L'Ukraine confirme des pourparlers avec Moscou, la « force de dissuasion» russe en alerte

Selon Kiev, la rencontre aura lieu sans « conditions préalables» à la frontière ukraino-bélarusse, « dans la région de la rivière Pripiat», près de Tchernobyl. (Photo, AFP)
Selon Kiev, la rencontre aura lieu sans « conditions préalables» à la frontière ukraino-bélarusse, « dans la région de la rivière Pripiat», près de Tchernobyl. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 27 février 2022

L'Ukraine confirme des pourparlers avec Moscou, la « force de dissuasion» russe en alerte

  • La présidence ukrainienne n'a pas précisé la date de ces pourparlers, mais la Russie a indiqué qu'ils auraient lieu dès ce dimanche
  • Le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba a prévenu que son pays ne «capitulera pas» face à Moscou

KHARKIV : L'Ukraine a confirmé dimanche, au quatrième jour de l'invasion russe, des pourparlers avec Moscou à la frontière ukraino-bélarusse tandis que Vladimir Poutine a annoncé mettre en alerte la force de dissuasion nucléaire de l'armée russe.

La présidence ukrainienne n'a pas précisé la date de ces pourparlers, mais la Russie a indiqué qu'ils auraient lieu dès ce dimanche.

Selon Kiev, la rencontre aura lieu sans "conditions préalables" à la frontière ukraino-bélarusse, "dans la région de la rivière Pripiat", près de Tchernobyl.

Le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba a prévenu que son pays ne "capitulera pas" face à Moscou.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov a affirmé que la rencontre aura lieu dans la région de Gomel au Bélarus. Cette région est frontalière notamment de celle de Pripiat.

Le président russe, qui a appelé l'armée ukrainienne à renverser le pouvoir à Kiev, s'était dit favorable à des discussions, à condition qu'elles se tiennent au Bélarus, pays allié qui sert de base arrière à l'invasion russe. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'était dit prêt à négocier mais pas depuis ce pays.

Près de 400 000 réfugiés

Le dirigeant bélarusse Alexandre Loukachenko a assuré à M. Zelensky que "les avions, hélicoptères et missiles (russes) déployés sur le territoire du Bélarus resteraient au sol pendant l'arrivée, les négociations et le départ de la délégation ukrainienne", selon la présidence ukrainienne.

Parallèlement, Vladimir Poutine a ordonné de "mettre les forces de dissuasion de l'armée russe en régime spécial d'alerte au combat". Il a invoqué "les déclarations belliqueuses de l'Otan" et critiqué les sanctions "illégitimes" prises contre la Russie par les Occidentaux qui accroissent leur pression sur Moscou.

Le ministre ukrainien des Affaires étrangères a estimé que l'annonce visait "à faire pression sur la délégation ukrainienne" avant les pourparlers.

Sur le terrain, le flot de réfugiés fuyant l'Ukraine enfle. Depuis jeudi, quelque 368 000 réfugiés ont fui vers les pays voisins et leur nombre "continue à augmenter", a annoncé le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés. La Pologne en a accueilli plus de la moitié et l'Allemagne a rendu gratuits les trains pour tous les Ukrainiens venant de ce pays.

Le pape François a appelé à l'ouverture "urgente" de couloirs humanitaires et demandé "que les armes se taisent" en Ukraine.

 

Les Européens discutent d'un statut de protection pour les Ukrainiens fuyant la guerre

Les ministres européens de l'Intérieur sont réunis dimanche en urgence à Bruxelles pour organiser l'accueil des Ukrainiens fuyant l'offensive russe et discuter de leur accorder une protection temporaire automatique.

"Nous devons regarder quel statut on peut confier à ces personnes qui fuient le territoire ukrainien dans des conditions extrêmement difficiles", a déclaré le ministre français Gérald Darmanin, dont le pays exerce la présidence du Conseil de l'UE, en arrivant à la réunion.

Il s'agit "d'abord" de les accueillir "le mieux possible en Pologne et dans les pays voisins, voir comment on peut les aider de façon humanitaire (...) et puis voir comment, en Europe, on peut leur apporter cette protection" prévue dans le cadre d'une directive de 2001, a-t-il indiqué.

Ce régime, institué en réponse au conflit en ex-Yougoslavie mais qui n'a jamais été utilisé, prévoit l'octroi d'une protection temporaire en cas d'afflux massif de personnes déplacées, et des mesures pour répartir entre pays de l'UE l'effort d'accueil de ces réfugiés.

"La France mettra ce sujet à l'ordre du jour", a dit M. Darmanin.

Le recours à cette directive est réclamé par la Belgique.

"Il faut garantir une protection au niveau européen", a demandé le secrétaire d'État belge à l'asile et la migration, Sammy Mahdi. Nous sommes à "un moment historique pour l'Union européenne, un moment où on doit prendre des décisions courageuses (...) Je proposerai d'activer cette directive aujourd'hui le plus vite possible", a-t-il dit.

"C'est le bon moment pour y recourir", a aussi estimé la commissaire aux Affaires intérieures Ylva Johansson, précisant qu'elle allait faire une proposition en ce sens.

"Cela peut être une option, je n'y suis pas opposé", a quant à lui réagi le ministre suédois de l'Intégration et des migrations, Anders Ygeman, estimant que les Européens doivent prendre "leurs responsabilités de concert".

"L'essentiel est de trouver des solutions non bureaucratiques de sorte à pouvoir accueillir rapidement ces réfugiés", a observé la ministre allemande de l'Intérieur Nancy Faeser.

Dans l'immédiat, "la question n'est pas tant la répartition que d'examiner la manière dont nous pouvons aider les pays voisins" de l'Ukraine, notamment "avec un soutien logistique à la Pologne", a-t-elle estimé.

«Forces du mal»

Les forces ukrainiennes ont repris le plein contrôle de Kharkiv (1,4 million d'habitants), deuxième ville d'Ukraine dans le Nord-Est à la frontière russe, selon le gouverneur local Oleg Sinegoubov.

Dans son sermon dominical, le patriarche orthodoxe russe Kirill a qualifié les opposants à Moscou en Ukraine de "forces du mal".

"Vassylkiv, Kiev, Cherniguiv, Soumi, Kharkiv et beaucoup d'autres villes vivent dans des conditions qu'on n'avait pas vues sur nos terres (...) depuis la Seconde guerre mondiale", a lancé tôt dimanche M. Zelensky, accusant la Russie de considérer les zones habitées "comme une cible légitime".

M. Zelensky, qui a saisi la Cour internationale de justice de La Haye, a salué la formation d'une "coalition anti-guerre" internationale pour soutenir l'Ukraine et appelé les étrangers à venir se battre "contre les criminels de guerre russes" dans une "Légion internationale" en formation.

Selon l'état-major ukrainien, l'armée russe "n'a pas atteint" son "principal objectif (qui) est de verrouiller Kiev" et a recours "au sabotage" avec "des groupes de reconnaissance qui détruisent l'infrastructure civile".

A Kiev, sous couvre-feu jusqu'à lundi 08H00 (06H00 GMT), la matinée a été calme après des affrontements durant la nuit "avec des groupes subversifs" selon le bureau du maire.

Deux villes encerclées

De son côté, le ministère russe de la Défense qui n'a pas fait état jusqu'à présent d'offensive sur Kiev a affirmé avoir encerclé deux grandes villes du Sud, Kherson et Berdiansk, qui comptent respectivement 290.000 et 110.000 habitants. "La ville de Guenitchesk et l'aérodrome de Tchernobaïevka près de Kherson ont également été pris sous contrôle", selon un communiqué.

Il revendique également des gains territoriaux pour les séparatistes prorusses dans l'Est, soutenus par l'armée russe et qui ont avancé, selon Moscou, de 52 km depuis le début de l'offensive.

Au total, l'armée russe assure avoir détruit 975 installations militaires ukrainiennes.

L'Onu recensait samedi au moins 64 morts parmi les civils et des centaines de milliers de personnes sans eau ou électricité. 

Selon le ministère ukrainien de la Santé, au moins 198 civils, dont trois enfants, ont été tués et 1 115 personnes blessées depuis jeudi.

Des dizaines de militaires ukrainiens ont perdu la vie dans les combats. Kiev, selon qui l'armée ukrainienne a tué plus de 4 300 soldats russes, a lancé un site internet permettant aux proches des soldats russes tués de connaître leur sort. Moscou garde le silence sur ses pertes.

 

L'Otan renforce ses forces en Roumanie et en Slovaquie

La France et la Belgique vont déployer des unités en Roumanie pour constituer un groupement tactique de l'Otan dans ce pays et un autre sera constitué en Slovaquie, ont confirmé les autorités des trois pays après les annonces vendredi au sommet de l'Alliance.

Dans le cadre de la Force de réaction rapide, la France va déployer en Roumanie 500 militaires avec des véhicules blindés et des engins de combat, a précisé vendredi soir le chef d'état-major des armées françaises, le général Thierry Burkhard après les annonces du président Emmanuel Macron.

La Belgique va pour sa part envoyer 300 militaires dans ce pays. "Ils se déploieront dans le courant de la semaine prochaine dans le cadre de la Force de réaction rapide au sein d’un bataillon franco-belge qui assurera une mission de protection et dissuasion", a annoncé samedi la ministre de la Défense Ludivine Dedonder.

Les unités françaises et belges font partie de la force opérationnelle interarmées à très haut niveau de préparation (VJTF) de l'Otan. Elles vont constituer les premiers éléments du groupement tactique de l'Alliance en Roumanie dont la France a proposé de prendre le commandement, a-t-on précisé de source diplomatique.

Un autre groupement tactique va être établi en Slovaquie, a précisé samedi l'ambassadeur slovaque à l'Otan, Peter Bator. Il sera en charge d'un système de défense aérienne Patriot et devrait compter plus d'un millier de militaires d'unités venues d'Allemagne, des Pays-Bas, de la République tchèque, de la Pologne, de la Slovénie et des Etats-Unis, a-t-il précisé.

La constitution de ces deux nouveaux groupements tactiques a fait l'objet d'un accord lors de la réunion des ministres de la Défense de l'Otan les 16 et 17 février, a-t-on précisé de source diplomatique.

L’Otan a déjà déployé quatre groupements tactiques multinationaux en Estonie, en Lettonie, en Lituanie et en Pologne depuis 2017 pour "répondre au renforcement militaire de la Russie dans la région de la Baltique et à l'usage de la force contre ses voisins" .

Au total 4 500 militaires des pays de l'Otan sont déployés dans ces quatre pays et constituent des "forces prêtes au combat", précise l'Alliance. Ils sont dirigés par le Royaume-Uni (Estonie), le Canada (Lettonie), l'Allemagne (Lituanie) et les Etats-Unis (Pologne).

L'Otan a par ailleurs établi une présence avancée adaptée en Roumanie avec une brigade multinationale et des navires. Les Etats-Unis ont envoyé en janvier une unité de blindés Stryker et un millier de militaires en Roumanie dans une base située à proximité de la mer Noire, venus renforcer les 900 militaires américains stationnés dans ce pays.

Des avions allemands et italiens assurent par ailleurs "la  police des airs" dans cette zone.

L'Otan a activé jeudi ses plans de défense afin de pouvoir déployer la capacité de la Force de réaction rapide de "là ou ce sera nécessaire".

Les Etats-Unis ont annoncé le lendemain l'envoi de 7.000 militaires en Allemagne et la mise en alerte de 12 000 autres pour renforcer la force de l'Otan.

L'Italie est pour sa part prête à déployer 3.400 militaires, a annoncé le chef du gouvernement italien Mario Draghi.

Nouvelles sanctions

Plusieurs pays dont la France, l'Allemagne, l'Autriche, l'Italie, les pays scandinaves et la Belgique ont annoncé à leur tour la fermeture de leur espace aérien aux avions russes.

Au moins 100 000 personnes manifestaient dimanche à Berlin en solidarité avec l'Ukraine.

La veille, les Occidentaux ont exclu des banques russes de la plateforme interbancaire Swift, rouage essentiel de la finance mondiale - une décision à laquelle s'est associé dimanche le Japon.

Ils ont aussi promis davantage d'armes à l'Ukraine, l'Allemagne notamment rompant avec sa politique traditionnelle de refus d'exporter des armes létales en zone de conflit. Dimanche, les Etats-Unis et l'Italie ont annoncé des aides humanitaires.

Et les Occidentaux se réservent "le droit d'imposer" de nouvelles sanctions à Moscou, a averti le chancelier allemand Olaf Scholz tout en se disant toujours ouvert à des discussions. "Le monde d'après ne sera plus le même que le monde d'avant", a-t-il insisté.

La ministre britannique des Affaires étrangères, Liz Truss, a aussi annoncé de nouvelles sanctions à venir contre les oligarques, estimant que le conflit pourrait durer "plusieurs années".

Le monde sportif met aussi la Russie à l'écart. La Fédération internationale de judo a annoncé la "suspension" du statut de président honoraire de M. Poutine. 

Les boycotts de la Russie dans le sport se multiplient. La Fédération tchèque de football refusera d'affronter la Russie en vue du Mondial-2022, à l'instar de la Pologne et la Suède, la Fédération française "penche pour une exclusion de la Russie".

"Bien sûr que c'est mauvais pour le sport, et c'est un gros coup porté à la Russie. Mais je pense que c'est nécessaire, autrement notre gouvernement ne comprendra pas qu'il doit agir différemment", a commenté Guéorgui Andreev, un étudiant de 22 ans.

Le géant américain de l'internet Google a lui "suspendu" la possibilité pour les médias financés par l'Etat russe de générer de l'argent sur ses plateformes.

 

La Russie suspendue, le Conseil de l'Europe appelle ses membres à la "solidarité" financière

Le Conseil de l'Europe, qui vient de suspendre Moscou après l'invasion de l'Ukraine par les troupes russes, a appelé dimanche ses Etats membres à la "solidarité" financière afin de palier d'éventuelles pertes de financement si Moscou venait à ne plus payer ses contributions.

"Je salue de tout cœur l'initiative qui vient d'être votée (dimanche) au Bundestag", la chambre basse du Parlement allemand, "visant à garantir que le Conseil de l'Europe ne subisse aucun préjudice financier à moyen ou long terme" après la suspension des droits de représentation de la Russie, décidée vendredi, a déclaré dans un communiqué Tiny Kox, président de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE).

"J'appelle les parlements des 46 autres Etats membres du Conseil de l'Europe (...) à faire pression pour obtenir un financement accru de leurs gouvernements afin de couvrir toute perte éventuelle des contributions russes à l'organisation", a-t-il poursuivi, se disant "convaincu qu'il y aura un soutien écrasant pour cela".

"La Russie reste tenue de respecter ses obligations financières vis-à-vis du Conseil de l'Europe", a-t-il toutefois insisté, alors que Moscou avait déjà suspendu dans le passé ses cotisations, en rétorsion à la suspension du droit de vote de la délégation russe au sein de l'APCE après l'annexion de la Crimée, en 2014.

La pérennité de l'institution paneuropéenne avait alors été menacée.

"Il est clair, en ces temps sombres, que les valeurs que défend le Conseil de l'Europe sont plus nécessaires que jamais, et l'organisation doit rester financièrement viable à long terme", a insisté M. Cox.

"Nous avons adopté ensemble une position de principe face à l'attaque totalement injustifiée de la Russie contre l'Ukraine. Agir maintenant, en solidarité, garantira que notre travail n'aura pas à souffrir à cause de cette position", a-t-il conclu.


Des rapports internes concluent à un climat antisémite et anti-musulman à Harvard

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
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  • Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël
  • Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants

NEW YORK: Deux rapports distincts sur Harvard publiés mardi par l'université ont établi qu'un climat antisémite et anti-musulman s'était installé sur le campus de la prestigieuse université américaine, dans le viseur de Donald Trump, et la pressent d'agir pour y remédier.

Ces deux rapports de plusieurs centaines de pages, construits notamment à partir de questionnaires et de centaines de témoignages d'étudiants et d'encadrants menés depuis janvier 2024, sont rendus au moment où l'université implantée près de Boston (nord-est) s'est attiré les foudres de Donald Trump, qui l'a dernièrement dépeinte en "institution antisémite d'extrême gauche", "foutoir progressiste" et "menace pour la démocratie".

Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël après l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023.

Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants, a établi que les deux phénomènes "ont été alimentés, pratiqués et tolérés, non seulement à Harvard, mais aussi plus largement dans le monde universitaire".

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël".

Un autre groupe de travail distinct, lui consacré aux positions anti-musulmans, anti-arabes et anti-Palestiniens, a conclu à "un sentiment profondément ancré de peur parmi les étudiants, les enseignants et le personnel". Les personnes interrogées décrivent "un sentiment de précarité, d'abandon, de menace et d'isolement, ainsi qu'un climat d'intolérance omniprésent", écrivent ses auteurs.

"Harvard ne peut pas - et ne va pas - tolérer l'intolérance. Nous continuerons à protéger tous les membres de notre communauté et à les préserver du harcèlement", s'engage dans une lettre accompagnant les deux rapports le président de Harvard, Alan Garber, à l'initiative des deux rapports, en promettant de "superviser la mise en oeuvre des recommandations" préconisées.

Harvard, l'université la plus ancienne des Etats-Unis et une des mieux classées au monde, s'est distinguée en étant la première à attaquer en justice l'administration Trump contre un gel de plus de deux milliards de dollars de subventions fédérales, décidé après que la célèbre institution a refusé de se plier à une série d'exigences du président.

Donald Trump, qui reproche aux universités d'être des foyers de contestation progressiste, veut avoir un droit de regard sur les procédures d'admission des étudiants, les embauches d'enseignants ou encore les programmes.

L'accusation d'antisémitisme est fréquemment employée par son administration pour justifier ses mesures contre les établissements d'enseignement supérieur, ainsi que contre certains étudiants étrangers liés aux manifestations contre la guerre à Gaza.


Canada: le libéral Mark Carney donné vainqueur après une campagne centrée sur Trump

Le Premier ministre canadien et chef du Parti libéral, Mark Carney, salue ses partisans lors d'une fête de victoire à Ottawa (Ontario), le 29 avril 2025. (AFP)
Le Premier ministre canadien et chef du Parti libéral, Mark Carney, salue ses partisans lors d'une fête de victoire à Ottawa (Ontario), le 29 avril 2025. (AFP)
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  • Le Parti libéral de Mark Carney a remporté lundi les législatives canadiennes, selon les projections des médias locaux, après une campagne centrée sur les menaces du président américain Donald Trump contre le pays
  • Toutefois, selon des résultats encore préliminaires, les libéraux pourraient rester minoritaires au Parlement et seraient donc contraints de gouverner avec l'appui d'un autre parti

OTTAWA: Le Parti libéral de Mark Carney a remporté lundi les législatives canadiennes, selon les projections des médias locaux, après une campagne centrée sur les menaces du président américain Donald Trump contre le pays.

Toutefois, selon des résultats encore préliminaires, les libéraux pourraient rester minoritaires au Parlement et seraient donc contraints de gouverner avec l'appui d'un autre parti.

Il y a quelques mois encore, la voie semblait toute tracée pour permettre aux conservateurs canadiens emmenés par Pierre Poilievre de revenir aux affaires, après dix ans de pouvoir de Justin Trudeau.

Mais le retour de Donald Trump à la Maison Blanche et son offensive inédite contre le Canada, à coups de droits de douane et de menaces d'annexion, ont changé la donne.

A Ottawa, où les libéraux sont réunis pour la soirée électorale dans une aréna de hockey, l'annonce des résultats a provoqué une salve d'applaudissements et des cris enthousiastes.

"Je suis si heureuse", lâche sur place Dorothy Goubault, originaire de la région des Mille Iles en Ontario. "Je suis contente car nous avons quelqu'un qui peut parler à M. Trump à son niveau. M. Trump est un homme d'affaires. M. Carney est un homme d'affaires, et je pense qu'ils peuvent tous les deux se comprendre".

Pour le ministre Steven Guilbeault, "les nombreuses attaques du président Trump sur l'économie canadienne, mais aussi sur notre souveraineté et notre identité même, ont vraiment mobilisé les Canadiens", a-t-il déclaré sur la chaine publique CBC.

Et les électeurs "ont vu que le Premier ministre Carney avait de l'expérience sur la scène mondiale".

Mark Carney n'avait pas encore pris la parole à minuit locales (04H00 GMT), tandis que se poursuivait le dépouillement.

Dans les longues files devant les bureaux de vote toute la journée, les électeurs ont souligné l'importance de ce scrutin, parlant d'élections historiques et déterminantes pour l'avenir de ce pays de 41 millions d'habitants.

- "Chaos" -

À 60 ans, Mark Carney, novice en politique mais économiste reconnu, a su convaincre une population inquiète pour l'avenir économique et souverain du pays qu'il était la bonne personne pour piloter le pays en ces temps troublés.

Cet ancien gouverneur de la banque du Canada et de Grande-Bretagne n'a cessé de rappeler pendant la campagne que la menace américaine est réelle pour le Canada.

"Ils veulent nos ressources, notre eau. Les Américains veulent notre pays", a-t-il prévenu.

"Le chaos est entré dans nos vies. C'est une tragédie, mais c'est aussi une réalité. La question clé de cette élection est de savoir qui est le mieux placé pour s'opposer au président Trump?", a-t-il expliqué pendant la campagne.

Pour faire face, il a promis de maintenir des droits de douane sur les produits américains tant que les mesures de Washington seront en place.

Mais aussi de développer le commerce au sein de son pays en levant les barrières douanières entre provinces et de chercher de nouveaux débouchés, notamment en Europe.

En face, le chef conservateur, qui avait promis des baisses d'impôts et des coupes dans les dépenses publiques, n'a pas réussi à convaincre les électeurs de ce pays du G7, 9e puissance mondiale, de tourner le dos aux libéraux.

Pierre Poilievre aura aussi souffert jusqu'au bout de la proximité, de par son style et certaines de ses idées, avec le président américain, ce qui lui a aliéné une partie de l'électorat, selon les analystes.

Au QG des conservateurs à Ottawa, Jason Piche se dit toutefois "surpris" des résultats, "je pensais que ce serait plus serré que ça".

Un peu plus loin, Jean-Guy Bourguignon, homme d'affaires de 59 ans, se dit carrément "très triste". "Est-ce que c'est vraiment ça le pays dans lequel nous voulons vivre?", demande-t-il alors qu'il énumère les politiques des libéraux, qu'il juge liberticides.

Près de 29 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes dans ce vaste pays du G7 qui s'étend sur six fuseaux horaires. Et plus de 7,3 millions de personnes avaient voté par anticipation, un record.


Ukraine: Poutine annonce une trêve du 8 au 10 mai, «tentative de «manipulation»» répond Zelensky

Le président russe Vladimir Poutine prononce un discours lors d'une réunion du Conseil des législateurs à Saint-Pétersbourg, le 28 avril 2025. (AFP)
Le président russe Vladimir Poutine prononce un discours lors d'une réunion du Conseil des législateurs à Saint-Pétersbourg, le 28 avril 2025. (AFP)
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  • Le président russe Vladimir Poutine a annoncé lundi une trêve sur le front en Ukraine durant trois jours du 8 au 10 mai
  • Son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky denonçant une "tentative de manipulation"

MOSCOU: Le président russe Vladimir Poutine a annoncé lundi une trêve sur le front en Ukraine durant trois jours du 8 au 10 mai, à l'occasion de la commémoration de la victoire sur l'Allemagne nazie, son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky denonçant une "tentative de manipulation".

Le président américain Donald Trump exhorte Kiev et Moscou à conclure un cessez-le-feu et un accord de paix, trois ans après le début de l'offensive russe ayant déjà fait des dizaines de milliers de morts civils et militaires.

"A partir de minuit entre le 7 et le 8 mai, et jusqu'à minuit entre le 10 et le 11 mai, la partie russe annonce un cessez-le-feu", a indiqué le Kremlin dans un communiqué. "Pendant cette période, toutes les opérations de combat seront arrêtées".

D'après la présidence russe, Vladimir Poutine a pris cette décision unilatérale "pour des raisons humanitaires" et à l'occasion des célébrations du 80e anniversaire de la victoire sur l'Allemagne nazie.

Pour M. Zelensky, au contraire, "il y a désormais une nouvelle tentative de manipulation". "Pour une raison, a-t-il dit dans son adresse quotidienne, tout le monde doit attendre le 8 mai et ne cesser le feu qu'ensuite pour garantir le silence" lors de la parade du 9 mai sur la place Rouge à Moscou.

La Russie commémore le 9 mai cet événement dont Vladimir Poutine a fait un marqueur essentiel de la puissance retrouvée du pays. Les dirigeants d'une vingtaine de pays sont attendus pour un défilé militaire en grande pompe sur la place Rouge à Moscou.

Le Kremlin a dit considérer que l'Ukraine "devrait suivre cet exemple", tout en prévenant que les forces russes "fourniront une réponse adéquate et efficace" en cas de violation de la trêve.

Vladimir Poutine avait déjà déclaré un bref cessez-le-feu de 30 heures les 19 et 20 avril à l'occasion de Pâques. Les deux camps s'étaient ensuite accusés de l'avoir violé, même si une baisse de l'intensité des combats avait été ressentie dans plusieurs secteurs du front.

"Accroître la pression sur la Russie"

La Maison Blanche a soutenu lundi que Donald Trump souhaitait un cessez-le-feu "permanent" en Ukraine et pas seulement une trêve temporaire.

Les Etats-Unis, jusque-là le premier soutien de l'Ukraine, veulent tourner la page aussi vite que possible quitte, craint Kiev, à accepter des dispositions très favorables à Moscou.

Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a dit dimanche à son homologue russe, Sergueï Lavrov, qu'il était temps de mettre fin à une "guerre insensée" en Ukraine, selon un communiqué lundi.

De son côté, le président français Emmanuel Macron a affirmé que "dans les huit à dix jours prochains, nous allons accroître la pression sur la Russie", dans un entretien publié par le magazine Paris Match.

Il a estimé avoir "convaincu les Américains de la possibilité d’une escalade des menaces, et potentiellement de sanctions" contre Moscou.

Conditions maximalistes de Poutine 

La Russie maintient des conditions maximalistes concernant l'Ukraine, dont elle veut la reddition et le renoncement à rejoindre l'Otan, tout en s'assurant de pouvoir garder les territoires ukrainiens annexés.

La reconnaissance internationale de l'annexion russe de la Crimée et de quatre autres régions ukrainiennes est une condition "impérative" à la paix, a encore martelé lundi le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov.

La Russie a annexé la péninsule ukrainienne de Crimée en mars 2014, ce que la communauté internationale, Etats-Unis compris, n'a jamais reconnu.

En septembre 2022, quelques mois après le déclenchement de son assaut à grande échelle, elle a aussi revendiqué l'annexion de quatre régions ukrainiennes qu'elle occupe partiellement, celles de Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporijjia.

La Russie, qui a l'avantage sur le front, a revendiqué lundi la prise de Kamyanka, un village de la région de Kharkiv, dans le nord-est de l'Ukraine.

La Corée du Nord a pour la première fois reconnu lundi avoir envoyé des troupes en Russie et qu'elles avaient aidé Moscou à reprendre aux Ukrainiens les zones de la région de Koursk dont ils s'étaient emparés.

Trois personnes ont par ailleurs été tuées lundi dans une attaque russe contre un village de la région de Donetsk (est), selon les services du procureur régional.