«C'est chez nous»: John et Natasha, deux Américains décidés à rester dans Kiev bombardée

Le centre de Kiev, désert, résonne des sourdes détonations de la guerre qui s'approche. Mais John et Natasha, deux Américains, y promènent tranquillement leurs chiens, bien décidés à rester dans cette ville qu'ils considèrent désormais comme la leur. (AFP)
Le centre de Kiev, désert, résonne des sourdes détonations de la guerre qui s'approche. Mais John et Natasha, deux Américains, y promènent tranquillement leurs chiens, bien décidés à rester dans cette ville qu'ils considèrent désormais comme la leur. (AFP)
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Publié le Lundi 07 mars 2022

«C'est chez nous»: John et Natasha, deux Américains décidés à rester dans Kiev bombardée

  • A Kiev, le couple dit avoir trouvé son équilibre, loin des Etats-Unis où il avait l'impression de passer sa vie au travail sans pouvoir mettre un sou de côté
  • Dans le reste de la ville, des milliers de gens continuent de fuir par le train ou la route, craignant que les Russes ne fassent de Kiev un nouvel Alep ou Grozny

KIEV: Le centre de Kiev, désert, résonne des sourdes détonations de la guerre qui s'approche. Mais John et Natasha, deux Américains, y promènent tranquillement leurs chiens, bien décidés à rester dans cette ville qu'ils considèrent désormais comme la leur.


Le 24 février, les forces russes ont envahi l'Ukraine et John et Natasha Sennett ont entendu pour la première fois les sirènes de la guerre secouer leur quartier du vieux Kiev.


Ce fut la panique. "On a jeté des affaires dans des sacs à dos, on a pris les chiens et on est descendu au sous-sol", raconte Natasha, longiligne brune aux yeux clairs de 42 ans.


Fausse alerte, la première dans cette partie de la ville qui, dix jours après, reste épargnée par les bombardements des forces russes, parvenues depuis aux portes de Kiev, à une vingtaine de kilomètres de là.


Les déflagrations des combats, sourdes et régulières, troublent régulièrement le paisible deux-pièces du couple, au style très new-yorkais avec ses photos américaines, ses briques apparentes et sa verrière d'intérieur.


Dans le reste de la ville, des milliers de gens continuent de fuir par le train ou la route, craignant que les Russes ne fassent de Kiev un nouvel Alep ou Grozny.


John et Natasha, eux, ont décidé de rester.


"Les explosions sont loin. Et au bout d'un moment, on s'y habitue", dit le premier, carrure athlétique, T-shirt sur tatouages généreux, fines lunettes, cheveux gris-blanc en brosse et barbe taillée.


En cette après-midi de week-end, la famille Sennett est de sortie: John et Natasha sortent Samantha, 7 ans, et Philly, 6 ans, leurs deux chiens amenés des Etats-Unis lorsque le couple s'est installé à Kiev fin 2020.


Froid mordant oblige, ils habillent chaque canidé d'une petite doudoune noire, et les promènent en laisse dans les rues désertes, alors que la guerre continue de tonner au loin.


Pourquoi rester? Le couple avance de multiples raisons.


Pour "la première fois de (leur) vie", ils se sentent "chez eux" à Kiev, qu'ils ont initialement choisie pour se rapprocher de la famille de Natasha, née en Biélorussie.

«C'est tout ce qu'on a»
"On est tombé amoureux de cette ville. On s'y sent libre", explique John, qui dit, comme sa femme, se sentir aujourd'hui "plus Ukrainien qu'autre chose". Il peut aussi y vivre intensément sa foi orthodoxe, à laquelle il s'est converti il y a huit ans. 


A Kiev, le couple dit avoir trouvé son équilibre, loin des Etats-Unis où il avait l'impression de passer sa vie au travail sans pouvoir mettre un sou de côté.


Ils ont acheté cet appartement en dernier étage, délabré, qu'ils ont entièrement rénové. "On y a mis toutes nos économies. Ces 54 m2, c'est tout ce qu'on a", souligne John.


"C'est là qu'on a décidé d'établir nos vies", ajoute-t-il, "et si notre destin est d'y mourir, et bien qu'il en soit ainsi". 


Tous deux travaillent à distance avec les Etats-Unis : lui gère un service de taxi-limousine dans sa ville natale de Philadelphie, elle comme professeure d'anglais. "On n'a pas de gros salaires, mais ici, on vit confortablement", dit John.


D'autres facteurs ont joué dans leur décision de rester. "Nous n'avons pas d'enfants, et pas de voitures", explique Natasha. Et il y a les chiens, notamment Samantha, qui est "très malade" et peut "difficilement voyager".


Les deux Américains s'affichent plus que jamais aux côtés des soldats ukrainiens face aux Russes. Sur les réseaux sociaux, John, qui passa deux années dans l'armée vers ses 18 ans, publie des poèmes glorifiant la lutte des combattants locaux aux couleurs "bleu et or", ce "soleil" qui "se lève à l'est".


"Ces gens sont prêts à mourir pour leur pays, ils sont une inspiration pour nous", explique-t-il, en se disant prêt, comme sa femme, à "prendre une arme" si nécessaire.


Les Sennett n'écartent cependant pas la possibilité de fuir, avec leurs chiens, "si les choses tournaient très mal".


A l'entrée de leur appartement, ils gardent deux petits sacs à dos prêts, au cas où. Dans le sien, John a mis un ordinateur portable, des chargeurs, une couverture, mais aussi un pied de biche et un marteau, pour pouvoir "forcer des portes ou casser des fenêtres" d'un sous-sol ou autre pour s'abriter.


En attendant, John s'en remet à sa foi. Il va une fois par semaine à l'église voisine, prier pour les soldats ukrainiens, et pour se confesser. Car quand "la mort est proche", dit-il, "il vaut mieux partir avec une âme propre".


L'Afrique peut devenir une "superpuissance du renouvelable", dit Guterres

Le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'exprime lors d'une conférence de presse à la 9e Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (TICAD 9) à Yokohama, préfecture de Kanagawa, au sud de Tokyo, le 21 août 2025. (AFP)
Le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'exprime lors d'une conférence de presse à la 9e Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (TICAD 9) à Yokohama, préfecture de Kanagawa, au sud de Tokyo, le 21 août 2025. (AFP)
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  • L'Afrique a tout pour devenir une "superpuissance du renouvelable", a affirmé jeudi le chef de l'ONU Antonio Guterres
  • Au cours de la dernière décennie, la Chine a massivement investi en Afrique, finançant à coup de milliards de dollars la construction de ports maritimes, de chemins de fer, de routes et d'autres projets d'infrastructures

YOKOHAMA: L'Afrique a tout pour devenir une "superpuissance du renouvelable", a affirmé jeudi le chef de l'ONU Antonio Guterres, en appelant à davantage d'investissements dans l'énergie verte sur ce continent riche en ressources.

"Nous devons mobiliser des financements et des technologies, afin que la richesse naturelle de l'Afrique profite aux populations africaines. Nous devons construire une base florissante pour les énergies renouvelables et leur production à travers le continent", a déclaré M. Guterres lors de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (TICAD).

"L'Afrique a tout ce qu'il faut pour devenir une superpuissance du renouvelable, du solaire et de l'éolien aux minéraux critiques qui alimentent les nouvelles technologies", a-t-il affirmé.

"L'énergie verte en Afrique réduit les coûts énergétiques, diversifie les chaînes d'approvisionnement et accélère la décarbonation pour tous", a ajouté le chef de l'ONU, qui s'est exprimé dans le cadre de ce rassemblement de trois jours auquel assistent une cinquantaine de pays africains.

Le Japon souhaite profiter de cette 9e TICAD pour se présenter comme une alternative à la Chine au moment où le continent africain fait face à une crise de la dette et souffre du changement climatique.

Au cours de la dernière décennie, la Chine a massivement investi en Afrique, finançant à coup de milliards de dollars la construction de ports maritimes, de chemins de fer, de routes et d'autres projets d'infrastructures.

Mais les pays africains font désormais face à une "vague" de dettes envers la Chine et les créanciers privés, avait averti en mai l'Institut Lowy, un cercle de réflexion australien.

A cela s'ajoute la réduction de l'aide occidentale, en particulier depuis le démantèlement de l'Agence américaine pour le développement international (USAID) par le président américain Donald Trump.

M. Guterres a également averti que "la dette ne doit pas étouffer le développement" et que l'Afrique a besoin de financements et d'une plus grande capacité de prêt des banques multilatérales de développement.

Parmi les participants, le président du Kenya, William Ruto, a déclaré sur X que son pays était en négociation avec le constructeur automobile japonais Toyota pour la fourniture de 5.000 "véhicules électriques" dans le cadre de l'"engagement du pays envers l'énergie propre".

Dans son discours d'ouverture mercredi, le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba a annoncé un plan pour former 30.000 personnes à l'intelligence artificielle en Afrique sur trois ans et pour étudier l'idée d'un partenariat économique Japon-Afrique.

"L'Afrique, avec un âge médian de 19 ans, déborde de vitalité juvénile. La clé pour faire de l'Afrique le prochain centre de croissance est de renforcer les capacités des jeunes et des femmes et de leur assurer un emploi," a déclaré Ishiba.


Pour la Croix-Rouge l'intensification des hostilités par Israël à Gaza «est intolérable»

Le Comité international de la Croix-Rouge juge "intolérable" l'intensification des hostilités dans la bande de Gaza, où l'armée israélienne a lancé ses premières opérations et poursuivi les bombardements, a déclaré son porte-parole jeudi. (AFP)
Le Comité international de la Croix-Rouge juge "intolérable" l'intensification des hostilités dans la bande de Gaza, où l'armée israélienne a lancé ses premières opérations et poursuivi les bombardements, a déclaré son porte-parole jeudi. (AFP)
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  • "Gaza est un espace clos, d'où personne ne peut s'échapper… et où l'accès aux soins de santé, à la nourriture et à l'eau potable diminue", a-t-il souligné, notant également que "pendant ce temps, la sécurité des humanitaires se détériore d'heure en heure"
  • "C'est intolérable", a conclu le porte-parole du CICR, qui participe activement aux opérations humanitaires sur le terrain et qui a aussi été impliqué dans toutes les opérations d'échange d'otages détenus à Gaza

GENEVE: Le Comité international de la Croix-Rouge juge "intolérable" l'intensification des hostilités dans la bande de Gaza, où l'armée israélienne a lancé ses premières opérations et poursuivi les bombardements, a déclaré son porte-parole jeudi.

"L'intensification des hostilités à Gaza signifie plus de morts, plus de déplacements, plus de destructions et plus de panique", a dit Christian Cardon, le porte-parole de l'organisation basée à Genève, dans un message à l'AFP.

"Gaza est un espace clos, d'où personne ne peut s'échapper… et où l'accès aux soins de santé, à la nourriture et à l'eau potable diminue", a-t-il souligné, notant également que "pendant ce temps, la sécurité des humanitaires se détériore d'heure en heure".

"C'est intolérable", a conclu le porte-parole du CICR, qui participe activement aux opérations humanitaires sur le terrain et qui a aussi été impliqué dans toutes les opérations d'échange d'otages détenus à Gaza contre prisonniers palestiniens aux mains des Israéliens.

Depuis le 7-Octobre, le CICR a essayé activement mais en vain d'avoir accès aux otages pris en Israël par le Hamas et ses alliés, lors de l'attaque sans précédent qui a entraîné la mort côté israélien de 1.219 personnes, en majorité des civils.

Quelque 49 otages dont 27 morts sont toujours détenus dans la bande de Gaza.

L'objectif de l'armée israélienne est de prendre la ville de Gaza qu'elle considère comme le dernier grand bastion du Hamas dans le territoire palestinien, après 22 mois de bombardements et de siège.

Ils ont fait plus de 62.000 morts majoritairement des civils, totalement dévasté le petit territoire, où tentent de survivre 2 millions de personnes quasiment privées de nourriture, d'eau et de soins.


Zelensky attend les garanties de sécurité, avant une rencontre avec Poutine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé attendre les grandes lignes des garanties de sécurité des Occidentaux pour son pays avant sa première rencontre avec Vladimir Poutine depuis le début de l'invasion russe. (AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé attendre les grandes lignes des garanties de sécurité des Occidentaux pour son pays avant sa première rencontre avec Vladimir Poutine depuis le début de l'invasion russe. (AFP)
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  • M. Zelensky a déclaré qu'il souhaitait comprendre "l'architecture des garanties de sécurité d'ici sept à dix jours" devant un groupe de médias dont l'AFP -- des déclarations faites mercredi mais sous embargo jusqu'à jeudi matin
  • Les contacts diplomatiques se sont accélérés ces dernières semaines pour trouver une issue à l'invasion russe lancée en février 2022, pire conflit armé en Europe depuis la Seconde guerre mondiale

KIEV: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé attendre les grandes lignes des garanties de sécurité des Occidentaux pour son pays avant sa première rencontre avec Vladimir Poutine depuis le début de l'invasion russe.

M. Zelensky a déclaré qu'il souhaitait comprendre "l'architecture des garanties de sécurité d'ici sept à dix jours" devant un groupe de médias dont l'AFP -- des déclarations faites mercredi mais sous embargo jusqu'à jeudi matin.

Une fois que cela sera fait, "nous devrions avoir une réunion bilatérale dans une semaine ou deux", comme le souhaite Donald Trump,  a expliqué M. Zelensky, pour qui ce serait la première rencontre avec son homologue russe depuis 2019.

En fonction de ses résultats, le président américain pourrait ensuite participer à une réunion trilatérale avec les deux dirigeants, selon M. Zelensky.

Les contacts diplomatiques se sont accélérés ces dernières semaines pour trouver une issue à l'invasion russe lancée en février 2022, pire conflit armé en Europe depuis la Seconde guerre mondiale.

Mais l'intensité des hostilités ne faiblit pas et chaque partie semble se préparer à la poursuite des combats.

Les inconnues restent nombreuses tant les positions de Moscou et Kiev sont opposées, notamment sur la question des territoires ukrainiens occupés et sur les garanties de sécurité que Kiev négocie avec ses alliés.

Le président ukrainien a mentionné la Suisse, l'Autriche ou la Turquie pour sa rencontre avec son homologue russe. Il a en revanche écarté la Hongrie restée proche du Kremlin, préférant une "Europe neutre".

Vladimir Poutine semble avoir accepté le principe de cette rencontre, qu'il refusait jusque-là.

Mais ni date ni lieu n'a été annoncé, et Moscou a semblé calmer les ardeurs mercredi en soulignant qu'une telle rencontre devait être "préparée avec le plus grand soin".

Renforcement russe dans le sud 

Trouver un accord sur les garanties de sécurité s'annonce également complexe.

Européens et Américains ont évoqué ces derniers mois différentes possibilités allant de garanties similaires au fameux "article 5" de l'Otan au déploiement d'un contingent militaire en Ukraine ou encore à un soutien en matière de formation, aérien ou naval.

L'Ukraine considère que, même si une issue est trouvée à cette guerre, la Russie tentera encore de l'envahir, d'où l'importance de ces garanties.

Moscou, qui considère l'expansion de l'Otan à ses frontières comme l'une des "causes profondes" ayant mené au conflit, rejette de son côté catégoriquement la plupart de ces éventualités et veut que ses exigences soient prises en compte.

Volodymyr Zelensky a aussi exclu l'idée de Moscou que la Chine soit un garant de sécurité pour l'Ukraine.

"Premièrement, la Chine ne nous a pas aidés à mettre fin à cette guerre dès le début. Deuxièmement, la Chine a aidé la Russie en (lui) ouvrant (son) marché des drones", a-t-il expliqué.

En dépit des réunions diplomatiques, le conflit ne montre aucun signe de ralentissement.

La Russie a ainsi lancé dans la nuit de mercredi à jeudi sa plus grosse attaque de drones et missiles depuis des semaines, faisant un mort et une quinzaine de blessés, selon les autorités locales.

Moscou a utilisé 574 drones et 40 missiles, a affirmé l'armée de l'air ukrainienne.

Volodymyr Zelensky a accusé Moscou de masser des troupes dans la partie occupée de la région de Zaporijjia, dans le sud de l'Ukraine, en vue d'une potentielle offensive.

Selon le dirigeant ukrainien, Moscou transfère vers cette zone ses forces depuis la région russe de Koursk, dont une petite partie avait été occupée par les forces ukrainiennes jusqu'au printemps dernier et où Kiev affirme poursuivre ses attaques.

De son côté, l'Ukraine cherche à augmenter sa production d'armement, une façon de réduire sa dépendance à l'aide des alliés.

Volodymyr Zelensky a affirmé que son pays avait testé avec succès un nouveau missile d'une portée de 3.000 kilomètres appelé Flamingo.

"Il s'agit actuellement de notre missile le plus performant", a-t-il salué, évoquant une production de masse possible d'ici la fin de l'année ou début 2026.