Espagne-Maroc: nouvelle entrée massive de migrants dans l'enclave de Melilla

Des migrants tentent de traverser la frontière entre le Maroc et l'enclave nord-africaine espagnole de Ceuta le 19 mai 2021 (Photo, AFP).
Des migrants tentent de traverser la frontière entre le Maroc et l'enclave nord-africaine espagnole de Ceuta le 19 mai 2021 (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 04 mars 2022

Espagne-Maroc: nouvelle entrée massive de migrants dans l'enclave de Melilla

  • En deux jours, plus de 800 migrants ont donc réussi à entrer à Melilla sur la côte nord du Maroc, qui constitue avec celle de Ceuta la seule frontière de l'UE avec l'Afrique
  • A Melilla, la frontière entre le Maroc et l'Espagne est matérialisée par une triple clôture grillagée d'une longueur d'environ 12 km

BENI ANSAR: Pour le deuxième jour consécutif, des centaines de migrants ont réussi jeudi à pénétrer dans l'enclave espagnole de Melilla, sur la côte nord du Maroc, qui constitue avec celle de Ceuta la seule frontière terrestre de l'UE avec l'Afrique.

Au total, environ 1.200 migrants ont "commencé, vers 07H25 (06H25 GMT), à franchir la clôture (...) lançant des pierres et utilisant des crochets et des bâtons contre les forces de sécurité" espagnoles, "après avoir débordé les forces de sécurité marocaines", a indiqué la préfecture de Melilla.

Selon la préfète, Sabrina Moh Abdelkader, 380 sont parvenus à entrer.

Côté marocain, la situation était calme dans la nuit de jeudi à vendredi dans la petite localité de Beni Ansar, qui jouxte l'enclave espagnole de Melilla, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Aucune présence de migrants n'a été remarquée sur les 15 km de  route le long de la barrière frontalière hérissée de barbelés, ni dans le centre de Beni Ansar. 

"Ils s'éloignent d'habitude dans les forêts des collines avoisinantes", a précisé à l'AFP un membre de la section locale de l'Association marocaine des droits de l'Homme (AMDH).

«Agressivité»

Cette nouvelle arrivée intervient au lendemain d'une tentative de franchissement d'environ 2.500 migrants africains, la plus massive jamais enregistrée dans cette enclave, selon les autorités. 491 y sont parvenus et étaient toujours jeudi dans l'enclave, dans un centre pour migrants.

En deux jours, plus de 800 migrants ont donc réussi à entrer dans cette enclave, contre 1.092 en 2021.

"L'agressivité à laquelle nous avons assisté, hier comme aujourd'hui (...) n'avait pas été constatée en d'autres occasions", a dénoncé la préfète dont les services ont annoncé l'arrivée jeudi d'une centaine de policiers en renfort. 

"C'est un fait très préoccupant. Cela fait des mois que ce type d'arrivée ne s'est pas produite, et quand il y avait des tentatives, elles étaient repoussées, en collaboration avec les autorités marocaines, sans arriver à ce niveau de gravité", s'est inquiété pour sa part le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares.

A Rabat, le porte-parole du gouvernement marocain a assuré pour sa part que son pays effectuait "un travail colossal pour surveiller ses frontières".

Selon les autorités, 27 membres des forces de l'ordre espagnoles ont été blessés mercredi et 23 jeudi tout comme 20 migrants mercredi et 32 jeudi. 

L'Association marocaine des droits de l'Homme a fait état mercredi d'une trentaine de migrants blessés, dont trois ou quatre grièvement, qui ont été hospitalisés.

"Environ 250 migrants refoulés de Melilla ce matin ont été transférés à bord de bus au centre (de détention) d'Arkmane. Il est probable qu'ils sont revenus après l'échec de leur tentative hier", a estimé jeudi un militant de l'AMDH.

Frontière terrestre de l'UE

Melilla et Ceuta, à près de 400 kilomètres plus à l'ouest, constituent les seules frontières terrestres de l'UE sur le continent africain et font régulièrement l'objet de tentatives d'entrée de la part de migrants cherchant à rejoindre l'Europe.

A Melilla, la frontière entre le Maroc et l'Espagne est matérialisée par une triple clôture grillagée d'une longueur d'environ 12 km. Comme celle de Ceuta, elle est équipée de caméras et de miradors.

Ces entrées massives de migrants dans l'enclave interviennent moins d'un an après celle, mi-mai 2021 à Ceuta, de plus de 10.000 migrants, en grande majorité des Marocains.

A la faveur d'un relâchement des contrôles frontaliers côté marocain, ils étaient alors entrés à la nage par la mer ou au niveau de la digue marquant la frontière dans la Méditerranée.

Cette crise avait eu lieu dans un contexte de brouille diplomatique majeure entre Madrid et Rabat, provoquée par l'accueil en Espagne, pour y être soigné du Covid, du chef des indépendantistes sahraouis du Front Polisario, Brahim Ghali, ennemi juré des autorités marocaines.

Si les tensions se sont depuis apaisées, elles n'ont pas pris fin.

La récente conversation entre le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez et M. Ghali, en marge d'un sommet UE-Union africaine à Bruxelles, a fait grincer des dents à Rabat, à en croire les médias proches du pouvoir.

"En s’entretenant à Bruxelles avec le chef des séparatistes (...), Pedro Sanchez apporte la preuve que le Royaume du Maroc a eu raison de ne pas croire en les belles paroles des responsables espagnols", a notamment écrit le site marocain d'information Le360.

Rappelée pour consultations lors de la crise de Ceuta, l'ambassadrice du Maroc en Espagne n'est toujours pas revenue à Madrid.

L'Espagne exerce sa souveraineté sur Ceuta depuis 1580 et sur Melilla depuis 1496. Le Maroc les considère comme partie intégrante de son territoire. Située à 150 km de l'Algérie, Melilla (12,5 km2) compte une population de près de 87.000 habitants.


Gaza: 27 morts dans des frappes israéliennes, Israël et le Hamas s'accusent de violer la trêve

Des frappes aériennes israéliennes sur la bande de Gaza ont tué 27 personnes mercredi selon les autorités locales, Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas s'accusant mutuellement d'avoir violé le fragile cessez-le-feu. (AFP)
Des frappes aériennes israéliennes sur la bande de Gaza ont tué 27 personnes mercredi selon les autorités locales, Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas s'accusant mutuellement d'avoir violé le fragile cessez-le-feu. (AFP)
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  • Il s'agit de l'une des journées les plus meurtrières à Gaza depuis le 10 octobre et l'entrée en vigueur de la trêve à laquelle ont poussé les Etats-Unis après plus de deux ans de guerre
  • Israël a également mené mercredi des frappes dans le sud du Liban, après avoir lancé des appels à évacuer

GAZA: Des frappes aériennes israéliennes sur la bande de Gaza ont tué 27 personnes mercredi selon les autorités locales, Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas s'accusant mutuellement d'avoir violé le fragile cessez-le-feu.

Il s'agit de l'une des journées les plus meurtrières à Gaza depuis le 10 octobre et l'entrée en vigueur de la trêve à laquelle ont poussé les Etats-Unis après plus de deux ans de guerre.

Israël a également mené mercredi des frappes dans le sud du Liban, après avoir lancé des appels à évacuer. L'armée israélienne a dit viser le mouvement islamiste Hezbollah qu'elle accuse de se réarmer en violation du cessez-le-feu en vigueur à sa frontière nord depuis bientôt un an.

"Les bombardements et les morts ont recommencé. Ils ne nous laissent même pas le temps de respirer", déplore auprès de l'AFP Ahraf Abu Sultan, 50 ans, tout juste rentré à Gaza-ville pour réparer sa maison détruite après avoir été déplacé un an dans le sud du territoire.

"Il n'y a aucun espoir pour la vie à Gaza", se lamente Nivine Ahmed, déplacée sous une tente à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, évoquant le bruit des explosions, la fumée, les gens qui courent et les sirènes des ambulances.

"Nous n'en pouvons plus, nous voulons que la guerre se termine complètement ou que les passages soient ouverts" pour permettre à la population de fuir, a confié Noha Fathi, déplacée dans le sud de la bande de Gaza.

Selon la Défense civile de la bande de Gaza, organisation de premiers secours opérant sous l'autorité du Hamas, quatorze personnes ont été tuées mercredi à Gaza-ville, et 13 dans la région de Khan Younès. Deux hôpitaux contactés par l'AFP ont confirmé ce bilan.

"Escalade dangereuse" 

L'armée israélienne a affirmé "frapper des cibles terroristes du Hamas dans toute la bande de Gaza" en riposte à des tirs "en direction de la zone où [ses] soldats opèrent à Khan Younès".

Ces tirs n'ont fait aucun blessé a précisé l'armée mais constituent "une violation de l'accord de cessez-le-feu".

Rejetant une "piètre tentative pour justifier [...] des violations qui ne cessent jamais", le Hamas a dénoncé une "escalade dangereuse" et appelé les Etats-Unis à "exercer une pression immédiate et sérieuse pour [forcer Israël] à respecter le cessez-le-feu".

Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.

La trêve a déjà été marquée par plusieurs accès de violences dans le territoire palestinien dévasté par plus de deux ans d'hostilités déclenchées par l'attaque sanglante du Hamas en Israël le 7 octobre 2023.

Depuis le 10 octobre, plus de 300 Palestiniens ont été tués par des frappes ou des tirs israéliens selon le ministère de la Santé de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas. L'armée israélienne affirme ne frapper qu'en riposte à des violations de la trêve.

Les raids israéliens les plus meurtriers ont tué, le 29 octobre, plus de cent Gazaouis, selon la Défense civile et des données recueillies par l'AFP auprès de cinq hôpitaux.

Selon la Défense civile, qui ne fait jamais état de combattants tués, les bombardements de mercredi ont notamment tué un couple et ses trois enfants à Gaza-ville, et deux mineurs à Khan Younès.

Deuxième phase ? 

Le porte-parole de l'organisation, Mahmoud Bassal, est apparu dans une vidéo exhibant les corps de trois jeunes enfants.

L'accord de cessez-le-feu a permis dans sa première phase le retour des vingt derniers otages vivants du 7-Octobre, en échange de la libération de plusieurs centaines de prisonniers palestiniens, et le retour de 25 corps d'otages morts, sur 28 que le Hamas s'est engagé à rendre.

Israël réclame leur remise, en accusant de retard le mouvement islamiste, qui invoque la difficulté de les retrouver dans un territoire noyé sous des tonnes de décombres.

La mise en œuvre de la deuxième phase du plan du président américain Donald Trump n'a pas encore été approuvée. Elle prévoit notamment le désarmement du Hamas, la mise en place d'une autorité de transition pour gouverner le territoire et le déploiement d'une force internationale de stabilisation.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté lundi une résolution pour endosser ce plan Trump, mais le Hamas, écarté de tout rôle dans la gouvernance du territoire et qui refuse de désarmer aux conditions posées par Israël, a dénoncé un texte qui "ne répond pas aux exigences et aux droits politiques et humains" du peuple palestinien.

L'attaque du 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.221 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.

Plus de 69.500 Palestiniens ont été tués par la campagne militaire israélienne de représailles, selon le ministère de la Santé de Gaza. Le ministère, dont les chiffres sont jugés fiables par l'ONU, ne précise pas le nombre de combattants tués mais ses données indiquent que plus de la moitié des morts sont des mineurs et des femmes.


Israël appelle à des évacuations dans deux villages du sud du Liban en prévision de frappes

L'armée israélienne a ordonné à deux villages du sud du Liban d'évacuer les bâtiments situés à proximité de ce qu'elle qualifie de sites du Hezbollah, alors que les tensions entre Israël et les groupes militants s'intensifient. (AFP)
L'armée israélienne a ordonné à deux villages du sud du Liban d'évacuer les bâtiments situés à proximité de ce qu'elle qualifie de sites du Hezbollah, alors que les tensions entre Israël et les groupes militants s'intensifient. (AFP)
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  • L’armée israélienne a appelé les habitants de Deir Kifa et Chahour à évacuer, affirmant que des infrastructures militaires du Hezbollah s’y trouvent et annonçant des frappes imminentes
  • Malgré le cessez-le-feu de novembre 2024, Israël poursuit des attaques ciblées au Liban avec le soutien tacite des États-Unis, accusant le Hezbollah de reconstruire ses capacités militaire

JERUSALEM: L'armée israélienne a appelé mercredi la population à évacuer les zones de bâtiments abritant selon elle des installations militaires du mouvement islamiste libanais Hezbollah dans deux villages du sud du Liban, annonçant son intention de les frapper sous peu.

"Les forces [israéliennes] attaqueront prochainement des infrastructures militaires appartenant au groupe terroriste Hezbollah dans différentes zones du sud du Liban, en réponse aux tentatives illégales de l'organisation de se rétablir dans la région", annonce le colonel Avichay Adraee, porte-parole de l'armée israélienne dans un message en arabe sur X.

L'officier appelle précisément la population à évacuer sans tarder les alentours de deux bâtiments dont il précise, cartes à l'appui, la localisation dans les villages de Deir Kifa et Chahour.

Malgré un cessez-le-feu entré en vigueur en novembre 2024, à l'issue de plus d'un an d'hostilités entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne continue de mener, avec l'aval tacite des Etats-Unis, des attaques régulières au Liban contre ce qu'elle présente comme des membres ou des installations du mouvement chiite, qu'elle accuse de chercher à reconstituer ses capacités militaires.

Le Hezbollah, allié de la République islamique d'Iran - ennemi juré d'Israël, a été très affaibli par la dernière guerre avec Israël, et Washington a accru la pression ces dernières semaines sur les autorités libanaises pour qu'elles obtienne son désarment, ce que le mouvement islamiste refuse pour l'heure.


L'Arabie saoudite et les États-Unis signent des accords pour approfondir leur partenariat stratégique

La réunion a été coprésidée par le président Trump et le prince héritier Mohammed, en présence de hauts responsables saoudiens et américains. (AFP)
La réunion a été coprésidée par le président Trump et le prince héritier Mohammed, en présence de hauts responsables saoudiens et américains. (AFP)
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  • Lors de la réunion à la Maison Blanche, les deux parties ont passé en revue les relations bilatérales et discuté des efforts conjoints pour faire progresser leurs partenariats stratégiques
  • Elles ont également abordé les développements régionaux et internationaux, ainsi que les moyens de renforcer la sécurité et la stabilité régionales et mondiales

RIYAD: L'Arabie saoudite et les États-Unis ont signé mardi un certain nombre d'accords visant à renforcer leurs liens stratégiques, à l'occasion de la visite du prince héritier Mohammed bin Salman à la Maison Blanche.

Lui et le président américain Donald Trump ont signé des accords sur la défense stratégique, l'intelligence artificielle, l'énergie nucléaire, les métaux critiques, les investissements saoudiens, le partenariat financier et économique, l'éducation et la formation, et les normes de sécurité des véhicules.

Lors de la réunion à la Maison Blanche, les deux parties ont passé en revue les relations bilatérales et discuté des efforts conjoints pour faire progresser leurs partenariats stratégiques.

Elles ont également abordé les développements régionaux et internationaux, ainsi que les moyens de renforcer la sécurité et la stabilité régionales et mondiales.

La réunion était coprésidée par M. Trump et le prince héritier, et de hauts responsables saoudiens et américains y ont assisté.

L'accord de défense affirme que les deux pays sont des partenaires de sécurité capables de travailler ensemble pour faire face aux défis et menaces régionaux et internationaux, a rapporté l'agence de presse saoudienne.

Il approfondit la coordination de la défense à long terme, améliore les capacités de dissuasion et la préparation, et soutient le développement et l'intégration des capacités de défense entre les deux pays, a ajouté l'agence de presse saoudienne.

Le ministre saoudien de la défense, le prince Khalid bin Salman, a déclaré que l'accord "souligne l'engagement ferme des deux nations à approfondir leur partenariat stratégique, à renforcer la sécurité régionale et à faire progresser la paix et la stabilité dans le monde".

L'ambassadrice saoudienne aux États-Unis, la princesse Reema bint Bandar, a déclaré que les "accords stimuleront les investissements dans les deux pays, généreront des opportunités d'emploi pour les Saoudiens et les Américains, et renforceront notre engagement commun en faveur de la sécurité régionale et mondiale".

Un peu plus tôt, dans le bureau ovale, M. Trump a accueilli chaleureusement le prince héritier, qui a annoncé que les investissements américains du Royaume seraient portés à près de 1 000 milliards de dollars, contre une promesse de 600 milliards de dollars annoncée par Riyad au début de l'année.

"Aujourd'hui est un moment très important de notre histoire", a déclaré le prince héritier. "Il y a beaucoup de choses sur lesquelles nous travaillons pour l'avenir.