La confusion règne sur les négociations du plan de relance américain

Wall Street a terminé la journée dans le vert, le Dow Jones étant même au plus haut en plus d'un mois. Même les compagnies aériennes ont résisté (Photo, AFP).
Wall Street a terminé la journée dans le vert, le Dow Jones étant même au plus haut en plus d'un mois. Même les compagnies aériennes ont résisté (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 09 octobre 2020

La confusion règne sur les négociations du plan de relance américain

  • Donald Trump a changé radicalement de ton après avoir brutalement annoncé, deux jours plus tôt, la fin des négociations, repoussées à après l'élection du 3 novembre
  • Nancy Pelosi, la responsable démocrate à la Chambre des représentants a averti qu'il était hors de question que les aides au transport aérien ne soient dissociées d'un plan de relance plus large

WASHINGTON: L'administration Trump continuait jeudi à négocier un plan de relance économique avec les démocrates, mais la confusion régnait sur les intentions de la Maison Blanche, entre une aide ciblée pour les compagnies aériennes notamment, et un plan plus vaste.

"Je pense que nous avons de très fortes chances de faire quelque chose", a assuré jeudi matin le président américain sur la chaîne Fox Business News, faisant état de "discussions très productives".

Donald Trump a ainsi changé radicalement de ton après avoir brutalement annoncé, deux jours plus tôt, la fin des négociations, repoussées à après l'élection du 3 novembre.

Cette décision avait provoqué des réactions consternées et de vives critiques, y compris dans son propre camp. Il avait alors fait machine arrière, et proposé des mesures ciblées pour le transport aérien ou les petites entreprises, très touchées par la crise liée au Covid-19. Il souhaite aussi l'envoi de nouveaux chèques aux Américains.

Jeudi matin, il a même évoqué la possibilité d'un "accord plus large que celui des compagnies aériennes".

Mais la position de la Maison Blanche a été recadrée dans l'après-midi: "Nous avons été très clairs sur le fait que nous voulons une enveloppe réduite", a assuré la directrice de la communication, Alyssa Farah.

Elle a de nouveau insisté sur des mesures ciblées, avec des chèques directs aux ménages, l'extension des prêts aux petites et moyennes entreprises, et "voir un plan de sauvetage des compagnies aériennes", mais indépendamment d'un plan plus large.

Contradictions

Nancy Pelosi, la responsable démocrate à la Chambre des représentants, qui mène les négociations avec le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin, a averti, elle, qu'il était hors de question que les aides au transport aérien ne soient dissociées d'un plan de relance plus large.

Mme Pelosi et M. Mnuchin se sont entretenu pendant 40 minutes jeudi après-midi, a écrit sur Twitter le porte-parole de la première, précisant que l'objet de cette conversation était de "déterminer s'il exist(ait) ou non une chance de trouver rapidement un accord sur un plan large".

Selon lui, Steven Mnuchin "a été très clair sur le fait que le président veut un accord de ce type", ce qui, "malheureusement (...) a contredit" les propos de la directrice de la communication de la Maison Blanche.

Les aides au secteur aérien doivent permettre d'éviter les dizaines de milliers de licenciements annoncés par les compagnies.

Les transporteurs aériens sont confrontés à une chute de leur activité depuis le début de la pandémie. De nombreuses restrictions de voyage à l'international sont toujours en place et ils peinent à faire revenir les passagers domestiques dans leurs avions alors que la pandémie n'est pas terminée.

A moins de quatre semaines de l'élection, ces licenciements massifs jetteraient une nouvelle ombre sur le bilan de Donald Trump, en campagne pour sa réélection et déjà distancé dans les sondages face à son concurrent démocrate, Joe Biden.

Wall Street au plus haut

La Bourse, chère à Donald Trump, semblait pourtant croire en un accord, et Wall Street a terminé la journée dans le vert, le Dow Jones étant même au plus haut en plus d'un mois. Même les compagnies aériennes ont résisté.

L'adoption de ce nouveau plan d'aides est devenu un enjeu électoral important, chaque camp craignant que l'autre s'en attribue le mérite. Pourtant, ces aides sont essentielles pour permettre à la première économie du monde de se relever des dégâts causés par le Covid-19. Elles doivent apporter de l'argent frais dans les caisses des petites entreprises pour payer leurs salariés et éviter la faillite.

Pour les ménages les plus vulnérables, qui peinent à payer leurs loyers et factures, un nouveau chèque serait une bouffée d'oxygène. L'aide directe permettrait aussi de stimuler les dépenses de consommation, moteur de croissance traditionnel.

Avant la pandémie, l'économie était l'atout majeur de Donald Trump. Mais depuis, la donne a changé. Et le taux de chômage, de 7,9% en septembre, n'a jamais été aussi élevé à l'approche d'une élection présidentielle américaine. Le pays compte près de 11 millions de chômeurs, et même 25 millions en ajoutant ceux qui ne sont pas éligibles aux allocations chômage mais touchent une aide après avoir vu leurs revenus chuter.


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
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  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.