McDo, Pepsi: la pression monte sur les groupes américains qui restent en Russie

Une société aussi connue que McDonald's peut avoir une réelle influence en Russie au moment où le discours officiel minimise l'ampleur du conflit et que la population n'a presque plus accès à d'autres canaux d'information. (AFP)
Une société aussi connue que McDonald's peut avoir une réelle influence en Russie au moment où le discours officiel minimise l'ampleur du conflit et que la population n'a presque plus accès à d'autres canaux d'information. (AFP)
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Publié le Mardi 08 mars 2022

McDo, Pepsi: la pression monte sur les groupes américains qui restent en Russie

  • Quelques entreprises font encore le choix de rester en Ukraine malgré les risques pour leur réputation
  • Yum! Brands souligne aussi que ses quelque 1 000 restaurants KFC et 50 établissements Pizza Hut sont presque tous gérés par des propriétaires indépendants sous licence ou franchise

NEW YORK: D'Apple aux jeans Levi's, de nombreuses multinationales américaines ont décidé de suspendre leurs activités en Russie. Mais quelques entreprises font encore le choix de rester dans le pays malgré les risques pour leur réputation. 


Sur les réseaux sociaux sont apparus les mots-clés #BoycottMcDonalds ou #BoycottPepsi.


Le responsable du fonds de pension de l'Etat de New York a envoyé des lettres aux patrons de ces multinationales ainsi qu'au fabricant de biscuits Mondelez, des groupes de cosmétiques Estée Lauder et Coty, ou encore de la maison de courtage Bunge.


Ces sociétés "doivent se demander si faire des affaires en Russie vaut le risque en cette période extraordinairement volatile", justifie-t-il.


Une équipe de l'université de Yale tient à jour une liste des entreprises ayant encore une présence significative en Russie. Elle met en avant le rôle qu'avait eu le départ volontaire de 200 grands groupes de l'Afrique du Sud dans les années 1980 dans la chute de l'apartheid.


Nombre d'entreprises américaines toujours en Russie restent silencieuses, à l'instar de McDonald's, Bunge, Mondelez, Estée Lauder, Kimberly-Clark ou Coty, qui n'ont pas répondu à une sollicitation de l'AFP. 

Raisons légitimes 
Starbucks fait valoir que ses quelque 130 cafés en Russie appartiennent à un conglomérat koweïtien, et s'est engagé à reverser toute contribution de son activité dans le pays à l'effort humanitaire en Ukraine. 


Yum! Brands souligne aussi que ses quelque 1 000 restaurants KFC et 50 établissements Pizza Hut sont presque tous gérés par des propriétaires indépendants sous licence ou franchise. Lundi soir, le groupe a par ailleurs indiqué suspendre ses investissements dans le pays tout en "évaluant toutes les options supplémentaires", et s'est engagé à reverser tous les profits venant de Russie à des opérations humanitaires.


Certains groupes peuvent avoir des raisons légitimes de rester, remarquent plusieurs experts en éthique et stratégie de communication interrogés par l'AFP.


"Il existe des risques sérieux à l'encontre des Occidentaux actuellement en Russie et ces entreprises doivent faire tout ce qu'elles peuvent pour rapatrier ces gens", indique Richard Painter, professeur à l'Université du Minnesota et ancien juriste en charge de l'éthique à la Maison Blanche. 


Certaines entreprises peuvent être hésitantes car elles pensent pouvoir jouer un rôle d'intermédiaire entre les parties ou car elles produisent dans le pays des produits essentiels comme des ingrédients pharmaceutiques, remarque de son côté Tim Fort, professeur en éthique des affaires à l'Université d'Indiana. 


Toutefois, ajoute-t-il, "c'est sans doute le bon moment pour choisir un camp et cela ne me semble pas très difficile de le faire" au vu des violations des droits humains et des lois sur les conflits commises par la Russie.

«Se demander ce qui se passe vraiment»
La décision d'une seule entreprise "ne va pas faire pencher la balance, mais il y a un effet d'accumulation", avance M. Fort.


Et une société aussi connue que McDonald's peut avoir une réelle influence en Russie au moment où le discours officiel minimise l'ampleur du conflit et que la population n'a presque plus accès à d'autres canaux d'information. 


"Les Russes pourront survivre sans Big Mac mais ils vont surtout se demander pourquoi McDonald's ferme, se demander ce qui se passe vraiment", dit l'expert. 


Pour M. Painter, les entreprises doivent penser au message à faire passer, à savoir que "la Russie ne peut pas engager une guerre en Ukraine tout en participant à l'économie mondiale". 


Avec les sanctions économiques sévères imposées avec un large consensus par les gouvernements occidentaux, "c'est le meilleur moyen de traiter avec la Russie" affirme-t-il: le risque de l'utilisation de l'arme nucléaire dans le cadre d'un conflit armé ouvert est trop grand.


Peut-être certains groupes font-ils le pari que les critiques vont pleuvoir à court terme avant de retomber, avance Brian Berkey, spécialisé dans l'éthique des entreprises à l'Université de Pennsylvanie. 


D'autres situations de crise, comme le conflit israélo-palestinien, ont déjà donné lieu à des appels au boycott contre certaines entreprises sans forcément beaucoup d'effets. 


Le soutien à ce genre d'initiatives n'est toutefois pas toujours unanime tandis que "la grande majorité de la population dans les pays européens ou aux Etats-Unis sont d'accord pour dire que ce que fait la Russie est clairement inacceptable", remarque M. Berkey. 


Pour Mark Hass, spécialiste de communication à l'Université d'Etat d'Arizona, les intérêts économiques des entreprises qui ont choisi jusqu'à présent de ne pas quitter la Russie "dépassent encore sans doute les risques pour leur réputation". 


McDonald's par exemple tire 9% de son chiffre d'affaires et 3% de ses bénéfices opérationnels du pays.


Mais "si les réseaux sociaux commencent à vous identifier comme l'entreprise prête à faire du business avec un agresseur autocrate qui tue des milliers de personnes en Ukraine, alors le problème prend une autre ampleur et peut affecter votre activité bien au-delà de la Russie", dit M. Hass.


Les pays riches doivent 500 milliards de dollars par an de dette morale aux pays pauvres, affirme Esther Duflo

L'économiste franco-américaine et co-lauréate du prix Nobel 2019 de sciences économiques, Esther Duflo, pose lors d'une séance photo à Paris le 20 juin 2023. (Photo, AFP)
L'économiste franco-américaine et co-lauréate du prix Nobel 2019 de sciences économiques, Esther Duflo, pose lors d'une séance photo à Paris le 20 juin 2023. (Photo, AFP)
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  • Les pays du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni), soit 10% de la population de la planète, émettent environ 25% du CO2 lié au système énergétique mondial
  • Esther Duflo se base sur les travaux de l'économiste américain Michael Greenstone qui, en partant d'une valeur monétaire donnée pour une année de vie et de l'effet du réchauffement climatique sur l'augmentation de la mortalité, évalue à 37 dollars le coût

PARIS: Les pays riches doivent 500 milliards de dollars par an de "dette morale" aux pays pauvres, évalue la prix Nobel d'économie Esther Duflo, qui propose de faire assumer aux pays développés la responsabilité du réchauffement climatique à travers deux taxes.

"C'est ce que j'appelle une dette morale. Ce n'est pas ce que cela coûterait de s'adapter; ce n'est pas ce que cela coûterait d'atténuer. C'est ce que nous devons", a détaillé l'économiste dans un entretien au Financial Times lundi, se basant surtout sur l'effet du réchauffement climatique sur la mortalité dans les pays pauvres.

"Il y aura des dégâts énormes", poursuit Mme Duflo qui se base une étude menée par le Global Impact Lab en 2020 ayant montré que le nombre de décès liés à la chaleur risquait de bondir dans les pays pauvres d'ici à la fin du siècle.

"Ces dégâts seront concentrés dans les pays pauvres en dehors de l'OCDE", ajoute-t-elle, pointant la responsabilité des pays riches sur le changement climatique.

Les pays du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni), soit 10% de la population de la planète, émettent environ 25% du CO2 lié au système énergétique mondial, selon l'AIE.

Esther Duflo se base sur les travaux de l'économiste américain Michael Greenstone qui, en partant d'une valeur monétaire donnée pour une année de vie et de l'effet du réchauffement climatique sur l'augmentation de la mortalité, évalue à 37 dollars le coût d'une tonne de carbone. Multiplié par la quantité d'émissions annuelles attribuables à l'Europe et aux Etats-Unis, 14 milliards de tonnes de CO2 équivalent, le prix de la "dette morale" monte alors à 518 milliards, soutient Mme Duflo.

Pour la financer, elle propose d'augmenter le taux minimal d'imposition des multinationales et de taxer les grandes fortunes, deux mécanismes qui permettraient selon elle de couvrir l'enveloppe annuelle.

L'aide financière climatique due par les pays riches aux pays en développement est fixée actuellement à 100 milliards de dollars par an. La COP29, en novembre à Bakou, doit établir le nouveau montant au-delà de 2025.

Le futur objectif, crucial pour renouer la confiance entre le Nord et le Sud, restera quoi qu'il arrive très en-deçà des besoins: les pays en développement (hors Chine) ont besoin de 2.400 milliards de dollars par an d'ici 2030 pour financer leur transition et s'adapter au changement climatique, selon un calcul d'experts de l'ONU.

En parallèle, de multiples pistes sont au coeur des négociations internationales pour trouver comment combler l'écart, parmi lesquelles l'allègement de la dette des pays pauvres ou des innovations financières via de nouvelles taxes internationales.

 

 


L'Asie paye le prix fort aux aléas climatiques

Des habitants traversent les eaux de crue après avoir été évacués d’une zone inondée suite à de fortes pluies dans la ville de Qingyuan, dans la province méridionale du Guangdong en Chine. (AFP)
Des habitants traversent les eaux de crue après avoir été évacués d’une zone inondée suite à de fortes pluies dans la ville de Qingyuan, dans la province méridionale du Guangdong en Chine. (AFP)
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  • L'année 2023 a été la plus chaude jamais enregistrée dans le monde. Et en Asie l'impact des vagues de chaleur devient de plus en plus sévère
  • L'Asie se réchauffe plus rapidement que la moyenne mondiale, avec des températures l'année dernière de près de deux degrés Celsius supérieures à la moyenne de 1961 à 1990

GENEVE: L'Asie a été "la région du monde la plus touchée par les catastrophes" liées à la météo en 2023, inondations et tempêtes ayant fait le plus de victimes et de pertes économiques, indique l'ONU mardi.

"Le changement climatique a exacerbé la fréquence et la gravité de tels événements, impactant profondément les sociétés, les économies et, plus important encore, les vies humaines et l'environnement dans lequel nous vivons", a déclaré Celeste Saulo, directrice de l'Organisation mondiale de la météorologie (OMM) dans un communiqué.

L'année 2023 a été la plus chaude jamais enregistrée dans le monde. Et en Asie l'impact des vagues de chaleur devient de plus en plus sévère, souligne l'OMM, ajoutant que la fonte des glaciers -notamment dans la chaîne de l'Himalaya- menace la sécurité hydrique de la région.

En outre, l'Asie se réchauffe plus rapidement que la moyenne mondiale, avec des températures l'année dernière de près de deux degrés Celsius supérieures à la moyenne de 1961 à 1990.

"Les conclusions du rapport donnent à réfléchir", a déclaré la cheffe de l'OMM.

"De nombreux pays de la région ont connu en 2023 leur année la plus chaude jamais enregistrée, accompagnée d'une série de conditions extrêmes, allant des sécheresses et des vagues de chaleur aux inondations et aux tempêtes", souligne le rapport.

Le rapport sur l'état du climat en Asie 2023 souligne l'accélération du rythme des principaux indicateurs du changement climatique tels que la température de surface, le retrait des glaciers et l'élévation du niveau de la mer, affirmant qu'ils auraient de graves répercussions sur les sociétés, les économies et les écosystèmes de la région.


Alistithmar Capital et Ezdihar Real Estate s'associent pour lancer un fonds de développement immobilier de 293 millions de dollars

Khalid bin Abdulaziz Al-Rayes , PDG d'Investment Capital, et Abdul Mohsen bin Fawaz Al Hokair, PDG d'Izdihar Real Estate Development Co. (Fournie)
Khalid bin Abdulaziz Al-Rayes , PDG d'Investment Capital, et Abdul Mohsen bin Fawaz Al Hokair, PDG d'Izdihar Real Estate Development Co. (Fournie)
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  • 'objectif est de stimuler la croissance du capital des investisseurs immobiliers
  • e partenariat avec Ezdihar vise à poursuivre des objectifs communs dans le domaine de l'immobilier et à offrir aux investisseurs des opportunités adaptées à leurs objectifs

RIYADH : La société saoudienne Alistithmar Capital s'associe à Ezdihar Real Estate Development Co pour créer un fonds immobilier de 1,1 milliard de SR (293 millions de dollars), ce qui profitera au paysage commercial et de bureaux de Riyad.

Dans un communiqué, Alistithmar Capital, la filiale d'investissement de la Saudi Investment Bank, a annoncé que l'objectif est de stimuler la croissance du capital des investisseurs en obtenant des droits d'usufruit sur une parcelle de 103 000 m² dans les locaux de l'Université du Roi Saoud sur la route Prince Turki Al-Awwal à Riyad, afin de développer le terrain en un complexe de bureaux commerciaux générant des revenus.

Le PDG de la société, Khalid Al-Rayes, a déclaré que le partenariat avec Ezdihar vise à poursuivre des objectifs communs dans le domaine de l'immobilier et à offrir aux investisseurs des opportunités adaptées à leurs objectifs et à l'évolution du paysage immobilier.

Il a ajouté que son organisation se consacre à offrir des perspectives d'investissement de haute qualité aux investisseurs immobiliers grâce à des fonds méticuleusement structurés et adaptés aux exigences de chaque projet. Cette approche garantit des avantages maximaux et des retours sur investissement optimaux.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com