L'Ukraine confirme des pourparlers avec Moscou, la « force de dissuasion» russe en alerte

Selon Kiev, la rencontre aura lieu sans « conditions préalables» à la frontière ukraino-bélarusse, « dans la région de la rivière Pripiat», près de Tchernobyl. (Photo, AFP)
Selon Kiev, la rencontre aura lieu sans « conditions préalables» à la frontière ukraino-bélarusse, « dans la région de la rivière Pripiat», près de Tchernobyl. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 27 février 2022

L'Ukraine confirme des pourparlers avec Moscou, la « force de dissuasion» russe en alerte

  • La présidence ukrainienne n'a pas précisé la date de ces pourparlers, mais la Russie a indiqué qu'ils auraient lieu dès ce dimanche
  • Le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba a prévenu que son pays ne «capitulera pas» face à Moscou

KHARKIV : L'Ukraine a confirmé dimanche, au quatrième jour de l'invasion russe, des pourparlers avec Moscou à la frontière ukraino-bélarusse tandis que Vladimir Poutine a annoncé mettre en alerte la force de dissuasion nucléaire de l'armée russe.

La présidence ukrainienne n'a pas précisé la date de ces pourparlers, mais la Russie a indiqué qu'ils auraient lieu dès ce dimanche.

Selon Kiev, la rencontre aura lieu sans "conditions préalables" à la frontière ukraino-bélarusse, "dans la région de la rivière Pripiat", près de Tchernobyl.

Le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba a prévenu que son pays ne "capitulera pas" face à Moscou.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov a affirmé que la rencontre aura lieu dans la région de Gomel au Bélarus. Cette région est frontalière notamment de celle de Pripiat.

Le président russe, qui a appelé l'armée ukrainienne à renverser le pouvoir à Kiev, s'était dit favorable à des discussions, à condition qu'elles se tiennent au Bélarus, pays allié qui sert de base arrière à l'invasion russe. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'était dit prêt à négocier mais pas depuis ce pays.

Près de 400 000 réfugiés

Le dirigeant bélarusse Alexandre Loukachenko a assuré à M. Zelensky que "les avions, hélicoptères et missiles (russes) déployés sur le territoire du Bélarus resteraient au sol pendant l'arrivée, les négociations et le départ de la délégation ukrainienne", selon la présidence ukrainienne.

Parallèlement, Vladimir Poutine a ordonné de "mettre les forces de dissuasion de l'armée russe en régime spécial d'alerte au combat". Il a invoqué "les déclarations belliqueuses de l'Otan" et critiqué les sanctions "illégitimes" prises contre la Russie par les Occidentaux qui accroissent leur pression sur Moscou.

Le ministre ukrainien des Affaires étrangères a estimé que l'annonce visait "à faire pression sur la délégation ukrainienne" avant les pourparlers.

Sur le terrain, le flot de réfugiés fuyant l'Ukraine enfle. Depuis jeudi, quelque 368 000 réfugiés ont fui vers les pays voisins et leur nombre "continue à augmenter", a annoncé le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés. La Pologne en a accueilli plus de la moitié et l'Allemagne a rendu gratuits les trains pour tous les Ukrainiens venant de ce pays.

Le pape François a appelé à l'ouverture "urgente" de couloirs humanitaires et demandé "que les armes se taisent" en Ukraine.

 

Les Européens discutent d'un statut de protection pour les Ukrainiens fuyant la guerre

Les ministres européens de l'Intérieur sont réunis dimanche en urgence à Bruxelles pour organiser l'accueil des Ukrainiens fuyant l'offensive russe et discuter de leur accorder une protection temporaire automatique.

"Nous devons regarder quel statut on peut confier à ces personnes qui fuient le territoire ukrainien dans des conditions extrêmement difficiles", a déclaré le ministre français Gérald Darmanin, dont le pays exerce la présidence du Conseil de l'UE, en arrivant à la réunion.

Il s'agit "d'abord" de les accueillir "le mieux possible en Pologne et dans les pays voisins, voir comment on peut les aider de façon humanitaire (...) et puis voir comment, en Europe, on peut leur apporter cette protection" prévue dans le cadre d'une directive de 2001, a-t-il indiqué.

Ce régime, institué en réponse au conflit en ex-Yougoslavie mais qui n'a jamais été utilisé, prévoit l'octroi d'une protection temporaire en cas d'afflux massif de personnes déplacées, et des mesures pour répartir entre pays de l'UE l'effort d'accueil de ces réfugiés.

"La France mettra ce sujet à l'ordre du jour", a dit M. Darmanin.

Le recours à cette directive est réclamé par la Belgique.

"Il faut garantir une protection au niveau européen", a demandé le secrétaire d'État belge à l'asile et la migration, Sammy Mahdi. Nous sommes à "un moment historique pour l'Union européenne, un moment où on doit prendre des décisions courageuses (...) Je proposerai d'activer cette directive aujourd'hui le plus vite possible", a-t-il dit.

"C'est le bon moment pour y recourir", a aussi estimé la commissaire aux Affaires intérieures Ylva Johansson, précisant qu'elle allait faire une proposition en ce sens.

"Cela peut être une option, je n'y suis pas opposé", a quant à lui réagi le ministre suédois de l'Intégration et des migrations, Anders Ygeman, estimant que les Européens doivent prendre "leurs responsabilités de concert".

"L'essentiel est de trouver des solutions non bureaucratiques de sorte à pouvoir accueillir rapidement ces réfugiés", a observé la ministre allemande de l'Intérieur Nancy Faeser.

Dans l'immédiat, "la question n'est pas tant la répartition que d'examiner la manière dont nous pouvons aider les pays voisins" de l'Ukraine, notamment "avec un soutien logistique à la Pologne", a-t-elle estimé.

«Forces du mal»

Les forces ukrainiennes ont repris le plein contrôle de Kharkiv (1,4 million d'habitants), deuxième ville d'Ukraine dans le Nord-Est à la frontière russe, selon le gouverneur local Oleg Sinegoubov.

Dans son sermon dominical, le patriarche orthodoxe russe Kirill a qualifié les opposants à Moscou en Ukraine de "forces du mal".

"Vassylkiv, Kiev, Cherniguiv, Soumi, Kharkiv et beaucoup d'autres villes vivent dans des conditions qu'on n'avait pas vues sur nos terres (...) depuis la Seconde guerre mondiale", a lancé tôt dimanche M. Zelensky, accusant la Russie de considérer les zones habitées "comme une cible légitime".

M. Zelensky, qui a saisi la Cour internationale de justice de La Haye, a salué la formation d'une "coalition anti-guerre" internationale pour soutenir l'Ukraine et appelé les étrangers à venir se battre "contre les criminels de guerre russes" dans une "Légion internationale" en formation.

Selon l'état-major ukrainien, l'armée russe "n'a pas atteint" son "principal objectif (qui) est de verrouiller Kiev" et a recours "au sabotage" avec "des groupes de reconnaissance qui détruisent l'infrastructure civile".

A Kiev, sous couvre-feu jusqu'à lundi 08H00 (06H00 GMT), la matinée a été calme après des affrontements durant la nuit "avec des groupes subversifs" selon le bureau du maire.

Deux villes encerclées

De son côté, le ministère russe de la Défense qui n'a pas fait état jusqu'à présent d'offensive sur Kiev a affirmé avoir encerclé deux grandes villes du Sud, Kherson et Berdiansk, qui comptent respectivement 290.000 et 110.000 habitants. "La ville de Guenitchesk et l'aérodrome de Tchernobaïevka près de Kherson ont également été pris sous contrôle", selon un communiqué.

Il revendique également des gains territoriaux pour les séparatistes prorusses dans l'Est, soutenus par l'armée russe et qui ont avancé, selon Moscou, de 52 km depuis le début de l'offensive.

Au total, l'armée russe assure avoir détruit 975 installations militaires ukrainiennes.

L'Onu recensait samedi au moins 64 morts parmi les civils et des centaines de milliers de personnes sans eau ou électricité. 

Selon le ministère ukrainien de la Santé, au moins 198 civils, dont trois enfants, ont été tués et 1 115 personnes blessées depuis jeudi.

Des dizaines de militaires ukrainiens ont perdu la vie dans les combats. Kiev, selon qui l'armée ukrainienne a tué plus de 4 300 soldats russes, a lancé un site internet permettant aux proches des soldats russes tués de connaître leur sort. Moscou garde le silence sur ses pertes.

 

L'Otan renforce ses forces en Roumanie et en Slovaquie

La France et la Belgique vont déployer des unités en Roumanie pour constituer un groupement tactique de l'Otan dans ce pays et un autre sera constitué en Slovaquie, ont confirmé les autorités des trois pays après les annonces vendredi au sommet de l'Alliance.

Dans le cadre de la Force de réaction rapide, la France va déployer en Roumanie 500 militaires avec des véhicules blindés et des engins de combat, a précisé vendredi soir le chef d'état-major des armées françaises, le général Thierry Burkhard après les annonces du président Emmanuel Macron.

La Belgique va pour sa part envoyer 300 militaires dans ce pays. "Ils se déploieront dans le courant de la semaine prochaine dans le cadre de la Force de réaction rapide au sein d’un bataillon franco-belge qui assurera une mission de protection et dissuasion", a annoncé samedi la ministre de la Défense Ludivine Dedonder.

Les unités françaises et belges font partie de la force opérationnelle interarmées à très haut niveau de préparation (VJTF) de l'Otan. Elles vont constituer les premiers éléments du groupement tactique de l'Alliance en Roumanie dont la France a proposé de prendre le commandement, a-t-on précisé de source diplomatique.

Un autre groupement tactique va être établi en Slovaquie, a précisé samedi l'ambassadeur slovaque à l'Otan, Peter Bator. Il sera en charge d'un système de défense aérienne Patriot et devrait compter plus d'un millier de militaires d'unités venues d'Allemagne, des Pays-Bas, de la République tchèque, de la Pologne, de la Slovénie et des Etats-Unis, a-t-il précisé.

La constitution de ces deux nouveaux groupements tactiques a fait l'objet d'un accord lors de la réunion des ministres de la Défense de l'Otan les 16 et 17 février, a-t-on précisé de source diplomatique.

L’Otan a déjà déployé quatre groupements tactiques multinationaux en Estonie, en Lettonie, en Lituanie et en Pologne depuis 2017 pour "répondre au renforcement militaire de la Russie dans la région de la Baltique et à l'usage de la force contre ses voisins" .

Au total 4 500 militaires des pays de l'Otan sont déployés dans ces quatre pays et constituent des "forces prêtes au combat", précise l'Alliance. Ils sont dirigés par le Royaume-Uni (Estonie), le Canada (Lettonie), l'Allemagne (Lituanie) et les Etats-Unis (Pologne).

L'Otan a par ailleurs établi une présence avancée adaptée en Roumanie avec une brigade multinationale et des navires. Les Etats-Unis ont envoyé en janvier une unité de blindés Stryker et un millier de militaires en Roumanie dans une base située à proximité de la mer Noire, venus renforcer les 900 militaires américains stationnés dans ce pays.

Des avions allemands et italiens assurent par ailleurs "la  police des airs" dans cette zone.

L'Otan a activé jeudi ses plans de défense afin de pouvoir déployer la capacité de la Force de réaction rapide de "là ou ce sera nécessaire".

Les Etats-Unis ont annoncé le lendemain l'envoi de 7.000 militaires en Allemagne et la mise en alerte de 12 000 autres pour renforcer la force de l'Otan.

L'Italie est pour sa part prête à déployer 3.400 militaires, a annoncé le chef du gouvernement italien Mario Draghi.

Nouvelles sanctions

Plusieurs pays dont la France, l'Allemagne, l'Autriche, l'Italie, les pays scandinaves et la Belgique ont annoncé à leur tour la fermeture de leur espace aérien aux avions russes.

Au moins 100 000 personnes manifestaient dimanche à Berlin en solidarité avec l'Ukraine.

La veille, les Occidentaux ont exclu des banques russes de la plateforme interbancaire Swift, rouage essentiel de la finance mondiale - une décision à laquelle s'est associé dimanche le Japon.

Ils ont aussi promis davantage d'armes à l'Ukraine, l'Allemagne notamment rompant avec sa politique traditionnelle de refus d'exporter des armes létales en zone de conflit. Dimanche, les Etats-Unis et l'Italie ont annoncé des aides humanitaires.

Et les Occidentaux se réservent "le droit d'imposer" de nouvelles sanctions à Moscou, a averti le chancelier allemand Olaf Scholz tout en se disant toujours ouvert à des discussions. "Le monde d'après ne sera plus le même que le monde d'avant", a-t-il insisté.

La ministre britannique des Affaires étrangères, Liz Truss, a aussi annoncé de nouvelles sanctions à venir contre les oligarques, estimant que le conflit pourrait durer "plusieurs années".

Le monde sportif met aussi la Russie à l'écart. La Fédération internationale de judo a annoncé la "suspension" du statut de président honoraire de M. Poutine. 

Les boycotts de la Russie dans le sport se multiplient. La Fédération tchèque de football refusera d'affronter la Russie en vue du Mondial-2022, à l'instar de la Pologne et la Suède, la Fédération française "penche pour une exclusion de la Russie".

"Bien sûr que c'est mauvais pour le sport, et c'est un gros coup porté à la Russie. Mais je pense que c'est nécessaire, autrement notre gouvernement ne comprendra pas qu'il doit agir différemment", a commenté Guéorgui Andreev, un étudiant de 22 ans.

Le géant américain de l'internet Google a lui "suspendu" la possibilité pour les médias financés par l'Etat russe de générer de l'argent sur ses plateformes.

 

La Russie suspendue, le Conseil de l'Europe appelle ses membres à la "solidarité" financière

Le Conseil de l'Europe, qui vient de suspendre Moscou après l'invasion de l'Ukraine par les troupes russes, a appelé dimanche ses Etats membres à la "solidarité" financière afin de palier d'éventuelles pertes de financement si Moscou venait à ne plus payer ses contributions.

"Je salue de tout cœur l'initiative qui vient d'être votée (dimanche) au Bundestag", la chambre basse du Parlement allemand, "visant à garantir que le Conseil de l'Europe ne subisse aucun préjudice financier à moyen ou long terme" après la suspension des droits de représentation de la Russie, décidée vendredi, a déclaré dans un communiqué Tiny Kox, président de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE).

"J'appelle les parlements des 46 autres Etats membres du Conseil de l'Europe (...) à faire pression pour obtenir un financement accru de leurs gouvernements afin de couvrir toute perte éventuelle des contributions russes à l'organisation", a-t-il poursuivi, se disant "convaincu qu'il y aura un soutien écrasant pour cela".

"La Russie reste tenue de respecter ses obligations financières vis-à-vis du Conseil de l'Europe", a-t-il toutefois insisté, alors que Moscou avait déjà suspendu dans le passé ses cotisations, en rétorsion à la suspension du droit de vote de la délégation russe au sein de l'APCE après l'annexion de la Crimée, en 2014.

La pérennité de l'institution paneuropéenne avait alors été menacée.

"Il est clair, en ces temps sombres, que les valeurs que défend le Conseil de l'Europe sont plus nécessaires que jamais, et l'organisation doit rester financièrement viable à long terme", a insisté M. Cox.

"Nous avons adopté ensemble une position de principe face à l'attaque totalement injustifiée de la Russie contre l'Ukraine. Agir maintenant, en solidarité, garantira que notre travail n'aura pas à souffrir à cause de cette position", a-t-il conclu.


Washington cible l'Autorité palestinienne, en plein débat sur la reconnaissance d'un Etat de Palestine

Le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas. (File/AFP)
Le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas. (File/AFP)
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  • Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine offensive en faveur d'un Etat de Palestine

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine offensive en faveur d'un Etat de Palestine.

L'annonce des sanctions américaines survient en effet au moment où de nombreux Etats, dont la France et le Canada, ont promis de reconnaître un Etat de Palestine en marge de l'Assemblée générale de l'ONU en septembre, provoquant la colère d'Israël et des Etats-Unis qui parlent d'une "récompense" faite au Hamas dans la bande de Gaza.

La France et l'Arabie saoudite ont co-présidé lundi et mardi à l'ONU une conférence internationale, plaidant ainsi pour la solution à deux Etats, israélien et palestinien, seul chemin pour parvenir à la paix au Proche-Orient.

Washington, qui rejette toute reconnaissance unilatérale d'un Etat palestinien, a décrit la conférence comme étant une "insulte" faite aux victimes de l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

Dans un communiqué jeudi, le département d'Etat américain a fait part de sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'OLP, sans les identifier, accusés notamment d'"internationaliser le conflit avec Israël".

Washington reproche aux deux institutions de "soutenir des actions au sein d'organisations internationales qui sapent et contredisent les engagements antérieurs" notamment à travers la Cour internationale de justice (CIJ) et la Cour pénale internationale (CPI).

Washington avait sanctionné en juin quatre magistrates de la CPI, estimant que leurs procédures visant l'exécutif israélien étaient "illégitimes" et "politisées".

Washington, principal allié d'Israël, accuse aussi l'OLP et l'Autorité palestinienne de "continuer à soutenir le terrorisme, y compris par l'incitation et la glorification de la violence" dans les livres scolaires, une accusation de longue date.

Les sanctions consistent en un refus de visa pour des membres des deux institutions.

- "Distorsion morale" -

"Il est dans l'intérêt de notre sécurité nationale d'imposer des sanctions et de tenir l'OLP et l'Autorité palestinienne responsables du non-respect de leurs engagements et de la remise en cause des perspectives de paix", a indiqué le département d'Etat.

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, s'est aussitôt félicité de cette décision, jugeant que "l'Autorité palestinienne doit payer le prix de sa politique actuelle consistant à verser des indemnités aux terroristes et à leurs familles pour les attentats commis et pour l'incitation à la haine contre Israël dans les écoles, les manuels scolaires, les mosquées et les médias palestiniens".

Il a également relevé, sur X, que cette mesure "met en évidence la distorsion morale de certains pays qui se sont empressés de reconnaître un Etat palestinien virtuel tout en fermant les yeux sur le soutien de l'Autorité palestinienne au terrorisme et à l'incitation à la haine".

L'Autorité palestinienne, dont le président est Mahmoud Abbas, administre la Cisjordanie occupée, tandis que l'OLP, créée en 1964, est le mouvement fondateur représentant les Palestiniens, longtemps dirigée par leur leader historique Yasser Arafat.

L'OLP rassemble la majorité des mouvements politiques palestiniens mais pas le mouvement islamiste Hamas, qui s'est emparé du pouvoir à Gaza en 2007.

Des pays arabes et occidentaux voudraient voir l'Autorité palestinienne, très affaiblie, jouer un rôle dans la gouvernance de la bande de Gaza après la guerre qui y fait rage depuis octobre 2023.

Depuis son retour au pouvoir en janvier, le président Donald Trump, qui a accueilli le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu par trois fois à la Maison Blanche, plus qu'aucun autre dirigeant étranger, a apporté un soutien inconditionnel à Israël, tout en oeuvrant sans succès pour un cessez-le-feu à Gaza.

Mais il s'est montré peu disert sur l'Autorité palestinienne, décriée pour le manque de réformes et la corruption.

Parmi ses premiers décrets, le président Trump avait levé des sanctions imposées sous son prédécesseur Joe Biden visant des colons israéliens extrémistes en Cisjordanie, en proie à une recrudescence des violences.


L'envoyé de Trump rencontre Netanyahu, Israël face à des critiques accrues

L'envoyé du président américain Donald Trump pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, rencontre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu jeudi. (GPO)
L'envoyé du président américain Donald Trump pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, rencontre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu jeudi. (GPO)
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  • L'émissaire américain Steve Witkoff a discuté jeudi à Jérusalem avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu de la guerre à Gaza, à l'heure où de nombreux pays ont dit envisager de reconnaître un Etat palestinien au grand dam d'Israël
  • Les morts tombés sous les tirs et bombardements israéliens se comptent par dizaines chaque jour dans le territoire palestinien assiégé par Israël

Jérusalem, Non défini: L'émissaire américain Steve Witkoff a discuté jeudi à Jérusalem avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu de la guerre à Gaza, à l'heure où de nombreux pays ont dit envisager de reconnaître un Etat palestinien au grand dam d'Israël.

Après 22 mois d'une guerre dévastatrice déclenchée par une attaque du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023, la bande de Gaza est menacée d'une "famine généralisée" selon l'ONU et est totalement dépendante de l'aide humanitaire distribuée par camions ou larguée depuis les airs.

Les morts tombés sous les tirs et bombardements israéliens se comptent par dizaines chaque jour dans le territoire palestinien assiégé par Israël, selon la Défense civile locale qui a fait état de 38 Palestiniens tués jeudi.

Plusieurs dizaines de corps gisaient empilés à la morgue de l'hôpital al-Chifa dans le nord de Gaza, dans l'attente d'être collectés par leurs proches, a constaté un correspondant de l'AFP.

"Le moyen le plus rapide de mettre fin à la crise humanitaire à Gaza est que le Hamas CAPITULE ET LIBÈRE LES OTAGES !!!", a déclaré le président américain Donald Trump sur X.

Rien n'a filtré de la rencontre entre MM. Witkoff et Netanyahu mais en début de semaine, M. Trump a semblé se distancer de son allié israélien en évoquant une "vraie famine" à Gaza.

Avant l'arrivée jeudi de l'émissaire de M. Trump, des dizaines de mères et proches d'otages encore aux mains du Hamas ont manifesté devant le bureau du Premier ministre à Jérusalem, exigeant un "accord global" qui garantirait la libération des 49 otages encore détenus à Gaza, dont 27 ont été déclarés morts par l'armée.

- "Position minoritaire" -

L'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné du côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.

En riposte, Israël a juré de détruire le Hamas et lancé une offensive dévastatrice à Gaza qui a fait au moins 60.249 morts, en majorité des civils, d'après les données du ministère de la Santé à Gaza jugées fiables par l'ONU. La campagne aérienne et terrestre a dévasté le territoire et provoqué un désastre humanitaire.

Le chef de la diplomatie allemande Johann Wadephul a lui rencontré à Jérusalem son homologue israélien Gideon Saar, avant de rencontrer M. Netanyahu.

Avant de décoller pour Israël, M. Wadephul a estimé qu'Israël était "de plus en plus en position minoritaire", alors qu'un "nombre croissant de pays, y compris européens, sont prêts à reconnaître un Etat palestinien sans processus de négociation préalable".

Ces visites interviennent après la multiplication des alertes d'organisations internationales sur une famine à Gaza et l'échec de négociations indirectes, sous médiation américaine, qatarie et égyptienne, entre Israël et le Hamas en vue d'un cessez-le-feu.

Le gouvernement israélien a annoncé dimanche une pause limitée dans l'offensive afin de permettre l'acheminement de l'aide dans le petit territoire pauvre où s'entassent plus de deux millions de Palestiniens.

Mais ces aides sont jugées insuffisantes par les organisations internationales face aux besoins immenses de la population.

- "Pression déformée"

Le Portugal a indiqué jeudi envisager de reconnaître l'Etat de Palestine, après que plusieurs pays dont le Canada, la France et le Royaume-Uni ont annoncé leur intention de faire de même en marge de l'Assemblée générale de l'ONU en septembre.

Une telle reconnaissance reste néanmoins largement symbolique en raison du refus d'Israël de la création d'un tel Etat auquel aspirent les Palestiniens.

Dans ce contexte, Israël a dénoncé une "campagne de pression internationale déformée" venant "récompenser le Hamas et nuire aux efforts visant à obtenir un cessez-le-feu à Gaza".

Les Etats-Unis, qui ont dénoncé les annonces sur la reconnaissance d'un Etat palestinien, ont imposé des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), accusant les deux organismes d'avoir pris des mesures pour "internationaliser leur conflit avec Israël" et de "continuer à soutenir le terrorisme".

Le gouvernement Netanyahu, qui veut chasser le Hamas de Gaza et a annoncé son intention de contrôler le territoire, semble peiner à trancher sur une solution politique d'après-guerre.

Dans ce contexte, la frange la plus radicale de sa coalition gouvernementale plaide pour un retour des colonies à Gaza, évacuées en 2005 avec le retrait unilatéral israélien du territoire après 38 ans d'occupation.

L'armée israélienne a par ailleurs annoncé le retrait du nord de Gaza de sa 98e Division, composée d'unités parachutistes et de commandos d'élite, qui a "se prépare désormais à de nouvelles missions".


Une experte de l’ONU : « La famine imposée à Gaza est une atteinte grave à la dignité humaine »

Des Palestiniens se rassemblent pour recevoir de la nourriture d'une cuisine caritative dans la ville de Gaza, le 28 juillet 2025. (Reuters)
Des Palestiniens se rassemblent pour recevoir de la nourriture d'une cuisine caritative dans la ville de Gaza, le 28 juillet 2025. (Reuters)
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  • Alice Jill Edwards dénonce une privation prolongée de nourriture entraînant malnutrition, défaillances d’organes et décès, notamment chez les nourrissons et femmes enceintes
  • « Des règles changeantes, une distribution militarisée et l’incertitude permanente sur l’accès aux besoins de base provoquent désespoir, stress et traumatismes », alerte-t-elle

NEW YORK: La rapporteuse spéciale de l’ONU sur la torture, Alice Jill Edwards, a exprimé mercredi sa vive inquiétude face à l’augmentation du nombre de décès liés à la famine parmi les Palestiniens de Gaza.

Elle a qualifié la famine infligée aux civils de « meurtrière, inhumaine et dégradante », appelant à une aide humanitaire rapide et sans entrave vers l’enclave dévastée.

« Priver des gens de nourriture, d’eau et de dignité constitue une violation grave et répétée dans ce conflit. Cela doit cesser », a-t-elle déclaré, citant des rapports « choquants » de civils tués en faisant la queue pour se nourrir, et des cas généralisés de faim et de malnutrition.

Elle a alerté sur un risque croissant de famine généralisée à Gaza, soulignant que toutes les parties au conflit ont des obligations juridiques, au regard du droit international, d’assurer un accès à l’eau et à la nourriture pour les civils sous leur contrôle, et de faciliter l’aide humanitaire.

« Ils ne doivent ni voler, ni détourner, ni bloquer délibérément l’acheminement de l’aide », a-t-elle averti.

Elle a décrit les « conséquences physiologiques catastrophiques » de la privation prolongée de calories : malnutrition, défaillance d’organes et décès, touchant particulièrement les groupes vulnérables comme les nourrissons et les femmes enceintes.

« L’impact psychologique d’un tel déni est d’une cruauté intrinsèque », a-t-elle poursuivi.

« Des règles constamment changeantes, des distributions militarisées, et une incertitude quotidienne sur l’accès aux besoins fondamentaux plongent les gens dans un désespoir et une détresse extrêmes. »

Elle a salué l’annonce par Israël de pauses humanitaires permettant au Programme alimentaire mondial d’opérer pendant trois mois, tout en soulignant que « davantage doit être fait » pour mettre fin aux hostilités et établir une paix durable fondée sur la solution à deux États.

« Personne ne devrait subir l’humiliation de devoir mendier pour se nourrir, surtout quand des stocks suffisants sont disponibles », a-t-elle déclaré.

Edwards a également renouvelé son appel à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages, à la libération des Palestiniens détenus arbitrairement, et à la mise en place d’enquêtes indépendantes sur les allégations de torture, de mauvais traitements et d’éventuels crimes de guerre, de la part de toutes les parties.

Elle a indiqué avoir exprimé ses préoccupations à plusieurs reprises aux autorités concernées et continuer de réclamer une pleine reddition de comptes.

Les rapporteurs spéciaux font partie des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Ils sont indépendants, ne sont pas membres du personnel des Nations unies et travaillent bénévolement.