Ukraine: le Conseil de sécurité de l'ONU observateur actif faute de mieux

Un manifestant tient une pancarte lors d'une manifestation de soutien à l'Ukraine et pour protester contre l'invasion du pays par la Russie, sur la place Plaza Catalunya à Barcelone, le 6 mars 2022. (AFP)
Un manifestant tient une pancarte lors d'une manifestation de soutien à l'Ukraine et pour protester contre l'invasion du pays par la Russie, sur la place Plaza Catalunya à Barcelone, le 6 mars 2022. (AFP)
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Publié le Dimanche 06 mars 2022

Ukraine: le Conseil de sécurité de l'ONU observateur actif faute de mieux

  • Après cinq réunions depuis l'invasion le 24 février, les 15 membres du Conseil se retrouvent lundi pour deux rencontres sur l'aide humanitaire
  • Texte fondateur de l'Organisation après la deuxième guerre mondiale, la Charte des Nations Unies ne peut évincer l'un de ses piliers violant son principe fondamental de ne pas recourir à la force pour régler une crise

NATIONS UNIES: Impuissant à garantir la paix dans le monde, le Conseil de sécurité de l'ONU est condamné à jouer les observateurs actifs de la guerre russe en Ukraine et multipliera à nouveau cette semaine les sessions d'urgence. Faute de mieux.


Après cinq réunions depuis l'invasion le 24 février, les 15 membres du Conseil se retrouvent lundi pour deux rencontres sur l'aide humanitaire, l'une publique, l'autre dans la foulée à huis clos, illustrant une mobilisation appelée à se poursuivre.


"Exposer la situation au Conseil de sécurité, même si vous savez que le résultat va être arrêté par un veto, vaut toujours la peine", affirme l'ambassadeur de l'Union européenne à l'ONU, le Suédois Olaf Skoog.


"Pression, pression...", abondent auprès de l'AFP plusieurs membres du Conseil, parfois rivaux pour convoquer des sessions, avec un attelage américano-albanais, premier à avoir activé le Conseil, et un deuxième franco-mexicain poussant l'idée d'une résolution à l'avenir flou.

Ukraine: Bennett veut continuer sa médiation même si peu d'espoir de succès

Le Premier ministre israélien Naftali Bennett a affirmé dimanche que ses efforts de médiation dans la guerre entre la Russie et l'Ukraine étaient "un devoir moral" même s'il y avait peu de chances de réussite.


M. Bennett a tenu ces propos lors de la réunion hebdomadaire de son gouvernement à Jérusalem, quelques heures après rencontre à Moscou avec le président Vladimir Poutine, un déplacement à Berlin et des appels téléphoniques avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky.


"Même s'il y a peu de chances de réussite, tant qu'il y a une ouverture et que nous avons accès aux deux parties et la capacité (d'agir), je vois comme un devoir moral de tout tenter", a affirmé le Premier ministre israélien.


"Tant qu'il reste un espoir, nous devons faire des efforts et il est peut-être encore temps d'agir", a-t-il ajouté.


M. Bennett a ajouté qu'il ne donnerait pas plus de détails sur les discussions avec les deux protagonistes.


Le Premier ministre israélien s'est envolé samedi pour Moscou où il a rencontré Vladimir Poutine pendant "environ trois heures", selon ses services. Il s'agissait de la première visite en Russie d'un dirigeant étranger, liée à l'invasion russe de l'Ukraine lancée le 24 février.


Il s'est ensuite entretenu au téléphone avec Volodymyr Zelensky avant de se rendre à Berlin pour rencontrer le chancelier Olaf Scholz. 


Le bureau de M. Bennett a précisé dimanche matin qu'il s'était entretenu trois fois au téléphone ces dernières 24 heures avec Volodymyr Zelensky, un juif qui dit avoir de la famille en Israël.

Avec son droit de veto, la Russie, l'un des cinq membres permanents du Conseil (qui compte aussi dix membres élus pour deux ans), a le pouvoir de bloquer toute déclaration ou résolution. Et rien ne pourra y changer.


Texte fondateur de l'Organisation après la deuxième guerre mondiale, la Charte des Nations Unies ne peut évincer l'un de ses piliers violant - comme en est accusé Moscou - son principe fondamental de ne pas recourir à la force pour régler une crise.


Des cas sont pourtant prévus par la Charte pour libérer l'action du Conseil de sécurité.


L'article 27 stipule ainsi qu'un membre du Conseil puisse s'abstenir de voter lorsqu'il est partie à un conflit sur lequel porte le scrutin. Dans la pratique, c'est exclu.


La Russie ne s'est jamais abstenue de participer à un vote sur la Syrie (utilisant son veto une quinzaine de fois en dix ans), pas plus que les Etats-Unis ou le Royaume-Uni sur l'Irak ou la France sur le Mali.

Erdogan appelle Poutine, réclame un «cessez-le-feu général urgent»

Le président turc Recep Tayyip Erdogan s'est entretenu dimanche au téléphone avec son homologue russe Vladimir Poutine auquel il a réclamé un "cessez-le-feu général urgent" en Ukraine, selon un communiqué de la présidence turque.


Les deux chefs d'Etat se sont entretenus à quelques jours du Forum diplomatique d'Antalya, prévu du 11 au 13 mars dans le sud de la Turquie, auquel le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov doit participer.


La Turquie espère aussi accueillir le ministre ukrainien des Affaires étrangères pour favoriser une rencontre entre les chefs de la diplomatie des deux pays.


"Un cessez-le-feu urgent et général permettra de rechercher une solution politique et de répondre aux inquiétudes humanitaires", a affirmé le chef de l'Etat turc.


Il a également réclamé l'ouverture "urgente" de couloirs humanitaires en Ukraine. 


"Ouvrons ensemble de la voie de la paix", a M. Erdogan à son homologue russe, selon la présidence turque.


Ankara est "prêt à apporter sa contribution sous toutes les formes à la résolution pacifique de la question" a-t-il ajouté.


Selon les médias officiels turcs, l'entretien téléphonique entre les deux présidents a duré une heure.

«Privilège»

"Il n'y a pas vraiment d'appétit" pour appliquer l'article 27, admet un ambassadeur occidental sous couvert d'anonymat. 


Un porte-parole du Premier ministre britannique Boris Johnson a récemment affirmé que l'expulsion de la Russie du Conseil de sécurité figurait parmi les "options". En réalité "non", rétorque un diplomate requérant aussi l'anonymat.


L'article 6 de la Charte prévoit que "si un membre de l'Organisation enfreint de manière persistante les principes" de ce document, "il peut être exclu de l'Organisation par l'Assemblée générale sur recommandation du Conseil de sécurité".


La problématique est là: la Russie, dotée du veto, ne recommandera jamais à l'Assemblée (193 membres) sa propre exclusion...


Dans l'Histoire de l'ONU, une seule tentative est recensée en 1974, lorsque plusieurs pays avaient tenté au Conseil de sécurité d'exclure l'Afrique du Sud, selon le média spécialisé SCP. Leur résolution avait recueilli 10 voix pour mais la France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis avaient mis leur veto, précise-t-il.

Ukraine: de hauts responsables américains se sont rendus au Venezuela

De hauts responsables américains se sont rendus au Venezuela samedi pour rencontrer le gouvernement de Nicolas Maduro, Washington cherchant à isoler la Russie alors que la guerre fait rage en Ukraine, a rapporté le New York Times. 


L'invasion de l'ancienne république soviétique par Moscou a poussé les États-Unis à accorder une plus grande attention aux alliés du président russe Vladimir Poutine en Amérique latine, a indiqué le journal, citant des sources anonymes au fait de la question. 


Les porte-parole des administrations du président américain Joe Biden et de M. Maduro n'ont pas répondu aux demandes de commentaires de l'AFP. 


Les États-Unis ont coupé les liens diplomatiques avec le Venezuela après la réélection du président Maduro en 2018 lors d'un vote largement considéré comme frauduleux. 


Washington a ensuite reconnu le chef de l'opposition Juan Guaido, alors président du Parlement, lorsqu'il s'est déclaré président par intérim en janvier 2019. 


Les États-Unis ont imposé une batterie de sanctions à Caracas pour tenter de forcer Maduro à quitter le pouvoir. 


L'une des mesures, mise en œuvre en avril 2019, empêche le Venezuela de vendre son pétrole brut - qui représentait 96% des revenus du pays - sur le marché américain.


Selon le New York Times, la visite actuelle à Caracas de hauts responsables du département d'État et de la Maison Blanche est également liée à l'intérêt présumé de Washington de remplacer une partie du pétrole qu'il achète actuellement à la Russie par le pétrole qu'il a cessé d'acheter au Venezuela. 


La Maison Blanche a indiqué vendredi qu'elle examinait comment réduire les importations de pétrole russe à la suite de l'invasion de l'Ukraine sans nuire aux consommateurs américains et tout en maintenant l'approvisionnement mondial. 


Les États-Unis ont signalé le mois dernier qu'ils seraient disposés à revoir leur politique de sanctions à l'égard du Venezuela si les pourparlers entre le gouvernement de Maduro et l'opposition - lancés en août mais suspendus depuis octobre - progressent. 

"Les membres permanents (qui incluent aussi la Chine) ne sont pas toujours d'accord sur le fond mais ils se protégent les uns les autres avec un privilège qui les met au-dessus du lot", déplore le même ambassadeur occidental.


Sous l'impulsion de l'UE, l'Assemblée générale, où le veto n'existe pas, a suppléé le 2 mars la défaillance du Conseil de sécurité en adoptant une résolution condamnant la Russie. Un record historique de 141 pays de tous les continents ont approuvé ce texte non contraignant, 5 s'y opposant: Russie, Belarus, Erythrée, Syrie et Corée du Nord.


Au-delà du Conseil et de l'Assemblée, l'ONU compte d'autres composantes pour tenter de limiter les ravages de la guerre.


Son secrétaire général, Antonio Guterres, qui dénonce depuis longtemps les "dysfonctionnements" de la gouvernance mondiale, se démène en coulisses, propose sa médiation, mais la Russie refuse jusqu'à présent de le voir débarquer à Moscou, selon un responsable requérant l'anonymat.


Les Affaires humanitaires, le Haut commissariat aux Réfugiés ou le Programme alimentaire mondial sont appelés de leur côté à développer leur action, tandis que le Conseil des droits de l'homme a apporté récemment son soutien à la création d'une commission d'enquête internationale sur les exactions en Ukraine.


Une action en justice est engagée contre le gouvernement britannique à propos de la suspension du financement de l'UNRWA

Des Palestiniens reçoivent des sacs de farine au centre de distribution de l’UNRWA dans le camp de réfugiés de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. (AFP)
Des Palestiniens reçoivent des sacs de farine au centre de distribution de l’UNRWA dans le camp de réfugiés de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. (AFP)
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  • La société londonienne Bindmans LLP a envoyé une lettre de pré-action au Foreign, Commonwealth and Development Office au nom d’un britannique d'origine palestinienne souhaitant protéger les membres de sa famille, qui sont des réfugiés enregistrés auprès d
  • De récentes analyses d’experts ont indiqué qu’une famine est imminente dans la région, avec plus d’un million de Palestiniens confrontés à la faim extrême.

LONDRES : Un cabinet d’avocats britannique conteste la décision du gouvernement britannique de suspendre le financement de l’Agence de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine au Proche-Orient, a déclaré mercredi le cabinet.

La société londonienne Bindmans LLP a envoyé une lettre de pré-action au Foreign, Commonwealth and Development Office au nom d’un britannique d'origine palestinienne souhaitant protéger les membres de sa famille, qui sont des réfugiés enregistrés auprès de l’UNRWA.

Les parents de cet homme, qui vivent dans le camp de réfugiés de Jabalia, dans le nord de Gaza, dépendent entièrement de l’aide fournie par l’UNRWA. Comme beaucoup d’autres, ils souffrent de graves pénuries de nourriture, d’eau et de produits de première nécessité.

La plainte de Bindman allègue que la décision du gouvernement pourrait violer ses obligations internationales, l’impliquant potentiellement dans les violations apparentes par Israël de la Convention sur le génocide et de l’article 1 commun de la Quatrième Convention de Genève.

Il est également soutenu que la décision contredit la Stratégie pour le développement international du FCDO et son Cadre humanitaire international.

De récentes analyses d’experts ont indiqué qu’une famine est imminente dans la région, avec plus d’un million de Palestiniens confrontés à la faim extrême.

Cela intervient après que huit rapporteurs spéciaux des Nations Unies ont souligné la grave crise alimentaire et hydrique à Gaza, déclarant que « chaque personne à Gaza a faim, un quart de la population meurt de faim et lutte pour trouver de la nourriture et de l’eau potable, et la famine est imminente ».

Le Royaume-Uni a décidé de mettre fin au financement le 27 janvier après que des responsables israéliens ont accusé 12 membres du personnel de l’UNRWA, sur un total de 30000, d’avoir participé aux attaques du 7 octobre contre Israël, sans fournir de preuves.

Les agences internationales, y compris les services de renseignement américains, ont remis en question les affirmations non fondées d’Israël.

Plus tôt en février, l’UNRWA a déclaré que certains employés libérés à Gaza après avoir été détenus par Israël avaient fait l’objet de pressions exercées par les autorités israéliennes pour qu’elles déclarent faussement que l’agence avait des liens avec le Hamas et que le personnel avait participé à des attaques.

Ces affirmations sont contenues dans un rapport examiné par Reuters, qui détaille les allégations de mauvais traitements dans la détention israélienne faites par des Palestiniens non identifiés, y compris plusieurs travaillant pour l’UNRWA.

Au cours des dix dernières années, au moins la moitié de l’aide du gouvernement britannique aux Palestiniens est passée par l’UNRWA, le plus grand fournisseur d’aide en Palestine.

Le Royaume-Uni n’a pas expliqué pourquoi il a retiré des fonds et n’a pas répondu au rapport intérimaire de l’ONU détaillant la réponse robuste de l’UNRWA aux allégations, a déclaré Bindman. Il a également souligné que d’autres pays alliés, comme le Canada et les États membres de l’UE, ont exprimé leur satisfaction à l’égard du rapport et se sont engagés à reprendre le financement.

Leur contestation judiciaire prétend que la décision de retirer le financement a été prise de façon illogique et sans tenir dûment compte des preuves, des obligations internationales ou des cadres décisionnels du FCDO.

Le demandeur souhaite que cette décision soit annulée et que le financement de l’UNRWA soit rétabli. Si le gouvernement ne rétablit pas le financement de l’UNRWA d’ici le 2 avril, un examen judiciaire sera lancé.

Le 26 janvier, un jour seulement avant la décision du gouvernement, la Cour internationale de justice a rendu une décision dans l’affaire Afrique du Sud c. Israël. Les juges se sont mis d’accord sur le risque plausible de génocide à Gaza et ont pris des mesures provisoires pour prévenir un préjudice irréparable aux droits des Palestiniens.

La suspension du financement a eu un impact significatif sur la capacité de l’UNRWA à opérer à Gaza, le chef de la politique étrangère de l’UE, Josep Borrell, mettant en garde contre l’effondrement financier potentiel de l’agence en 2024.

« La stratégie de développement international du gouvernement du Royaume-Uni établit quatre priorités, notamment « fournir une aide humanitaire vitale et travailler pour prévenir les pires formes de souffrance humaine », a déclaré Alice Hardy, associée chez Bindmans LLP.

« Compte tenu de la situation catastrophique à Gaza, y compris une famine imminente causée par l’homme, la décision en cours de cesser de financer l’UNRWA est non seulement moralement mauvaise, mais va à l’encontre de cette stratégie », a déclaré M. Hardy.

Jonathan Purcell, haut responsable des affaires publiques du Centre international de justice pour les Palestiniens, a déclaré : « Le gouvernement sait que l’UNRWA est le seul moyen efficace de fournir de l’aide humanitaire, et il devrait savoir qu’il n’a pas donné suffisamment de raisons pour expliquer comment ou pourquoi il a décidé de réduire le financement. Lorsque la décision de retirer des fonds a été prise, c’était illogique. Maintenant que Gaza est confrontée à la famine, c’est inadmissible. Le gouvernement doit rétablir le financement immédiatement s’il ne veut pas être complice des milliers de morts de faim et de soif qui risquent fort de se produire dans les mois à venir."

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Le nombre de migrants ayant traversé la Manche à un niveau record depuis janvier

Le navire des forces frontalières britanniques « Defender », transportant des migrants récupérés en mer alors qu'ils tentaient de traverser la Manche depuis la France, revient à la marina de Douvres, dans le sud-est de l'Angleterre, le 17 janvier 2024 (Photo, AFP).
Le navire des forces frontalières britanniques « Defender », transportant des migrants récupérés en mer alors qu'ils tentaient de traverser la Manche depuis la France, revient à la marina de Douvres, dans le sud-est de l'Angleterre, le 17 janvier 2024 (Photo, AFP).
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  • Selon des chiffres publiés mercredi par le ministère britannique de l'Intérieur, 4 644 personnes, toutes nationalités confondues, ont effectué cette périlleuse traversée au premier trimestre
  • En 2023, près de 30 000 migrants ont au total traversé illégalement la Manche

LONDRES: Plus de 4.600 migrants ont rejoint l'Angleterre par la Manche illégalement à bord de canots depuis le 1er janvier, un record pour les trois premiers mois de l'année malgré les promesses du gouvernement conservateur de mettre fin à ces dangereuses traversées.

Selon des chiffres publiés mercredi par le ministère britannique de l'Intérieur, 4.644 personnes, toutes nationalités confondues, ont effectué cette périlleuse traversée au premier trimestre, soit une augmentation de 23% par rapport à la même période l'année dernière (3.700).

Le dernier record avait été établi en 2022 avec 4.548 traversées entre début janvier et fin mars.

Rien que mardi, 338 personnes ont gagné les côtes anglaises dans ces embarcations, le plus souvent des canots pneumatiques chargés de dizaines de passagers.

Depuis le début de l'année, au moins sept migrants, dont une fillette de sept ans et un adolescent de 14 ans, sont morts en mer et sur un canal en tentant de rejoindre l'Angleterre.

"Il y a une prise de risque de plus en plus grande" et "l'année qui vient n'augure rien de bon", avait averti début mars l'association française d'aide aux migrants Utopia 56, selon laquelle le rythme de décès depuis le début de l'année atteint un niveau inédit depuis trois ans.

Depuis son arrivée à Downing Street il y a un an et demi, le Premier ministre Rishi Sunak a fait de la lutte contre l'immigration irrégulière l'une de ses priorités, martelant vouloir "stopper les bateaux".

Projet de loi contreversé

En 2023, près de 30.000 migrants ont au total traversé illégalement la Manche, un chiffre en forte baisse par rapport au record atteint en 2022 (45.000), que le gouvernement met en avant dans son bilan.

Toute progression des arrivées sur le sol britannique risque de fragiliser les conservateurs à quelques mois des élections législatives, pour lesquelles l'opposition travailliste est donnée largement en tête dans les sondages.

Le projet de loi controversé du gouvernement pour expulser les migrants au Rwanda se heurte par ailleurs à la résistance de la chambre haute du Parlement, celle des Lords, qui souhaite adoucir ce texte.

Lundi, le ministère de l'Intérieur a lancé une campagne sur les réseaux sociaux pour dissuader les ressortissants vietnamiens, de plus en plus nombreux, à tenter de traverser la Manche.


Attentat de Moscou: les quatre assaillants présumés placés en détention provisoire

Une vue montre la salle de concert incendiée de l'hôtel de ville Crocus à Krasnogorsk, près de Moscou, le 26 mars 2024 (Photo, AFP).
Une vue montre la salle de concert incendiée de l'hôtel de ville Crocus à Krasnogorsk, près de Moscou, le 26 mars 2024 (Photo, AFP).
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  • Les autorités n'avaient toujours pas évoqué dimanche la responsabilité de ce groupe, citant à l'inverse une piste ukrainienne
  • Vladimir Poutine, qui s'est exprimé une fois samedi, près de 24 heures après les faits, n'a pas fait de nouvelle déclaration mais a allumé un cierge à la chapelle de sa résidence près de Moscou

MOSCOU: Les quatre auteurs présumés de l'attaque d'une salle de concert près de Moscou, qui a fait au moins 137 morts, ont été placés dimanche en détention provisoire après leur comparution devant un tribunal de la capitale.

Cette comparution intervient au soir d'une journée de deuil en Russie, après le massacre de vendredi qui a fait au moins 137 morts, l'attaque la plus meurtrière sur le sol européen revendiquée par le groupe jihadiste Etat islamique (EI).

Les autorités n'avaient toujours pas évoqué dimanche la responsabilité de ce groupe, citant à l'inverse une piste ukrainienne.

Les services de santé ont indiqué dimanche soir que le nombre de blessés avait été réévalué à 182, dont 101 étaient toujours hospitalisés.

Les enquêteurs ont continué dimanche de fouiller les décombres du bâtiment qui a été ravagée par un gigantesque incendie déclenché par les assaillants.

Vladimir Poutine, qui s'est exprimé une fois samedi, près de 24 heures après les faits, n'a pas fait de nouvelle déclaration mais a allumé un cierge à la chapelle de sa résidence près de Moscou, selon son porte-parole, cité par les agences russes.

Les policiers ont en outre retrouvé quelque 500 balles, deux fusils d'assaut Kalachnikov et 28 chargeurs sur les lieux de la tragédie, précisant qu'ils appartenaient "aux assaillants".

Les quatre hommes arrêtés et accusés de "terrorisme" (ils encourent la prison à perpétuité) ont été placés en détention provisoire, a indiqué le tribunal Basmanny de Moscou. Leur détention, fixée jusqu'au 22 mai, peut être prolongée dans l'attente de leur procès, dont la date n'a pas encore été fixée.

Au total, les autorités russes ont rapporté l'arrestation de onze personnes dont quatre assaillants en lien avec cette attaque.

Le tribunal a diffusé des images montrant trois suspects amenés dans la salle d'audience menottés et pliés en deux par des policiers, puis assis dans la cage en verre réservée aux accusés. Le quatrième est arrivé dans une chaise roulante, les yeux fermés.

L'un des suspects avait un bandage blanc à l'oreille, comme sur de précédentes vidéos de l'arrestation des assaillants présumés diffusées samedi par les enquêteurs, où trois d'entre eux apparaissaient avec du sang sur le visage.

Selon le tribunal, deux des accusés ont plaidé coupable. L'un d'entre eux, un natif du Tadjikistan, a "reconnu entièrement sa culpabilité".

Les autorités avaient précédemment indiqué que les suspects étaient des "citoyens étrangers", sans mentionner leur nationalité. Le Tadjikistan est une ex-république soviétique d'Asie centrale à majorité musulmane.

Le Comité d'enquête, un puissant organe d'investigation, n'a pas mentionné la revendication formulée dès vendredi par le groupe jihadiste Etat islamique.

Il n'a rien dit non plus dimanche de l'Ukraine, alors que Vladimir Poutine et ses services spéciaux (FSB) avaient évoqué cette piste, car, selon eux, les tueurs présumés tentaient de rejoindre le territoire ukrainien.

Attaque la plus meurtrière 

Cette attaque est la plus meurtrière en Russie depuis une vingtaine d'années, et la plus sanglante revendiquée par l'EI en Europe.

Le groupe jihadiste, que la Russie combat en Syrie et qui est actif dans le Caucase russe, a déjà commis des attentats de moindre ampleur dans le pays depuis la fin des années 2010.

Adrienne Watson, porte-parole du Conseil de sécurité nationale à la Maison Blanche, a estimé dimanche que l'EI portait "seul la responsabilité de cette attaque. Il n'y avait aucune implication ukrainienne".

Le ministre britannique des Finances Jeremy Hunt aussi mis en doute la version de M. Poutine, disant avoir "très peu confiance" en la parole des autorités russes.

Dimanche, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba, a affirmé que le président russe "est un menteur pathologique".

"Il tente maintenant de lier l'Ukraine ou des pays occidentaux au massacre de Moscou, sans aucune preuve (...) Son but est de motiver les Russes pour mourir dans leur guerre insensée et criminelle contre l'Ukraine", a-t-il ajouté.

Quelques jours avant l'attentat, M. Poutine avait qualifié de "provocation" des mises en gardes américaines quant à une attaque terroriste en préparation en Russie.

Selon le groupe Site, spécialisé dans la recherche antiterroriste, une vidéo apparemment tournée par les assaillants a été diffusée sur des comptes de réseaux sociaux habituellement utilisés par l'EI.

On y voit plusieurs individus aux visages floutés, armés de fusils d'assaut et de couteaux, dans ce qui semble être le Crocus City Hall. Ils tirent plusieurs rafales, de nombreux corps inertes jonchent le sol et on aperçoit un début d'incendie en arrière-plan.

«Plus de joie»

Dans les rues de Moscou, les avis étaient partagés quant à l'implication de l'Ukraine, pays que l'armée russe a attaqué en février 2022.

"L'Ukraine commet aussi des actes terroristes mais là, ça rassemble plus à ce que font les islamistes. Je ne crois pas à la version de la participation de l'Ukraine", a insisté Vamig Aliev, étudiant en médecine de 22 ans.

Pour Valéry Tchernov, 52 ans, c'est tout autre chose. "Qui est derrière (les assaillants)? Les ennemis de la Russie et de Poutine pour déstabiliser le pouvoir, concrètement c'est possible (que) l'Ukraine et les Occidentaux" aient utilisé EI, a-t-il estimé.

Autre question en suspens, la nationalité des tireurs. Selon des médias russes et le député Alexandre Khinstein, certains sont originaires du Tadjikistan, pays confronté à l'EI et voisin de l'Afghanistan.

Le président tadjik Emomali Rakhmon et M. Poutine se sont entretenus dimanche et ont décidé d'"intensifier" leur coopération antiterroriste.

La capitale russe marquait, elle, le deuil national décrété par la présidence. Les drapeaux étaient en berne, de nombreux lieux de divertissements fermés et les restaurants ont promis de reverser leur recette du jour aux victimes.

Des affiches sont apparues montrant une bougie sur fond noir et l'inscription "Crocus City Hall. 22/03/2024. Nous sommes en deuil...".

"Les gens ne sourient plus ici, il n'y a plus de joie", dit à l'AFP Valentina Karenina, 73 ans, originaire de Sibérie et de passage à Moscou.