Un ancien de Guantanamo sera jugé pour de la propagande jihadiste en France

L'ex-détenu algérien de Guantanamo Bay Saber Lahmar lors d'un entretien le 23 mai 2011 à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France (Photo, AFP).
L'ex-détenu algérien de Guantanamo Bay Saber Lahmar lors d'un entretien le 23 mai 2011 à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 09 mars 2022

Un ancien de Guantanamo sera jugé pour de la propagande jihadiste en France

  • L'histoire de cet homme fait écho à celle de trente ans de jihadisme mondialisé
  • Il est soupçonné d'avoir entretenu des liens avec plusieurs figures du jihadisme en France

PARIS : L'Algérien Saber Lahmar, détenu huit ans à Guantanamo, innocenté puis accueilli en France en 2009, sera jugé mi-mai en correctionnelle à Paris pour avoir incité et préparé le départ d'aspirants au jihad en Irak ou en Syrie.

L'histoire de cet homme fait écho à celle de trente ans de jihadisme mondialisé.

Saber Lahmar est né en mai 1969 en Algérie et a grandi à Constantine. Après une licence en sciences islamiques, celui que la justice présente comme un ex-membre du Groupe islamique armé (GIA) part à Médine, en Arabie Saoudite, terminer ses études. 

Il apparaît ensuite en Bosnie-Herzégovine entre 1996 et 2001, quelques temps après la fin du conflit qui a fait 100.000 morts dans ce pays. Des combattants islamistes y avaient appuyé la résistance bosniaque devant l'offensive serbe.

Saber Lahmar y travaille notamment à la bibliothèque du centre culturel saoudien, au sein d'une grande mosquée de Sarajevo considérée comme un lieu de rassemblement d'islamistes.

Les Bosniens le livrent aux Américains début 2002 avec cinq autres Algériens soupçonnés d'avoir fomenté un attentat contre l'ambassade des Etats-Unis à Sarajevo. Il est transféré dans la prison militaire de Guantanamo où il est détenu jusqu'en 2008.

Il est finalement innocenté par la justice américaine et le président Nicolas Sarkozy accepte le principe d'accueillir sur le sol français deux ex-détenus du camp à la sinistre réputation. Ce seront Lakhdar Boumediene puis Saber Lahmar, qui pose pied en France le 1er décembre 2009.

"Guantanamo restera avec moi jusqu'à la fin de ma vie. Ce n'était pas de la torture normale et ce n'était pas huit jours", racontera-t-il en 2012 à l'AFP.

«Guide religieux»

Son histoire hexagonale à partir de 2010 est racontée par une ordonnance du 17 février qui le renvoie devant en procès, signée par deux juges antiterroristes et consultée par l'AFP. 

"Semblant considéré par ses pairs comme un savant" en matière d'islam, voire un "guide religieux", il officie rapidement comme imam de la mosquée de Saint-André de Cubzac (Gironde) mais aussi dans une salle de prière clandestine située au-dessus du restaurant de Mohamed H., autre mis en cause.

Saber Lahmar se voit reprocher son "ancrage dans l'islam radical", qu'il conteste, avec des "propos très violents" lors de prêches "s'en prenant aux juifs, appelant à tuer les apostats et au martyre".

Il est soupçonné d'avoir entretenu des liens avec plusieurs figures du jihadisme en France, parmi lesquels Taoufik Boussedra, un Tunisien condamné en 2011 dans un dossier dit "Cherifi" de financement d'Al-Qaïda, Lionel Dumont, braqueur islamiste ex du "gang de Roubaix", ou encore Mohamed Achamlane, chef du groupe islamiste Forsane Alizza.

Point de départ de l'enquête, Saber Lahmar est aussi mis en cause pour avoir "directement encouragé et préparé les départs" à l'été 2015 "vers la zone irako-syrienne" d'un homme, Othman Yekhlef, considéré comme "mort sur zone" depuis la fin 2015, ainsi que d'un couple et de ses quatre enfants. 

Le père, Salim Machou, fait partie des sept Français condamnés à mort en 2019 par la justice irakienne pour leur appartenance au groupe Etat islamique.

La justice se demande en outre si, pour avoir œuvré à ces départs, M. Lahmar n'a pas été "rémunéré" 35.000 euros par l'association Sanabil, dissoute fin 2016 par les autorités françaises qui la considéraient comme ayant été au cœur de la nébuleuse jihadiste.

Les avocats de celui qui a été mis en examen et incarcéré en juin 2017 n'ont pas répondu à l'AFP.

Un procès est également ordonné pour Mohamed H., né au Maroc en 1977. Considéré par la justice comme "second du +cheikh+ Lahmar", son profil était apparu dans la presse en septembre 2017, alors qu'il avait brièvement officié comme intervenant extérieur en anglais dans un collège de Côte-d'Or, avant d'être écarté à l'annonce de sa mise en examen.

"Mon client conteste fermement les accusations portées contre lui. S’il a pu être un temps impressionné par un homme accueilli à grand bruit en France par un ancien président de la République après des années passées dans l'enfer de Guantanamo, il réfute toute implication dans les faits reprochés", a réagi son avocate Noémie Saidi-Cottier.

Tous deux comparaîtront du 10 au 13 mai en correctionnelle à Paris pour association de malfaiteurs terroriste délictuelle.


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir. 


« La France ne se définit ni par une race, ni par une religion », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • « La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République.
  • Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

AUBAGNE, FRANCE : lors d'une cérémonie militaire commémorant la bataille de Camerone, à Aubagne, où est basé le commandement de la Légion étrangère, Emmanuel Macron a affirmé  mercredi que « la France ne se définit ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée ».

« La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République devant plusieurs dizaines de légionnaires réunis pour commémorer la bataille de Camerone, qui s'est déroulée le 30 avril 1863 au Mexique.

« La France se définit par une volonté chaque jour recommencée d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main. Un rêve d'universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie », a poursuivi M. Macron, qui s'est déplacé à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour commémorer cet événement fondateur de la Légion étrangère, célébré chaque année par tous les régiments. 

M. Macron a prononcé ce discours après avoir reçu mardi des représentants d'institutions musulmanes qui ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant » et demandé au président de la République des « actes concrets » pour protéger les musulmans, après le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard.

À Aubagne, le président a passé en revue les troupes de la Légion étrangère, la force combattante de l'armée de terre qui compte plus de 9 500 hommes.

Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

L'hymne national a été joué et deux avions Rafale ont survolé la cérémonie à laquelle ont assisté les élus locaux et plusieurs centaines de spectateurs.

La cérémonie de Camerone, qui est une fête de la Légion, commémore une bataille survenue à Camerone, dans l'État de Veracruz, dans l'est du Mexique, au cours de laquelle 62 légionnaires français ont résisté à 2 000 soldats mexicains lors de l'expédition française au Mexique. 

Le président Macron a décrit la bataille menée par une « poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis » qui ont « tenu une position pendant 11 heures », saluant une « histoire de courage insensé ».

Chargés de protéger le passage d'un convoi de ravitaillement pour les troupes françaises assiégeant la ville de Puebla, les légionnaires retranchés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda avaient fait le serment de se battre jusqu'à la mort.

Après une journée d'affrontement, les derniers encore en état de combattre refusèrent de se rendre et chargèrent les Mexicains à la baïonnette. 


Panneaux solaires, spatial, pharmacie : neuf projets d'usines reçoivent des subventions France 2030

Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
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  • Neuf nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.
  • Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines ».

PARIS : La giga-usine Holosolis de cellules photovoltaïques en Moselle, ainsi qu'un site de chimie verte en Martinique : 9 nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.

Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines », destiné à soutenir les projets d'ouverture d'usines des start-up et PME industrielles innovantes, indique un communiqué.

À l'exception d'un projet de ferme aquacole écoresponsable « Mangrove » en Bretagne et d'un projet de chimie verte SHB Biotech en Martinique pour la production d'ingrédients naturels à partir de co-produits agricoles, les projets retenus s'inscrivent géographiquement dans la moitié est de la France. 

L'usine de la société française Holosolis, annoncée en grande pompe lors du sommet Choose France de 2023 pour produire des cellules et modules photovoltaïques à Hambach en Moselle, figure sur la liste. Le montant de l'aide n'a pas été divulgué.

Holosolis, dont l'actionnaire principal est InnoEnergy (institut européen d'innovation et de technologie), est un consortium européen de partenaires engagés dans la transition énergétique et la réindustrialisation. Il réunit la société d'investissement immobilier Idec, l'industriel breton Armor Group, le spécialiste français de l'agrivoltaïsme TSE et le groupe allemand Heraeus. Son usine, un investissement de 851 millions d'euros susceptible de générer 1 700 emplois, a obtenu un permis de construire en janvier.

Autre projet soutenu : celui du groupe Bordet en Bourgogne Franche-Comté qui se lance dans la production de carbone végétal pour remplacer les matières fossiles dans l'industrie chimique ou la cimenterie, grâce à un procédé de pyrolyse. 

Un autre projet de chimie est soutenu : Separative (SEP30), une société auvergnate bardée de brevets qui propose des solutions innovantes pour réduire la consommation d'énergie et l'empreinte carbone de l'industrie pharmaceutique.

Dans le secteur de la santé, InBrain Pharma, également aidée, est basée dans les Hauts-de-France et développe une technologie de perfusion cérébrale (Percepar) permettant l'administration ciblée de médicaments pour corriger les troubles des maladies neurologiques. En Île-de-France, Vertikale propose une solution qui miniaturise les bioprocédés et simplifie la production de médicaments biologiques.

Dans le secteur spatial, France 2030 a accordé une subvention à la société Latitude, basée dans le Grand Est, qui développe un micro-lanceur (Zephyr).

Enfin, dans l'agroalimentaire, l'entreprise de biotechnologie Mycophyto, située à Grasse, qui développe des solutions biologiques (biostimulants, bio-intrants) pour tous types de cultures, reçoit également une subvention.