La Russie serre la vis à l'intérieur en pleine invasion de l'Ukraine

Selon l'ONG OVD-Info, plus de 8 000 personnes ont été arrêtées en Russie pour avoir manifesté, notamment à Moscou et Saint-Pétersbourg, contre l'invasion de l'Ukraine depuis le 24 février. (Photo, AFP)
Selon l'ONG OVD-Info, plus de 8 000 personnes ont été arrêtées en Russie pour avoir manifesté, notamment à Moscou et Saint-Pétersbourg, contre l'invasion de l'Ukraine depuis le 24 février. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 04 mars 2022

La Russie serre la vis à l'intérieur en pleine invasion de l'Ukraine

  • Les autorités russes ont restreint vendredi l'accès aux sites de quatre médias indépendants, dont l'édition locale de la BBC
  • Mémorial a annoncé que des perquisitions étaient en cours dans ses locaux à Moscou, faisant craindre une fermeture effective de l'ONG

MOSCOU : La Russie a mis vendredi sur les rails de lourdes sanctions pénales en cas de distribution d'"informations mensongères sur l'armée", dernière illustration du tour de vis intérieur qui accompagne l'invasion de l'Ukraine.

La chambre basse du Parlement (Douma) a adopté à l'unanimité un amendement qui prévoit diverses peines pouvant aller jusqu'à quinze ans de prison en cas de propagation d'informations visant à "discréditer" les forces armées.

Un amendement séparé, lui aussi adopté vendredi, prévoit par ailleurs des sanctions pour les "appels à imposer des sanctions à la Russie", pays confronté à de dures mesures de rétorsion occidentales pour son invasion de l'Ukraine.

Ces textes, qui s'appliquent à la fois aux médias et aux particuliers, doivent être approuvés par la chambre haute dès vendredi, permettent aux autorités de renforcer leur arsenal dans la guerre de l'information qu'elles mènent en parallèle de la guerre en Ukraine.

Le président de la commission pour la politique d'information de la Douma, Alexandre Khinchtein, a indiqué que la "loi concerne tous les citoyens, et pas seulement ceux de Russie", selon l'agence Interfax.

Afin de contrôler le récit qu'elles font de ce conflit à la population russe, les autorités ont également accentué la pression sur les quelques médias indépendants qui avaient réussi de travailler ces dernières années malgré un climat hostile.

Le réseau social Facebook, basé aux Etats-Unis, était lui aussi par moment difficilement accessible depuis la Russie.

La veille, l'emblématique station de radio Ekho Moskvy (Echo de Moscou) avait annoncé sa dissolution et la chaîne de télévision indépendante Dojd la suspension de son activité, après le blocage de leurs sites.

Le site d'information Znak a suivi cet exemple et lui aussi annoncé vendredi l'arrêt de son travail "à cause du grand nombre de restrictions qui sont récemment apparues dans le fonctionnement des médias en Russie".

Le site The Village, une référence sur l'agenda culturel à Moscou, a de son côté pris la décision de fermer son bureau dans la capitale russe pour se délocaliser à Varsovie, en Pologne.

Accès restreint aux médias BBC, Deutsche Welle, Meduza et Svoboda

Les autorités russes ont restreint vendredi l'accès aux sites de quatre médias indépendants, dont l'édition locale de la BBC, renforçant encore leur contrôle sur l'information une semaine après le début de l'invasion de l'Ukraine.

Selon le régulateur russe des médias (Roskomnadzor), l'accès aux sites des éditions russophones de la BBC et de la radio-télévision internationale allemande Deutsche Welle (DW), du site indépendant Meduza et de Radio Svoboda, antenne russe de RFE/RL, a été "limité".

Roskomnadzor indique que ces décisions ont été prises à la demande du parquet le 24 février, soit le jour du déclenchement de l'invasion de l'Ukraine par Vladimir Poutine.

Vendredi matin, les pages d'accueil de la BBC et de Deutsche Welle s'ouvraient par intermittence, mais certains articles consacrés à la guerre en Ukraine étaient inaccessibles, ont constaté des journalistes de l'AFP à Moscou.

Les pages d'accueil de Meduza et de Svoboda étaient complètement inaccessibles.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, GlobalCheck, service de veille contre la censure sur internet, avait déjà constaté des problèmes pour accéder à ces sites, ainsi qu'au réseau social Facebook, qui tourne au ralenti depuis plusieurs jours en Russie.

Deutsche Welle, RFE-RL et le service russophone de la BBC sont financés respectivement par Berlin, Washington et Londres. En Russie, leurs journalistes publient régulièrement des enquêtes critiques du Kremlin.

Le mois dernier, Deutsche Welle avait été interdit en Russie et ses reporters contraints d'arrêter de travailler. Mais son site continuait de fonctionner.

La BBC a indiqué dans un communiqué "poursuivre ses efforts pour que BBC News soit disponible en Russie": "Avoir accès à des informations précises et indépendantes est un droit humain fondamental qui ne doit pas être refusé au peuple russe, dont des millions de personnes comptent sur BBC News chaque semaine".

Le site d'information de la BBC en russe a vu son audience plus que tripler, à 10,7 millions en moyenne hebdomadaire depuis le début de l'invasion, par rapport à la même période l'an dernier.

Le nombre de visiteurs en Russie sur le site en anglais bbc.com a lui bondi de 252% à 423 000 la semaine dernière.

Perquisitions à Mémorial

Ces fermetures et délocalisations tous azimuts arrivent après une année particulièrement dure pour les médias indépendants, l'opposition politique et la société civile.

Nombre de publications et de journalistes ont en effet été affublés de l'étiquette "agent de l'étranger", qui les soumet notamment à de lourdes procédures administratives et des poursuites en cas de manquement même minime.

Le principal opposant du Kremlin, Alexeï Navalny, a été emprisonné après avoir survécu de justesse à un empoisonnement, et son mouvement démantelé.

Et la justice a prononcé en décembre la dissolution de l'emblématique ONG Mémorial, pilier de la défense des droits humains et gardienne de la mémoire des millions de victimes des crimes de l'URSS, une décision confirmée en appel lundi.

Vendredi, Mémorial a annoncé que des perquisitions étaient en cours dans ses locaux à Moscou, faisant craindre une fermeture effective de l'ONG.

L'ONG d'aide aux migrants "Assistance civique" a elle aussi indiqué vendredi que la police fouillait ses locaux.

Les motifs de ces descentes étaient inconnus dans l'immédiat.

Manifestants arrêtés

En outre, selon l'ONG OVD-Info, plus de 8 000 personnes ont été arrêtées en Russie pour avoir manifesté, notamment à Moscou et Saint-Pétersbourg, contre l'invasion de l'Ukraine depuis le 24 février, jour de son déclenchement.

Si cette répression tous azimuts touche d'abord les Russes, des voix s'en prennent aussi aux organisations étrangères.

Le président de la Douma, Viatcheslav Volodine, a ainsi attaqué vendredi les réseaux sociaux américains, estimant qu'ils étaient "utilisés comme des armes" pour propager "la haine et les mensonges". "Nous devons nous y opposer", a-t-il dit.

Valéri Fadeev, président du Conseil des droits de l'Homme auprès du Kremlin, a également accusé les médias étrangers de propager de fausses informations sur le conflit en Ukraine.

"Nous avons lancé un projet (...) pour contrer la quantité énorme de fausses informations qui émanent de l'Ukraine et des pays occidentaux", a-t-il déclaré.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.