Guerre en Ukraine: au Moyen-Orient et en Afghanistan le discours médiatique ne passe pas

Une ukrainienne et sa fille, réfugiées en Roumanie. (AFP).
Une ukrainienne et sa fille, réfugiées en Roumanie. (AFP).
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Publié le Mercredi 02 mars 2022

Guerre en Ukraine: au Moyen-Orient et en Afghanistan le discours médiatique ne passe pas

  • Les Européens accueillent à bras ouverts les centaines de milliers de réfugiés ukrainiens. Mais quand Syriens, Irakiens et Afghans empruntaient récemment le même chemin, ils dénonçaient une nouvelle «crise des migrants», déplorent des internautes
  • Si les violences et les peines sont semblables, le traitement médiatique peut parfois différer

BAGDAD: « Ce n'est pas l'Irak ou l'Afghanistan ». Avec l'invasion russe en Ukraine, les internautes du Moyen-Orient et d'Afghanistan suivent, indignés et interloqués, journalistes et politiciens enchaînant les comparaisons malheureuses entre une nation « civilisée » et leur région déchirée par les guerres. 

Les exemples de ces commentaires -- dénoncés comme « racistes » -- se retrouvent sur les télévisions françaises ou américaines, dans la presse anglo-saxonne, poussant des médias prestigieux à présenter leurs excuses pour calmer le tollé en ligne. 

Si les violences et les peines sont semblables, le traitement médiatique peut parfois différer. 

Les Européens accueillent à bras ouverts les centaines de milliers de réfugiés ukrainiens. Mais quand Syriens, Irakiens et Afghans empruntaient récemment le même chemin, ils dénonçaient une nouvelle « crise des migrants », déplorent des internautes. Même si, en 2015, la chancelière allemande Angela Merkel avait accueilli plus d'un million de réfugiés sur son territoire. 

Pour le politologue Ziad Majed, la « magnifique solidarité et l'humanisme » envers l'Ukraine illustrent une « distinction choquante » qui révèle une «déshumanisation des réfugiés du Moyen-Orient ». 

« Quand on entend certains commentaires parlant de +gens comme nous+, ça laisse entendre que ceux qui viennent de Syrie, d'Irak, d'Afghanistan ou d'Afrique ne le sont pas », ajoute le professeur à l'Université américaine de Paris. 

Et ces derniers jours les médias ont multiplié les faux-pas. 

« Ce n'est pas (...) l'Irak ou l'Afghanistan. C'est une ville relativement civilisée, relativement européenne (...) où on ne se serait pas attendu à ça », affirmait vendredi l'envoyé spécial de CBS News en Ukraine, Charlie D'Agata. Le lendemain il s'excusait, regrettant le choix de ses mots. 

« Couverture raciste »  

L'antenne anglophone d'Al-Jazeera s'est excusée dimanche pour les propos « dénués de sensibilité » d'un présentateur évoquant des réfugiés ukrainiens. 

« Ce ne sont clairement pas des réfugiés qui essayent de fuir le Moyen-Orient en guerre », commentait-il: « Ils ressemblent à n'importe quelle famille européenne qui pourrait être vos voisins ». 

Pour les Palestiniens, les reportages saluant le courage des Ukrainiens ayant pris les armes contre l'envahisseur russe ont un goût amer. 

« On découvre que le droit international existe encore. Que les réfugiés sont les bienvenus, en fonction d'où ils viennent. Que la résistance à l'occupation est non seulement légitime mais aussi un droit », ironise sur Twitter Salem Barahmeh, directeur de Rābet, plateforme pro-palestinienne. 

Lundi, une Association américaine de journalistes arabes et du Moyen-Orient (AMEJA), déplorait plusieurs « exemples de couverture médiatique raciste, donnant plus d'importance à certaines victimes de guerre qu'à d'autres ». 

Elle évoquait « une mentalité répandue dans le journalisme occidental qui tend à normaliser la tragédie dans certaines régions du monde », notamment au Moyen-Orient. 

La différence de traitement est d'autant plus frappante que c'est aussi Moscou qui intervient depuis six ans dans le sanglant conflit syrien en soutien au régime, rappelle Ziad Majed. 

L'humour comme exutoire 

« On ne parle pas là de Syriens qui fuient les bombardements du régime syrien soutenu par Vladimir Poutine », notait jeudi le journaliste Philippe Corbé sur BFMTV, « première chaîne d'info » de France. 

« On parle d'Européens, qui partent dans leurs voitures qui ressemblent à nos voitures (...) et qui essayent juste de sauver leur vie », disait-il. 

Interrogée par l'AFP, la chaîne assure que le propos du journaliste, « maladroit dans la forme mais sorti de son contexte sur les réseaux sociaux, a laissé penser à tort qu'il défendait une position inverse de celle qu'il voulait souligner, et il le regrette. » 

En face, il y a l'humour comme exutoire. Sur les réseaux sociaux, Egyptiens ou Irakiens modifient ainsi leur description de « non-civilisés »: « des cheveux noirs, des yeux marrons, et voitures différentes ». 

En Afghanistan aussi, on s'indigne, quand on voit certains médias mettre l'accent sur des réfugiés européens « blonds aux yeux bleu ». Il y a six mois à peine, le retour au pouvoir des Talibans et le retrait américain plongeaient le pays dans le chaos, poussant à l'exil des centaines de milliers de personnes. 

« C'est une même conception qui se répète, encore et encore: les gens touchés par les autres conflits étaient à moitié humain, d'origines et de races de moindre valeur, mais les Européens sont des humains à part entière: donc cette guerre est importante », écrit sur Twitter l'universitaire Muska Dastageer. 

« On peut comprendre que les Ukrainiens sont Européens, que la mémoire des guerres en Europe peut susciter beaucoup d'émotions et de souvenirs », concède M. Majed. 

Mais le phénomène illustre aussi « l'extrême droitisation du débat public », à un moment où en Occident « certaines élites politiques n'ont plus de problèmes à s'exprimer comme si la parole raciste s'était libérée ». 


Gaza: la Défense civile annonce 20 personnes tuées par des tirs israéliens en allant chercher de l'aide

Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël. (AFP)
Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël. (AFP)
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  • "Vingt martyrs et plus de 200 blessés du fait de tirs de l'occupation (armée israélienne, NDLR), dont certains dans un état grave, ont été transférés" vers des hôpitaux de la bande de Gaza, a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile
  • Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans annoncés par la Défense civile

GAZA: La Défense civile de Gaza a indiqué que 20 personnes avaient été tuées lundi par des tirs de l'armée israélienne en allant chercher de l'aide humanitaire dans le territoire palestinien ravagé par les bombardements après plus de vingt mois de guerre.

Contactée par l'AFP, l'armée israélienne a dit qu'elle se renseignait.

"Vingt martyrs et plus de 200 blessés du fait de tirs de l'occupation (armée israélienne, NDLR), dont certains dans un état grave, ont été transférés" vers des hôpitaux de la bande de Gaza, a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal, ajoutant que ces personnes étaient rassemblées près d'un site de distribution d'aide.

"Elles attendaient de pouvoir accéder au centre d'aide américain à Rafah pour obtenir de la nourriture, lorsque l'occupation a ouvert le feu sur ces personnes affamées près du rond-point d'al-Alam", dans le sud de la bande de Gaza, a détaillé M. Bassal en indiquant que les tirs avaient eu lieu de 05H00 et 07H30 (02H00 et 04H30 GMT).

Il a ajouté que les victimes avaient été transférées vers des hôpitaux du sud du territoire palestinien, lesquels ne fonctionnent plus que partiellement depuis des jours en raison des combats et des pénuries de fournitures médicales.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans annoncés par la Défense civile.

Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël.

L'ONU refuse de travailler avec cette organisation en raison de préoccupations concernant ses procédés et sa neutralité.

Des photographes de l'AFP ont constaté ces derniers jours que des Gazaouis se réunissaient à l'aube près de sites de distribution d'aide, malgré la crainte de tirs lors des rassemblements.

La bande de Gaza est menacée de famine, selon l'ONU.

 


Ehud Barak : seule une guerre totale ou un nouvel accord peut arrêter le programme nucléaire iranien

Israël et l'Iran ont échangé des coups de feu après le déclenchement par Israël d'une campagne de bombardements aériens sans précédent qui, selon l'Iran, a touché ses installations nucléaires, "martyrisé" des hauts gradés et tué des dizaines de civils. (AFP)
Israël et l'Iran ont échangé des coups de feu après le déclenchement par Israël d'une campagne de bombardements aériens sans précédent qui, selon l'Iran, a touché ses installations nucléaires, "martyrisé" des hauts gradés et tué des dizaines de civils. (AFP)
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  • S'adressant à Christiane Amanpour sur CNN, M. Barak a déclaré que la capacité d'Israël à freiner le programme de Téhéran était limitée
  • M. Barak a déclaré que les frappes militaires étaient "problématiques", mais qu'Israël les considérait comme justifiées

LONDRES : L'ancien Premier ministre israélien Ehud Barak a prévenu que l'action militaire d'Israël ne suffirait pas à retarder de manière significative les ambitions nucléaires de l'Iran, décrivant la république islamique comme une "puissance nucléaire de seuil".

S'adressant à Christiane Amanpour sur CNN, M. Barak a déclaré que la capacité d'Israël à freiner le programme de Téhéran était limitée.
"À mon avis, ce n'est pas un secret qu'Israël ne peut à lui seul retarder le programme nucléaire de l'Iran de manière significative. Probablement plusieurs semaines, probablement un mois, mais même les États-Unis ne peuvent pas les retarder de plus de quelques mois", a-t-il déclaré.

"Cela ne signifie pas qu'ils auront immédiatement (une arme nucléaire), ils doivent probablement encore achever certains travaux d'armement, ou probablement créer un dispositif nucléaire rudimentaire pour le faire exploser quelque part dans le désert afin de montrer au monde entier où ils se trouvent.

M. Barak a déclaré que si les frappes militaires étaient "problématiques", Israël les considérait comme justifiées.

"Au lieu de rester les bras croisés, Israël estime qu'il doit faire quelque chose. Probablement qu'avec les Américains, nous pouvons faire plus".

L'ancien premier ministre a déclaré que pour stopper les progrès de l'Iran, il faudrait soit une avancée diplomatique majeure, soit un changement de régime.

"Je pense que l'Iran étant déjà ce que l'on appelle une puissance nucléaire de seuil, le seul moyen de l'en empêcher est soit de lui imposer un nouvel accord convaincant, soit de déclencher une guerre à grande échelle pour renverser le régime", a-t-il déclaré.

"C'est quelque chose que nous pouvons faire avec les États-Unis.

Mais il a ajouté qu'il ne pensait pas que Washington avait l'appétit pour une telle action.

"Je ne crois pas qu'un président américain, ni Trump ni aucun de ses prédécesseurs, aurait décidé de faire cela".

Israël a déclenché des frappes aériennes à travers l'Iran pour la troisième journée dimanche et a menacé de recourir à une force encore plus grande alors que certains missiles iraniens tirés en représailles ont échappé aux défenses aériennes israéliennes pour frapper des bâtiments au cœur du pays.

Les services d'urgence israéliens ont déclaré qu'au moins 10 personnes avaient été tuées dans les attaques iraniennes, tandis que les autorités iraniennes ont déclaré qu'au moins 128 personnes avaient été tuées par les salves israéliennes.


La fondation Morooj présente ses projets au salon néerlandais « GreenTech »

Morooj a mis en avant ses capacités techniques et opérationnelles, ainsi que ses solutions environnementales innovantes basées sur les meilleures pratiques. (SPA)
Morooj a mis en avant ses capacités techniques et opérationnelles, ainsi que ses solutions environnementales innovantes basées sur les meilleures pratiques. (SPA)
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  • Morooj a mis en avant ses capacités techniques et opérationnelles, ainsi que ses solutions environnementales innovantes basées sur les meilleures pratiques et les normes internationales.
  • À terme, Murooj vise à devenir une plateforme interactive pour le transfert et l'application des connaissances, afin d'avoir un impact environnemental et social significatif dans le Royaume.

RIYAD : La Fondation pour le développement de la couverture végétale, connue sous le nom de Morooj, a présenté ses projets phares lors du salon Greentech Amsterdam, un salon international dédié à l'horticulture qui s'est tenu du 10 au 12 juin dans la capitale néerlandaise, dans le cadre de la délégation saoudienne.

Morooj a mis en avant ses capacités techniques et opérationnelles, ainsi que ses solutions environnementales innovantes basées sur les meilleures pratiques et les normes internationales.

La fondation a également présenté des exemples de ses partenariats stratégiques avec divers secteurs publics et privés, ainsi qu'avec des organisations internationales. 

Les projets présentés comprenaient la plantation de millions de mangroves, le verdissement des zones autour des mosquées, la promotion de la participation communautaire aux campagnes d'assainissement environnemental et les efforts de réhabilitation des réserves naturelles dans diverses régions du Royaume, tous relevant de l'Initiative verte saoudienne.

Le PDG de la fondation, Wael Bushah, a déclaré que sa participation à GreenTech démontrait une fois de plus la détermination du Royaume à renforcer son leadership dans le secteur environnemental à l'échelle internationale.

L'exposition est l'un des principaux événements mondiaux consacrés aux innovations environnementales et aux technologies agricoles durables. Elle est également l'occasion de nouer de nouveaux partenariats et d'échanger des connaissances sur les dernières innovations en matière d'agriculture durable, de reboisement et de restauration des écosystèmes. 

À terme, Murooj vise à devenir une plateforme interactive pour le transfert et l'application des connaissances, afin d'avoir un impact environnemental et social significatif dans le Royaume.

Le rôle de la fondation, qui consiste à renforcer sa présence internationale et à échanger des expériences fructueuses avec diverses entités et organisations environnementales mondiales, a été essentiel pour atteindre les objectifs de l'Initiative verte saoudienne, fondée dans le cadre de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite.

La SGI, qui a célébré son deuxième anniversaire au début de cette année, a renforcé l'ambition du Royaume de devenir un contributeur clé aux efforts mondiaux de lutte contre le changement climatique et d'amélioration de la durabilité environnementale, notamment en promouvant les énergies renouvelables, en protégeant les zones terrestres et marines, et en atteignant la neutralité carbone au niveau national d'ici 2060, entre autres initiatives. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com