Présidentielle: tous contre Macron pour qui «rien n'est écrit»

Dans cette photo d'archive prise le 16 décembre 2020, on voit le président français Emmanuel Macron alors qu'il s'adresse à la presse.(AFP)
Dans cette photo d'archive prise le 16 décembre 2020, on voit le président français Emmanuel Macron alors qu'il s'adresse à la presse.(AFP)
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Publié le Samedi 05 mars 2022

Présidentielle: tous contre Macron pour qui «rien n'est écrit»

  • A 37 jours du premier tour les prétendants à l'Elysée tentent de se positionner comme celui ou celle qui sera seul capable de battre M. Macron au second tour
  • L'opposition fustige une entrée en campagne tardive et réclame de débattre

PARIS : Maintenant qu'Emmanuel Macron est candidat, ses adversaires à la présidentielle recherchent vendredi la parade face à un "président de crise" au plus haut dans les sondages mais qui joue sur la prudence en soulignant que "rien n'est écrit".

A 37 jours du premier tour, l'horizon de cette campagne qui sera express s'est éclairci et les prétendants à l'Elysée tentent de se positionner comme celui ou celle qui sera seul capable de battre M. Macron au second tour, dénonçant le bilan de son quinquennat.

Mais la tâche n'est pas aisée.

S'en prendre à la légitimité d'un président en pleine guerre sur le continent européen limite la marge de manoeuvre des candidats. D'autant qu'il bénéficie de sa stature de chef de l'Etat ayant eu à gérer, avec succès selon les sondeurs, deux autres crises, les "gilets jaunes" et la pandémie de Covid. 

Pour le président, l'un des défis est de ne pas crier victoire trop tôt ou de faire les frais d'une démobilisation des Français alors que la crainte d'une abstention record en avril persiste.

"La situation est hyper instable avec le contexte. On va subir un agenda qui va tout écraser. On ne veut pas dire que l'élection est faite. Mais il n'a pas besoin d'en faire trop", confie un ministre à l'AFP.

"Rien n'est écrit", a affirmé pour sa part le président dans sa première vidéo comme candidat, en assurant qu'il allait "convaincre, proposer, être attaqué et répondre à la controverse" durant la campagne malgré l'impact de la guerre en Ukraine.

Pour lui, l'élection des 10 et 24 avril n'est "pas du tout pliée" et s'annonce même "aussi intimidante" que celle de 2017, lorsqu'il avait été élu à 39 ans sans jamais avoir exercé de mandat.

M. Macron entre en campagne porté par un bond dans les sondages réalisés avant l'annonce de sa candidature. Il grimpe dans les intentions de vote en 15 jours, pour atteindre 28-29% au premier tour de la présidentielle, loin devant Marine Le Pen (RN) à 16-17%, Valérie Pécresse (LR) et Eric Zemmour (Reconquête!).  

Référendum

L'opposition fustige une entrée en campagne tardive et réclame de débattre.

Valérie Pécresse a ainsi réclamé vendredi un débat télévisé "absolument nécessaire". Selon elle, le président sortant "ne peut pas aujourd'hui se mettre au-dessus du peuple et ne pas venir dans l'arène pour débattre".

Le patron LR de la région Auvergne Rhône Alpes, Laurent Wauquiez, a  dénoncé devant des élus locaux un président "à la fois monarchique et dictateur" avant de retirer ses propos.

Pour le président par intérim du Rassemblement national Jordan Bardella, la présidentielle "revêt un enjeu de civilisation et prend la forme d'un référendum à la question extrêmement simple +pour ou contre Macron+".

De son côté, le candidat d'extrême droite Eric Zemmour, chahuté par une quinzaine de personnes criant "Zemmour collabo" lors de son passage au salon de l'Agriculture, a déploré que la guerre en Ukraine "détourne l'attention des sujets majeurs pour la France dans les cinq ans qui viennent". 

M. Zemmour a été par ailleurs condamné vendredi pour "contrefaçon de droits d'auteur" après l'utilisation non autorisée d'images de films dans son clip d'annonce de candidature, une décision dont il va faire appel.

Et plusieurs comptes Twitter liés à sa campagne, ainsi qu'à celle de Marine Le Pen, ont été suspendus pendant une heure environ vendredi, un porte-parole du réseau social évoquant "une erreur".

Rififi chez les Verts 

Pendant ce temps, chez les Verts, les dissensions éclatent au grand jour avec l'exclusion de la finaliste de la primaire écologiste Sandrine Rousseau de l'équipe de campagne de Yannick Jadot pour des propos au vitriol sur sa stratégie. 

Pour M. Jadot, "c'est une forme de clarification après des semaines et des semaines de parasitage".

Selon la moyenne des sondages, le candidat écologiste, dont la campagne patine, est crédité d'environ 5% des intentions de vote.

Le suspense est en revanche pratiquement levé dans la course aux parrainages d'élus nécessaires pour se présenter.

Les prétendants à l'Elysée avaient jusqu'à vendredi 18H00 pour transmettre leurs signatures au Conseil constitutionnel. Et ce dernier annoncera lundi la liste définitive des candidats qui seront en lice le 10 avril lors du premier tour.

Les derniers doutes concernent le candidat d'extrême gauche Philippe Poutou (NPA), qui assure avoir obtenu les 500 parrainages. Il en dispose 439 au dernier décompte publié jeudi. 

"Ce n'est pas encore officiel, mais on a arraché cette place", a-t-il déclaré à l'AFP. Si M. Poutou obtenait les 500 signatures, il y aurait 12 candidats sur la ligne de départ, comme en 2017. 


Budget, rentrée politique: Bayrou tiendra une conférence de presse lundi

Le Premier ministre français, François Bayrou, visite un poste de commandement de terrain à Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse, dans le sud de la France, où un incendie de forêt a ravagé une vaste zone, le 6 août 2025. (AFP)
Le Premier ministre français, François Bayrou, visite un poste de commandement de terrain à Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse, dans le sud de la France, où un incendie de forêt a ravagé une vaste zone, le 6 août 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre François Bayrou fait face à une rentrée politique tendue : un budget 2026 très critiqué et une opposition menaçant de renverser son gouvernement via une motion de censure
  • Malgré les tensions, Emmanuel Macron lui réaffirme son soutien, tandis que le gouvernement entame une série de concertations sociales et politiques pour tenter d’apaiser la situation

PARIS: Le premier ministre François Bayrou tiendra une conférence de presse lundi à 16H00, a annoncé samedi Matignon, alors que le chef du gouvernement aborde une rentrée politique très délicate, marquée par la préparation du budget 2026 et les appels à bloquer le pays le 10 septembre.

François Bayrou est notamment menacé d'une motion de censure depuis la présentation à la mi-juillet d'orientations budgétaires prévoyant près de 44 milliards d'euros d'économies l'an prochain.

"A la rentrée, il y aura forcément une confrontation entre le réel et les idéologies", a-t-il déclaré cette semaine à l'AFP après avoir passé un été studieux à Paris.

Le Premier ministre a préparé cette rentrée politique lors d'un dîner avec Emmanuel Macron, jeudi dernier dans la résidence présidentielle de vacances du fort de Brégançon.

Le chef de l'Etat lui a publiquement exprimé son soutien, dans une interview publiée par Paris Match.

François Bayrou "est mon ami... mon compagnon de route. Il a les capacités pour tenir ce gouvernement qui n'est pas habituel", a-t-il expliqué, jugeant son plan d'économies budgétaires "lucide et courageux".

Mais la France insoumise (LFI) a fait savoir qu'elle déposerait une motion de censure dès le 23 septembre, à reprise des débats à l'Asemblée nationale. Les autres partis de gauche, en particulier les socialistes, semblent prêt à la voter si les propositions de François Bayrou n'évoluent pas, et le Rassemblement national en fait aussi planer la menace.

Le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon a appelé vendredi à transformer en "grève générale" les appels à bloquer le pays le 10 septembre, lancés au départ sur les réseaux sociaux.

"Il nous faut la grève générale le 10 septembre parce que le 23 septembre, nous déposerons la motion de censure pour faire tomber le gouvernement de M.Bayrou", a-t-il lancé.

Le gouvernement de son côté va relancer les concertations lundi avec les partenaires sociaux, dans un premier temps, puis avec les forces politiques représentées au Parlement.

La ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet recevra à partir de lundi les organisations syndicales et patronales avant l'ouverture d'une négociation sur la "modernisation du marché du travail" et la "qualité du travail", selon son ministère.

Cette négociation est la troisième à laquelle François Bayrou veut inviter les partenaires sociaux, après celle sur une nouvelle réforme de l'assurance chômage et une autre sur la suppression de deux jours fériés, l'une de ses propositions budgétaires les plus contestées.

Par ailleurs, plusieurs ministres reprendront les discussions avec les groupes parlementaires de la coalition soutenant le gouvernement et ceux de l'opposition "au cours des deux semaines qui viennent", a indiqué à l’AFP le ministre des Relations avec le Parlement Patrick Mignola.


La rentrée de Radio France lundi menacée par une grève illimitée

Vue du siège de Radio France à Paris, le 8 juillet 2025. (AFP)
Vue du siège de Radio France à Paris, le 8 juillet 2025. (AFP)
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  • Les syndicats de Radio France ont déposé un préavis de grève illimitée à partir de lundi, protestant contre plusieurs réformes
  • Malgré des négociations, aucune concession majeure n’a été faite, mais la direction et les syndicats souhaitent trouver un accord rapidement pour préserver les programmes

PARIS: A Radio France, la rentrée s'annonce agitée: vent debout contre des projets de réorganisation, les syndicats appellent à une grève illimitée à partir de lundi, qui pourrait perturber les antennes du groupe public, dont la matinale de France Inter, la première du pays.

A la radio, les grilles de rentrée reprennent dès lundi, après la parenthèse estivale et avant celles des télévisions. La matinale d'Inter doit accueillir ce jour-là les premiers pas de sa recrue vedette, Benjamin Duhamel.

Le transfuge de BFMTV rejoint la voix principale de la matinale, Nicolas Demorand, après le départ de Léa Salamé pour le 20h00 de France 2.

Le préavis de grève illimitée a été déposé le 11 juillet par les syndicats CFDT, CGT, FO, SNJ, SUD et UNSA.

Ils rejettent plusieurs réformes voulues par la patronne du groupe, Sibyle Veil. Parmi elles, l'arrêt de la radio Mouv' sur la FM, des changements éditoriaux au sein d'Ici (ex-France Bleu, le réseau des radios locales publiques) et l'arrêt d'émissions d'investigation et de reportage.

"Madame la présidente (...), pour la première fois de notre histoire récente, la rentrée radiophonique pourrait ne pas avoir lieu", ont menacé les syndicats dans un communiqué commun jeudi.

Des discussions menées vendredi avec la direction n'ont pas abouti à la levée du préavis.

"Pour l'heure, la direction refuse la moindre concession ou de revenir sur les projets les plus néfastes pour les équipes et les antennes", ont déploré les syndicats dans un communiqué vendredi soir.

La direction du groupe a de son côté assuré samedi avoir "fait des propositions sur les différents sujets en cours de discussion, dans l'objectif d'une levée du préavis".

"Ceci n'ayant pas abouti ce jour, la direction se tient prête à la poursuite des négociations au plus vite: rendez-vous a été conjointement fixé lundi. Il y a, des deux côtés, une volonté de sortir de la situation au plus vite, dans l'intérêt des auditeurs", a-t-elle poursuivi.

Une première grève, très suivie, avait eu lieu du 26 au 29 juin.

Elle avait immédiatement été suivie d'une deuxième, mais pour un motif différent. Il s'agissait de protester contre le projet de réforme de l'audiovisuel public porté par la ministre de la Culture, Rachida Dati. Il prévoit de créer une holding, France Médias, qui chapeauterait France Télévisions, Radio France et l'INA (Institut national de l'audiovisuel).

Après un parcours parlementaire heurté, ce texte devrait revenir à l'Assemblée nationale à l'automne. Il a été adopté en juillet par le Sénat, où les débats ont été écourtés par le choix de la ministre d'employer l'arme constitutionnelle du vote bloqué.

Selon les dernières mesures d'audience de Médiamétrie, publiées début juillet, Radio France a enregistré une saison 2024-2025 record sur plusieurs antennes et France Inter a augmenté son avance comme première radio du pays.


Paris convoque l'ambassadrice d'Italie après des propos "inacceptables" de Matteo Salvini

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  • La France a convoqué l’ambassadrice d’Italie, Emanuela D’Alessandro, pour dénoncer les propos du vice-Premier ministre italien Matteo Salvini, jugés contraires au climat de confiance entre les deux pays
  • Salvini avait suggéré qu’Emmanuel Macron "y aille lui-même" en Ukraine, casque et fusil, provoquant un tollé diplomatique

PARIS: La France a convoqué l'ambassadrice d'Italie en France, Emanuela D'Alessandro, "à la suite des propos inacceptables" tenus par le vice-Premier ministre italien Matteo Salvini à l'encontre du président Emmanuel Macron pour son soutien à l'envoi de troupes en Ukraine, a-t-on appris vendredi de source diplomatique.

"Il a été rappelé à l’ambassadrice [convoquée jeudi, NDLR] que ces propos allaient à l’encontre du climat de confiance et de la relation historique entre nos deux pays mais aussi des récents développements bilatéraux, qui ont mis en évidence des convergences fortes entre les deux pays, notamment s’agissant du soutien sans faille à l’Ukraine", a-t-on précisé de source diplomatique, confirmant une information de la radio France Inter.

Interrogé lors d'un déplacement à Milan sur un éventuel déploiement de soldats italiens en Ukraine après un arrêt des hostilités, comme la France et le Royaume-Uni envisagent de le faire, Matteo Salvini avait suggéré qu'Emmanuel Macron "y aille lui-même" en mettant un casque et prenant un fusil.

Le chef du parti antimigrants Lega, proche de la cheffe de l'extrême droite française Marine Le Pen, avait déjà qualifié en mars le président français de "fou", l'accusant de pousser l'Europe à la guerre avec la Russie.

La France et le Royaume-Uni, qui ont pris la tête d'une "coalition des volontaires", envisagent de déployer des contingents en Ukraine comme garantie de sécurité pour prévenir une reprise des hostilités une fois qu'un cessez-le-feu ou un accord de paix aura été conclu entre Kiev et Moscou.

La Première ministre italienne Giorgia Meloni de son côté s'y refuse.