Le rêve de paix se transforme en cauchemar de guerre pour les étudiants arabes en Ukraine

Les pays de l’Union européenne se préparent à accueillir des millions de réfugiés ukrainiens, y compris des ressortissants étrangers qui étudient dans le pays. (AFP)
Les pays de l’Union européenne se préparent à accueillir des millions de réfugiés ukrainiens, y compris des ressortissants étrangers qui étudient dans le pays. (AFP)
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Publié le Dimanche 06 mars 2022

Le rêve de paix se transforme en cauchemar de guerre pour les étudiants arabes en Ukraine

  • L’Ukraine est un pays attrayant pour les étudiants étrangers en raison du faible coût de la vie et, dans de nombreux cas, de la sécurité par rapport à leur propre pays
  • Certains journalistes et responsables occidentaux ont été critiqués pour avoir laissé entendre que la crise en Ukraine est différente de celles en Syrie, en Irak ou en Afghanistan, puisque les Européens peuvent mieux s’identifier aux victimes

DUBAÏ: Cette année, en janvier, Amira Souheil al-Halabi, 19 ans, originaire d’Akkar au Liban, a quitté sa famille et son pays pour entamer sa première année de médecine dans une université située à Ivano-Frankivsk, dans l’ouest de l'Ukraine.

Pour la jeune femme et son frère – étudiant en troisième année d’ingénierie dans une autre université ukrainienne –, être loin du Liban est un immense soulagement. Malgré les nombreux problèmes politiques et économiques auxquels l’Ukraine fait face, le pays semble à mille lieues des coupures de courant, des pénuries de carburant, de la corruption et des dysfonctionnements qui font rage au Liban.

«J’ai décidé de poursuivre mes études en Ukraine parce que la situation y était relativement meilleure et que les dépenses étaient gérables», déclare-t-elle mercredi à Arab News depuis un hôtel à Cracovie, en Pologne.

Cependant, l’espoir de mener une vie stable et de recevoir une bonne éducation dans un pays étranger a été anéanti pour Amira et son frère, lorsque les forces russes ont envahi l’Ukraine le 24 février après des semaines de tension croissante.

Environ 10 000 étudiants – dont 1 300 Libanais – en provenance du monde arabe étudiaient en Ukraine avant l’invasion. Ils font partie d’une population de 760 000 étudiants internationaux. Beaucoup d’entre eux ont publié des vidéos en ligne pour appeler à l’aide.

Parmi les pays arabes, le Maroc est celui qui dispose du plus grand nombre d’étudiants, environ 8 000, suivi de l'Égypte avec plus de 3 000.

Des ressortissants jordaniens arrivent à Amman en provenance de la Roumanie après avoir fui l’Ukraine à la suite de l'invasion russe. (AFP)
Des ressortissants jordaniens arrivent à Amman en provenance de la Roumanie après avoir fui l’Ukraine à la suite de l'invasion russe. (AFP)

L’Ukraine est un pays attrayant pour les étudiants étrangers en raison du faible coût de la vie et, dans de nombreux cas, de la sécurité par rapport à leur propre pays. Les universités ukrainiennes ont également une solide réputation en ce qui concerne les études de médecine et les frais abordables.

Mais les familles partout, du Maroc à l’Inde, et du Nigeria à l’Irak, lancent désespérément un appel à l’aide à leurs gouvernements pour faire sortir leurs fils et leurs filles de ce pays ravagé par la guerre. Les étudiants africains ont partagé leurs expériences en ligne en utilisant le hashtag #AfricansinUkraine.

Au moins deux étudiants – un Indien et un Algérien – ont été tués à Kharkiv, la deuxième plus grande ville d’Ukraine, qui a connu lundi les bombardements les plus violents de la guerre.

760 000 étudiants étrangers en Ukraine en 2020.

Abdallah Bou Habib, ministre libanais des Affaires étrangères, déclare que le gouvernement élabore des plans pour aider les ressortissants piégés en Ukraine. Des avions seront envoyés en Pologne et en Roumanie à une «date qui sera annoncée ultérieurement», précise-t-il.

D’autres, comme l'Égypte, ont commencé à organiser des vols de rapatriement depuis les pays voisins. Trente étudiants égyptiens sont déjà rentrés chez eux. Pour la Tunisie, qui n’a pas d’ambassade en Ukraine, entrer en contact avec ses 1 700 citoyens est compliqué.

Les autorités affirment être en contact avec des organisations internationales comme la Croix-Rouge pour rapatrier les ressortissants tunisiens. «Nous commencerons l’opération dès que nous aurons une liste complète du nombre de Tunisiens qui souhaitent rentrer chez eux», déclare à l'AFP Mohammed Trabelsi, un responsable du ministère des Affaires étrangères.

Les autorités algériennes, qui n’ont pas demandé à leurs 1 000 ressortissants en Ukraine de quitter le pays, leur ont demandé  de rester chez eux et de ne sortir qu’«en cas d’urgence».

Une mère prend dans ses bras son fils, un jeune Algérien qui étudie en Ukraine, lors de son arrivée à l’aéroport d’Alger le 3 mars 2022, sur un vol de rapatriement en provenance de Kiev. (Photo AP/Anis Belghoul)

Amira, la jeune étudiante libanaise, indique que son frère et elle ont cherché à quitter l’Ukraine depuis que la nouvelle de l’invasion leur est parvenue. Pour elle, l’histoire des dix Libanais qui ont fui la faculté de médecine d’Ivano-Frankivsk est une expérience éprouvante.

Il a fallu plusieurs jours pour que le groupe atteigne la frontière polonaise, dit-elle. «Nous avons marché plus de quarante kilomètres après que le taxi nous a déposés. Personne ne nous a aidés. Nous sommes restés trois à quatre jours sans nourriture ni assez d’eau. Il faisait très froid. Nous avons traversé sous la neige et la pluie.»

«Nous n’avions pas de plan d’évacuation, alors nous avons décidé de le faire nous-mêmes. Nous étions tous ensemble jusqu’à la frontière polonaise. C’est là-bas que nos chemins se sont séparés. Certains d’entre nous ont continué de marcher, tandis que d’autres sont restés à la frontière.»

Selon l’ONU, plus d’un million de personnes auraient fui l’Ukraine au cours de la semaine qui a suivi l’invasion russe, ajoutant que des millions d’autres sont susceptibles de partir à moins que le conflit ne prenne immédiatement fin.

«En sept jours seulement, nous avons assisté à l’exode d’un million de réfugiés d’Ukraine vers les pays voisins», déclare jeudi Filippo Grandi, le chef du HCR.

De nombreux Arabes, qui ont attendu en vain de commencer une nouvelle vie en Occident, ont comparé leur sort à celui des Ukrainiens à qui les États européens ont désormais ouvert leurs portes.

Militants et caricaturistes ont établi une comparaison entre la réaction occidentale à la crise des réfugiés, déclenchée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, et la manière dont l’Europe a cherché à retenir les réfugiés syriens et autres en 2015.

L’année dernière, 3 800 Syriens ont demandé le statut de réfugié en Bulgarie et 1 850 l’ont obtenu. Le gouvernement polonais, qui a fait l’objet de vives critiques après avoir utilisé la force pour empêcher les migrants de traverser la Biélorussie, a accueilli les nouveaux arrivants d’Ukraine.

Des personnes fuyant l’invasion de l’Ukraine par la Russie marchent vers un hélicoptère de transport (non représenté sur la photo), après leur arrivée en Slovaquie le 5 mars 2022. (REUTERS)
Des personnes fuyant l’invasion de l’Ukraine par la Russie marchent vers un hélicoptère de transport (non représenté sur la photo), après leur arrivée en Slovaquie le 5 mars 2022. (REUTERS)

En Hongrie, où les autorités ont construit une barrière le long de la frontière sud du pays pour éviter que les événements de 2015 se répètent – c’est-à-dire le flux de personnes en provenance du Moyen-Orient et d’Asie –, l’arrivée de réfugiés d’Ukraine a déclenché une vague de soutien ainsi que des offres de transport, d’hébergement, de vêtements et de nourriture.

Certains journalistes et responsables occidentaux ont été critiqués pour avoir laissé entendre que la crise en Ukraine est différente de celles en Syrie, en Irak ou en Afghanistan, puisque les Européens peuvent mieux s’identifier aux victimes de l’invasion russe.

«Ce n’est pas la vague de réfugiés à laquelle nous sommes normalement habitués. Nous ne savons que faire des personnes au passé flou», déclare Kiril Petkov, Premier ministre de la Bulgarie, tout en décrivant les Ukrainiens comme intelligents, éduqués et hautement qualifiés.

«Ce sont des Européens dont l’aéroport vient d’être bombardé et qui sont sous le feu des armes.»

Bien que certains réfugiés arabes dans le nord de la Syrie, au Liban et en Jordanie aient déclaré à Reuters que la responsabilité de leur sort incombait à des pays plus proches, cette politique des deux poids deux mesures dans les attitudes européennes envers les personnes fuyant les guerres en Ukraine et au Moyen-Orient sera difficile à dissiper.

Une jeune Marocaine, qui étudie en Ukraine, a fui la guerre et arrive avec son chat à l’aéroport Mohammed V de Casablanca le 2 mars 2022. (AFP)
Une jeune Marocaine, qui étudie en Ukraine, a fui la guerre et arrive avec son chat à l’aéroport Mohammed V de Casablanca le 2 mars 2022. (AFP)

Il y a aussi le traitement raciste par les forces de sécurité et les agents des frontières. Amira souligne qu’au terminal frontalier, des étudiants comme elle ont été témoins de tels comportements.

Nombreux de ses amis arabes, en particulier ceux du Maroc et d’Égypte – entre autres étrangers – ont été victimes de préjugés et même de violences. Khaled, un étudiant libanais, s’est fait voler son téléphone alors qu’il traversait la frontière.

«Ils (les agents de sécurité ukrainiens) nous ont frappés et nous ont insultés», dit-elle. «Je n’oublierai jamais ce qu’ils nous ont dit: "Aucun Noir n’est autorisé à venir ici". Nous avons également été bousculés par la police.»

En tant que citoyenne libanaise qui connaît bien les malheurs de la vie, elle peut comprendre ce que vivent les Ukrainiens. «Pourtant, ce n’est pas une façon de traiter les gens», soutient-elle. «Indépendamment des circonstances, vous devez toujours bien traiter les gens», poursuit-elle.

Répondant à ces accusations, Ellina Vashchenko, une Ukrainienne qui vit à Paris, «s’excuse» pour le traitement que les non-Ukrainiens ont subi.

«Ce comportement est impardonnable. Mais je veux que les gens sachent que tout le monde n’est pas mauvais», déclare-t-elle à Arab News.

«Je suis ukrainienne et j’ai beaucoup d’amis qui viennent en aide aux étrangers. Par exemple, mes amis en Pologne ont essayé d’aller à l'ambassade du Maroc pour se rendre utiles. Ma famille est prête à accueillir toute personne qui a besoin d’aide.»

Mercredi, Amira s’apprête à prendre un vol de Cracovie à Varsovie, où elle espère être rapatriée à Beyrouth.

Son frère et elle ne veulent rien d’autre que rentrer au Liban et se sentir en sécurité. «Je ne sais toujours pas ce que je vais faire, mais je suis heureuse de retourner maintenant au Liban», dit-elle. «Je ne pense pas que je voudrais retourner en Ukraine même après cette guerre.»

(Avec AFP et Reuters)

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Nucléaire : Paris, Berlin et Londres exhortent Téhéran à entamer des négociations sans « préconditions »

Les bâtiments du siège de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) se reflètent dans les portes arborant le logo de l'agence lors de la réunion du Conseil des gouverneurs de l'AIEA à Vienne, en Autriche, le 13 juin 2025.  (Photo de Joe Klamar / AFP)
Les bâtiments du siège de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) se reflètent dans les portes arborant le logo de l'agence lors de la réunion du Conseil des gouverneurs de l'AIEA à Vienne, en Autriche, le 13 juin 2025. (Photo de Joe Klamar / AFP)
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  • es ministres des Affaires étrangères français, britannique et allemand ont « incité l'Iran à revenir au plus vite, sans préconditions, à la table des négociations » sur le programme nucléaire iranien.
  • Abbas Araghchi a estimé que « L'agression israélienne contre l'Iran en pleine négociation avec les États-Unis sur le nucléaire porte un coup à la diplomatie », a-t-il déclaré.

PARIS : Selon une source diplomatique française, les ministres des Affaires étrangères français, britannique et allemand ont « incité l'Iran à revenir au plus vite, sans préconditions, à la table des négociations » sur le programme nucléaire iranien.

Lundi soir, Jean-Noël Barrot, David Lammy et Johann Wadephul ont eu un entretien avec la haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Kaja Kallas, et ont en outre « appelé l'Iran à éviter toute fuite en avant contre les intérêts occidentaux, toute extension régionale et toute escalade nucléaire », comme la non-coopération avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), la sortie du Traité sur la non-prolifération (TNP) ou le franchissement de seuils d'enrichissement, selon la même source.

Dans la nuit de lundi à mardi, le ministère iranien des Affaires étrangères a fait état d'un appel entre le ministre iranien des Affaires étrangères et chef négociateur pour le nucléaire et ses homologues français, britannique et allemand ainsi que Kaja Kallas. 

Abbas Araghchi a estimé que « L'agression israélienne contre l'Iran en pleine négociation avec les États-Unis sur le nucléaire porte un coup à la diplomatie », a-t-il déclaré.

La France, l'Allemagne et le Royaume-Uni, ainsi que l'UE, sont membres avec la Chine et la Russie d'un accord sur le nucléaire conclu en 2015 et dont les États-Unis s'étaient retirés unilatéralement.

Paris, Berlin et Londres, qui forment le groupe E3, avaient entrepris des discussions avec Téhéran l'an passé pour tenter de trouver un nouvel accord sur le nucléaire.

Parallèlement, les États-Unis avaient entamé des négociations indirectes en début d'année, qui butaient sur la question de l'enrichissement d'uranium iranien.

Un nouveau cycle de négociations était prévu la semaine dernière, mais il a été annulé après les frappes israéliennes.

Les États-Unis et leurs alliés occidentaux, ainsi qu'Israël, que des experts considèrent comme la seule puissance nucléaire au Moyen-Orient, accusent depuis longtemps la République islamique d'Iran de chercher à se doter de l'arme atomique, ce qu'elle a toujours nié.

Par ailleurs, des messages ont été transmis par les ministres français, britannique et allemand à Israël « sur la nécessité de ne pas cibler les autorités, les infrastructures et les populations civiles », selon une source diplomatique française.


Gaza: la Défense civile annonce 20 personnes tuées par des tirs israéliens en allant chercher de l'aide

Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël. (AFP)
Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël. (AFP)
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  • "Vingt martyrs et plus de 200 blessés du fait de tirs de l'occupation (armée israélienne, NDLR), dont certains dans un état grave, ont été transférés" vers des hôpitaux de la bande de Gaza, a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile
  • Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans annoncés par la Défense civile

GAZA: La Défense civile de Gaza a indiqué que 20 personnes avaient été tuées lundi par des tirs de l'armée israélienne en allant chercher de l'aide humanitaire dans le territoire palestinien ravagé par les bombardements après plus de vingt mois de guerre.

Contactée par l'AFP, l'armée israélienne a dit qu'elle se renseignait.

"Vingt martyrs et plus de 200 blessés du fait de tirs de l'occupation (armée israélienne, NDLR), dont certains dans un état grave, ont été transférés" vers des hôpitaux de la bande de Gaza, a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal, ajoutant que ces personnes étaient rassemblées près d'un site de distribution d'aide.

"Elles attendaient de pouvoir accéder au centre d'aide américain à Rafah pour obtenir de la nourriture, lorsque l'occupation a ouvert le feu sur ces personnes affamées près du rond-point d'al-Alam", dans le sud de la bande de Gaza, a détaillé M. Bassal en indiquant que les tirs avaient eu lieu de 05H00 et 07H30 (02H00 et 04H30 GMT).

Il a ajouté que les victimes avaient été transférées vers des hôpitaux du sud du territoire palestinien, lesquels ne fonctionnent plus que partiellement depuis des jours en raison des combats et des pénuries de fournitures médicales.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans annoncés par la Défense civile.

Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël.

L'ONU refuse de travailler avec cette organisation en raison de préoccupations concernant ses procédés et sa neutralité.

Des photographes de l'AFP ont constaté ces derniers jours que des Gazaouis se réunissaient à l'aube près de sites de distribution d'aide, malgré la crainte de tirs lors des rassemblements.

La bande de Gaza est menacée de famine, selon l'ONU.

 


Ehud Barak : seule une guerre totale ou un nouvel accord peut arrêter le programme nucléaire iranien

Israël et l'Iran ont échangé des coups de feu après le déclenchement par Israël d'une campagne de bombardements aériens sans précédent qui, selon l'Iran, a touché ses installations nucléaires, "martyrisé" des hauts gradés et tué des dizaines de civils. (AFP)
Israël et l'Iran ont échangé des coups de feu après le déclenchement par Israël d'une campagne de bombardements aériens sans précédent qui, selon l'Iran, a touché ses installations nucléaires, "martyrisé" des hauts gradés et tué des dizaines de civils. (AFP)
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  • S'adressant à Christiane Amanpour sur CNN, M. Barak a déclaré que la capacité d'Israël à freiner le programme de Téhéran était limitée
  • M. Barak a déclaré que les frappes militaires étaient "problématiques", mais qu'Israël les considérait comme justifiées

LONDRES : L'ancien Premier ministre israélien Ehud Barak a prévenu que l'action militaire d'Israël ne suffirait pas à retarder de manière significative les ambitions nucléaires de l'Iran, décrivant la république islamique comme une "puissance nucléaire de seuil".

S'adressant à Christiane Amanpour sur CNN, M. Barak a déclaré que la capacité d'Israël à freiner le programme de Téhéran était limitée.
"À mon avis, ce n'est pas un secret qu'Israël ne peut à lui seul retarder le programme nucléaire de l'Iran de manière significative. Probablement plusieurs semaines, probablement un mois, mais même les États-Unis ne peuvent pas les retarder de plus de quelques mois", a-t-il déclaré.

"Cela ne signifie pas qu'ils auront immédiatement (une arme nucléaire), ils doivent probablement encore achever certains travaux d'armement, ou probablement créer un dispositif nucléaire rudimentaire pour le faire exploser quelque part dans le désert afin de montrer au monde entier où ils se trouvent.

M. Barak a déclaré que si les frappes militaires étaient "problématiques", Israël les considérait comme justifiées.

"Au lieu de rester les bras croisés, Israël estime qu'il doit faire quelque chose. Probablement qu'avec les Américains, nous pouvons faire plus".

L'ancien premier ministre a déclaré que pour stopper les progrès de l'Iran, il faudrait soit une avancée diplomatique majeure, soit un changement de régime.

"Je pense que l'Iran étant déjà ce que l'on appelle une puissance nucléaire de seuil, le seul moyen de l'en empêcher est soit de lui imposer un nouvel accord convaincant, soit de déclencher une guerre à grande échelle pour renverser le régime", a-t-il déclaré.

"C'est quelque chose que nous pouvons faire avec les États-Unis.

Mais il a ajouté qu'il ne pensait pas que Washington avait l'appétit pour une telle action.

"Je ne crois pas qu'un président américain, ni Trump ni aucun de ses prédécesseurs, aurait décidé de faire cela".

Israël a déclenché des frappes aériennes à travers l'Iran pour la troisième journée dimanche et a menacé de recourir à une force encore plus grande alors que certains missiles iraniens tirés en représailles ont échappé aux défenses aériennes israéliennes pour frapper des bâtiments au cœur du pays.

Les services d'urgence israéliens ont déclaré qu'au moins 10 personnes avaient été tuées dans les attaques iraniennes, tandis que les autorités iraniennes ont déclaré qu'au moins 128 personnes avaient été tuées par les salves israéliennes.