Avec Le Cri du silence, Habib Dargham livre un puissant témoignage sur le Liban

La série Le Cri d’un silence est une sélection de quinze clichés qui immortalisent le soulèvement populaire survenu au Liban au mois d’octobre 2019 (Photo, Paris Match).
La série Le Cri d’un silence est une sélection de quinze clichés qui immortalisent le soulèvement populaire survenu au Liban au mois d’octobre 2019 (Photo, Paris Match).
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Publié le Vendredi 04 mars 2022

Avec Le Cri du silence, Habib Dargham livre un puissant témoignage sur le Liban

  • La série Le Cri d’un silence est une sélection de quinze clichés qui immortalisent le soulèvement populaire survenu au Liban au mois d’octobre 2019
  • Les photos sont «des messages qui peuvent faire ressurgir des émotions oubliées avec le temps et contribuer à soutenir Liban d’une façon ou d’une autre»

BEYROUTH: Né au Liban et diplômé en arts visuels, Habib Dargham lance sa propre société de production en 2018, D Production. Alors que la situation du Liban est précaire, il décide de suivre, en 2020/2021, un master de photographie de mode à l’école de photographie Spéos. Installé en France, il participe au Grand Prix Paris Match du photoreportage étudiant 2021. À l’occasion de la 18e édition de cet événement, cinq prix sont décernés à des reportages proposés par les quatorze finalistes (pas moins de cinquante mille dossiers sont présentés): le coup de cœur du Journal du dimanche, le prix du public, le prix Google de la photo numérique, le prix Puressentiel nature et environnement et le Grand Prix Paris Match.

Le 22 octobre 2021, lors d’une cérémonie qui se déroulait à l’Hôtel de ville de Paris, Habib Dargham obtient le Grand Prix Paris Match. Sa série Le Cri d’un silence est une sélection de quinze clichés qui immortalisent le soulèvement populaire survenu au Liban au mois d’octobre 2019. À l’occasion de la tournée de l’exposition en France – sous la supervision du commissaire de l’exposition, Jean Merhi, et en partenariat avec Energis Libani –, le jeune reporter se confie à Arab News en français.

Habib Dargham lance sa propre société de production en 2018 (Photo fournie).

«Le photojournalisme est une passion que j’ai découverte lors du soulèvement populaire qui a eu lieu au Liban le 17 octobre 2019. C'était ma manière de manifester avec le peuple dont je fais partie. C’était aussi la seule façon qui était susceptible de fixer dans le temps un tel moment», explique Habib Dargham.

«En tant que photojournaliste, j’ai trouvé là un moyen important pour comprendre les émotions suscitées et ressenties par chaque personne dans les rues et pour voir de mes propres yeux. C’est capital d’être présent sur place, parce que ce témoignage doit justement être transmis aux personnes qui ne peuvent être présentes», précise-t-il.

«Le Cri d’un silence» est exposé à Spéos (7, rue Jules-Vallès, 75011 Paris) du 1er au 6 mars (Photo, Paris Match).

Le photojournaliste décrit la difficile étape qui a présidé à la sélection de la série Le Cri d’un silence. Il s’agissait d’un choix particulièrement difficile. Sur dix mille à quinze mille photos, il en a choisi quinze en se basant sur plusieurs thèmes: «Le soulèvement populaire: la foule, les différentes tranches d'âge présentes dans les rues, l’union et la force du peuple, la présence en masse du drapeau libanais», ainsi que «l’explosion du port de Beyrouth et les dégâts qu’elle a occasionnés». Chaque cliché possède sa propre histoire et chacun d'eux a marqué une partie de l’histoire de la thawra (terme arabe qui signifie «révolution»).

La photographie du vieil homme au marteau compte parmi celles qui l’émeuvent le plus. «Elle me touche particulièrement parce qu'elle illustre plusieurs points: la force des Libanais et le fait qu’ils n'abandonnent jamais leurs causes, mais aussi le combat des anciennes générations face à la corruption pour défendre les générations futures.» Habib Dargham confie en outre, avec une pointe d’émotion dans la voix: «Le fait qu’il tienne un marteau et la colère qu’il exprime m’a serré le cœur. J’ai tout de suite pensé que, à son âge, il était certainement inquiet pour sa retraite.»

La photographie du vieil homme au marteau (Photo, Paris Match).

C’est pour cette raison que le photojournaliste a choisi comme titre Le Cri d’un silence: cette série évoque «le cri de chaque Libanais qui essaie d'élever la voix contre le gouvernement et tente de combattre la corruption», précise le photojournaliste. C’est son amour pour le Liban que Habib Dargham tente de transmettre à travers ses photos. «[C’est] ma terre natale, celle qui m’a vu naître et grandir, là où j’ai souri et pleuré», confie-t-il.

«Si nous ne soutenons pas ce pays à travers notre exil, c’est que nous sommes à la fois lâches et peureux devant une réalité que nous ne pourrons jamais combattre», soutient le photojournaliste, qui exprime sa reconnaissance à Paris Match: en lui décernant ce prix, le magazine lui a prouvé que «[leurs] voix pouvaient se faire entendre» et il a suscité «un espoir pour le Liban» qu’il «aimerait transmettre à tous les Libanais et à tous les étrangers qui aiment le pays du Cèdre et qui croient au changement». Les photos sont «des messages qui peuvent faire ressurgir des émotions oubliées avec le temps et contribuer à soutenir Liban d’une façon ou d’une autre», lance-t-il.

«Avant tout, j’ai voulu rendre témoignage de manière puissante des moments historiques que traverse mon pays» (Photo, Paris Match).

«Avant tout, j’ai voulu rendre témoignage de manière puissante des moments historiques que traverse mon pays. Et j’aimerais inviter les personnes qui observent ces photographies à s’interroger sur la résilience d’une population face à une dégradation permanente de ses conditions de vie, mais également sur sa capacité profonde à faire bouger les lignes», conclut le photoreporter.

 

Le Cri d’un silence» est exposé à Spéos (7, rue Jules-Vallès, 75011 Paris) du 1er au 6 mars. La totalité des produits de la vente des tirages aidera à soutenir la population libanaise dans les domaines de l'éducation, de la culture et de la transition écologique.


En ce Noël, unissons-nous pour souhaiter la paix dans toute la région

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  • Noël au Moyen-Orient incarne un message puissant d’harmonie interconfessionnelle, de résilience et de respect mutuel
  • De Bethléem à Riyad, les célébrations deviennent un acte d’espoir partagé et un appel sincère à la paix régionale

RIYAD : Fidèle à une tradition initiée en décembre 2022, Arab News souhaite un joyeux Noël à ses lecteurs chrétiens et à tous ceux qui célèbrent cette fête. Cette édition spéciale met cette année en lumière Noël à travers le Moyen-Orient, en soulignant l’harmonie interconfessionnelle, la résilience et l’intégration culturelle. Le tout est porté par un message particulier, sincère et plein d’espoir : voir la paix se diffuser dans toute la région en 2026.

En tête de cette couverture figure une tribune exclusive du grand érudit Dr Mohammad bin Abdulkarim Al-Issa, secrétaire général de la Ligue islamique mondiale et président de l’Organisation des savants musulmans. Son message rappelle un principe essentiel : « Il n’existe aucun texte de la charia interdisant de féliciter les non-musulmans à l’occasion de leurs fêtes religieuses, y compris Noël. » Il présente cette bienveillance non comme un affaiblissement de la foi, mais comme l’expression de sa force — une force qui affirme la dignité humaine et favorise l’harmonie sociale si nécessaire aujourd’hui.

Ce même esprit de solidarité face à la souffrance résonne depuis Bethléem, où le pasteur palestinien, le révérend Dr Munther Isaac, explique que le christianisme palestinien est indissociable de l’identité nationale. En réponse à la dévastation de Gaza, sa communauté a érigé une crèche faite de gravats, l’enfant Jésus enveloppé dans un keffieh. « C’était un message de foi », affirme-t-il. « Le Christ est solidaire de ceux qui souffrent… parce qu’il est né dans la souffrance. »

De cette profondeur naissent aussi des récits de renouveau. À Damas, les illuminations festives réapparaissent alors que des Syriens de toutes confessions s’accrochent à une paix fragile. Au Liban, les célébrations percent la morosité politique par des instants de joie. En Jordanie, les espaces publics s’illuminent de sapins et des hymnes de Noël de Fairouz, tandis qu’aux Émirats arabes unis, la diaspora multiculturelle s’anime dans une effervescence festive et unitaire.

La profondeur historique et intellectuelle de l’héritage chrétien de la région est mise en lumière par le Dr Abdellatif El-Menawy, qui rappelle le rôle indispensable de l’Égypte dans la transformation du christianisme, passé d’un message spirituel à une véritable civilisation. Cet héritage ancien trouve aujourd’hui une expression moderne et dynamique.

En Arabie saoudite, la période des fêtes est reconnue à travers une hospitalité innovante, où des chefs réinventent les menus de Noël en y intégrant des saveurs locales et une identité culinaire créative.

Cette édition spéciale offre bien plus qu’une simple atmosphère festive. Elle dépeint un Moyen-Orient où les différentes confessions approfondissent leurs propres racines en respectant celles des autres, où les célébrations sont tissées de résistance historique, et où le message de Noël — espoir, paix et humanité partagée — résonne avec confiance et optimisme.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le prince héritier parraine le lancement d’un centre de calligraphie arabe à Médine

Le ministre de la Culture, le prince Badr ben Abdullah ben Farhane, prend la parole lors de l'inauguration du Centre mondial pour la calligraphie arabe Prince Mohammed ben Salmane. (Fourni)
Le ministre de la Culture, le prince Badr ben Abdullah ben Farhane, prend la parole lors de l'inauguration du Centre mondial pour la calligraphie arabe Prince Mohammed ben Salmane. (Fourni)
Un nouveau centre dédié à la calligraphie arabe, placé sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, a officiellement ouvert ses portes lundi à Médine. (Fourni)
Un nouveau centre dédié à la calligraphie arabe, placé sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, a officiellement ouvert ses portes lundi à Médine. (Fourni)
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  • Le Centre mondial Prince Mohammed ben Salmane pour la calligraphie arabe a été inauguré par le prince Salman ben Sultan ben Abdulaziz

RIYAD : Un nouveau centre dédié à la calligraphie arabe, sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, a officiellement ouvert ses portes à Médine lundi.

Le Centre mondial Prince Mohammed ben Salmane pour la calligraphie arabe a été inauguré par le prince Salman ben Sultan ben Abdulaziz, gouverneur de la région de Médine.

Il était accompagné du ministre de la Culture, le prince Badr ben Abdallah ben Farhane, qui a visité les espaces d’exposition du nouveau centre et assisté à des présentations sur la programmation culturelle et les réalisations du centre.

Ils ont également découvert des collections mettant en valeur l’importance artistique et historique de la calligraphie arabe.

Lors de l’inauguration, le prince Badr a déclaré : « Depuis cette terre d’érudition et de savoir, nous lançons fièrement une plateforme mondiale dédiée à la calligraphie arabe, un patrimoine culturel inestimable. »

Il a ajouté que le soutien « généreux et illimité » du prince héritier envers le secteur culturel avait rendu ce projet possible.

Le ministre a précisé que le centre montrait au monde l’héritage de la calligraphie arabe tout en soulignant l’engagement de l’Arabie saoudite à préserver son identité et son patrimoine culturel.

Selon le prince Badr, le centre représente une vision ambitieuse visant à élever la calligraphie arabe comme outil universel de communication et élément central de l’héritage, de l’art, de l’architecture et du design arabes.

Le centre a également pour objectif de renforcer l’identité culturelle du Royaume et sa présence internationale, en ciblant calligraphes, talents émergents, artistes visuels, chercheurs en arts islamiques, institutions éducatives et culturelles, ainsi que les passionnés d’art et de patrimoine à travers le monde.

Il proposera des programmes spécialisés, incluant services de recherche et d’archivage, enseignement de la calligraphie, bourses académiques, musée permanent, expositions itinérantes, association internationale de calligraphie et incubateur soutenant les entreprises liées à la calligraphie.

D’autres initiatives incluent des programmes de résidence d’artistes, des ateliers dirigés par des experts, l’élaboration de programmes pédagogiques standardisés, ainsi que des partenariats éducatifs internationaux visant à la conservation du patrimoine et à la promotion mondiale de cet art ancestral.

L’établissement du centre à Médine revêt une signification particulière, compte tenu du rôle historique de la ville comme berceau de la calligraphie arabe et de son association avec la transcription du Coran et la préservation du savoir islamique.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La musique traditionnelle du rababah attire les foules au festival du chameau

(SPA)
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  • Des performances sont proposées à l’exposition « Security Oasis » du ministère de l’Intérieur
  • Le rababah, instrument de musique traditionnel à une seule corde, attire un large public au festival

RIYAD : Le rababah, un instrument traditionnel local à une seule corde issu des communautés bédouines, a suscité l’intérêt des visiteurs du Festival du chameau du roi Abdulaziz, qui se tient jusqu’au 2 janvier, rapporte l’Agence de presse saoudienne.

L’instrument se joue en faisant glisser un archet sur son unique corde, tandis que les doigts de l’autre main contrôlent la hauteur du son.

Il est souvent accompagné de vers poétiques chantés, dans un mélange de musique et de tradition orale.

La principauté de la région des Frontières du Nord présente des performances de rababah dans le cadre de l’exposition « Security Oasis » du ministère de l’Intérieur, organisée lors du festival du chameau.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com