec prudence" 

"Nous devons mettre fin au massacre à Gaza. Un cessez-le-feu à lui seul ne suffit pas", a insisté M. Fidan lors d'un forum à Istanbul.

"Nous devons reconnaître que Gaza doit être gouvernée par les Palestiniens et agir avec prudence", a encore souligné le ministre turc, plaidant de nouveau pour une solution à deux Etats.

Le chef de la diplomatie turque accuse Israël de chercher des prétextes pour rompre le cessez-le-feu.

Mais les efforts d'Ankara, qui multiplie les contacts diplomatiques avec les pays de la région et cherche à infléchir la position pro-israélienne des Etats-Unis, sont vus d'un mauvais œil par Israël qui juge Ankara trop proche du Hamas.

Les dirigeants israéliens ont exprimé à plusieurs reprises leur refus de voir la Turquie participer à la force internationale de stabilisation à Gaza.

En vertu du plan de Donald Trump, sur lequel est basé l'accord de cessez-le-feu, cette force de stabilisation, formée principalement de troupes de pays arabes et musulmans, doit se déployer à Gaza à mesure que l'armée israélienne s'en retirera.

Seuls des pays jugés "impartiaux" pourront rejoindre cette force, a cependant prévenu le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar.

Autre signe de la méfiance du gouvernement israélien : une équipe de secouristes turcs dépêchée pour participer à la recherche de corps, y compris israéliens, dans les ruines de Gaza, attendait toujours en fin de semaine dernière le feu vert israélien pour entrer dans le territoire palestinien, selon Ankara.