A Irpin, pas de corridor humanitaire mais une planche de bois pour seul salut

La planche de bois de 50cm de large est à moitié enfoncée l'eau glacée de la rivière d'Irpin. (Photo, AFP)
La planche de bois de 50cm de large est à moitié enfoncée l'eau glacée de la rivière d'Irpin. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 07 mars 2022

A Irpin, pas de corridor humanitaire mais une planche de bois pour seul salut

La planche de bois de 50cm de large est à moitié enfoncée l'eau glacée de la rivière d'Irpin. (Photo, AFP)
  • En cinq jours, 10 000 personnes sont déjà passées dessus, pour fuir cette petite ville bombardée par les Russes, dernier verrou avant Kiev en venant de l'ouest
  • Sur cette planche, tout doit passer : des femmes, des bébés, des vieillards, des chiens, des poussettes, des valises à roulette, des vélos, des blessés sur des civières et même des corps roulés dans des tapis

IRPIN: La planche de bois de 50 cm de large est à moitié enfoncée dans l'eau glacée de la rivière d'Irpin. En cinq jours, 10 000 personnes sont déjà passées dessus, pour fuir cette petite ville bombardée par les Russes, dernier verrou avant Kiev en venant de l'ouest.  

Et sur cette planche, tout doit passer : des femmes, des bébés, des vieillards, des chiens, des poussettes, des valises à roulette, des vélos, des blessés sur des civières et même des corps roulés dans des tapis.  

Le pont de béton, béant au-dessus d'eux, a été détruit délibérément par les forces ukrainiennes.  

« Un ami nous a emmenés en voiture jusqu'au pont et nous l'avons traversé, il a caché sa voiture et repartira à pied », explique Tetyana, 51 ans, après avoir traversé sur la planche. 

« Ca tirait de partout sur la route, mais nous sommes passés au travers », ajoute-t-elle en tirant sa valise.  

« J'ai très peur de ces tirs, je me suis dit si, je meurs sur le coup alors c'est comme ca, mais si je suis blessée aux jambes, il faudra que je rampe pour y échapper et ça, c'est pas bon du tout », explique-t-elle calmement. 

Mais Tetyana et les autres sont encore loin d'être à l'abri. 

Il leur reste encore un talus et un carrefour à passer, complètement à découvert.  

La veille, deux civils y sont morts, leur corps gisant au milieu de leurs bagages, ont constaté des journalistes de l'AFP.  

Huit habitants fuyant Irpin ont été tués dans la seule journée de dimanche, dont une famille avec ses deux enfants, selon les autorités. 

Pour aller au plus vite, chaque mouvement compte: courir et abandonner ce qui encombre.  

Poussettes vides  

A ce niveau, la route qui sert aux évacuations est jonchée de poussettes vides, de vélos, de valises, de caddies et même d'animaux domestiques errants. 

Une fois passé le carrefour, encore fumant de frappes russes, Vasyl Povoroznyuk, 49 ans, est là avec sa camionnette blanche pour prendre le relais.  

Cet aumônier des armées s'est porté volontaire pour organiser la navette entre ce premier point d'exfiltration et la zone sécurisée deux kilomètres plus loin, à travers les bois et les bombes, un parking où attendent ambulances, psychologues et premiers secours.  

« Je ne ressens ni peur, ni panique », assure l’aumônier-chauffeur, qui fonce à 100km/h à vide, sur la route en pleine forêt, pour aller chercher un nouveau groupe. 

« Ils ont besoin d'aide, si nous ne le faisons pas, qui le fera? C'est une question de vie ou de mort, plus nous pouvons en sauver, mieux c'est », dit-il sous son bonnet kaki.  

« Les enfants d'abord! » hurle-t-il au groupe de 30 évacués qui l'attend, en faisant la queue dans un calme déroutant, comme à la poste. 

« Allez petit héros », dit-il à un petit qui s'est enfui de chez lui avec une épée en plastique à la main, offrant l'une des barres de chocolat qu'il garde dans sa parka pour les distribuer aux enfants.  

Avant de monter, la petite Ania, pas plus de cinq ans, doit se séparer de son père parti chercher d'autres membres de la famille: « Papouchka », « reste ! » supplie t-elle, agrippée à sa mère alors qu'un sifflement menaçant retentit depuis la forêt.  

« Amène les bus! »  

L'explosion fait frémir. « Boom sec - c'est nous, sifflement puis boom sec - c'est leur artillerie » qui tire de plus loin, explique Vasyl. 

Malgré ces tirs, encore sporadiques, les évacués arrivent désormais par centaines et certains sont très mal en point, comme cette femme âgée, portée sur un tapis par six soldats. 

« On amène les bus scolaires ! », ordonne dans son talkie un policier, en voyant arriver ce flot de gens. 

En quelques minutes, les bus jaunes sont là, ainsi que le maire d'Irpin, Oleksandr Markushyn, qui organise comme il peut ce « corridor humanitaire » officieux, non coordonné à ce stade avec les forces russes.  

« Ici personne n'a parlé de ‘couloir vert’ , je pense parce qu'Irpin est en pleine bataille et n'a pas l'intention de se rendre », explique le jeune maire qui saute de bus en bus, armé d'une kalachnikov et casque de protection sur la tête pour tenter de rassurer sa population. 

Déjà 10 000 personnes ont quitté depuis cinq jours cette banlieue dortoir, aux hautes tours désormais en ruines. 

« Il en reste encore 10 000 à évacuer, probablement en 2 ou 3 jours » estime le maire, avant d'ajouter : « Et autant qui refusent de partir » 

 


Macron, Starmer et Merz se sont entretenus avec Trump sur l'Ukraine

Le chancelier allemand Friedrich Merz, le Premier ministre britannique Keir Starmer, le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le président français Emmanuel Macron s'assoient avant une réunion au 10 Downing Street, dans le centre de Londres, le 8 décembre 2025. (AFP)
Le chancelier allemand Friedrich Merz, le Premier ministre britannique Keir Starmer, le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le président français Emmanuel Macron s'assoient avant une réunion au 10 Downing Street, dans le centre de Londres, le 8 décembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron a tenu un appel de 40 minutes avec Donald Trump, Keir Starmer et Friedrich Merz pour discuter des efforts de médiation américains et d’une solution durable au conflit en Ukraine
  • Les dirigeants ont souligné un moment critique pour l’Ukraine et la sécurité euro-atlantique

PARIS: Emmanuel Macron a annoncé mercredi s'être entretenu au téléphone avec le président américain Donald Trump et d'autres dirigeants européens au sujet de l'Ukraine, "pour essayer d'avancer".

L'appel a duré 40 minutes, selon le président français. Le Premier ministre britannique Keir Starmer et le chancelier allemand Friedrich Merz ont pris part aussi à cet entretien, a précisé l'Élysée à l'AFP.

De même source, les dirigeants ont "discuté des derniers développements de la médiation engagée par les Etats-Unis et salué leurs efforts pour parvenir à une paix robuste et durable en Ukraine et mettre fin aux tueries".

"Ce travail intensif se poursuit et va se poursuivre dans les prochains jours", a ajouté l'Élysée. "Ils ont convenu qu'il s'agissait d'un moment critique pour l'Ukraine, pour son peuple et pour la sécurité commune de la région euro-atlantique", a-t-on complété.

Les trois dirigeants européens se sont réunis lundi à Londres avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, pour lui apporter leur soutien appuyé au moment où il est de nouveau sous la pression des États-Unis pour faire des concessions afin de mettre fin à la guerre avec la Russie.

Emmanuel Macron et Keir Starmer doivent aussi présider jeudi une nouvelle réunion, par visioconférence, de la "coalition des volontaires", qui rassemble les soutiens de Kiev disposés à lui apporter des "garanties de sécurité" dans le cadre d'un éventuel futur cessez-le-feu ou accord de paix.


Guerre au Soudan: Washington sanctionne un réseau colombien

Les membres des Forces de soutien rapide célèbrent la prise d'El-Fasher en octobre. Les États-Unis ont sanctionné des individus et des entreprises pour leur implication présumée dans un réseau recrutant d'anciens militaires colombiens afin d'aider le groupe paramilitaire soudanais. (AFP/Fichier)
Les membres des Forces de soutien rapide célèbrent la prise d'El-Fasher en octobre. Les États-Unis ont sanctionné des individus et des entreprises pour leur implication présumée dans un réseau recrutant d'anciens militaires colombiens afin d'aider le groupe paramilitaire soudanais. (AFP/Fichier)
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  • Les États-Unis sanctionnent un réseau majoritairement colombien accusé de recruter d’anciens militaires — y compris des enfants soldats — pour soutenir les Forces de soutien rapide (FSR) au Soudan
  • Washington intensifie ses efforts diplomatiques avec l’Égypte, l’Arabie saoudite et d’autres partenaires pour obtenir une trêve

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont annoncé mardi des sanctions à l'encontre d'un réseau principalement colombien, qui recrute des combattants en soutien aux forces paramilitaires au Soudan, tout en poursuivant leurs efforts diplomatiques en vue d'une trêve dans ce pays ravagé par la guerre.

Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio s'est entretenu ce même jour avec ses homologues égyptien Badr Abdelatty et saoudien Fayçal ben Farhane, sur "la nécessité urgente de faire progresser les efforts de paix au Soudan", a indiqué le département d'Etat dans des communiqués.

La guerre au Soudan, qui a éclaté en avril 2023 et oppose les forces paramilitaires à l'armée soudanaise du général Abdel Fattah al-Burhane, a fait des milliers de morts et déplacé des millions de personnes, plongeant le pays dans la "pire crise humanitaire" au monde selon l'ONU.

Washington a récemment durci le ton vis-à-vis des Forces de soutien rapide (FSR), et appelé à l'arrêt des livraisons d'armes et le soutien dont bénéficient les FSR, accusés de génocide au Soudan.

Les efforts diplomatiques en faveur d'une trêve se sont récemment intensifiés, notamment de la part du président Donald Trump qui s'est dit "horrifié" par les violences dans le pays, sans résultat pour le moment.

Concernant le réseau sanctionné, il "recrute d'anciens militaires colombiens et forme des soldats, y compris des enfants, pour combattre au sein du groupe paramilitaire soudanais", selon un communiqué du département du Trésor.

"Les FSR ont montré à maintes reprises qu'elles étaient prêtes à s'en prendre à des civils, y compris des nourrissons et des jeunes enfants", a déclaré John Hurley, sous-secrétaire au Trésor chargé du terrorisme et du renseignement financier, cité dans le communiqué.

Les sanctions américaines visent quatre personnes et quatre entités, dont Alvaro Andres Quijano Becerra, un ressortissant italo-colombien et ancien militaire colombien basé dans les Emirats, qui est accusé de "jouer un rôle central dans le recrutement et le déploiement d'anciens militaires colombiens au Soudan".

Ces sanctions consistent essentiellement en une interdiction d'entrée aux Etats-Unis, le gel des éventuels avoirs et interdit de leur apporter un soutien financier ou matériel.

Selon Washington, depuis septembre 2024, des centaines d'anciens militaires colombiens ont combattu au Soudan aux côtés des FSR.

Ils ont participé à de nombreuses batailles, dont la récente prise d'El-Facher, la dernière grande ville du Darfour (ouest) tombée dans les mains des FSR fin octobre.


Nationalisation du rail: Londres dévoile ses trains aux couleurs de l'Union Jack

Une photographie aérienne montre la gare ferroviaire Temple Mills International, dans l'est de Londres, le 27 octobre 2025. (AFP)
Une photographie aérienne montre la gare ferroviaire Temple Mills International, dans l'est de Londres, le 27 octobre 2025. (AFP)
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  • Le gouvernement travailliste britannique dévoile le nouveau design des trains, aux couleurs de l’Union Jack
  • Après des décennies de privatisation marquées par retards, annulations et scandales, sept opérateurs sont déjà sous contrôle public et Great British Railways deviendra l’entité centrale du système ferroviaire

LONDRES: Le gouvernement travailliste du Royaume-Uni a présenté mardi le nouveau design des trains britanniques, aux couleurs de l'Union Jack, amorçant leur uniformisation dans le cadre de la nationalisation du secteur.

Le logo de la nouvelle entité qui chapeautera les trains britanniques, Great British Railways (GBR), ainsi que les nouvelles couleurs, commenceront à être "déployés au printemps prochain sur les trains" et les sites internet, souligne le ministère des Transports dans un communiqué.

Le projet de loi pour nationaliser le rail, actuellement en débat à la Chambre des Communes, avait été annoncé dès le retour des travaillistes au pouvoir en juillet 2024, après 14 ans de gouvernement conservateur.

"Sept grands opérateurs ferroviaires sont déjà sous contrôle public, couvrant un tiers de l'ensemble des voyages de passagers en Grande-Bretagne", est-il souligné dans le communiqué.

La compagnie ferroviaire South Western Railway, qui opère dans le sud-ouest de l'Angleterre, est devenue en mai dernier la première à repasser dans le giron public. Tous les opérateurs doivent être placés sous contrôle étatique d'ici la fin 2027.

La privatisation du secteur a eu lieu au milieu des années 1990 sous le Premier ministre conservateur John Major, dans la continuité de la politique libérale de Margaret Thatcher dans les années 1980.

Malgré la promesse d’un meilleur service, d’investissements accrus et de moindres dépenses pour l'Etat, le projet était alors très impopulaire, dénoncé par les syndicats, l'opposition, certains conservateurs et une large partie de la population.

Le nombre de passagers s'est accru dans un premier temps, tout comme les investissements.

Mais un déraillement causé par des micro-fissures dans les rails, qui a fait quatre morts en 2000, a profondément choqué l'opinion publique.

Les annulations et les retards sont aussi devenus monnaie courante et les passagers se sont plaints des prix.

Le réseau ferré est déjà redevenu public, géré par la société Network Rail.