PARIS: Au dixième jour de leur invasion de l'Ukraine, les forces russes poursuivent samedi leur avancée dans le pays, mais rencontrent toujours une résistance acharnée des Ukrainiens dans leurs tentatives de prendre des villes stratégiques.
La capitale Kiev reste sous contrôle ukrainien, tout comme Kharkiv (Est) et ce malgré d'intenses bombardements russes. Les troupes russes ont pris Kherson (dans le Sud) et ont encerclé plusieurs centres urbains de la région.
Voici un point de la situation, bâti à partir d'éléments des journalistes de l'AFP sur place et de services d'urgence ainsi que de déclarations ukrainiennes et russes, de sources occidentales, d'analystes et d'organisations internationales. La Russie pour sa part communique très peu sur son offensive.
L'Est
Kharkiv, deuxième ville d'Ukraine (1,4 million d'habitants), à 50 km de la frontière russe (Est), était toujours samedi aux mains des Ukrainiens malgré des bombardements intenses, selon des observateurs occidentaux.
Les forces russes mènent aussi une offensive à travers les territoires séparatistes prorusses de Donetsk et Lougansk, mais il n'était pas possible dans l'immédiat de savoir jusqu'à quel point exactement elles avaient avancé.
Les combats ont été intenses autour et à l'intérieur de la ville de Sumy (Nord-Est), où Kiev affirme que les forces russes ont procédé à de lourds bombardements, alors que des efforts sont en cours pour extraire les étudiants étrangers.
Kiev et le Nord
Kiev reste sous contrôle ukrainien, malgré d'intenses bombardements. Des observateurs occidentaux ont relevé la présence d'une colonne de véhicules russes forte de centaines de véhicules stationnés au nord de la capitale, près de l'aéroport de Gostomel.
De violents affrontements ont eu lieu dans les environs de Gostomel mais la colonne n'a que peu avancé ces derniers jours.
L'Ukraine garde également le contrôle de Tcherniguiv, au nord de Kiev, dont le centre-ville a été dévasté par des bombardements russes vendredi. De nombreux civils y sont morts ces derniers jours.
Le Sud
L'Ukraine a reconnu cette semaine que la Russie avait pris le contrôle de Kherson, la première ville significative capturée par Moscou.
La Russie assiège la ville portuaire de Marioupol (sud-est), qui est toujours sous contrôle ukrainien. Une évacuation des civils, qui devait commencer en fin de matinée, a été reportée car les forces russes continuent de bombarder la ville, ont déclaré les autorités locales, ce que le pouvoir russe a d'abord nié, avant d'annoncer avoir repris son "offensive" depuis 15H00 GMT.
Marioupol est une ville d'importance stratégique pour la Russie. Sa prise permettrait en effet, à l'Est, la jonction entre les forces russes venues de la Crimée annexée, qui ont déjà pris les ports clés de Berdiansk et Kherson, et les troupes séparatistes et russes dans le Donbass.
Et à ces forces consolidées de remonter vers le Nord et pousser encore plus leurs troupes vers le centre et le Nord.
La ville portuaire d'Odessa reste sous contrôle ukrainien. Elle est pour l'instant épargnée par les combats. Mais des craintes ont émergé sur une possible attaque et le débarquement de soldats russes actuellement stationnés sur des navires de guerre au large dans la mer Noire.
Le ministère de la Défense britannique estime que les forces russes avancent vraisemblablement vers Mykolaïv, à l'est d'Odessa, mais qu'il y a une "possibilité réaliste" qu'elles contournent cette ville et priorisent Odessa.
L'Ouest
L'Ouest de l'Ukraine est pour l'instant largement épargné par les combats. Sa plus grande ville, Lviv, est devenue un hub pour les missions diplomatiques étrangères, les journalistes et les Ukrainiens cherchant à se mettre en sécurité ou à fuir dans un pays voisin.
Victimes
La Russie a affirmé mercredi que 498 de ses militaires avaient été tués en Ukraine, selon le premier bilan annoncé de ses pertes dans cette guerre, qui n'a pas été actualisé depuis.
L'Ukraine et des observateurs occidentaux affirment de leur côté que ce bilan est largement sous-évalué. Kiev affirme que plus de 9.000 soldats russes ont été tués.
Mercredi, l'ONU a affirmé avoir comptabilisé la mort de 230 civils en Ukraine, dont 15 enfants, prévenant que ce bilan était susceptible d'être beaucoup plus élevé.
Réfugiés
Les conséquences en chaîne de ce conflit continuent de s'aggraver. Plus de 1,37 million de réfugiés ont déjà fui l'Ukraine depuis l'invasion du pays le 24 février, dont environ la moitié ont été accueillis en Pologne, selon le dernier décompte du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).