Ukraine: pourparlers en suspens, haro mondial sur la menace nucléaire de Poutine

Un homme marche devant un bâtiment détruit par un missile russe, le 27 février à Vasylkiv, près de Kiev (Photo, AFP).
Un homme marche devant un bâtiment détruit par un missile russe, le 27 février à Vasylkiv, près de Kiev (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 28 février 2022

Ukraine: pourparlers en suspens, haro mondial sur la menace nucléaire de Poutine

  • Vladimir Poutine a ordonné dans une réunion filmée de mettre les forces de dissuasion de l'armée russe en régime spécial d'alerte
  • Depuis jeudi, quelque 368 000 réfugiés ont fui l'Ukraine vers les pays voisins et leur nombre continue à augmenter

KHARKIV: La mise en alerte par Vladimir Poutine des forces de dissuasion nucléaire de son pays a suscité dimanche un haro mondial et jusqu'à la promesse de l'UE de fournir des avions de chasse à l'Ukraine, qui résiste avec acharnement à l'invasion russe.

Après des combats intenses notamment à Kharkiv (1,4 million d'habitants), deuxième ville d'Ukraine dans le nord-est du pays, dont les forces ukrainiennes ont déclaré avoir repris le contrôle dimanche après l'entrée de blindés russes dans la nuit, l'espoir fragile d'une trêve était né dans le sillage de l'annonce de pourparlers russo-ukrainiens à la frontière bélarusse.

Mais Vladimir Poutine, dont les forces se sont heurtées depuis jeudi à la résistance des Ukrainiens et à la mobilisation des Occidentaux, a ordonné dans une réunion filmée avec son ministre de la Défense Sergueï Choïgou de "mettre les forces de dissuasion de l'armée russe en régime spécial d'alerte", ce qui concerne les forces nucléaires, invoquant "les déclarations belliqueuses de l'Otan" et les sanctions "illégitimes" imposées à la Russie.

Les Etats-Unis ont aussitôt dénoncé une escalade "inacceptable", accusant Vladimir Poutine de "fabriquer des menaces qui n'existent pas afin de justifier la poursuite d'une agression". Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a dénoncé une attitude "irresponsable" de Moscou.

La ministre allemande de la Défense Christine Lambrecht a accusé le chef de l'Etat russe d'avoir "franchi un cap supplémentaire" parce que "l'invasion rapide de l'Ukraine a été stoppée par des actions courageuses et déterminées de l'Ukraine". 

"Ce qui se passe vraiment, c'est qu'ils se défendent peut-être avec plus d'effet, plus de résistance, que ce que s'imaginait le Kremlin", a abondé le Premier ministre britannique Boris Johnson.

En réponse, les pays du G7 ont intimé dimanche soir à la Russie de "mettre un terme immédiatement aux attaques contre l'Ukraine", la menaçant de nouvelles sanctions après celles, déjà considérables, adoptées cette semaine.

Fermeture de l'espace aérien : La France appelle ses ressortissants de passage en Russie à partir

La France recommande désormais à ses ressortissants de passage en Russie de "quitter sans délai" le pays en raison des  "restrictions croissantes apportées à la circulation aérienne entre la Russie et l'Europe", et à tous les Français de partir du Bélarus par la route, dans deux communiqués publiés dimanche

"La plupart des compagnies européennes, dont Air France, ont en conséquence suspendu dès ce dimanche 27 février au soir la desserte et le survol de la Russie", selon le texte.

Avions de chasse

De son côté, Bruxelles a annoncé dimanche débloquer 450 millions d'euros pour financer des livraisons d'armes à l'Ukraine, fermer l'ensemble de son espace aérien à tous les avions russes et bannir dans l'UE les médias d'Etat russes RT et Sputnik et leurs "mensonges".

"Pour la première fois, l'UE va financer l'achat et la livraison d'armements et d'autres équipements à un pays victime d'une guerre. C'est un tournant historique", a souligné la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen. 

Bruxelles va proposer d'utiliser une ligne de financement d'urgence de l'UE "pour fournir aux forces ukrainiennes des armes létales, ainsi que du carburant, des équipements de protection et des fournitures médicales", a détaillé le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.

Quant à la Suisse, son président Ignazio Cassis a déclaré dimanche "probable" qu'elle décide de geler à son tour les milliards d'avoirs russes qu'elle détient. Le Canada a annoncé dimanche l'envoi à l'armée ukrainienne d'équipements militaires de protection, quelques heures après la fermeture de son espace aérien aux appareils russes.

L'UE va prendre également de nouvelles sanctions contre le Bélarus en interdisant les exportations des "plus importants secteurs économiques" du régime de Minsk, "complice" de l'invasion russe.

Mais aussi, évolution considérable et source potentielle d'escalade avec Moscou qui a menacé tout pays venant en aide à l'Ukraine, l'UE a annoncé dimanche soir avoir l'intention de fournir des avions de combat aux forces ukrainiennes.

"Le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba a dit avoir besoin d'avions que les Ukrainiens peuvent piloter. Certains Etats membres disposent de ce genre d'avions et nous allons les fournir avec d'autres armements nécessaires à une guerre", a déclaré Josep Borrell à l'issue d'une réunion avec les ministres des Affaires étrangères de l'UE.

Conséquence de la guerre en Ukraine et des sanctions décidées par les Occidentaux, la Banque centrale européenne a constaté lundi la "faillite ou faillite probable" de la filiale européenne de la banque russe Sberbank, parmi les plus grandes du pays, à cause de retraits "significatifs".

"La coalition anti-guerre en action !", s'est félicité sur Twitter le président ukrainien Volodymyr Zelensky, après s'être entretenu avec Boris Johnson et le président polonais Andrzej Duda.

Washington conseille à ses citoyens de «quitter immédiatement la Russie»

Washington a conseillé dimanche à ses citoyens d'envisager de "quitter immédiatement la Russie", face aux annulations de vols et aux fermetures d'espaces aériens annoncées par de nombreux Etats à l'encontre des avions russes, en riposte à l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

L'ambassade a également rappelé que le département d'Etat déconseillait actuellement aux Américains de se rendre en Russie, notamment à cause de "la possibilité d'un harcèlement des citoyens américains" sur place, et d'"une application arbitraire des lois locales".

«Il faut qu'on essaie»

Concernant les hypothétiques pourparlers, la présidence ukrainienne n'en a pas précisé la date, la Russie affirmant initialement qu'ils auraient lieu dès dimanche.

Selon Kiev, la rencontre devait avoir lieu à la frontière ukraino-bélarusse, "dans la région de la rivière Pripiat", près de Tchernobyl. Moscou a évoqué la région de Gomel, de l'autre côté de la frontière du Bélarus, pays qui sert de base arrière pour ses militaires.

"Je ne crois pas trop à un résultat", mais "il faut qu'on essaie", a déclaré Volodymyr Zelensky dans une vidéo.

Sur le terrain, le flot de réfugiés fuyant l'Ukraine enfle. Depuis jeudi, quelque 368.000 réfugiés ont fui vers les pays voisins et leur nombre "continue à augmenter", a annoncé le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés. L'UE a dit s'attendre à plus de 7 millions de personnes déplacées.

Afflux massif de réfugiés ukrainiens dans les pays frontaliers

Plusieurs centaines de milliers de réfugiés ukrainiens fuyant l'invasion de leur pays par la Russie de Vladimir Poutine ont afflué depuis jeudi dans des pays frontaliers, selon les autorités de ces pays d'accueil.

Selon une estimation de l'Onu, l'Union européenne doit se préparer à une crise humanitaire "de proportions historiques" en Ukraine, qui pourrait aboutir à "plus de 7 millions" de personnes déplacées à l'intérieur du pays si l'offensive russe se poursuit.

L'Ukraine a fait état de quelque 200 civils tués et de dizaines de militaires morts au combat, mais n'a pas publié de bilan précis dimanche.

Selon l'état-major ukrainien, l'armée russe "n'a pas atteint" son "principal objectif (qui) est de verrouiller Kiev" et a recours "au sabotage" avec "des groupes de reconnaissance qui détruisent l'infrastructure civile".

A Kiev, sous couvre-feu jusqu'à lundi 08H00 (06H00 GMT), la journée a été calme après des affrontements durant la nuit "avec des groupes subversifs" selon le bureau du maire.

Deux villes encerclées

De son côté, le ministère russe de la Défense a affirmé avoir encerclé deux grandes villes du Sud, Kherson et Berdiansk, qui comptent respectivement 290.000 et 110.000 habitants.

Il revendique également des gains territoriaux pour les séparatistes prorusses dans l'Est, soutenus par l'armée russe.

L'armée russe a pour la première fois dimanche reconnu des pertes humaines, sans les chiffrer. L'Ukraine affirme que plus de 4.300 soldats russes ont été tués. 

Le Russe Aeroflot annonce suspendre tous ses vols vers l'Europe

La compagnie aérienne russe Aeroflot a annoncé suspendre à partir de lundi tous ses vols vers l'Europe, après la décision de l'UE de fermer l'ensemble de son espace aérien à tous les avions russes.

En représailles, la Russie a commencé à interdire le survol de son territoire aux avions liés aux pays européens ayant annoncé de telles décisions ces derniers jours, comme le Royaume-Uni, la Lettonie, la Lituanie, l'Estonie, la Slovénie, la Bulgarie, la Pologne et la République tchèque.

Kiev accuse par ailleurs la Russie devant la Cour internationale de justice de planifier un génocide en Ukraine, a annoncé dimanche la Cour, organe judiciaire principal des Nations unies.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté dimanche une résolution convoquant lundi "en session extraordinaire d'urgence" l'Assemblée générale des Nations unies pour que ses 193 membres se prononcent sur l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Et la France déposera lundi au Conseil de sécurité un projet de résolution sur l'aide humanitaire à l'Ukraine.

L'Union européenne a confirmé dimanche qu'elle s'était entendue avec les puissances du G7 pour bloquer les transactions de la Banque centrale russe. Quant à l'éviction de banques russes du système international de messagerie interbancaire Swift, rouage essentiel de la finance mondiale, annoncée samedi, le chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell a annoncé que l'UE "continuera à y travailler" avec ses partenaires dans le monde.

Ukraine: réunion d'urgence de la Ligue arabe lundi

La Ligue arabe va organiser lundi une réunion extraordinaire consacrée à l'invasion russe de l'Ukraine, alors que la plupart des 22 pays de ce bloc régional en perte de vitesse n'ont jusqu'ici pas clairement pris position dans ce conflit.

Les monarchies du Golfe, longtemps alignées sur les Etats-Unis, sont restées en majorité silencieuses après l'offensive de la Russie, avec laquelle elles ont renforcé leurs liens dans divers domaines, dont l'énergie, les finances et la sécurité.

M. Zelensky a salué la formation d'une "coalition anti-guerre" internationale pour soutenir l'Ukraine et appelé les étrangers à venir se battre "contre les criminels de guerre russes" dans une "Légion internationale" en formation.

Premier pays à réagir à cet appel, le Danemark a dit ne pas y voir d'"obstacle juridique". "C'est un choix que tout un chacun peut faire", a déclaré la Première ministre Mette Frederiksen.

Première décision frappant le secteur pétrolier, la major britannique BP a annoncé dimanche sortir du capital du géant russe Rosneft dont elle détient une participation de 19,75%, malgré la perte financière importante engendrée.

L'Arabie saoudite a de son côté confirmé son attachement à l'alliance Opep+ avec la Russie, dimanche lors d'un entretien entre le prince héritier Mohammed ben Salmane et le président français Emmanuel Macron.

Premier oligarque russe à s'exprimer contre le conflit, le milliardaire russe Mikhaïl Fridman a dénoncé la guerre en Ukraine, une "tragédie" qui va selon lui "ravager" les deux pays. 

Des milliers de personnes ont défilé dimanche en Europe en solidarité avec l'Ukraine. "Stoppez la guerre! Stoppez Poutine!": au moins 100.000 personnes ont manifesté à Berlin, 70.000 à Prague, 40.000 à Madrid, 15.000 à Amsterdam et 10.000 à Copenhague. 

Les boycotts de la Russie dans le sport se multiplient. La Fédération tchèque de football refusera d'affronter la Russie en vue du Mondial-2022, à l'instar de la Pologne et la Suède, la Fédération française "penche pour une exclusion de la Russie".


L'écrivain israélien David Grossman qualifie de "génocide" la situation à Gaza

Des Palestiniens reçoivent de la soupe de lentilles dans un point de distribution de nourriture dans la ville de Gaza, le 1er août 2025. (AFP)
Des Palestiniens reçoivent de la soupe de lentilles dans un point de distribution de nourriture dans la ville de Gaza, le 1er août 2025. (AFP)
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  • Le célèbre écrivain israélien David Grossman a qualifié de "génocide" la manière dont son pays mène la guerre dans la bande de Gaza
  • Allant à contre-courant du gouvernement israélien, M. Grossman affirme rester "désespérément fidèle" à l'idée de deux Etats, la Palestine et Israël

ROME: Le célèbre écrivain israélien David Grossman a qualifié de "génocide" la manière dont son pays mène la guerre dans la bande de Gaza, affirmant en avoir "le cœur brisé", dans une interview publiée vendredi dans le quotidien italien La Repubblica.

"J'ai refusé pendant des années d'utiliser ce terme: "génocide". Mais maintenant je ne peux pas m'empêcher de l'utiliser, après ce que j'ai lu dans les journaux, après les images que j'ai vu et après avoir parlé avec des personnes qui y ont été", dit-il.

"Je veux parler comme une personne qui a fait tout ce qu'elle pouvait pour ne pas en arriver à qualifier Israël d'Etat génocidaire", assure-t-il.

"Et maintenant, avec une douleur immense et le cœur brisé, je dois constater ce c'est ce qui se passe devant mes yeux. "Génocide". C'est un mot avalanche: une fois que tu l'as prononcé, il ne fait que grossir, comme une avalanche. Et il apporte encore plus de destruction et de souffrance", ajoute M. Grossman dont les œuvres ont été traduites en de nombreuses langues, dont le français, l'anglais ou l'italien.

Interrogé sur ce qu'il pensait en lisant les chiffres sur les morts à Gaza, il a répondu: "je me sens mal".

"Mettre ensemble les mots +Israël+ et +famine+, le faire en partant de notre histoire, de notre supposée sensibilité aux souffrances de l'humanité, de la responsabilité morale que nous avons toujours dit avoir envers chaque être humain et non seulement envers les juifs... tout ça c'est dévastateur", poursuit M. Grossman.

Allant à contre-courant du gouvernement israélien, M. Grossman affirme rester "désespérément fidèle" à l'idée de deux Etats, la Palestine et Israël, "principalement parce que je ne vois pas d'alternative", saluant dans ce contexte la volonté du président français Emmanuel Macron de reconnaître en septembre l'Etat palestinien.

"Je pense que c'est une bonne idée et je ne comprends pas l'hystérie avec laquelle elle a été accueillie en Israël", dit-il.

"Il est clair qu'il faudra avoir des conditions précises: pas d'armes. Et la garantie d'élections transparentes dont sera exclu quiconque pense à utiliser la violence contre Israël", a conclu l'écrivain.


L'émissaire de Trump promet davantage d'aides humanitaires après une visite à Gaza

Des Palestiniens de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, se précipitent vers un avion effectuant un largage d'aide au-dessus du territoire palestinien assiégé par Israël, le 1er août 2025. (AFP)
Des Palestiniens de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, se précipitent vers un avion effectuant un largage d'aide au-dessus du territoire palestinien assiégé par Israël, le 1er août 2025. (AFP)
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  • L'émissaire américain Steve Witkoff a effectué vendredi une visite dans la bande de Gaza dévastée par la guerre, promettant d'y augmenter l'aide humanitaire
  • L'ONG Human Rights Watch (HRW) a fustigé le système de distribution d'aide mis en place par Israël et les Etats-Unis via la Fondation humanitaire à Gaza (GHF), devenu selon elle un "piège mortel" pour les Gazaouis

Gaza, Territoires palestiniens: L'émissaire américain Steve Witkoff a effectué vendredi une visite dans la bande de Gaza dévastée par la guerre, promettant d'y augmenter l'aide humanitaire, au moment où la pression s'accentue sur Israël face aux pertes humaines dans le territoire palestinien affamé.

En amont de cette visite de l'émissaire du président Donald Trump, l'ONG Human Rights Watch (HRW) a fustigé le système de distribution d'aide mis en place par Israël et les Etats-Unis via la Fondation humanitaire à Gaza (GHF), devenu selon elle un "piège mortel" pour les Gazaouis.

Après près de 22 mois d'une guerre dévastatrice déclenchée par une attaque sanglante du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, la bande de Gaza assiégée par Israël est menacée d'une "famine généralisée" selon l'ONU et est totalement dépendante de l'aide humanitaire.

Entretemps, les bombardements et tirs israéliens ont continué dans le territoire palestinien, où la Défense civile a fait état de 22 Palestiniens tués, dont huit qui attendaient de l'aide.

"Qu'ont fait nos fils et nos filles? Qu'ont fait les enfants pour mériter cette famine? Ayez pitié de nous!", se lamente la sexagénaire Yasmine al-Farra à l'hôpital Nasser de Khan Younès (sud), où elle pleure son fils tué.

Steve Witkoff et l'ambassadeur américain en Israël, Mike Huckabee, ont visité dans la matinée un centre de la GHF "afin de connaître la vérité sur les sites d'aide", a indiqué M. Huckabee.

- "Nourrir les gens" -

M. Witkoff a ensuite précisé sur X que leur visite, de "plus de cinq heures", avait pour but "de fournir à @POTUS (le président Trump) une compréhension claire de la situation humanitaire et d'élaborer un plan visant à livrer de la nourriture et une aide médicale aux habitants de Gaza".

Selon le site américain Axios, M. Trump a déclaré travailler sur un plan à Gaza "pour nourrir les gens".

La GHF a lancé ses opérations fin mai, après près de trois mois de total blocus humanitaire imposé par Israël, écartant le système d'aide mis en place par l'ONU.

Depuis, 1.373 Palestiniens qui attendaient de l'aide ont été tués à Gaza, dont 859 près des sites de la GHF, une organisation au financement opaque, "la plupart" par l'armée israélienne, a affirmé l'ONU.

Dans un rapport, HRW a dénoncé un système humanitaire "militarisé" qui a provoqué selon l'ONG des "bains de sang". Elle a qualifié de "crimes de guerre" les "meurtres de Palestiniens en quête de nourriture, par les forces israéliennes".

L'armée israélienne, sollicitée par l'AFP, a dit examiner les rapports faisant état de victimes civiles près des zones de distribution d'aides.

Depuis une semaine, des avions de plusieurs pays ont largué des vivres à Gaza. Les autorités israéliennes ont annoncé que plus de 200 camions d'aide avaient été distribués jeudi par les organisations internationales.

Les agences internationales jugent ces aides insuffisantes et selon l'ONU 6.000 camions attendent le feu vert israélien pour entrer à Gaza.

- Vidéo d'un otage -

M. Witkoff, qui s'était rendu à Gaza en janvier, a rencontré jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, sous pression à la fois en Israël pour tenir ses engagements à détruire le Hamas et libérer les Israéliens kidnappés le 7-Octobre, et à l'étranger pour faire taire les armes à Gaza.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 49 sont toujours otages à Gaza, dont 27 ont été déclarées mortes par l'armée.

L'offensive de représailles lancée par Israël à Gaza, a fait au moins 60.249 morts, en majorité des civils, d'après les données du ministère de la Santé à Gaza, jugées fiables par l'ONU.

Vendredi, le Hamas a diffusé une vidéo d'un otage israélien, identifié par les médias israéliens comme Evyatar David, 24 ans. L'otage y apparaît amaigri et visiblement affaibli, détenu dans un tunnel.

L'AFP n'a pas pu déterminer l'authenticité de la vidéo, ni la date de son enregistrement.

Dans un rapport d'enquête publié vendredi, la chaîne publique britannique BBC a affirmé avoir recueilli des témoignages de membres du personnel médical, de groupes de défense des droits humains et de témoins sur plus de 160 enfants touchés par balle pendant la guerre à Gaza. Elle a ajouté que 95 avaient été touchés à la tête ou à la poitrine et que, selon des témoins, 57 d'entre eux auraient été visés par l'armée israélienne.

Interrogée à ce sujet, l'armée israélienne a déclaré que "toute atteinte intentionnelle aux civils, et en particulier aux enfants, est strictement interdite" par l'armée israélienne et le droit international.


Washington cible l'Autorité palestinienne, en plein débat sur la reconnaissance d'un Etat de Palestine

Le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas. (File/AFP)
Le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas. (File/AFP)
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  • Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine offensive en faveur d'un Etat de Palestine

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine offensive en faveur d'un Etat de Palestine.

L'annonce des sanctions américaines survient en effet au moment où de nombreux Etats, dont la France et le Canada, ont promis de reconnaître un Etat de Palestine en marge de l'Assemblée générale de l'ONU en septembre, provoquant la colère d'Israël et des Etats-Unis qui parlent d'une "récompense" faite au Hamas dans la bande de Gaza.

La France et l'Arabie saoudite ont co-présidé lundi et mardi à l'ONU une conférence internationale, plaidant ainsi pour la solution à deux Etats, israélien et palestinien, seul chemin pour parvenir à la paix au Proche-Orient.

Washington, qui rejette toute reconnaissance unilatérale d'un Etat palestinien, a décrit la conférence comme étant une "insulte" faite aux victimes de l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

Dans un communiqué jeudi, le département d'Etat américain a fait part de sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'OLP, sans les identifier, accusés notamment d'"internationaliser le conflit avec Israël".

Washington reproche aux deux institutions de "soutenir des actions au sein d'organisations internationales qui sapent et contredisent les engagements antérieurs" notamment à travers la Cour internationale de justice (CIJ) et la Cour pénale internationale (CPI).

Washington avait sanctionné en juin quatre magistrates de la CPI, estimant que leurs procédures visant l'exécutif israélien étaient "illégitimes" et "politisées".

Washington, principal allié d'Israël, accuse aussi l'OLP et l'Autorité palestinienne de "continuer à soutenir le terrorisme, y compris par l'incitation et la glorification de la violence" dans les livres scolaires, une accusation de longue date.

Les sanctions consistent en un refus de visa pour des membres des deux institutions.

- "Distorsion morale" -

"Il est dans l'intérêt de notre sécurité nationale d'imposer des sanctions et de tenir l'OLP et l'Autorité palestinienne responsables du non-respect de leurs engagements et de la remise en cause des perspectives de paix", a indiqué le département d'Etat.

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, s'est aussitôt félicité de cette décision, jugeant que "l'Autorité palestinienne doit payer le prix de sa politique actuelle consistant à verser des indemnités aux terroristes et à leurs familles pour les attentats commis et pour l'incitation à la haine contre Israël dans les écoles, les manuels scolaires, les mosquées et les médias palestiniens".

Il a également relevé, sur X, que cette mesure "met en évidence la distorsion morale de certains pays qui se sont empressés de reconnaître un Etat palestinien virtuel tout en fermant les yeux sur le soutien de l'Autorité palestinienne au terrorisme et à l'incitation à la haine".

L'Autorité palestinienne, dont le président est Mahmoud Abbas, administre la Cisjordanie occupée, tandis que l'OLP, créée en 1964, est le mouvement fondateur représentant les Palestiniens, longtemps dirigée par leur leader historique Yasser Arafat.

L'OLP rassemble la majorité des mouvements politiques palestiniens mais pas le mouvement islamiste Hamas, qui s'est emparé du pouvoir à Gaza en 2007.

Des pays arabes et occidentaux voudraient voir l'Autorité palestinienne, très affaiblie, jouer un rôle dans la gouvernance de la bande de Gaza après la guerre qui y fait rage depuis octobre 2023.

Depuis son retour au pouvoir en janvier, le président Donald Trump, qui a accueilli le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu par trois fois à la Maison Blanche, plus qu'aucun autre dirigeant étranger, a apporté un soutien inconditionnel à Israël, tout en oeuvrant sans succès pour un cessez-le-feu à Gaza.

Mais il s'est montré peu disert sur l'Autorité palestinienne, décriée pour le manque de réformes et la corruption.

Parmi ses premiers décrets, le président Trump avait levé des sanctions imposées sous son prédécesseur Joe Biden visant des colons israéliens extrémistes en Cisjordanie, en proie à une recrudescence des violences.