Ukraine: Moscou mise sous pression à l'ONU à Genève, Lavrov annule sa venue

Le ministre finlandais des Affaires étrangères Pekka Haavisto apparaît sur un écran alors qu'il prononce un discours à distance à l'ouverture d'une session du Conseil des droits de l'homme de l'ONU, le 28 février 2022 à Genève. (AFP)
Le ministre finlandais des Affaires étrangères Pekka Haavisto apparaît sur un écran alors qu'il prononce un discours à distance à l'ouverture d'une session du Conseil des droits de l'homme de l'ONU, le 28 février 2022 à Genève. (AFP)
Short Url
Publié le Lundi 28 février 2022

Ukraine: Moscou mise sous pression à l'ONU à Genève, Lavrov annule sa venue

  • L'ONU a enregistré 102 civils tués, dont 7 enfants, et 304 blessés, depuis le début de l'invasion russe en Ukraine, mais a averti que les chiffres réels étaient « considérablement" plus élevés »
  • Selon le projet de résolution, l'Ukraine demande que les experts de l'ONU enquêtent sur les violations des droits humains qui auraient été commises en Crimée et dans les territoires séparatistes de Lougansk et de Donetsk depuis 2014

GENÈVE : L'Ukraine, qui a obtenu lundi un large soutien en faveur d'un débat urgent au Conseil des droits de l'homme (CDH) de l'ONU sur l'invasion russe, a intensifié la pression sur Moscou en présentant un projet de résolution demandant une enquête internationale.

Peu après, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a annulé sa venue à Genève invoquant les "sanctions anti-russes" qui lui interdisent le survol de l'Union européenne. Il devait participer mardi au CDH et à la Conférence du Désarmement.

Les assauts russes ont chamboulé l'ouverture de la 49e session du Conseil (28 février-1er avril).

"L'escalade des opérations militaires de la Fédération russe en Ukraine entraîne une recrudescence des violations des droits de l'homme", a déclaré le secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies Antonio Guterres, à l'ouverture du Conseil, dans un message vidéo.

"Tout au long de l'histoire, il y a eu des moments d'une profonde gravité, qui ont divisé le cours des événements entre un avant et un après, très différent, plus dangereux. Nous sommes à un tel tournant", a souligné pour sa part la Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Michelle Bachelet.

L'ONU a enregistré 102 civils tués, dont 7 enfants, et 304 blessés, depuis le début de l'invasion russe en Ukraine, mais a averti que les chiffres réels étaient "considérablement" plus élevés.

"La plupart de ces civils ont été tués par des armes explosives à large rayon d'action, notamment des tirs d'artillerie lourde, des lance-roquettes multiples et des frappes aériennes", a assuré Mme Bachelet.

De son côté, l'ambassadrice ukrainienne Yevheniia Filipenko a affirmé que le bilan du ministère de la Santé atteignait plus de 350 victimes, dont 16 enfants, et quelque 1.700 blessés.

L'invasion de l'Ukraine par la Russie fera l'objet jeudi d'un débat urgent devant le CDH, où Kiev, soutenu par une large coalition de pays, entend demander la création par l'ONU d'une Commission d'enquête internationale, comme il en existe pour la Syrie.

Selon le projet de résolution, l'Ukraine demande que les experts de l'ONU enquêtent sur les violations des droits humains qui auraient été commises en Crimée et dans les territoires séparatistes de Lougansk et de Donetsk depuis 2014, ainsi que dans tout le pays cette année.

La proposition de tenir le débat a été mise au vote lundi à la demande de Moscou qui n'a pu toutefois compter que sur un faible soutien, dont celui de la Chine, de Cuba et du Venezuela.

 

Face aux douloureuses sanctions Poutine fustige « l'empire du mensonge » occidental

Le président russe Vladimir Poutine a fustigé lundi "l'empire du mensonge" occidental du fait des brutales sanctions frappant la Russie en raison de l'invasion de l'Ukraine, l'inquiétude gagnant même certains oligarques, d'ordinaire de dociles exécutants du Kremlin. 

Le rouble s'est effondré à des plus bas historiques face au dollar et à l'euro, s'échangeant à la mi-journée à 100 roubles (83,5 au dernier taux officiel mercredi). L'euro valait 109,4 roubles, contre 93,5 à la veille de l'invasion. Un plafond a été fixé à intervalle régulier pour arrêter les échanges et ralentir ainsi la chute du rouble. 

La monnaie russe est un peu remontée dans l'après-midi, à mesure que le marché se calmait. 

Pour défendre l'économie et le rouble, la Banque centrale de Russie a porté son taux directeur de 9,5 à 20% lundi matin. La Bourse de Moscou n'a elle même pas ouvert, face au risque d'effondrement.

Entre autres sanctions, les Etats-Unis, l'Union européenne et d'autres pays ont notamment exclu les plus grandes banques russes du système international de paiements bancaires Swift et banni toute transaction avec la Banque centrale de Russie. 

Des mesures de représailles commerciales ont également été annoncées, l'Europe entière se fermant aux avions russes, coupant largement les liens aériens du pays avec l'Occident. 

"Je vous ai invités ici pour parler des questions liés à l'économie, les finances", a dit Vladimir Poutine, selon des images diffusées à la télévision d'une réunion à laquelle participait notamment le Premier ministre Mikhaïl Michoustine.

"Nous avions déjà évoqué précédemment (avec M. Michoustine) ce thème, je veux dire ces sanctions que veut nous imposer la communauté occidentale, celle que j'ai surnommée l'empire du mensonge", a-t-il dit.  

Il recevait le ministre des Finances Anton Silouanov, le PDG de la principale banque du pays Sberbank, Guerman Gref et la présidente de la Banque centrale Elvira Nabioullina. 

Cette dernière a dit adopter des mesures pour "empêcher les non-résidents de sortir" leurs actifs de Russie, assurant que le système russe remplaçant Swift, SPFS, était ouvert aux étrangers, que la Banque centrale se montrerait "très souple" du fait de la situation et que les banques russes avaient "préservé tous les moyens et comptes des clients".

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avait précédemment reconnu que les sanctions prises par les Occidentaux pour punir Moscou de son invasion de l'Ukraine étaient "lourdes" et "problématiques", mais a assuré que la Russie avait "les capacités nécessaires pour compenser les dégâts".

Vraie crise

Concentré sur sa réponse économique, le Kremlin n'a pas encore annoncé de représailles d'ampleur.

"Les mesures prises (...) réduisent la volatilité", commente auprès de l'AFP Alexeï Vedev, analyste de l'institut économique Gaïdar. "L'incertitude est énorme et la Banque centrale agit avec raison."

Mais certains oligarques russes, ces milliardaires ayant fait fortune dans les années 1990 et soumis par le maître du Kremlin dans les années 2000, exprimaient publiquement leur mécontentement.

"C'est une vraie crise là, et il faut de vrais managers de crise (...) il faut absolument changer de politique économique et mettre fin à tout ce capitalisme d'Etat", a écrit sur Telegram Oleg Deripaska, le fondateur du géant de l'aluminium Rusal, qui fait l'objet de sanctions depuis des années. 

Il a dit attendre "des clarifications et des commentaires clairs sur la politique économique des trois prochains mois".

Pour Sergueï Khestanov, un conseiller pour les questions macroéconomiques du courtier Open Broker, la Russie peut cependant encore voir venir, car ses principales ressources en devises, les exportations de matières premières, ne sont pas touchées par les sanctions.

"Tant qu'il n'y aura pas de vraies sanctions sur les exportations russes, et avant tout le pétrole et le gaz, il n'y aura pas de catastrophe", dit-il, mais "les gens vont bien sûr ressentir" des effets.

Certains Russes préféraient déjà retirer leurs économies des banques. 

"Je savais qu'il y aurait de la foule. Je veux retirer du liquide, garder ça à la maison est plus sûr, on ne sait absolument pas ce qui va se passer", dit Svetlana Paramonova, 58 ans, résidente de Saint-Pétersbourg venue retirer ses économies de son compte

« Isolée »

Le résultat du vote est la preuve que "la Russie est totalement isolée au sein du Conseil", a estimé l'ambassadrice américaine auprès de l'ONU à Genève, Sheba Crocker.

Ouvrant les débats lundi, le président suisse et chef de la diplomatie Ignazio Cassis, dont le pays a pour principe la neutralité, a condamné "avec la plus grande fermeté" l'attaque russe contre l'Ukraine, avant une réunion du gouvernement fédéral qui doit décider de nouvelles sanctions contre la Russie.

"Soyons clairs : les tentatives de la Fédération de Russie pour légitimer son action ne sont pas crédibles : il n'y a eu une aucune provocation permettant de justifier une telle intervention", a-t-il assuré. 

Vladimir Poutine a déclenché le 24 février à l'aube l'invasion de l'Ukraine, avec frappes aériennes et pénétration de forces terrestres, y compris en direction de la capitale Kiev. L'attaque a provoqué un tollé dans la communauté internationale.

Plus d'un demi-million de réfugiés ukrainiens fuyant l'invasion de leur pays ont afflué depuis jeudi dans des pays frontaliers, selon le dernier recensement de l'ONU publié lundi.

Le conflit en Ukraine a largement dominé les discours des ministres et ambassadeurs qui ont pris la parole lundi au CDH, même si beaucoup de pays ont fait part de leurs inquiétudes face à l'impact du changement climatique et de la pandémie. D'autres ont également évoqué la question des atteintes aux droits humains dans la région chinoise du Xinjiang.


Gaza: une commission de l'ONU accuse Israël de «génocide»

Short Url
  • La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produi(sai)t à Gaza et continu(ait) de se produire" dans ce territoire palestinien,
  • "La responsabilité incombe à l'État d'Israël", a-t-elle ajouté en présentant un nouveau rapport

GENEVE: Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre et d'autres responsables israéliens.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produi(sai)t à Gaza et continu(ait) de se produire" dans ce territoire palestinien, a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

"La responsabilité incombe à l'État d'Israël", a-t-elle ajouté en présentant un nouveau rapport.

Israël a "rejeté catégoriquement" ce "rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate" de la commission, a réagi son ministère des Affaires étrangères.

Sa publication intervient près de deux ans après le début de la guerre, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël. Depuis, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a juré de détruire le mouvement islamiste qui a pris le pouvoir en 2007 à Gaza.

La commission d'enquête a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

"Intention de détruire" 

"Il est clair qu'il existe une intention de détruire les Palestiniens à Gaza par des actes répondant aux critères énoncés dans la Convention sur le génocide", a relevé dans un communiqué Mme Pillay, qui fut présidente du Tribunal pénal international pour le Rwanda et juge à la Cour pénale internationale (CPI).

Les plus hauts dirigeants israéliens "ont orchestré une campagne génocidaire", a ajouté la Sud-Africaine de 83 ans, ancienne Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme.

La commission n'est pas une instance juridique mais ses rapports peuvent accroître la pression diplomatique et servent à recueillir des preuves que les tribunaux peuvent utiliser.

La commission a conclu un accord de coopération avec la Cour pénale internationale (CPI) avec laquelle "nous avons partagé des milliers d'informations", a expliqué Mme Pillay à l'AFP.

"La communauté internationale ne peut rester silencieuse face à la campagne génocidaire lancée par Israël contre le peuple palestinien à Gaza. Lorsque des signes et des preuves manifestes de génocide apparaissent, l'absence d'action pour y mettre fin équivaut à une complicité", a souligné Mme Pillay.

La campagne de représailles militaires dans le territoire palestinien a fait près de 65.000 morts, selon des données du ministère de la Santé de la bande de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas, données jugées fiables par l'ONU.

Depuis le début de la guerre, Israël a été accusé à plusieurs reprises de commettre un génocide à Gaza, par diverses ONG, des experts indépendants de l'ONU, et jusque devant la justice internationale, à l'initiative de l'Afrique du Sud.

Les autorités israéliennes ont toujours vigoureusement rejeté ces accusations.

L'ONU n'a pas qualifié la situation de génocide, mais le chef des opérations humanitaires a exhorté à la mi-mai les dirigeants mondiaux à "agir pour empêcher un génocide".

A La Haye, la Cour internationale de justice (CIJ) avait sommé Israël dès janvier 2024 de prévenir tout acte de génocide. Quatre mois après, le procureur de la CPI avait demandé que des mandats d'arrêt soient délivrés à l'encontre de MM. Netanyahu et Gallant, soupçonnés de crimes contre l'humanité et crimes de guerre.

La CPI est depuis dans le collimateur de Washington qui a pris des mesures contre des magistrats ayant autorisé la Cour à émettre ces mandats d'arrêt, notamment l'interdiction d'entrée sur le sol américain et le gel des avoirs détenus aux États-Unis.


Rubio promet un soutien "indéfectible" à Israël, avant une visite à Doha

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu visitent le Mur occidental, le lieu de prière le plus sacré du judaïsme, dans la vieille ville de Jérusalem. (AP)
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu visitent le Mur occidental, le lieu de prière le plus sacré du judaïsme, dans la vieille ville de Jérusalem. (AP)
Short Url
  • En visite à Jérusalem, le secrétaire d’État Marco Rubio a réaffirmé le soutien « indéfectible » des États-Unis à Israël dans sa guerre contre le Hamas à Gaza
  • Alors que les offensives israéliennes se poursuivent, causant de lourdes pertes civiles à Gaza, les critiques internationales s’intensifient

Jérusalem: Le secrétaire d'Etat Marco Rubio a promis lundi à Jérusalem le "soutien indéfectible" des Etats-Unis à Israël pour éliminer le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza, à la veille d'un déplacement à Doha.

Durant la visite de M. Rubio, l'armée israélienne a poursuivi son offensive dans la bande de Gaza assiégée et affamée, la Défense civile locale faisant état d'au moins 49 morts, dont des enfants.

Lancée en riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, cette offensive a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste a pris le pouvoir en 2007.

Le déplacement de M. Rubio a coïncidé avec un sommet arabo-islamique à Doha, quelques jours après une attaque israélienne inédite le 9 septembre au Qatar contre des chefs du Hamas.

"Les habitants de Gaza méritent un avenir meilleur, mais cet avenir meilleur ne pourra commencer que lorsque le Hamas sera éliminé", a déclaré M. Rubio après une rencontre à Jérusalem avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

"Vous pouvez compter sur notre soutien indéfectible et notre engagement à voir cela se concrétiser", a-t-il ajouté.

M. Rubio se rend mardi au Qatar, en route pour Londres, afin de "réaffirmer le soutien total des Etats-Unis à la sécurité et la souveraineté du Qatar après l'attaque israélienne", selon le département d'Etat.

La frappe aérienne au Qatar, un médiateur entre Israël et le Hamas, a contrarié le président Donald Trump.

"Le Qatar a été un très grand allié. Israël et tous les autres, nous devons faire attention. Quand nous attaquons des gens, nous devons être prudents", a-t-il dit dimanche.

Malgré cette critique, M. Netanyahu a estimé que M. Trump était "le plus grand ami" qu'Israël ait jamais eu à la Maison Blanche.

- "Animaux barbares" -

Au sommet de Doha, l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, s'en est prix à Israël, l'accusant de "vouloir faire échouer les négociations" en vue d'un cessez-le-feu à Gaza et d'une libération des otages enlevés durant l'attaque du 7-Octobre.

Un communiqué final du sommet a appelé "tous les Etats à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël", alors que les six monarchies du Golfe ont appelé les Etats-Unis à "user de leur influence" pour contenir Israël.

A Jérusalem, M. Rubio s'est montré pessimiste quant à la possibilité d'une solution "diplomatique" à Gaza, qualifiant le Hamas d'"animaux barbares".

"Même si nous souhaitons vivement qu'il existe un moyen pacifique et diplomatique pour mettre fin (à la guerre) -et nous continuerons à explorer cette voie-, nous devons également nous préparer à la possibilité que cela ne se produise pas", a-t-il dit.

M. Rubio a aussi affiché la solidarité des Etats-Unis avec Israël avant un sommet coprésidé par la France et l'Arabie saoudite le 22 septembre à l'ONU, destiné à promouvoir la reconnaissance d'un Etat de Palestine, au côté d'Israël.

Une initiative largement symbolique dans la mesure où Israël s'oppose fermement à la création d'un tel Etat auquel aspirent les Palestiniens.

Les Etats-Unis sont également hostiles à cette démarche, qui selon M. Rubio, a "enhardi" le Hamas.

En soirée, le secrétaire d'Etat a rencontré à Jérusalem des familles d'otages, selon un responsable du département d'Etat. Sur les 251 personnes enlevées durant l'attaque du 7-Octobre, 47 sont encore retenues à Gaza, dont 25 décédées selon l'armée israélienne.

- "Un corps sans âme" -

Dans le territoire palestinien, la Défense civile a indiqué que plus de la moitié des 49 Palestiniens tués l'avaient été à Gaza-ville, où l'armée a intensifié ses attaques avec l'objectif de s'en emparer.

Compte-tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.

L'armée israélienne, qui présente Gaza-ville comme l'un des derniers bastions du Hamas dans le territoire palestinien, y a détruit plusieurs tours d'habitation en accusant le Hamas de s'y cacher.

Les Palestiniens continuent de fuir, en grand nombre, la ville et ses environs, qui comptaient un million d'habitants selon l'ONU.

"Je me sens comme un corps sans âme", dit Susan Annan, une Palestinienne qui habitait dans l'une de tours détruites. "Nous avons quitté notre maison avec seulement nos vêtements. Nous n'avons rien pu emporter."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts à Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire. L'ONU y a déclaré la famine, ce que Israël dément.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Short Url
  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.