La «tragédie» des mariages des mineures, amère réalité au Maroc

Un membre d'un groupe de défense des droits des femmes rencontre des femmes dans le village de Tamarwoute, une partie reculée des montagnes de l'Anti-Atlas du royaume nord-africain, le 19 février 2022. (AFP)
Un membre d'un groupe de défense des droits des femmes rencontre des femmes dans le village de Tamarwoute, une partie reculée des montagnes de l'Anti-Atlas du royaume nord-africain, le 19 février 2022. (AFP)
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Publié le Lundi 07 mars 2022

La «tragédie» des mariages des mineures, amère réalité au Maroc

  • «J'ai été mariée à un homme qui a l'âge de mon père», confie Nadia, aujourd'hui âgée de 20 ans, rencontrée chez ses parents à Tamarwoute
  • Izza* jure qu'elle se battra pour l'instruction de sa petite, elle qui n'a pas eu cette chance. «Elle doit se construire, devenir indépendante et ne pas me ressembler», espère cette femme de 23 ans, mariée depuis 6 ans

TAMARWOUTE: "J'ai vécu un enfer. Mais le cauchemar est derrière moi", se souvient, la voix tremblante, Nadia*, une jeune Marocaine mariée à 16 ans, qui se reconstruit dans un village reculé du royaume où subsiste le fléau du mariage des mineures.


"J'ai été mariée à un homme qui a l'âge de mon père", confie Nadia, aujourd'hui âgée de 20 ans, rencontrée chez ses parents à Tamarwoute, un douar de la commune rurale de Tafraouten, perchée sur les hauteurs de l'Anti-Atlas (sud).


Un an après son union, l'adolescente a réussi à divorcer de son mari violent et suit actuellement un programme contre l'analphabétisme.


"Mon rêve est d'être indépendante, j'encourage les filles du village à faire de même", sourit-elle timidement, visage poupin drapé dans un foulard.


La beauté de ce village paisible, bordé d'amandiers et d'arganiers, contraste avec la réalité glaçante des mariages précoces, vivace en milieu rural, dans un pays où plus de 13 000 dérogations ont été délivrées pour marier des mineures en 2020 sur près de 20 000 demandes. 


Ces chiffres n'incluent pas les mariages scellés par la simple lecture d'une sourate du coran et qui ne sont pas reconnus par la loi.


Si le Code marocain de la famille, adopté en 2004, fixe la capacité matrimoniale à 18 ans, l'article 20 du recueil accorde le droit aux juges aux affaires familiales d'autoriser les épousailles de mineures. 


Une brèche législative décriée par les ONG féministes et même des institutions comme le Conseil économique, social et environnemental (CESE) qui appellent à son abrogation.

«Zones marginalisées»
"Cette tragédie prend une grande ampleur dans les zones reculées, enclavées et marginalisées, comme celle de Tafraouten. Une raison qui nous a poussé à organiser notre caravane de sensibilisation annuelle dans la région", explique à l'AFP Najat Ikhich, présidente de la fondation Ytto qui oeuvre depuis plus de dix ans contre le mariages des adolescentes. 


La militante de 63 ans sillonne depuis la mi-février la région berbérophone du Souss Massa à la rencontre des villageois et de la société civile locale. 


Elle prépare la prochaine "caravane" prévue le 15 juillet, un convoi de bénévoles qui sensibilisent la population aux problèmes que posent les unions forcées -- juridique, médical, etc. --, organisant des débats et distribuant des dons aux plus démunis.


"Un travail délicat car le sujet est tabou et il est impératif de gagner la confiance de nos interlocuteurs et surtout de les écouter", explique Mme Ikhich.


Dans les ruelles du village voisin de Tamadghouste, il n'y a âme qui vive.


Seules, quelques jeunes femmes font cuire leur pain au four collectif.


Mme Ikhich entre discrètement et échange quelques mots en amazigh (langue berbère). Les regards intrigués ou méfiants des femmes laissent rapidement place à un dialogue enjoué, témoignant des conditions de vie dans ce village "sans école ni dispensaire".

«Mariées très jeunes»
Amina*, 23 ans, prend la parole et professe vouloir "prendre en main (ma) vie" malgré une déscolarisation à 6 ans et un mariage à 17. 


"J’ai toujours eu l’envie d’étudier mais personne ne m’a aidée. Mes trois sœurs ont subi un pire sort. Elles ont été mariées très jeunes, vers 14 ans", raconte-t-elle, emmitouflée dans un peignoir bleu.


Dans la région de Souss Massa, plus de 44% des femmes sont analphabètes, selon les dernières statistiques officielles (2014). 


Eduquer et développer l'autonomie des femmes sont deux piliers dans la lutte contre les mariages des mineures. 


Karima Errejraji, coordinatrice de la fondation Ytto dans le Sud, acquiesce: n'ayant jamais mis les pieds à l'école, unie à 14 ans à un homme de 56 ans, elle a dû se battre pour s'extirper de "l’obscurité". 


"C'est en intégrant le milieu associatif que je m'en suis sortie. J'ai décidé de dédier ma vie à aider les filles de la région", souligne cette quadragénaire qui accompagne Mme Ikhich dans ses missions.


Dans le four de Tamadghouste, les discussions sont passionnées: confectionner des tapis, vendre du pain traditionnel aux hôtels du coin...Chacune y va de sa proposition pour améliorer la situation des femmes du village.


Une idée met tout le monde d'accord: toutes les filles auront droit à l'éducation, ce n'est pas à discuter.    


Izza*, les yeux clairs pétillants, jure qu'elle se battra pour l'instruction de sa petite, elle qui n'a pas eu cette chance.


"Elle doit se construire, devenir indépendante et ne pas me ressembler", espère cette femme de 23 ans, mariée depuis six ans.


La diplomatie française estime qu'Israël doit faire preuve de « la plus grande retenue » au Liban

Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
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  • l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, Hezbollah.
  • Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

PARIS : La France a exhorté mercredi Israël « à faire preuve de la plus grande retenue » au Liban après la frappe israélienne qui a touché Beyrouth dimanche dernier, et a souligné que le démantèlement des sites militaires du Hezbollah revenait « exclusivement aux forces armées libanaises ».

Malgré un cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après plus d'un an de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, très affaibli, qui affirme de son côté respecter l'accord.

Le week-end dernier, Israël a assuré avoir visé un entrepôt de missiles.

Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

« La France rappelle que le respect du cessez-le-feu s'impose à toutes les parties sans exception afin de garantir la sécurité des populations civiles des deux côtés de la Ligne bleue », la frontière de facto délimitée par les Nations unies, a souligné mercredi Christophe Lemoine, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

« La France appelle donc Israël à faire preuve de la plus grande retenue et à se retirer au plus vite des cinq points toujours occupés sur le territoire libanais », a-t-il ajouté lors d'un point presse.

Une commission regroupant le Liban, Israël, les États-Unis, la France et l'ONU est chargée de superviser l'application du cessez-le-feu.

Beyrouth presse la communauté internationale de faire pression sur Israël pour qu'il mette fin à ses attaques et se retire des cinq positions frontalières où il s'est maintenu dans le sud du pays, malgré l'accord.


Les services de sécurité des Émirats déjouent un transfert illégal d'armes vers le Soudan

Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
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  • Les services de sécurité ont réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises 
  • Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays

ABU DHABI: Les services de sécurité des Émirats arabes unis ont déjoué une tentative de transfert illégal d'armes et d'équipements militaires aux forces armées soudanaises, a déclaré mercredi le procureur général des Émirats arabes unis, Hamad Saif al-Chamsi.

M. Al-Chamsi a déclaré que les services de sécurité avaient réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises après l'arrestation de membres d'une cellule impliquée dans la médiation non autorisée, le courtage et le trafic illicite d'équipements militaires, sans avoir obtenu les licences nécessaires auprès des autorités compétentes.

Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays.

L'avion transportait environ cinq millions de munitions de type Goryunov (54,7 x 62 mm).

Les autorités ont également saisi une partie du produit financier de la transaction en possession de deux suspects dans leurs chambres d'hôtel.

M. Al-Chamsi a déclaré que l'enquête avait révélé l'implication de membres de la cellule des chefs militaires soudanais, notamment l'ancien chef des services de renseignement Salah Gosh, un ancien officier de l'agence de renseignement, un ancien conseiller du ministre des Finances et une personnalité politique proche du général Abdel Fattah al-Burhan et de son adjoint Yasser al-Atta. Plusieurs hommes d'affaires soudanais ont également été impliqués.

Selon les enquêteurs, les membres de la cellule ont conclu un marché d'équipement militaire portant sur des fusils Kalachnikov, des munitions, des mitrailleuses et des grenades d'une valeur de plusieurs millions de dollars.

Les armes ont été transférées de l'armée soudanaise à une société d'importation des Émirats arabes unis en utilisant la méthode de transfert des HAWALADARS.

La transaction a été facilitée par l'intermédiaire d'une société appartenant à un membre fugitif de la cellule travaillant pour les forces armées soudanaises, en coordination avec le colonel Othman al-Zubair, responsable des opérations financières au sein de l'armée soudanaise.

De faux contrats et de fausses factures commerciales ont été utilisés pour prétendre que les paiements concernaient un contrat d'importation de sucre.

L'enquête a conclu que ces transactions avaient été effectuées à la demande du comité d'armement des forces armées soudanaises, présidé par Al-Burhan et son adjoint Al-Atta, en toute connaissance de cause et avec leur approbation. Les membres de la cellule ont été directement chargés de négocier et de finaliser les transactions par Ahmed Rabie Ahmed al-Sayed, une personnalité politique proche du commandant en chef soudanais et responsable de la délivrance des certificats et des approbations des utilisateurs finaux.

Les enquêteurs ont confirmé que Salah Gosh jouait un rôle central dans la gestion du trafic illégal d'équipements militaires aux Émirats arabes unis, en coordination avec d'autres membres de la cellule.

Le groupe a réalisé une marge bénéficiaire de 2,6 millions de dollars (1 dollar = 0,88 euro) par rapport à la valeur réelle des deux transactions, qu'il s'est répartie entre lui et plusieurs complices. La part de Gosh a été retrouvée en possession du suspect Khalid Youssef Mukhtar Youssef, ancien officier de renseignement et ex-chef de cabinet de Gosh.

La cargaison saisie était arrivée à l'aéroport des Émirats arabes unis à bord d'un avion privé en provenance d'un pays étranger.

L'avion s'était posé pour faire le plein et avait officiellement déclaré qu'il transportait un lot de fournitures médicales.

Cependant, la cargaison militaire a été découverte sous la supervision du ministère public, sur la base de mandats judiciaires émis par le procureur général.

Les autorités ont également saisi des copies des contrats relatifs aux deux transactions, de faux documents d'expédition, ainsi que des enregistrements audio et des messages échangés entre les membres de la cellule.

L'enquête a permis de découvrir plusieurs sociétés appartenant à un homme d'affaires soudano-ukrainien, dont une opérant aux Émirats arabes unis.

Ces sociétés ont fourni à l'armée soudanaise des armes, des munitions, des grenades et des drones, en collaboration avec les membres de la cellule et le responsable financier de l'armée.

L'une des sociétés figure sur la liste des sanctions américaines.

Les enquêtes en cours ont révélé que les intérêts financiers et les profits du groupe sont étroitement liés à la poursuite du conflit interne au Soudan.

Le procureur général a souligné que cet incident représentait une grave atteinte à la sécurité nationale des Émirats arabes unis, en faisant de leur territoire une plateforme pour le trafic illégal d'armes à destination d'un pays en proie à des troubles civils, en plus de constituer des infractions pénales punissables par la loi.

Il a conclu en déclarant que le ministère public poursuivait ses procédures d'enquête en vue de déférer les suspects à une procédure judiciaire d'urgence.

Les résultats définitifs seront annoncés à la fin de l'enquête.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Retailleau engage la procédure de dissolution d'Urgence Palestine

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine.
  • Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

PARIS : A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine, ainsi que de Lyon Populaire, qui appartient à l'ultra droite, après avoir lancé mardi celle du groupe antifasciste La Jeune Garde.

Invité de CNews/Europe 1, le ministre de l'Intérieur a justifié la dissolution d'Urgence Palestine en affirmant qu'il fallait « taper sur les islamistes ». « L'islamisme est une idéologie qui essaie d'instrumentaliser une religion. Il y a une défiguration de la foi », a-t-il dit.

« Il ne faut pas défigurer la juste cause des Palestiniens », a poursuivi M. Retailleau, qui a insisté sur le fait que « beaucoup de nos compatriotes musulmans professent une foi parfaitement compatible avec les valeurs de la République ».

Créé au lendemain de l'attaque sans précédent du Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza, le collectif Urgence Palestine dit rassembler « des citoyens, des organisations et mouvements associatifs, syndicaux et politiques mobilisés pour l'auto-détermination du peuple palestinien ». 

Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

« À l'heure où le peuple palestinien est confronté au génocide, à la famine, où les Israéliens cherchent à détruire et à anéantir le peuple palestinien, que fait le gouvernement français ? Il veut dissoudre notre collectif, c'est insupportable », a réagi Omar Al Soumi, l'un des militants d'Urgence Palestine.

« C'est la réalité d'une France complice du génocide », a-t-il accusé dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.

Urgence Palestine a reçu de nombreux messages de soutien de la part d'organisations de l'extrême gauche et de la gauche radicale. 

« Non à la dissolution d'Urgence Palestine », a écrit sur Instagram le Nouveau Parti Anticapitaliste, dénonçant « des prétextes pour faire taire les voix solidaires avec la Palestine ! ».

L'eurodéputée insoumise Rima Hassan a également critiqué les dissolutions engagées contre la Jeune Garde et Urgence Palestine.

« La dérive autoritaire et fasciste de Macron est aussi réelle, tangible et concrète », a-t-elle réagi sur X.

Tsedek!, qui se présente comme un « collectif juif décolonial », a aussi apporté son soutien à ces deux organisations.

« Le gouvernement qui appelle à la dissolution d’Urgence Palestine, c’est la République qui reprend ses droits et réaffirme que l’antisémitisme ne passera pas en France », s'est au contraire félicitée Sarah Aizenman, présidente du collectif « Nous vivrons », auprès de l'AFP. 

« Cette organisation ne défend pas les droits des Palestiniens, elle soutient une organisation terroriste », a accusé Mme Aizenman.

Les annonces de procédures de dissolution contre La Jeune Garde et Urgence Palestine interviennent à la veille des rassemblements du 1er-Mai et pourraient tendre le climat des manifestations, notamment à Paris, selon un haut responsable de la police.

Le ministre de l'Intérieur et le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, ont par avance prévenu qu'aucun débordement ne serait toléré.

Environ 15 000 personnes sont attendues jeudi pour la manifestation parisienne.